Rapport EnquĂȘte DELMOGES
1 Contexte Objectif et structure de lâenquĂȘte
1.1 Contexte scientifique
Dans le projet Delmoges, la tĂąche 4.3 du WP remĂ©diation vise Ă Ă©valuer qualitativement et quantitativement un panel de solutions de rĂ©duction des captures de dauphins. Les critĂšres dâĂ©valuation se doivent de concerner Ă la fois i) les aspects environnementaux (efficacitĂ© de rĂ©duction, impacts indirects sur les espĂšces dâintĂ©rĂȘt halieutique et les autres espĂšces protĂ©gĂ©es) et les aspects Ă©conomiques et sociaux pour les professionnels de la pĂȘche, la filiĂšre et la sociĂ©tĂ©. Dans un contexte conflictuel, juridique et mĂ©diatique de mise en place de mesures de protection, une attention particuliĂšre est portĂ©e Ă lâacceptabilitĂ© des mesures. Elle est essentielle par les pĂȘcheurs, car il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que des mesures mal comprises ou mal acceptĂ©es induisent des comportement de triche ou de contournement de la rĂ©glementation aboutissant frĂ©quemment Ă leur Ă©chec. Et elle est essentielle par les ONG et lâĂ©tat, afin de clore les mises en demeure EuropĂ©ennes, les actions en justice et les campagnes mĂ©diatiques.
La mise en Ćuvre de ces mesures repose gĂ©nĂ©ralement sur des approches « top-down » qui se heurtent Ă dâimportantes limites. En particulier, ces approches ne parviennent souvent pas Ă crĂ©er les incitations souhaitĂ©es pour lâadoption de mesures de rĂ©duction des prises accessoires. (Bellanger et al., 2023). Il est de plus en plus reconnu quâil est nĂ©cessaire dâexplorer dâautres approches qui encouragent les changements de comportement par la crĂ©ation dâun ensemble appropriĂ© dâincitations Ă la rĂ©duction des prises accessoires (Grafton et al., 2006 ; Pascoe et al., 2010 ; Squires et Garcia, 2014 ; Lent et Squires, 2017 ; Fonner et al. 2020 ; Squires et al. 2021 ; Robertson et Wilcox, 2022 ; ThĂ©baud et al., 2023). La comprĂ©hension des incitations qui influencent les attitudes et le comportement des pĂȘcheurs un Ă©lĂ©ment essentiel de la conception de gestion des ressources. (Pita et al, 2010). Lors de lâĂ©laboration de toute politique de gestion des ressources acceptable, rĂ©alisable et durable, il convient de tenir compte des prĂ©fĂ©rences des parties prenantes au sein du systĂšme. Câest particuliĂšrement vrai pour la gestion de la pĂȘche, oĂč les groupes dâintĂ©rĂȘt sont nombreux et diversifiĂ©s (Wattage et al, 2005). Ainsi, les parties prenantes pourront sâexprimer, selon ce quâils perçoivent, leurs valeurs, et si les incitations compensent les changements de pratique de la part des pĂȘcheurs .
Dans ce contexte, lâĂ©valuation qualitative est vue comme complĂ©mentaire Ă lâĂ©valuation quantitative car la comprĂ©hension limitĂ©e des mĂ©canismes ne permet pas la modĂ©lisation de lâensemble des critĂšres dâintĂ©rĂȘt et les aspects de perception et dâacceptabilitĂ© des mesures sont difficilement mesurables. On a choisi la forme dâune enquĂȘte individuelle, qui permet dâune part de sâaffranchir des postures que peuvent adopter les personnes au sein dâun groupe et dâautre part, de palier Ă la difficultĂ© de mobiliser les acteurs pour des rĂ©unions Ă ce sujet.
1.2. RĂŽle et structure du livrable
Ce livrable a pour objectif de prĂ©senter la construction et la structure des enquĂȘtes menĂ©es dans le cadre du projet Delmoges, ainsi que les rĂ©sultats de ces enquĂȘtes de maniĂšre synthĂ©tique. La premiĂšre partie prĂ©sente les mesures et scĂ©narios (câest-Ă -dire des combinaisons de mesures) Ă©valuĂ©s lors de lâenquĂȘte, ainsi que son administration et exploitation. La seconde partie prĂ©sente les rĂ©sultats, avec un focus dans un premier temps sur les avis et perceptions concernant la fermeture du golfe de Gascogne, puis sur les mesures de gestion alternatives et enfin sur les scĂ©narios. Une partie de conclusion et de discussions de ces rĂ©sultats dâenquĂȘtes clĂŽt ce livrable.
1.3 Acronymes et abréviations
CA : captures accidentelles ONG : Lâaccronyme ONG dĂ©signe les Organisations non gouvernementales et par extension dans ce document, les associations environnementales de protection de la nature au sens large. OPs: organisations de producteurs
2 Construction et structure de lâenquĂȘte
2.1 Motivation et objectifs de lâenquĂȘte
Initialement lâenquĂȘte avait pour objectif lâĂ©valuation par les parties prenantes dâune liste de mesures Ă©laborĂ©es via une plateforme de concertation (TĂąche 4.2) en termes dâefficacitĂ© et dâacceptabilitĂ©. Secondairement, elle visait Ă identifier la probable rĂ©action des pĂȘcheurs et le risque majeur associĂ©s Ă chaque mesure afin dâaboutir Ă une hiĂ©rarchisation « objective » des mesures de remĂ©diation en fonction des catĂ©gories dâacteurs. La perception des acteurs du problĂšme, la documentation du point de vue des acteurs sur les contraintes et opportunitĂ©s associĂ©es Ă chaque type de mesures auraient dĂ» ĂȘtre informĂ©s par les autres tĂąches du WP4. Le contexte de collaboration difficile entre les partenaires en dĂ©but de projet nâa pas permis leur complĂšte rĂ©alisation et les objectifs de lâenquĂȘte ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s en cours de projet pour permettre de compenser ces absences dâinformation. Etant donnĂ©e lâabsence de scĂ©narios candidats prĂ©alablement dĂ©battus, on cherche Ă©galement Ă comprendre les raisons sous-jacentes Ă lâacceptabilitĂ© afin de pouvoir lâinfĂ©rer pour de futurs scĂ©narios. Ainsi lâenquĂȘte vise Ă recueillir la perception des acteurs des consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales de diffĂ©rentes mesures et scĂ©narios, en faisant lâhypothĂšse que cette perception explique lâacceptabilitĂ© de la mesure.
Il est Ă©galement apparu essentiel dâoffrir un espace dâexpression et de documentation des points de vue Ă©quitable et objectif aux diffĂ©rents acteurs.
Pour ce faire, nous avons proposĂ©s aux parties prenantes de la problĂ©matique de donner leurs perceptions des consĂ©quences de la fermeture du golfe de Gascogne en 2024/2025, et dâautres façons de rĂ©duire les captures accidentelles de cĂ©tacĂ©s dans le monde (isolĂ©es ou combinĂ©es en âscĂ©nariosâ). Les mesures et scĂ©narios alternatifs proposĂ©s nâont pas vocation Ă ĂȘtre mis en place tel quels, mais Ă servir de support de discussion afin dâamĂ©liorer la comprĂ©hension des enjeux, des Ă©ventuels points de blocage, et des compromis acceptables de gestion pour les parties prenantes.
2.2. Construction et structure de lâenquĂȘte
Le contenu et la formulation de lâenquĂȘte ont Ă©tĂ© discutĂ©s avec les partenaires Delmoges au cours dâateliers dĂ©diĂ©s et ont fait lâobjet de multiples rĂ©visions. Les barĂšmes dâĂ©valuation des consĂ©quences Ă©conomiques, sociales et environnementales ont connu plusieurs Ă©volutions au cours de la construction du questionnaire. Les questions et notations initiales prenaient en compte dâautres nuances, telles que lâincertitude des consĂ©quences, le dĂ©lai nĂ©cessaire pour quâelles se manifestent (court, moyen ou long terme), ainsi que lâhomogĂ©nĂ©itĂ© des impacts (les consĂ©quences touchent-elles une partie limitĂ©e ou lâensemble du systĂšme ?). Ces versions ont Ă©tĂ© jugĂ©es trop complexes et chronophages, elles ont donc Ă©tĂ© simplifiĂ©es en une simple Ă©chelle de Likert. On prĂ©sente ci-dessous la version finale de lâenquĂȘte.
2.2.1 Questions introductives
Les questions personnelles Ă©taient posĂ©es en introduction de lâenquĂȘte et avaient deux objectifs principaux : vĂ©rifier la reprĂ©sentativitĂ© de lâĂ©chantillon, lâenquĂȘte Ă©tant anonyme et, mettre en Ă©vidence de possibles divergences de perception liĂ©es Ă lâĂąge, au type dâacteur, au mĂ©tier, Ă la rĂ©gion des rĂ©pondants.
Les caractĂ©ristiques dĂ©mographiques des participants offrent un contexte essentiel pour interprĂ©ter les rĂ©ponses. Elles permettent de segmenter la population en sous-groupes, facilitant ainsi lâanalyse des comportements et opinions spĂ©cifiques ou non Ă chaque catĂ©gorie. Ces informations seront utiles pour comprendre comment les participants choisissent leurs rĂ©ponses et construisent de leur argumentaire. Les choix qui sont fait et lâapprĂ©ciation est souvent le fruit dâun contexte propre Ă chacun (pas encore la ref). Cette Ă©tape constitue Ă transformer des donnĂ©es complexes (populations, pratiques) en des indicateurs simples (Fassin, 1990).
LâĂąge, longtemps considĂ©rĂ© comme une variable secondaire, est dĂ©sormais reconnu comme importante en sociologie. Il est important de le prendre en compte afin de mieux comprendre les rapports sociaux dâĂąge et leurs impacts sur les pratiques sociales. (Auger et al., 2017). Les tranches dâĂąges choisies correspondent Ă lâĂąge INSEE en 10 tranches, sans les moins de 18 ans (INSEE RP 2020). Dans notre cas, il sâagit surtout de vĂ©rifier quâil nây a pas de risque Ă©vident de biais liĂ© Ă lâĂąge des rĂ©pondants. On sera satisfait si lâintervalle dâĂąge est couvert de maniĂšre assez homogĂšne.
Les diffĂ©rentes parties prenantes de la problĂ©matique des captures accidentelles sâillustrent par environnement social dense avec des dynamiques de collaboration et des approches scientifiques diverses. La catĂ©gorisation des groupes sociaux implique une simplification de la rĂ©alitĂ© quâil est important de souligner. Les acteurs exerçant une influence majeure peuvent ĂȘtre regroupĂ©es en 4 groupes sociaux principaux : Les Organisations de recherches (scientifiques), les institutions publiques nationales (DIRM, DGAMPA, OFB, ministĂšres) et supra-nationales (Commission EuropĂ©enne), les pĂȘcheurs et reprĂ©sentants de lâindustrie des produits de la mer, et les ONG (CazĂ© et al., 2022). Il est demandĂ© Ă lâenquĂȘtĂ© de se dĂ©finir parmi une liste dâacteurs possibles : PĂȘcheur, Membre dâune ONG / association environnementale, Membre dâune autre ONG / association, Professionnel de la filiĂšre aval (Mareyeur, poissonnier, industriel), Membre dâune structure gouvernementale, Membre dâune structure reprĂ©sentative de professionnels de la pĂȘche ou Scientifique. La liste nâĂ©tait pas fermĂ©e, une case âAutresâ donnait la possibilitĂ© de se dĂ©finir autrement. Un champ libre « est laissĂ© pour les personnes souhaitant donner plus de prĂ©cision.
Les pĂȘcheurs ne peuvent pas non plus ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un groupe social uniforme (CazĂ©, 2022). Câest pourquoi une sĂ©rie de questions supplĂ©mentaires leurs sont posĂ©es concernant leur activitĂ© de pĂȘche de dĂ©cembre Ă mars (pĂ©riode oĂč le nombre dâĂ©chouages maximal est enregistrĂ© chaque annĂ©e). Des informations sur les engins de pĂȘche, les espĂšces ciblĂ©es, lâĂ©loignement Ă la cĂŽte des zones de pĂȘches frĂ©quentĂ©es et le quartier maritime de rattachement du navire sont renseignĂ©es.
2.2.2 Evaluation de mesures et scénarios
La mĂ©thode propose de recueillir lâopinion des acteurs sur les mesures de gestion et sur les combinaisons de mesures (que lâon appelle aussi « scĂ©narios » dans le cadre de cette Ă©tude) sur une Ă©chelle de Likert. Les Ă©chelles de Likert sont couramment employĂ©es en sciences du comportement (Judd et al, 1991) et sont de plus en plus mobilisĂ©es pour Ă©valuer les attitudes et les perceptions des pĂȘcheurs concernant leur activitĂ©, la conservation, les politiques et les mesures de gestion. (Pita et al, 2010 ; Marshall, 2007 ; Richardson et al, 2005). Elles permettent une comprĂ©hension nuancĂ©e des perceptions des rĂ©pondants. Les 4 indicateurs dâĂ©valuation de la fermeture et des scĂ©narios sont notĂ©s selon un barĂšme graduel Ă 6 modalitĂ©s : (TrĂšs nĂ©gatif, nĂ©gatif, neutre, positif, trĂšs positifs ou ne se prononce pas). Pour lâavis gĂ©nĂ©ral demandĂ© aux participants concernant les mesures et les scĂ©narios le barĂšme est le mĂȘme, allant de « pas du tout favorable » Ă trĂšs favorable ou « ne se prononce pas ».
LâĂ©valuation dĂ©bute par le recueil de la perception des effets des scĂ©narios dâun point de vue des consĂ©quences Ă©conomiques, de lâefficacitĂ©, des consĂ©quences Ă©cologiques, et enfin des consĂ©quences sociales. Un avis global est ensuite demandĂ©. Des questions Ă choix multiples et des zones de commentaires libres sur les consĂ©quences attendues permettent ensuite aux acteurs de justifier leur avis et permettront une meilleure comprĂ©hension des motivations derriĂšre le score attribuĂ©.
Plus prĂ©cisement, aprĂšs notation de lâindicateur Ă©conomique, une question propose au rĂ©pondant dâindiquer quelle partie de la filiĂšre pĂȘche est concernĂ©e par son apprĂ©ciation des consĂ©quences. Pour les indicateurs environnementaux et sociaux, une sĂ©rie de thĂšmes identifiĂ©s par les partenaires du projet sont proposĂ©s afin que les rĂ©pondants puissent prĂ©ciser leur perception des impacts (Figure X).
2.3 Définition des mesures et des scénarios à évaluer
Il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que la fermeture du Golfe de Gascogne dans les modalitĂ©s de 2024-2025 serait systĂ©matiquement Ă©valuĂ©e par les rĂ©pondants selon les modalitĂ©s dĂ©crites prĂ©cĂ©dement. Suite Ă cela, des scĂ©narios de gestion alternatifs Ă la fermeture sont proposĂ©es aux participants et Ă©valuĂ©s Ă leur tour. Le rĂ©pondant donne dâabord son avis sur les mesures de gestion constituant le scĂ©nario de maniĂšre isolĂ©es puis sur la combinaison des mesures selon les dimensions dâefficacitĂ©, et de consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales. Le but est de mettre en Ă©vidence le gain ou la perte dâacceptabilitĂ© apportĂ© par des mesures compensatoires et/ou la recherche de compromis.
Enfin, le répondant peut proposer une combinaison de mesures qui lui paraitrait efficace et acceptable pour solutionner le problÚme.
Afin dâĂ©laborer ces solutions alternatives, une Ă©tape nĂ©cessaire de bibliographie a permis dâactualiser nos connaissances sur les nombreuses Ă©tudes en Europe et dans le monde concernant la remĂ©diation des captures accidentelles de mammifĂšres marins. La problĂ©matique des captures accidentelles de mammifĂšres marins dans les engins de pĂȘche est un domaine de recherche trĂšs Ă©tudiĂ©, laissant place Ă une littĂ©rature scientifique diversifiĂ©e. Un travail bibliographique a permis dâidentifier une dizaine de mesures de gestion des captures accidentelles de petits cĂ©tacĂ©s. Elles sont, pour la plupart, dĂ©jĂ employĂ©es pour rĂ©duire les captures dans dâautres pĂȘcheries du monde. Les approches utilisĂ©es pour diminuer les interactions avec les delphinidĂ©s peuvent ĂȘtre classĂ©es dans diffĂ©rents groupes : Les dispositifs dâalertes des engins de pĂȘche (pingers, balises acoustiques, rĂ©flecteurs acoustiques), les limitations de lâeffort de pĂȘche (fermeture spatio-temporelles saisonniĂšre, fermeture spatio-temporelles aprĂšs dĂ©passement dâun seuil de capture, limitation du nombre de jours en mer) et les changements dâactivitĂ© (changement dâengin de pĂȘche vers la palangre ou le casier).
Cette Ă©tape Ă donnĂ© lieu Ă une liste de mesures de gestion semblant pouvoir contribuer dans un cadre thĂ©orique ou pratique Ă la rĂ©duction des captures accidentelles de dauphins dans le golfe de Gascogne. Certains dâentre elles sont dĂ©jĂ employĂ©es en France, en Europe ou dans dâautres ocĂ©ans tandis que dâautres nâont pas encore Ă©tĂ© testĂ©es ou implĂ©mentĂ©es. + lien inventaire des mesures (livrable XX).
Une revue des avantages et inconvĂ©nients des mesures a priori a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur la base de la littĂ©rature et par consultation des partenaires Delmoges. Elle a permis de nourrir les fiches de description des mesures et dâorienter les questions secondaires de lâenquĂȘte sur les effets attendus.
Plusieurs ateliers sur lâoutil en ligne Klaxoon ont permis de crĂ©er de nombreux scĂ©narios en collaboration avec les partenaires du projet. Les scĂ©narios crĂ©es ont Ă©tĂ© affinĂ©s et sont devenus rapidement complexes. Lors des journĂ©es du projet DELMOGES de La Rochelle en 2023, ces scĂ©narios ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă lâensemble des participants. Il a Ă©tĂ© retenu de cet atelier que ces scĂ©narios Ă©taient trop complexes pour lâusage des enquĂȘtes. Une nouvelle sĂ©rie de 12 scĂ©narios a donc Ă©tĂ© créée par les scientifiques en combinant un nombre rĂ©duit de mesures (2 Ă 4 mesures par scĂ©narios) et rĂ©digĂ© en quelques phrases. Le but recherchĂ© Ă©tait la diversitĂ© et le contraste dans « lâesprit » des scĂ©narios plus que leur rĂ©alisme : politique incitative ou rĂ©pressive, inversion du fardeau de la preuve, niveau de contrĂŽle, type de mesures (contrĂŽle des entrĂ©es ou sorties, spatiales, temporelles etc). Comme le temps rĂ©alistiquement consacrĂ© Ă lâenquĂȘte par un rĂ©pondant, ne permettait pas dâĂ©valuer plus de deux scĂ©narios, une sĂ©lection a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par un vote des scientifiques du projet et des partenaires professionnels en fonction de lâintĂ©rĂȘt de recueillir lâavis des acteurs sur le scĂ©nario et non en fonction de leur apprĂ©ciation du scĂ©nario. Ainsi, un panel de 6 scĂ©narios a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©.
2.4 Description des mesures individuelles
Dispositif techniques de mitigation
Pingers
Les dispositifs techniques dâalerte, dont font partie les pingers, sont souvent prĂ©sentĂ©s comme une bonne alternative aux captures accidentelles (FAO, 2020). En France, lâefficacitĂ© des pingers a Ă©tĂ© prouvĂ©e sur les chalutiers pĂ©lagiques oĂč une rĂ©duction dâen 65% et Ă©tĂ© observĂ© sur les navires Ă©quipĂ©s. Concernant les fileyeurs, les expĂ©rimentations sont en cours dans le cadre du plan dâaction, mais nĂ©cessitent un fort taux dâobservation. La faible frĂ©quence des captures accidentelles Ă lâĂ©chelle dâun navire rend plus difficile la mise en Ă©vidence de la rĂ©duction des prises. Plus le phĂ©nomĂšne est rare, plus un nombre Ă©levĂ© dâobservation est nĂ©cessaire pour arriver Ă un rĂ©sultat robuste (Boussarie, 2024). Quelques expĂ©rimentations ont Ă©tĂ© conduites dans le golfe de Gascogne, mais les scientifiques souhaitent procĂ©der Ă des tests Ă grande Ă©chelle pour confirmer ou non lâefficacitĂ© des dispositifs de mitigation.
MalgrĂ© leur forte attractivitĂ© de ces dispositifs, des inconvĂ©nients notables ont Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans la littĂ©rature scientifique. Dans certaines pĂȘcheries, les donnĂ©es collectĂ©es sur le terrain, ainsi que celles fournies par les observateurs chargĂ©s du suivi des captures accidentelles, indiquent que les pingers peuvent repousser certaines espĂšces de mammifĂšres marins se trouvant dans leur zone de diffusion sonore (Kraus et al., 1997). En effet, sur les chalutiers, la durĂ©e dâĂ©mission est restreinte car les effaroucheurs Ă©mettent un signal uniquement pendant lâopĂ©ration de chalutage. En revanche, sur les filets certains dispositifs diffusent en continue pendant toute la durĂ©e de pĂȘche du filet. Les filets maillants nĂ©cessitent de placer plusieurs rĂ©pulsifs Ă des intervalles variables le long des cordes du filet, ce qui signifie Ă©galement que les pĂȘcheurs doivent acquĂ©rir et prendre soin de nombreuses unitĂ©s. (FAO, 2020). Cependant, un effet inverse peut Ă©galement se produire, certains mammifĂšres marins Ă©tant attirĂ©s par les dispositifs (FAO, 2020). Ce type dâinteraction est surtout constatĂ© chez les pinnipĂšdes dans lâautres parties du globe et nâa pas Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans le golfe de Gascogne.
NĂ©anmoins mĂȘme Ă la suite dâun succĂšs dans lâutilisation des pingers, il existe des risques dâhabituation dans le temps, pour toutes les espĂšces. Certaines Ă©tudes montrent dĂ©jĂ une habituation des marsouins aux DDD (Dolphin Deterrent Device) et bien quâil ait Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que ces dispositifs ont un effet de rĂ©duction de la dĂ©prĂ©dation sur les grands dauphins et dâautres espĂšces de cĂ©tacĂ©s, plusieurs auteurs ont soulevĂ© la question dâune possible diminution de leur rĂ©activitĂ© (accoutumance).
Balises acoustiques DolphinFree
La principale diffĂ©rence entre les balises acoustiques DolphinFree et les pingers rĂ©side dans la nature du signal acoustique. Il sâappuie sur les connaissances bioacoustiques et cognitives du dauphin commun dans le but de concevoir un dispositif capable dâĂ©mettre un signal acoustique comprĂ©hensible et interprĂ©table par cette espĂšce. Lâobjectif est dâavertir les dauphins de la prĂ©sence de filets et du risque de mortalitĂ© quâils reprĂ©sentent. Les partenaires du projet DolphinFree ont dĂ©veloppĂ© une reprĂ©sentation acoustique virtuelle, associĂ©e Ă lâimage dâun dauphin mort pris dans un filet, qui pourrait ĂȘtre transmise aux animaux. (Cozannet et al., 2022). Le signal serait envoyĂ© depuis un dispositif fixĂ© aux filets et dĂ©clenchĂ© de maniĂšre interactive lorsque des clics dâĂ©cholocation sont dĂ©tectĂ©s.
Reflecteurs acoustiques
Les rĂ©flecteurs acoustiques passifs intĂšgrent des composants dans les engins de pĂȘche pour augmenter leur densitĂ©, et ainsi amĂ©liorer leur rĂ©flectivitĂ© acoustique, dans lâhypothĂšse oĂč les dauphins ne parviennent pas Ă dĂ©tecter le filet (Larsen et al., 2007 ; Grant P. Course, 2021). Ce matĂ©riau rĂ©flĂ©chit lâĂ©nergie sonore plutĂŽt que de lâabsorber. GrĂące Ă ces dispositifs rĂ©flĂ©chissants, les cĂ©tacĂ©s, utilisant lâĂ©cholocation pour naviguer, sont davantage capables de dĂ©tecter et dâĂ©viter les engins de pĂȘche (Clean Catch UK). (Cetambicion, 2022). En bretagne des tests ont Ă©tĂ© conduit lors du projet LICADO, lâensemble des expĂ©rimentations nâavait pas permis de prouver lâefficacitĂ© des rĂ©flecteurs. De plus des rĂ©ductions de la capturabilitĂ© de certains espĂšces cibles ont Ă©tĂ© constatĂ©s, ce problĂšme Ă Ă©galement Ă©tĂ© relevĂ© par dâautres auteurs sur des rĂ©flecteurs diffĂ©rents. (Larsen et al., 2007 ; Trippel et al., 2008 ; Sacchi J, 2019).
Mesures de gestion de lâeffort de pĂȘche
Fermeture dâune zone Ă risque
Dans les pĂȘcheries utilisant des filets maillants au large de lâAustralie du Sud, plusieurs types de fermetures spatiales, permanentes ou saisonniĂšres, sont mis en place afin de limiter les interactions entre les otaries australiennes (Neophoca cinerea) et les engins de pĂȘche. Les fermetures spatiales permanentes interdisent lâutilisation de filets maillants dans les zones correspondant aux habitats principaux de lâespĂšce ainsi quâĂ proximitĂ© de lâensemble des sites de reproduction (AFMA, 2014). Il est important de connaitre la dynamique spatiale des animaux capturĂ©es accidentellement, car il est frĂ©quent que les zones utilisĂ©es par les mammifĂšres marins soient trĂšs Ă©tendues au niveau gĂ©ographique et dynamiques, ce qui suggĂšre que les zones de restriction doivent ĂȘtre suffisamment larges ou flexibles pour ĂȘtre efficaces (Kaiser, 2005).
Fermeture aprĂšs un seuil limite
Certaines zones peuvent ĂȘtre fermĂ©es temporairement par le biais dâun processus dynamique, nâentrant en vigueur que lorsquâun niveau particulier de captures accidentelles est atteint ou dĂ©passĂ© (quotas de captures accidentelles/limites de dĂ©clenchement), ou lorsque la prĂ©sence dâespĂšces sujettes aux captures accidentelles atteint un certain seuil durant les opĂ©rations de pĂȘche. Parmi ces rĂ©glementations conditionnelles, on peut citer: les fermetures consĂ©cutives Ă certains faits visant Ă protĂ©ger le marsouin commun (Phocoena phocoena) au large de lâest des Ătats-Unis dâAmĂ©rique; lâinterdiction des filets maillants lorsque lâobjectif de prĂ©lĂšvement biologique potentiel est atteint (NMFS, 2010)
RĂ©duction de lâeffort de pĂȘche
RĂ©duire lâeffort de pĂȘche sans lâarrĂȘter permet dâĂ©viter une fermeture ininterrompue de la pĂȘcherie, tout en maintenant un certain niveau de production halieutique. Par ailleurs, la rĂ©duction de lâeffort de pĂȘche peut contribuer Ă une amĂ©lioration de lâĂ©tat des stocks exploitĂ©s. (Hopkins et al, 2024)
Limites : Bien que les rĂ©percussions socio-Ă©conomiques soient moindres comparĂ©es Ă celles dâune fermeture prolongĂ©e, la rentabilitĂ© des entreprises demeure susceptible dâĂȘtre affectĂ©e. On observe Ă©galement une diminution possible du volume des captures, tandis que lâefficacitĂ© de la mesure pourrait sâavĂ©rer limitĂ©e au regard de lâeffort dĂ©ployĂ©.
Mesures dâacquisition de donnĂ©es
Caméras embarquées
Le CIEM dans ses avis de 2020 et 2023 recommande dâamĂ©liorer la collecte de donnĂ©es sur le phĂ©nomĂšne des captures accidentelles (Boussarie et al., 2024). Face aux limites des systĂšmes « traditionnels » de collecte de donnĂ©es (observateurs embarquĂ©s et dĂ©clarations obligatoires de professionnels), des scientifiques ainsi que dâautres acteurs recommandent lâemploi de camĂ©ras embarquĂ©es pour parvenir Ă une meilleure connaissance des interactions entre les cĂ©tacĂ©s et les navires de pĂȘche ainsi quâune meilleure quantification du phĂ©nomĂšne (Vignard et Tachoires, 2023). DĂšs 2021 le projet OBSCAMe est mis en place avec 20 navires Ă©quipĂ©s. En 2023, 54 navires Ă©taient volontaires pour ĂȘtre Ă©quipĂ©s, et lâapplication prochaine de lâarrĂȘtĂ© du 29 dĂ©cembre 2022 rendra obligation pour 100 navires lâĂ©quipement en camĂ©ra embarquĂ©es. (Boussarie et al, 2024).
Observateurs embarqués
Les observateurs sont des personnes embarquĂ©es sur les navires de pĂȘche pour documenter les captures accidentelles et le contexte de la capture, avec prĂ©cision. En France, cette collecte de donnĂ©es est effectuĂ©e dans le cadre du programme ObsMer (Cornou et al., 2021). Depuis lâhiver 2018-2019, un effort de surĂ©chantillonnage spĂ©cifique a Ă©tĂ© instaurĂ© durant la saison hivernale afin dâĂ©tudier plus prĂ©cisĂ©ment le phĂ©nomĂšne des captures accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne. (CloĂątre et al, 2022). LâĂ©chantillonnage Ă bord des navires de pĂȘche par des observateurs scientifiques est considĂ©rĂ© Ă lâheure actuelle, par certains auteurs, comme la mĂ©thode thĂ©oriquement la plus fiable pour estimer les rejets ou captures accessoires mais Ă©galement les captures accidentelles de mammifĂšres marins engendrĂ©s par les activitĂ©s de pĂȘche (Suuronen & Gilman, 2019). Dans le cas certaines pĂȘcheries les observateurs ont une capacitĂ© dâaction limitĂ©e. En effet les observateurs, Ă©tant donnĂ© leur nombre et le fonctionnement des campagnes dâobservations, ne peuvent couvrir quâune partie limitĂ©e des opĂ©rations de pĂȘche.
Changement dâengin de pĂȘche
Les filets maillants sont considĂ©rĂ©s comme lâengin le plus risquĂ© pour la plupart des espĂšces capturĂ©es accidentellement (Perrin et al., 1994; Read et al., 2006; Reeves et al., 2013). Des Ă©tudes dans le nord de lâEurope et en Australie ont mis en Ă©vidence le potentiel des changements dâengin de pĂȘche pour rĂ©duire les captures accidentelles de mammifĂšres dans les pĂȘcheries au filet maillant ciblant la morue. Plusieurs expĂ©rimentations ont mis en Ă©vidences des taux de captures dâespĂšces cibles similaires avec des palangres ou des casiers (Vetemaa et LoĆŸys, 2009 ; Königson et Hagberg, 2007 ; PĂĄlsson et al., 2015 ; Königson et al., 2015b ; Knuckey et al., 2014).
Mesures incitatives
La majoritĂ© des progrĂšs rĂ©alisĂ©s dans la rĂ©duction des captures accidentelles de mammifĂšres marins dĂ©coule de rĂ©glementations strictes. Les autoritĂ©s publiques et les organismes de gestion des pĂȘches jouent un rĂŽle central dans lâĂ©laboration et le suivi de rĂšgles visant Ă amĂ©liorer les pratiques de pĂȘche. Toutefois, une lĂ©gislation trop rigide concernant les mĂ©thodes ou technologies Ă utiliser peut freiner lâengagement volontaire de lâindustrie et limiter la capacitĂ© des pĂȘcheurs Ă dĂ©velopper leurs propres solutions (Cozannet et al. ,2022 b). En revanche, des Ă©changes en amont entre les autoritĂ©s, le secteur de la pĂȘche et les pĂȘcheurs peuvent aboutir Ă des accords volontaires. La perspective de nouvelles rĂšgles gouvernementales ou de sanctions commerciales peut Ă©galement inciter les pĂȘcheurs Ă adopter de leur propre initiative des pratiques plus responsables, afin de prĂ©server la viabilitĂ© Ă©conomique de leurs activitĂ©s (Squires et al., 2021).
Subventions
Les dĂ©pendances aux aides aux carburants en France ont Ă©tĂ© mise en Ă©vidence lors des diffĂ©rentes envolĂ©s du prix du gasoil pour les chalutiers ( Le Folcâh, 2017). En France les pĂȘches hauturiĂšres et industrielles bĂ©nĂ©ficient de 85% des aides de lâĂ©tat. (Changer de cap) De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, une gestion adĂ©quate des subventions nĂ©cessite des technologies de contrĂŽle et de surveillance efficaces (Booth et al. 2021b).
Quotas incitatifs
RĂ©compenser les bonnes pratiques par lâoctroi dâopportunitĂ©s de pĂȘche supplĂ©mentaires constitue une incitation efficace au changement de comportement. (Bellanger et al, 2025, je veux bien lâarticle jâai que le draft). Dans la pĂȘcherie palangriĂšre dĂ©mersale ciblant la lĂ©gine australe dans la zone Ă©conomique exclusive française autour des Ăźles Crozet et Kerguelen, une part du quota de lĂ©gine est attribuĂ©e en fonction des performances passĂ©es en matiĂšre de rĂ©duction des captures accidentelles (Tixier et al., 2020). Ce mĂ©canisme incitatif a fait ces preuves en rĂ©duisant de maniĂšre significative les prises accessoires dâoiseaux protĂ©gĂ©s. Il est Ă©galement possible de moduler les quotas dâeffort de pĂȘche en fonction des taux de prises accidentelles ou de la localisation dans des zones Ă risque. En Ăcosse, des jours de mer supplĂ©mentaires sont accordĂ©s aux pĂȘcheurs Ă©vitant certaines zones et respectant les exigences relatives aux engins de pĂȘche (Lent et Squires, 2017)
SystĂšmes de cautions
Lâun des avantages des systĂšmes de cautionnement est quâils permettent de donner un prix aux prises accessoires. Cela crĂ©e une dynamique positive visant Ă rĂ©duire les comportements Ă risque (Lent et Squires 2017).Les exemples montrent que les cautions sont mises en Ćuvre efficacement dans les pĂȘcheries oĂč la couverture dâobservation est trĂšs Ă©levĂ©e (Holland et Jannot 2012). Le suivi et le contrĂŽle de ce type de systĂšme peuvent ĂȘtre difficiles et coĂ»teux (Innes et al. 2015). Une question importante est de savoir si la caution est fixĂ©e au niveau individuel ou collectif (Innes et al. 2015).
2.5 Description des scénarios
Scenario 1
Le scĂ©nario 1 est un choix entre une mesure dâacquisition de donnĂ©es (la camĂ©ra embarquĂ©e) et une mesure de changement dâengin de pĂȘche. Il sâintitule « Les fileyeurs doivent choisir entre changer dâengin de dĂ©cembre Ă mars ou avoir une camĂ©ra embarquĂ©e. » Ce scĂ©nario permet de tester la perception des participants en lâabsence de mesure incitative. En revanche, il donne la possibilitĂ© aux pĂȘcheurs de choisir la mesure de gestion. Il permettra par la suite dâanalyser si cette notion de choix est bien perçue ou non, comme alternative Ă des mesures imposĂ©es.
Scenario 2
Le scĂ©nario 2 ne contient plus de choix, mais propose aux fileyeurs de changer dâengin de pĂȘche pendant la pĂ©riode la plus Ă risque de capture (dĂ©cembre Ă mars) en Ă©change de quotas dâespĂšces cibles supplĂ©mentaires. Le choix du quota nâest pas spĂ©cifiĂ©, en partie pour recueillir des propositions des professionnels et pour savoir si ce scĂ©nario serait rĂ©alisable pour certaines espĂšces. Ce scĂ©nario permettra Ă©galement de dĂ©terminer les possibilitĂ©s pour les navires concernĂ©s de changer dâengin ou non.
Scenario 3
Le scĂ©nario 3 est inspirĂ© de la nĂ©cessitĂ© de tester les dispositifs techniques. Dans ce contexte, les pĂȘcheurs doivent sâĂ©quiper avec un dispositif technique quâils peuvent choisir parmi les trois proposĂ©s dans cette enquĂȘte (Pingers, balises acoustiques Dolphinfree ou reflecteurs). Afin dâacquĂ©rir des donnĂ©es qui permettront dâĂ©tudier leur efficacitĂ©, ils doivent accepter une camĂ©ra embarquĂ©e. En contrepartie, les pĂȘcheurs Ă©quipĂ©s reçoivent un quota supplĂ©mentaire de leurs espĂšces cibles.
Scenario 4
Ce scĂ©nario est proche du statu quo actuel, car il consiste en une fermeture spatio-temporelle avec indemnisation des pertes. La zone est rĂ©duite au centre du golfe, mais la pĂ©riode dâarrĂȘt est Ă©tendue (dĂ©cembre Ă mars). Lâobjectif de ce scĂ©nario est de comprendre lâimportance de la zone fermĂ©e et le rĂŽle de la durĂ©e de lâarrĂȘt dans lâacceptation ou non dâune fermeture spatio-temporelle.
Scenario 5
LâidĂ©e du scĂ©nario 5 est de rĂ©duire lâeffort de pĂȘche sans pour autant imposer une fermeture. On propose alors de rĂ©duire le nombre de jours de mer de dĂ©cembre Ă mars. Ici, la compensation des pertes est soumise Ă une condition : accepter une mesure dâacquisition de donnĂ©es (camĂ©ras embarquĂ©es ou un observateur embarquĂ©). Les producteurs ont le choix entre les deux mesures. Ce scĂ©nario permet dâĂ©valuer la pertinence dâune rĂ©duction partielle de lâeffort de pĂȘche et la perception du conditionnement des aides apportĂ©es aux pĂȘcheurs.
Scenario 6
Ce dernier scĂ©nario utilise la notion de seuil limite de captures accidentelles. Ici, une partie du quota français (exemple merlu) est « gelĂ©e », câest-Ă -dire que les pĂȘcheurs nâont droit quâĂ une partie rĂ©duite du quota global attribuĂ© Ă la France. Le quota rĂ©gule indirectement lâeffort de pĂȘche en mer, ce qui aura pour consĂ©quence de rĂ©duire cet effort. Durant la pĂ©riode Ă risque, si les captures accidentelles ne dĂ©passent pas le seuil conseillĂ© par les scientifiques au-dessus duquel la durabilitĂ© de la population de dauphins est menacĂ©e, les pĂȘcheurs ont accĂšs Ă la deuxiĂšme partie du quota. Ce systĂšme permet de connaitre les perceptions des participants envers la notion de âseuil limiteâ ainsi que des avis sur cette incitation qui nâest pas un « bonus » mais plutĂŽt une caution.
2.6 Questionnaires
Comme prĂ©cisĂ© en section 1.3, le temps rĂ©alistiquement consacrĂ© Ă lâenquĂȘte par un rĂ©pondant ne permettant pas dâĂ©valuer plus de deux scĂ©narios, trois questionnaires distincts ont Ă©tĂ© construits. Les trois questionnaires possĂšde un socle commun (les questions introductives et lâĂ©valuation de la fermeture).
Ils diffÚrent dans une seconde partie dans laquelle sont évalués des mesures alternatives et leur combinaison dans deux scénarios, différents selon la version du questionnaire (Figure X).
EnquĂȘte 1
EnquĂȘte 2
EnquĂȘte 3
2.7 Administration de lâenquĂȘte
Lâadministration de lâenquĂȘte via un formulaire en ligne a Ă©tĂ© initialement privilĂ©giĂ©e. Ses avantages sont la large diffusion, le faible coĂ»t, lâanonymat (possible Ă©vitement de biais de posture), et la distance que ce mode dâadministration procure avec la problĂ©matique et qui est plus difficilement gardĂ©e lors dâun entretien. Cependant, considĂ©rant que la structure de lâenquĂȘte et les questions sont complexes, que les publics visĂ©s par lâenquĂȘte en ligne sont divers, et que la motivation, possiblement faible, pourrait ĂȘtre dĂ©couragĂ©e par lâinterface web, les reprĂ©sentants des professionnels consultĂ©s sur le design de lâenquĂȘte, ont alertĂ©s sur la faible portĂ©e de ce type dâadministration auprĂšs des pĂȘcheurs. LâenquĂȘte a donc Ă©tĂ© pensĂ©e pour pouvoir ĂȘtre remplie soit en ligne, soit au cours dâun entretien.
Diffusion
Un flyer invitant Ă remplir le questionnaire en ligne ou Ă prendre rendez-vous pour un entretien a Ă©tĂ© diffusĂ© par des partenaires sur des sites internet ou imprimĂ©s puis diffusĂ©s dans des commerces ou des lieux professionnels. LâenquĂȘte en ligne Ă©tait accessible via un QR code et un lien URL, un code informatique developpĂ© par lâentreprise CodeLutin permettant dâalterner les versions du questionnaire au fur et Ă mesure des connections. DiffĂ©rents acteurs ont Ă©tĂ© contactĂ©s par tĂ©lĂ©phone, mail ou ont directement Ă©tĂ© sollicitĂ©s sur leur lieu de travail. De nombreux dĂ©placements dans des zones portuaires ont permis de rĂ©aliser des entretiens spontanĂ©s avec des pĂȘcheurs ou des professionnels de la filiĂšre. Lorsque que le dĂ©placement Ă©tait impossible, des entretiens ont aussi Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en visio-confĂ©rence ou au tĂ©lĂ©phone. Les entretiens ont Ă©tĂ© menĂ©s par des agents Ifremer et LRU entre juillet 2024 et mars 2025. Les enquĂȘteurs prenaient soin de sĂ©lectionner alternativement une des trois versions du questionnaire.
2.8 Traitement des réponses aux questionnaires
Pour certains entretiens, un enregistrement audio a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avec lâaccord des participants pour faciliter la transcription. Afin dâĂȘtre conforme Ă la loi RGPD, des autorisations ont Ă©tĂ© signĂ©es (Annexe X). En cas dâentretien enregistrĂ©, la transcription a Ă©tĂ© simplifiĂ©e par lâoutil Whisper dâOpenAI.
Données Quantitatives
Pour amĂ©liorer la lisibilitĂ© des rĂ©sultats, des regroupements et des reformulations des catĂ©gories de participants ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Une catĂ©gorie âGrand publicâ a Ă©tĂ© créée pour regrouper une majoritĂ© de rĂ©pondant cochant la case « Autre » ainsi que la catĂ©gorie âMembre dâune autre ONG / associationâ, majoritairement des structure de soutien aux mĂ©tiers de la pĂȘche. La catĂ©gorie âGestionnairesâ regroupent des personnes ayant cochĂ© « membre de structure gouvernementales », il sâagit de membre dâinstitutions ministĂ©rielles, de membre dâOFB ou sans prĂ©cisions. La catĂ©gorie « FiliĂšre » regroupe des professionnels travaillant Ă la fois en « aval » de la pĂȘche (criĂ©es, mareyeurs, poissonniers, industriels, transporteurs) et en « amont » de la pĂȘche (coopĂ©ratives maritime, chantier naval, mĂ©canicien, fournisseur dâengin de pĂȘche, etc).
Dans le cadre dâentretiens, la rĂ©ponse multiple aux Ă©chelles de
Likert a Ă©tĂ© autorisĂ©e afin de permettre dâapporter des nuances comme
lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de lâimpact (exemple : impact nĂ©gatif pour les pĂȘcheurs
et neutre pour les mareyeurs). Sur le questionnaire en ligne, certaines
questions ont été rendues « obligatoires » via une option du site web.
Cela signifie que les participants doivent absolument y répondre pour
continuer le questionnaire. Le questionnaire est structuré en
diffĂ©rentes pages. Sâil manque des rĂ©ponses aux questions obligatoires,
lors du changement de page, le site renvoie directement aux questions
non répondues. Cette décision a été prise afin de collecter un maximum
de rĂ©ponses pour les questions sous forme dâĂ©chelle de Likert. Les
précisions à apporter à ces réponses (case à cocher supplémentaire et
partie textuelle) étaient quant à elles facultatives.
Sur le terrain, du fait de la spontanĂ©itĂ© des entretiens qui nâĂ©taient
parfois pas programmĂ©s Ă lâavance, certains rĂ©pondants nâĂ©taient
disponibles que pour un temps assez court (10-15min). Dans ce contexte,
les enquĂȘteurs ont tentĂ© de poser un maximum de questions dans le temps
imparti, mais lâensemble du questionnaire nâa pas pu ĂȘtre rempli
systĂ©matiquement. En ligne, en cas dâabandon du questionnaire, les
réponses sont également enregistrées par le site web. En ligne comme en
entretien, les questionnaires qui nâont Ă©tĂ© que partiellement remplis ne
feront lâobjet de rĂ©sultat que pour les questions rĂ©pondues.
Les rĂ©sultats sont restituĂ©s sous forme de graphiques indiquant le nombre de rĂ©pondants ayant sĂ©lectionnĂ© une modalitĂ© de lâĂ©chelle de Lickert donnĂ©e. La gamme de couleur est commune Ă toutes les questions. Les graphs peuvent ĂȘtre dĂ©clinĂ©s par catĂ©gorie dâacteurs. On utilise majoritairement des graphiques âen anneauxâ qui reflĂštent la proportion de rĂ©ponses dans chaque modalitĂ©. Des graphiques âen bullesâ, dans lesquels la taille des bulles reflĂšte le nombre de rĂ©ponses pour une modalitĂ© donnĂ©e sont privilĂ©giĂ©s quand plusieurs questions doivent ĂȘtre restituĂ©es simultanĂ©ment et comparĂ©es.
La notation de la fermeture et des 6 scĂ©narios alternatifs a donnĂ© lieu Ă une analyse des consensus ainsi quâaux points dâaccords et de dĂ©saccords sur leurs consĂ©quences Ă©conomiques, sociales et environnementales. La mĂ©thode utilisĂ©e est dĂ©crite dans le livrable 4.2.2.
Données Qualitatives
Lâensemble du contenu qualitatif, les commentaires, les âverbatimâ, de lâenquĂȘte, soit dĂ©posĂ©s en ligne soit enregistrĂ© en entretien a Ă©tĂ© regroupĂ© dans des fichiers Excel. La premiĂšre Ă©tape a Ă©tĂ© de le « coder » pour permettre une analyse de redondance des thĂ©matiques abordĂ©es. Le codage, quâil soit effectuĂ© manuellement ou Ă lâaide dâun logiciel, consiste Ă structurer les donnĂ©es en identifiant les thĂšmes abordĂ©s et en les regroupant sous des catĂ©gories nommĂ©es (Table AX). Un codage de «premier ordre» a Ă©tĂ© Ă©tabli sur la base des travaux dâĂ©laboration du questionnaire et dâĂ©tude de la littĂ©rature. Il a permis de fixer plusieurs grandes catĂ©gories : - Les consĂ©quences multi-dimensionnelles des mesures et scĂ©narios : Ă©conomiques, sociales, environnementales. - Les parties prenantes clĂ©s : pĂȘcheurs, filiĂšre aval, gestionnaires, scientifiques, sociĂ©tĂ© civile. - Les phases dâun processus de mĂ©diation : controverses, enjeux, solutions. Un codage de «deuxiĂšme ordre» a ensuite Ă©tĂ© Ă©tabli dâaprĂšs les verbatim pour identifier les principaux thĂšmes et sous-thĂšmes abordĂ©s par les parties prenantes. Cela correspond Ă une Ă©tape dâanalyse interprĂ©tative des donnĂ©es. ConcrĂštement, cela revient Ă fragmenter les verbatim en unitĂ©s de sens (catĂ©gories) que lâon associe Ă des codes (Trimbur, Plancke, Sibeoni). Une sĂ©rie de logiciels spĂ©cialisĂ©s existent afin dâoptimiser cette phase de lâanalyse (Nvivo, Altas), ils sont cependant payants pour la plupart. La quantitĂ© de donnĂ©es le permettant, le codage a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă la main par lâun des enquĂȘteurs. Une fois, lâensemble du texte codĂ© une premiĂšre fois, certaines catĂ©gories ont Ă©tĂ© regroupĂ©es lors dâun deuxiĂšme passage. Enfin, les catĂ©gories ont Ă©tĂ© classĂ©es en aspects nĂ©gatifs et positifs afin de distinguer les deux dans la reprĂ©sentation des rĂ©sultats.
[TODO] : annexer le tableau des catégories.
Afin de prĂ©server lâanonymat des rĂ©pondants, lâensemble du texte concernant des informations gĂ©ographiques trop prĂ©cises ou des noms propres a Ă©tĂ© retirĂ© des verbatim.
Cette analyse a permis dans un premier temps de recenser les principaux avantages et inconvenients associĂ©s aux mesures et scĂ©narios Ă©valuĂ©s dans lâenquĂȘte. Dans une tentative de hiĂ©rarchisation, on rend compte du nombre dâoccurences de chaque catĂ©gorie. Cela dit, cette Ă©valuation ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme quantitative. En effet, les rĂ©pondants nâont pas Ă©tĂ© formellement intĂ©rrogĂ©s sur ces avantages/inconvĂ©nients et leur pertinence. Il sâagit de thĂšmes abordĂ©s spontanĂ©ment par les rĂ©pondants et leur Ă©vocation depend probablement de nombreux facteurs contextuels (temps dĂ©diĂ© Ă lâenquĂȘte, personnalitĂ©).
Dans un second temps, les verbatim ont Ă©tĂ© exploitĂ©s afin de collecter des informations sur 4 aspects extĂ©rieurs aux objectifs de lâenquĂȘte mais dâintĂ©rĂȘt pour la problĂ©matique des CA et dâune gestion durable des pĂȘches : i) le contexte et les causes des CA; ii) les controverses et iii) les enjeux associĂ©s au problĂšme et iv) les solutions. LĂ encore, il sâagit dâune explioitation opportuniste des verbatim et lâenquĂȘte nâa pas Ă©tĂ© construite avec lâobjectif dâinformer ces questions, les rĂ©sultats doivent donc ĂȘtre traitĂ©s avec prĂ©caution. Ces codages ont toutefois permis dâorganiser les donnĂ©es pour faciliter leur lecture mais Ă©galement de formaliser des questions Ă rĂ©soudre (principales controverses, enjeux problĂ©matiques) et des propositions de solutions.
3 Résultats
3.1 CaractĂ©risation de lâĂ©chantillon et reprĂ©sentativitĂ© de la population de pĂȘcheurs
On dĂ©nombre 262 formulaires, dont certains inexploitables ce qui rapporte Ă 248 le nombre de questionnaires. Parmi cela, 117 ont Ă©tĂ© remplis au cours dâun entretien et 131 en ligne.
3.1.1 Acteurs prĂ©sents dans lâĂ©chantillon
La catĂ©gorie dâacteurs la plus reprĂ©sentĂ©e est celles des pĂȘcheurs (81) puis des scientifiques (37). La majoritĂ© des rĂ©ponses du âgrand publicâ sont issus dâenquĂȘtes de terrain rĂ©alisĂ©es dans le cadre de 2 Ă©vĂšnements public auxquels lâUniversitĂ© de La Rochelle Ă©tait prĂ©sente : Les journĂ©es du port de La Rochelle et la fĂȘte de la science. LâĂ©chantillon est trĂšs petit au vu de la population et considĂ©rĂ© globalement non exploitable. La catĂ©gorie suivante la plus enquĂȘtĂ©e est celles des associations environnementales (28). Il y a moins de rĂ©ponses par mĂ©tiers concernant les filiĂšres amont et aval de la production (entre 6 et 16) mais en cumulĂ© ils sont 57. Enfin 9 membres de structures grouvernementales ont rĂ©pondu au questionnaire.
Les rĂ©ponses en ligne sont majoritaires pour les scientifiques et les ONGs, mais comme attendu, les entretiens ont permis de recueillir la majoritĂ© des rĂ©ponses des pĂȘcheurs (plus de 60) et dans une moindre mesure de la filiĂšre.
Les rĂ©ponses se rĂ©partissent assez bien entre les 3 versions du questionnaire. MĂȘme si la distribution nâest pas strictement Ă©gale par catĂ©gorie dâacteurs. On remarque notamment une sur reprĂ©sentation du questionnaire 2 auprĂšs des pĂȘcheurs et une sous reprĂ©sentation du 1 auprĂšs des structures gouvernementales.
3.1.2 Ages des participants
3.1.3 Echantillon de pĂȘcheurs
En ce qui concerne lâĂ©chantillon de pĂȘcheurs interrogĂ©s, des dĂ©tails sont disponibles concernant les mĂ©tiers principaux, la rĂ©gion et le quartier maritime de la personne interrogĂ©e, ainsi que les espĂšces principalement ciblĂ©es et les engins pratiquĂ©s. Le nombre de rĂ©pondants par catĂ©gorie est prĂ©sentĂ© ci-dessous.
Etant donnĂ© le caractĂšre opportuniste et anonyme de lâenquĂȘte, la representativitĂ© de lâĂ©chantillon des âpĂȘcheursâ par rapport Ă lâensemble des pĂȘcheurs en activitĂ© dans le Golfe de Gascogne nâest pas garantie et ne peut pas ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e formellement. Pour lâenquĂȘte, la reprĂ©sentativitĂ© nâĂ©tait pas un objectif, et on cherchait principalement Ă rendre compte de la diversitĂ© des opinions, et potentiellement Ă mettre en Ă©vidence le lien entre perceptions et activitĂ©. NĂ©anmoins, Ă titre informatif, on propose dâĂ©valuer si la diversitĂ© des activitĂ©s, rĂ©gions, engins du Golfe de Gascogne est bien prĂ©sente dans lâĂ©chantillon, et pour ce faire, on compare ci-dessous, les informations fournies par lâĂ©chantillon des personnes interrogĂ©es sâĂ©tant dĂ©clarĂ©es comme âpĂȘcheurâ avec certaines caractĂ©ristiques de la population des navires pĂȘchants dans le GdG en 2022, telle quâidentifiĂ©e dans le WP3 de DELMOGES (L 3.1.1) et recensĂ©es dans le fichier FPC pour 2023 (Ifremer-SIH). Ces comparaisons sont Ă traiter avec prĂ©caution pour plusieurs raisons : 1) les rĂ©pondants sont des matelots, patrons, armateurs, pĂȘcheurs retraitĂ©s, leur nombre nâest pas comparable avec un nombre de navires en activitĂ© en 2023 pour lequel la taille dâĂ©quipage peut varier de 1 Ă 10 et plus. 2) On utilise une liste de navires Ă©tablie en 2022 et les informations relatives Ă lâannĂ©e 2023 du FPC pour des raisons de disponibilitĂ© de donnĂ©es, or lâenquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2024 et 2025. 3) Il a Ă©tĂ© demandĂ© aux rĂ©pondants le type dâactivitĂ© pratiquĂ©e de dĂ©cembre Ă mars, et non toute lâannĂ©e et des hypothĂšses ont Ă©tĂ© faites pour les rapprocher des segments de flottille attribuĂ©es aux navires annuellement par lâIfremer (SIH). 4) Certains pĂȘcheurs ont pu dĂ©clarer plusieurs engins, quartiers maritimes, type de mĂ©tiers⊠sâils en exercent ou en ont exercĂ© plusieurs dans leur carriĂšre, on les comptabilise comme autant des rĂ©ponses supplĂ©mentaires.
Flottilles
Flottilles par Zones
Quartiers maritimes
Les quartiers maritimes (QAM) du finistĂšre sud sont sur-reprĂ©sentĂ©s dans lâĂ©chantillon. Câest le cas aussi de Bayonne. En revanche, les pays de la Loire et le reste de la nouvelle Aquitaine sont sous-reprĂ©sentĂ©s Ă lâexception dâOlĂ©ron et de lâile dâYeu. Certains rĂ©pondants ont possiblement indiquĂ© le quartier maritime dâexploitation alors que le FPC renseigne le QAM dâimmatriculation. Cela pourrait expliquer que les QAM de Saint Gilles Croix de Vie, Le Croisic et la Turballe soient prĂ©sents dans lâĂ©chantillon et non dans la population. ces rĂ©pondants sont possiblement immatriculĂ©s Ă Saint-Nazaire expliquant lâabsence de reprĂ©sentation de ce QAM pourtant important dans la population. Les ports de Bretagne Nord nâont pas Ă©tĂ© visitĂ©s par les enquĂȘteurs, bien que certains navires pĂȘchent dans le Golfe de Gascogne.
EspĂšces cibles
Zones de pĂȘche
En terme de rayon dâaction, la majoritĂ© des rĂ©pondants travaillent en zone cĂŽtiĂšre (<12mn) ou sont mixtes (cĂŽte et large), ce qui est aussi le cas des navires du Golfe de Gascogne. La proportion des pĂȘcheurs interrogĂ©s pĂȘchant exclusivement au delĂ des 12 mn est un peu supĂ©rieure Ă celle des navires identifiĂ©s comme travaillant au large.
Engins de pĂȘche
Des dĂ©tails sur les engins de de pĂȘche prĂ©cis sont disponibles dans lâenquĂȘte et dans le fichier FPC, cela dit pour simplifier on compare lâĂ©chantillon enquĂȘtĂ© et la population par grands types dâengins (casiers, filets, chaluts de fondâŠ). On compare la frĂ©quence des types dâengins de pĂȘche dĂ©clarĂ©s par les participants Ă lâenquĂȘte avec la frĂ©quence des types dâengins utilisĂ©s par la population de navires du Golfe de Gascogne. Cette derniĂšre est dĂ©rivĂ©e des deux principaux engins identifiĂ©s pour chaque navire du Golfe et reportĂ©s dans le fichier FPC du SIH.
Comme dans la population de navires, le type dâengin le plus pratiquĂ© par les rĂ©pondants est le filet. Les engins pĂ©lagiques sont aussi bien reprĂ©sentĂ©s au regard de leur faible proportion dans la population. Il sâagit des deux types dâengins concernĂ©s par la fermeture, ce qui explique le sur-Ă©chantillonnage. Les chaluts de fond et casiers sont Ă©galement bien prĂ©sents dans les rĂ©ponses des enquĂȘtĂ©s, pratiquement dans la mĂȘme proportion que dans la population de navires. En revanche, il y proportionellement peu de rĂ©pondants pratiquant la drague et les lignes au regard de leur importance en nombre de navires.
3.1.4 Réponses qualitatives
Un grand nombre de commentaires sont disponibles pour compléter les évaluations quantitatives. Comme attendu, la majorité de ces commentaires proviennent des entretiens et moins de 20% des formulaires en ligne.
3.2 Perceptions de la fermeture du golfe de Gascogne
223 enquĂȘtĂ©s ont rĂ©pondu aux questions concernant la fermeture du Golfe mise en place en 2024 et 2025 (dont 75 pĂȘcheurs, 42 personnes travaillant dans la filiĂšre pĂȘche, 26 scientifiques, 26 membres dâONGs et 9 membres de structures gouvernementales).
3.2.1 Avis général sur la fermeture
Avis général
La majoritĂ© des avis concernant la fermeture sont âtrĂšs dĂ©favorablesâ (69 personnes). Le deuxiĂšme avis le plus exprimĂ© est âfavorableâ (54 personnes). Les avis trĂšs favorables sont moins nombreux (31), câest Ă dire du mĂȘme ordre de grandeur que le nombre dâavis âdĂ©favorablesâ (34). 21 personnes ne se prononcent pas et 14 seulement sont neutres. Le cumul des avis nĂ©gatifs (103) est supĂ©rieur au cumul des avis positifs (85).
Par acteur
Lâavis par catĂ©gorie dâacteurs, fait apparaitre des perceptions beaucoup plus tranchĂ©es et une opposition attendue entre professionnels du secteur dâune part et scientifiques et ONG de lâautre. NĂ©anmoins, hormis dans la catĂ©gorie des reprĂ©sentants des pĂȘcheurs, les avis ne sont pas unamymement positifs ou nĂ©gatifs, notamment au sein du groupe âPĂȘcheursâ.
Par flottille (pĂȘcheurs seulement)
Une plus grande homogĂ©nĂ©itĂ© dâavis est retrouvĂ©e si on dĂ©taille les rĂ©ponses des pĂȘcheurs par flottille, avec un contraste plus net entre dâune part, les professionnels pratiquant les engins pĂ©lagiques, le filet, le chalut de fond, trĂšs majoritairement dĂ©favorables Ă la fermeture et dâautre part, les ligneurs, caseyeurs et polyvalents, plus favorables. Ainsi les flottilles concernĂ©es sont trĂšs dĂ©favorables, mais les chalutiers de fond et les fileyeurs de moins de 8m Ă©galement, bien quâils ne soient pas impactĂ©s directement.
Par rĂ©gion (pĂȘcheurs seulement)
Lâapparent gradient Nord-Sud rĂ©sulte plutĂŽt de lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des flottilles interrogĂ©es entre nord et sud. On a interrogĂ© moins de rĂ©pondants concernĂ©s par la fermeture en Bretagne quâailleurs. Cela dit les rĂ©ponses qualitatives tĂ©moignent dâune opposition entre rĂ©gions, les pĂȘcheurs considĂ©rant que les captures accidentelles ont lieu dans dâautres zones que les leurs et que toute la façade est pĂ©nalisĂ©e injustement.
3.2.2 Perceptions générales des conséquences de la fermeture sur les différentes dimensions
La majoritĂ© des enquĂȘtĂ©s perçoivent des consĂ©quences Ă©conomiques et sociales nĂ©gatives et des consĂ©quences Ă©cologiques positives. Cette cohĂ©rence contraste avec la perception globale de la mesure qui montrait une forte opposition entre professionnels de la mer dâune part et scientifiques et ONG de lâautre.Ce rĂ©sultat important tĂ©moigne de la cohĂ©rence de perception des consĂ©quences entre les acteurs lorsque lâon dĂ©taille les dimensions considĂ©rĂ©es. Ceci indique que les divergences de point de vue ne sont pas dues Ă une comprĂ©hension diffĂ©rente des consĂ©quences de la fermeture mais Ă une pondĂ©ration diffĂ©rente des critĂšres et de lâacceptabilitĂ© des contraintes engendrĂ©es au vu des bĂ©nĂ©fices.
3.2.3 Perceptions des conséquences économiques
Par catĂ©gorie dâacteur
La perception de consĂ©quences Ă©conomiques de la fermeture est globalement bien partagĂ©e, avec quelque soit le type dâacteur plus de 70% de perception neutre ou nĂ©gative et donc moins de 30% qui envisagent des consĂ©quences positives. Etonnement, la proportion des pĂȘcheurs qui perçoivent des consĂ©quences positives est assez Ă©levĂ©e (17%) et proche de celle des ONGs et des scientifiques (23% et 19%). Elle est supĂ©rieure Ă celle des autres acteurs de la filiĂšre (10%) mais bien infĂ©rieure Ă celle des gestionnaires et du grand public (29 et 30%). Au contraire des divergences de perception apparaissent clairement entre acteurs sur le dĂ©grĂ© dâimpact nĂ©gatif : les professionnels les jugeant majoritairement nĂ©gatives ou trĂšs nĂ©gatives quand les autres acteurs les estiment majoritairement nĂ©gatives ou nulles. La position des reprĂ©sentants de professionnels est la seule Ă ĂȘtre unanimement trĂšs nĂ©gative et contraste avec la diversitĂ© des rĂ©ponses des pĂȘcheurs. LâinterprĂ©tation doit ĂȘtre nuancĂ©e par deux aspects : 1) le faible nombre de personnes interrogĂ©es dans cette catĂ©gorie, et 2) le fait quâelles ont possiblement rĂ©pondu en tant que porte-parole des pĂȘcheurs plutĂŽt quâĂ titre personnel et ainsi logiquement, les rĂ©ponses reflĂštent lâopinion majoritaire parmi les pĂȘcheurs.
Métiers perçus comme les plus impactés
Les mĂ©tiers perçus comme les plus impactĂ©s nĂ©gativement sont (dans lâordre) les mareyeurs, les pĂȘcheurs et les poissonniers, la filiĂšre amont et les transporteurs. Ceux sont cependant aussi ceux pour lesquelles des consĂ©quences positives sont le plus souvent identifiĂ©es. Les restaurateurs et les criĂ©es sont moins souvent identifiĂ©es, avec comme particularitĂ© pour les criĂ©es, lâabsence dâavis dâimpact positif. Cela dit lâagrĂ©gation des rĂ©ponses ne permet pas de comprendre les raisonnements des rĂ©pondants et lâanalyse des commentaires est ici trĂšs informative.
Précisions apportées en commentaire
Les trois aspects nĂ©gatifs majoritaires mentionnĂ©es en commentaire concernent directement les poissonniers et mareyeurs : manque dâapprovisionnement, inĂ©quitĂ© entre mĂ©tiers, hausse des prix. Le sentiment que le reste de la filiĂšre devrait bĂ©nĂ©ficier du mĂȘme niveau dâindemnisation que les pĂȘcheurs est souvent exprimĂ©. Ce sont aussi des arguments reconnus par les ONG, les gestionnaires et les scientifiques dâaprĂšs les rĂ©sultats de lâenquĂȘte. Les perceptions de consĂ©quences positives sont motivĂ©es par le bon niveau dâindemnisation ou la compensation des pertes via la hausse des prix ou le report dâactivitĂ© et le maintien de lâapprovisionnement par les autres flottilles. Elles sont citĂ©es par toutes les catĂ©gories dâacteurs.
Plus de prĂ©cision sur ces perceptions Ă©merge de lâanalyse des verbatim. Il apparait tout dâabord important de remarquer que lâimpact Ă©conomique a Ă©tĂ© perçu comme trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne en fonction des zones du golfe, des mĂ©tiers pratiquĂ©s ou des maillons la filiĂšre pĂȘche considĂ©rĂ©s. Ceci est dĂ» dâune part, Ă la pĂ©riode Ă laquelle intervient lâarrĂȘt (20 janvier-21 fĂ©vrier). Des pĂȘcheurs et des mareyeurs du sud du golfe et de Bretagne ont indiquĂ© que la fermeture intervenait lors dâune pĂ©riode plutĂŽt calme pour la chaĂźne de production, en grande partie en raison des tempĂȘtes hivernales qui contraignent les plus petites unitĂ©s de pĂȘche Ă rester Ă quai. En revanche, dans dâautres ports ou dâautres flottilles, le discours est radicalement opposĂ©. « En fĂ©vrier on triple habituellement son salaire ». Le dĂ©but dâannĂ©e semble ĂȘtre la pĂ©riode la plus rentable pour les navires qui ciblent des espĂšces Ă forte valeur commerciale comme la sole.
Il a Ă©tĂ© exprimĂ© que le calcul de lâindemnisation avait plus bĂ©nĂ©ficiĂ© aux plus gros armements quâaux petits, qui ont un chiffre dâaffaire plus alĂ©atoire, en raison notamment de leur dĂ©pendance aux conditions mĂ©tĂ©o. « Les gros bateaux sortent par tous les temps donc lâindemnitĂ© est forcĂ©ment calculĂ©e sur une bonne annĂ©e. ». A lâĂ©chelle des ports du golfe, on retrouve souvent une organisation par mĂ©tiers principaux pratiquĂ©s, les professionnels ont tĂ©moignĂ©s dâun impact diffĂ©rent pour les ports majoritairement constituĂ©s de pĂȘcheurs pratiquants des engins arrĂȘtĂ©s (GTR, GNS, OTM, PTM, PS) et les autres. « Les ports qui pratiquent des pĂȘches plutĂŽt raisonnĂ©es, comme nous, avec des petites unitĂ©s, avec des techniques qui sont peu impactantes ou moins impactantes pour la ressource, on Ă©tĂ© trĂšs impactĂ©s. Alors que des ports qui sont axĂ©s sur le chalutage Ă bloc, aujourdâhui, ont Ă©tĂ© trĂšs peu impactĂ©s. »
Beaucoup de personne enquĂȘtĂ©es se sont exprimĂ©es pour indiquer que les activitĂ©s de la filiĂšre aval avaient Ă©tĂ© plus impactĂ©es que les producteurs, avec comme raison principale un manque dâapprovisionnement. Des entreprises ont confiĂ© ne pas avoir eu assez de poisson pour travailler correctement, donc une activitĂ© rĂ©duite. Des employĂ©s de criĂ©e et des mareyeurs ont expliquĂ© que mĂȘme avec peu dâapprovisionnement certaines charges Ă©conomiques restaient constantes creusant ainsi la marge de rentabilitĂ©. « Ils ont eu les mĂȘmes frais avec 1 tonne de marchandises quâavec les 10 tonnes habituelles. ». Des restaurateurs qui travaillent avec les produits de la mer en local, ont Ă©galement subi des pĂ©nuries.LâallĂ©gement des volumes dans la chaĂźne dâapprovisionnement a Ă©galement posĂ© la question de la rentabilitĂ© des entreprises de transport de produits frais. En effet, en dessous dâun certain volume, il nâest plus rentable de faire circuler des unitĂ©s de transports «On ne peut pas envoyer un camion avec 5 kilos.»
La plus faible disponibilitĂ© des produits phares de la pĂȘche en hiver a eu pour consĂ©quences une hausse de prix selon les personnes ayant rĂ©pondu Ă lâenquĂȘte. Cette hausse a permis Ă des entreprises de compenser le manque de volume « Nous faisons environ 1600 tonnes par an, et Ă cette date, comparĂ© aux autres annĂ©es, je suis Ă 110 tonnes de moins pour une valeur Ă©quivalente. ». Les pĂȘcheurs qui nâĂ©taient pas arrĂȘtĂ©s pendant la fermeture ont Ă©galement pu bĂ©nĂ©ficier de cette forte demande pour dĂ©gager plus de marges. « Les chalutiers qui sont sortis pendant la fermeture se sont frottĂ©s les mains et ont vendu assez cher leur poisson. ». En revanche, cette hausse peut ĂȘtre perçue nĂ©gativement par les acheteurs qui ont dĂ» faire des efforts pour se fournir en produits de la mer, soit du cĂŽtĂ© des clients professionnels en criĂ©e soit pour le consommateur. La concurrence entre les acheteurs sâest fait parfois ressentir « Nous nous sommes retrouvĂ©s avec beaucoup dâacheteurs. Donc nos acheteurs locaux se sont retrouvĂ©s avec moins de produit et il lâont achetĂ© beaucoup plus cher. Les poissonniers aussi, ils se sont retrouvĂ©s face Ă des prix quâils ne pouvaient pas suivre. ». Selon des pĂȘcheurs, les prix hauts se seraient mĂȘme maintenus plus tard dans la saison pour des espĂšces comme la sole ou le merlu « En 2024 le prix est restĂ© Ă 18/19 euros sans tomber vers 10 euros comme les autres annĂ©es. »
Une thĂ©matique trĂšs souvent abordĂ©e est celle de la perte de marchĂ© pour les entreprises du secteur des produits de la mer. En effet, beaucoup de professionnels et de pĂȘcheurs ont tĂ©moignĂ© craindre de voir les acheteurs de poisson sâorienter vers dâautres marchĂ©s en France, en Europe ou mĂȘme hors Europe. En prĂ©cisant quâil Ă©tait possible que les acheteurs, Ă©tant satisfaits de produits quâils avaient trouvĂ©s ailleurs, ne reviennent plus se fournir dans le golfe Gascogne pendant cette pĂ©riode. Certains Ă©voquent comme exemple lâĂ©pisode de la crise lâanchois en indiquant que certains produits de la pĂȘche sont Ă©galement disponibles ailleurs avec plus de sĂ©curitĂ© dâapprovisionnement. « Les clients habituĂ©s des criĂ©es qui ont subi la fermeture se sont reportĂ©s sur dâautres criĂ©es et sâils ont trouvĂ© de meilleurs prix alors ils ne reviendront pas, donc câest une perte de marchĂ©. Certains mareyeurs et poissonniers se sont reportĂ©s sur des grosses criĂ©es comme Boulogne sur mer, ils font des achats groupĂ©s. Le circuit a Ă©tĂ© modifiĂ©. »
En entretien, comm en ligne, des rĂ©pondants ont fait allusion directement Ă une concurrence accrue avec la pĂȘche Ă©trangĂšre ou encore lâaquaculture, en citant dâautres pays importateurs de produits de la mer en Manche, en Mer du Nord, en MĂ©diterranĂ©e, AmĂ©rique du Sud, ou encore dans dâautres partie du globe. «Lâapport a Ă©tĂ© stoppĂ© pendant 1 mois, donc les acheteurs ont tissĂ© des relations de confiance avec les fournisseurs Ă©trangers ». Face Ă la nĂ©cessitĂ© de sâadapter Ă ce manque dâapprovisionnement, les mareyeurs ont continuĂ© leur activitĂ© avec des produits Ă©trangers « Les mareyeurs ont, soit des contacts directement dans les pays nordiques, soit ils passent par des sociĂ©tĂ©s qui vont sâoccuper de faire des commandes pour des clients français. Les commandes sont acheminĂ©es via le port de Boulogne ou par camion via le Royaume-Uni. »
LâefficacitĂ© du systĂšme dâindemnisation est dĂ©battue au sein du panel de rĂ©pondants. Pour une partie du panel composĂ©e principalement de pĂȘcheurs, le calcul dâindemnitĂ© nâĂ©tait pas correct notamment si les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes nâavaient pas permis de dĂ©gager un chiffre dâaffaires suffisant. Ceci pour des raisons soit de mĂ©tĂ©o, ou des raisons techniques qui avaient par exemple empĂȘchĂ© des navires dâaller en mer. Cette fermeture est donc synonyme de perte financiĂšre pour les pĂȘcheurs arrĂȘtĂ©s. Tandis que pour dâautres, lâindemnitĂ© a relativement bien couvert les pertes. Surtout quand certaines charges Ă©taient absentes prĂ©cisent certains : «Je pense que les pĂȘcheurs nâont pas perdu dâargent, grĂące aux indemnitĂ©s, car ils nâavaient pas de frais annexes comme le gazole par exemple. ». Dâautres encore sâexpriment en expliquant que des pĂȘcheurs ont potentiellement gagnĂ© plus que les autres saisons. « Franchement je te le dis que certains ont Ă©tĂ© vraiment contents. Ils ont touchĂ© une plus grosse enveloppe avec les aides quâils nâauraient pĂȘchĂ© sĂ»rement pendant cette fermeture lĂ . »
Dâautres inconvĂ©nients ont Ă©tĂ© relevĂ©s par les participants comme des dĂ©lais importants de versement « Nous avons Ă©tĂ© indemnisĂ©s le 7 juin, qui accepterait dâĂȘtre payĂ© avec 5 mois de retard ? » ou la complexitĂ© des dĂ©marches pour ĂȘtre indemnisĂ©.
Des personnes enquĂȘtĂ©es se sont Ă©galement exprimĂ©s sur le coĂ»t Ă©levĂ© de cet arrĂȘt pour lâĂ©tat français ou le « contribuable ». Des professionnels dĂ©plorent le fait quâune bonne partie de la filiĂšre aval et amont nâait pas eu la possibilitĂ© dâĂȘtre indemnisĂ©e par lâĂ©tat, en expliquant quâil nâest pas normal dâindemniser uniquement une partie de la filiĂšre pĂȘche, alors que chaque profession a Ă©tĂ© touchĂ©e. Des marins auraient apprĂ©ciĂ© de profiter de la pĂ©riode dâarrĂȘt pour rĂ©aliser des travaux sur les navires dans les chantiers, mais une des conditions de lâarrĂȘtĂ© interdisaient les travaux majeurs. Cette interdiction sâest rĂ©percutĂ©e sur lâactivitĂ© des entreprises de travaux et chantiers navals. « Les mĂ©caniciens et les chantiers se sont retrouvĂ©s arrĂȘtĂ©s du jour au lendemain sans capacitĂ© de reporter. » Quelques verbatim laissent sous-entendre que des petits travaux marginaux dâentretiens ont pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©s. 13 enquĂȘtes, ont Ă©voquĂ©s que des problĂšmes supplĂ©mentaires Ă©taient survenus ou pourraient survenir et aggraver les consĂ©quences de la fermeture. Notamment en 2024, oĂč les conditions mĂ©tĂ©o nâont pas Ă©tĂ© idĂ©ales Ă la rĂ©ouverture, forçant certains navires Ă rester plusieurs semaines de plus Ă quai. Des pannes avant ou aprĂšs lâarrĂȘt ont Ă©galement pu prolonger la durĂ©e Ă quai, affaiblissant les plus petites entreprises ayant une trĂ©sorerie limitĂ©e. Enfin, lâimpact sur le consommateur est Ă©galement dĂ©battu par les acteurs. Des mareyeurs ont indiquĂ© que lâarrĂȘt Ă©tait lâoccasion de sensibiliser les consommateurs de poisson afin de leur expliquer les enjeux actuels de la pĂȘche. Dâautres constatent un dĂ©sintĂ©rĂȘt croissant pour les produits de la mer français « Dâun point de vue gĂ©nĂ©ral, la filiĂšre est en train de mourir car les gens ne consomment plus de poisson frais, mais des filets sous vides de supermarchĂ©. »
3.2.4 Perception de lâefficacitĂ© de rĂ©duction des captures accidentelles
La majoritĂ© des personnes interrogĂ©es pensent que la fermeture est efficace, seuls 33 personnes ont dĂ©clarĂ© des effets nĂ©gatifs sur les populations de dauphins. Cependant on note un nombre important dâavis âneutreâ (47) câest Ă dire des personnes qui pensent que la fermeture nâa pas dâeffet sur la rĂ©duction des CA. Enfin il y a Ă©galement de nombreuses personnes indĂ©cises (38) qui nâont pas souhaitĂ© exprimer dâavis.
Par acteur
Les perceptions dâimpact nĂ©gatif de la fermeture sur les CA, proviennent majoritairement de pĂȘcheurs, de leurs reprĂ©sentant, de la filiĂšre. NĂ©anmoins pour ces catĂ©gories la rĂ©ponse majoritaire est âneutreâ indiquant que beaucoup pensent que la fermeture nâa pas dâeffet. Il y a Ă©galement beaucoup de personnes indĂ©cises dans ces catĂ©gories. Les ONGs, scientifiques et gestionnaires, eux, en grande majoritĂ© pensent que la fermeture a permis la rĂ©duction des CA.
PrĂ©cisions sur lâefficacitĂ© de rĂ©duction des captures accidentelles
Peu de verbatim traitent des effets positifs de la fermeture sur la rĂ©duction des CA. Ils reposent soit sur la logique : âmoins de navires moins de CAâ, soit sur les donnĂ©es publiĂ©es : âEfficacitĂ© : Je dirais positif. Parce que les chiffres le montrent. Il y a beaucoup moins de traces de capture pendant cette pĂ©riode-lĂ . Câest sĂ»r quâun mois dâarrĂȘt, pendant ce temps, tu nâas pas de bycatch, quoi. â , âĂ partir du moment oĂč il y a moins de navires en mer, câest sĂ»r quâil y a moins de captures de cĂ©tacĂ©s.â.
Les tĂ©moignages dâeffets nĂ©gatifs ou nuls de la fermeture viennent principalement des pĂȘcheurs et de la filiĂšre. Lâaugmentation des Ă©chouages pendant la fermeture est souvent interprĂ©tĂ©e comme un signe dâinefficacitĂ© et crĂ©e de la suspicion chez les pĂȘcheurs : âLes premiĂšres analyses quâon a vu au comptage câest quâil y avait autant de dauphins Ă©chouĂ©s. Sur le site du gouvernement il nây avait pas de variation. On nous sort quâon a capturĂ© 4 fois moins de dauphins, je nây crois pas du tout.â. Les commentaires nous montrent que certains ne contestent pas lâefficacitĂ© de la mesure pour rĂ©duire les CA, mais la nĂ©cessitĂ© de le faire : âEfficacitĂ© : Ăa a sĂ»rement rĂ©duit, mais il sâest reproduit encore plus. Une espĂšce qui nâa pas de prĂ©dateurs elle fait quoi ? Fait que dâaugmenter. Si vous arrĂȘtez totalement la pĂȘche, il nây aura plus les marins pĂȘcheurs pour les supprimer, enfin pour rĂ©duire le nombre, il nây en aura que de plus en plus. Donc ca a rĂ©duit mais il y avait pas besoin.â. En effet, la perception que lâabondance des dauphins est Ă©levĂ©e et a beaucoup augmentĂ©e est trĂšs rĂ©pandue : âFranchement on en voit partout. Faire une journĂ©e sans voir des dauphins câest rare alors quâavant on avait une saison oĂč on voyait beaucoup de dauphins. Maintenant les dauphins ils sont prĂ©sents toute lâannĂ©e et en quantitĂ©. Ăa fait 15 ans que je fais la pĂȘche et en annĂ©e il y en a de plus en plus.â. Nombreuses personnes intĂ©rrogĂ©es expliquent que les CA sont proportionnelles Ă lâabondance et/ou quâelles ne sont pas une menace pour le maintien de la population : âCâest pas avec ce quâils pĂȘchent de dauphins que cela met lâespĂšce en danger. â, âTous mes clients me racontent la mĂȘme chose câest lâabondance des dauphins depuis quelques annĂ©es et ils ne croient pas aux Ă©tudes sur le risque pour lâespĂšce.â, âAprĂšs, il y a de plus en plus de dauphins aussi. En tout cas, on en voit toute lâannĂ©e maintenant. Plus il y en a, plus il y a de pĂȘche accidentelles, je suppose.â.
Dâautres tĂ©moignages, invoquent des raisons autres que la pĂȘche (du moins autre que la pĂȘche artisanale française) pour expliquer lâaugmentation des Ă©chouages voire les captures dâindividus morts dans les filets (catĂ©gorie âAutres problĂšmes pour les cĂ©tacĂ©sâ : mort naturelle, maladies, parasitisme, disponibilitĂ© en nourriture, mauvais temps, pollution, pollution acoustique (ondes radars etc.), autres activitĂ©s en mer, notamment concurrence spatiale au large avec le transport, exploitation pĂ©troliĂšre, granulats, Ă©olien, navires usines, flottilles espagnoles, conchylicultureâŠ). Certains dĂ©plorent que les actions de prĂ©servation ne visent que la pĂȘche et pas des causes possibles plus indirectes âIl y a aussi beaucoup de causes environnementales [âŠ] qui font que les cĂ©tacĂ©s perdent leurs repĂšres. Parce quâon ne sait pas finalement quand ils se prennent dans les filets, sâils sont dĂ©jĂ morts, pas dĂ©jĂ morts, sâils sont malades, on nâen sait finalement, strictement rien. Donc, une fois de plus, on sâen prend Ă la partie la plus facile Ă rĂ©glementer pour ne pas regarder le reste. â.
De nombreux verbatim remettent en question les estimations scientifiques explicitement, la connaissance des niveaux de population, les mĂ©thodes dâestimation de lâabondance et de la mortalitĂ© par CA de dauphins sont dĂ©battues mais aussi la transparence et lâobjectivitĂ© des organismes de recherche en charge. âJe ne crois pas leurs estimations [de captures accidentelles].â âCâest surtout pour ça que je critique la dĂ©marche, câest quâil nây a aucune Ă©tude de faite sur la population !â, âEt lĂ , on a eu la fermeture, et les rĂ©sultats, je crois quâils nây sont mĂȘme pas. Ils essayent de les arranger un peu Ă leur sauce â.
Enfin des pĂȘcheurs mais aussi des scientifiques et ONGs pensent que la fermeture est trop courte pour avoir un impact et nombreux craignent que le report dâeffort annule les bĂ©nĂ©fices sur la mortalitĂ© des dauphins : âLes avis du CIEM disent que la fermeture ne sert pas Ă grand chose en dessous de 2 mois, donc je suis leur avis.â, âEn fait, dĂšs quâon est autorisĂ© Ă ressortir, câest Ă©galement pire pour les dauphins⊠Toute le monde sort pĂ©cher sur les carrĂ©s (NdA: la zone Ă problĂšme pour les dauphins) â.
Plusieurs catĂ©gories de verbatim frĂ©quentes tĂ©moignent dâun sentiment de manque de connaissances sur le phĂ©nomĂšne pour pouvoir se prononcer ou du besoin dâune dĂ©monstration de lâefficacitĂ© de la fermeture (il est possible quâils aient Ă©tĂ© recueillis avant la publication des chiffres 2024).
Enfin, on retrouve dans toutes les catĂ©gories Ă part les ONGs, des commentaires sur le besoin de tester les effaroucheurs et le fait que la fermeture a pu retarder les tests : âIl nây a mĂȘme pas eu un an de test ! On nous a tous Ă©quipĂ©s, en nous disant que si on Ă©tait Ă©quipĂ©s, on ne serait pas fermĂ©s, et au final, on a tous Ă©tĂ© fermĂ©s.[âŠ] La fermeture ne rime Ă rien, il faut que les navires aillent en mer pour faire des essais.â
3.2.5 Perceptions des autres conséquences environnementales de la fermeture
Il y a un assez fort concensus sur les effets positifs, voire trĂšs
positifs, de lâarrĂȘt de la pĂȘche sur lâĂ©cosystĂšme marin. Les bbĂ©nĂ©fices
sur les espÚces cibles, ainsi protégées en période de reproduction
(sole, bar, lieu) sont le plus fréquemment cités notamment par les
pĂȘcheurs. Les autres acteurs, particuliĂšrement les ONGs supposent
Ă©galement des bĂ©nĂ©fices pour lâensemble de lâĂ©cosystĂšme et notamment les
captures accidentelles dâautres espĂšces protĂ©gĂ©es.
Néanmoins 32 répondants ne se prononcent pas et 63 pensent que les
effets sont négatifs ou nuls. Ces avis sont motivés par la courte durée
de la fermeture, le fait que les flottilles toujours en activité ont un
impact environnemental non nul (chalut de fond sur les habitats
benthiques, palangres sur les oiseauxâŠ) ou parce que le report et la
concentration de lâeffort avant ou aprĂšs la fermeture pourrait annuler
les bĂ©nĂ©fices voire empirer lâĂ©tat des stocks et de la biodiversitĂ©.
Par acteurs
Les scientifiques, gestionnaires et ONGs pensent unanimement que les effets de la fermeture sont positifs, trĂšs peu de rĂ©pondants de ces catĂ©gories les pensent nuls ou sont indĂ©cis. Au contraire, mĂȘme sâils ne sont pas majoritaires, lâindĂ©cision est forte chez les pĂȘcheurs, la filiĂšre et le grand public. Câest au sein de ces catĂ©gories que lâont retrouve aussi les avis dâeffets dĂ©lĂ©taires de la fermeture sur lâenvironnment.
Précisions apportées en commentaire
La thĂ©matique la plus abordĂ©e concernant les avantages environnementaux de fermeture est quâelle semble pouvoir bĂ©nĂ©ficier aux ressources halieutiques. Des rĂ©pondants issus de diffĂ©rents groupes dâacteurs expliquant que mĂȘme sâil Ă©tait difficile de le ressentir sur le court therme, un arrĂȘt temporaire des engins soumis Ă la fermeture pourrait bĂ©nĂ©ficier aux stocks exploitĂ©s Ă cette pĂ©riode comme la sole. Dâautres encore vont plus loin en prĂ©cisant que la fermeture correspond Ă la pĂ©riode de reproduction des espĂšces ciblĂ©s Ă cette pĂ©riode comme la sole, le bar ou encore le lieu jaune, et de facto, leur permettre de se reproduire peut gĂ©nĂ©rer un bĂ©nĂ©fice pour ces stocks. « On va permettre aux espĂšces de se reproduire et de prolifĂ©rer, donc nous allons avoir une pĂȘche plus facile, moins laborieuse. » Plusieurs pĂȘcheurs ont montrĂ© de lâenthousiasme Ă lâidĂ©e de fermer momentanĂ©ment la pĂȘche afin de rĂ©aliser un repos biologique. Paradoxalement, ces mĂȘmes pĂȘcheurs ne souhaitent pas forcĂ©ment rĂ©aliser de moratoire pour les dauphins, mais pour la ressource si. Certains rĂ©pondants pensent que le farmeture contribue Ă une nĂ©cessaire rĂ©duction de la pression de pĂȘche :âAvec la pression de pĂȘche actuelle, une pĂ©riode dâarrĂȘt ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique !â.
Plusieurs rĂ©pondants Ă©voquent Ă©galement une rĂ©duction des autres captures accidentelles dâespĂšces sensibles comme des oiseaux, marsoins ou des Ă©lasmobranches. Certaines enquĂȘtes ont plus globalement exprimĂ© que lâarrĂȘt de la pĂȘche pendant cette pĂ©riode pouvait limiter la pression sur lâensemble des ecosystĂšmes, notamment via des effets en cascade dans les rĂ©seaux trophiques : «Leur arrĂȘt mĂȘme temporaire ne peut avoir que des effets bĂ©nĂ©fiques, mĂȘme sâil est trop court pour quâon puisse lâĂ©valuer complĂštement. La rĂ©duction des captures accessoires de dauphins doit ĂȘtre observable aussi sur dâautres espĂšces moins suivies et moins emblĂ©matiques ».
Nombreux pĂȘcheurs sont rĂ©servĂ©s sur les effets environnementaux bĂ©nĂ©fiques car ils jugent que lâimpact dâautres pratiques non concernĂ©es par la fermeture est bien supĂ©rieur. Le chalut de fond, les navires usine, les grands navires en gĂ©nĂ©ral sont accusĂ©s de surexploitation, de pratiques non durables (pĂȘche sur individus grainĂ©s en particulier et rejets) et de dĂ©teriorations de la biodiversitĂ© jugĂ©es trĂšs importantes en comparaison de lâimpact des filyeurs notamment : âCâest sur nous que cela tombe alors quâau large les pĂ©lagiques industriels et les dizaines de km de filets faisant 10 mĂštres de haut des Espagnols par exemple, on ne sait combien de dauphins ils ramassentâ.
Les avis plus nuancĂ©s chez toutes les catĂ©gories dâacteurs sont aussi
justifiĂ©s par la crainte que le report dâeffort annule les bĂ©nĂ©fices
voire empire la situation car lâeffort est surtout limitĂ© par les quotas
: âcomme câest un quota, ils ont la possibilitĂ© de le pĂȘcher, ce
quota-lĂ , dâune maniĂšre dĂ©calĂ©eâ. Les effets nĂ©fastes de ce report
dâeffort sont aussi mentionnĂ©s quâil sâagisse dâune intensification de
lâeffort avant ou aprĂšs la fermeture : âon sait bien [âŠ] les effets
pervers dâanticipation que cela provoque. Comme celui de cette annĂ©e
2025 oĂč les captures de soles ont atteint des sommets la veille de la
fermeture en pleine pĂ©riode de reproduction. Câest pourquoi, il faut que
les dĂ©cisions soient Ă effet le plus court.â; ou dâun report sur
dâautres techniques impactant lâenvironnement : âSi les chalutiers
pélagiques passent au chaluts de fond donc il peut y avoir des impacts
sur le fond.â.
Ce sentiment est renforcé par la faible durée de la fermeture :
âMĂȘme si les pĂȘcheurs la trouve longue, câest une fermeture
relativement courte donc les effets positifs peuvent ĂȘtre annulĂ©s part
un effort plus important Ă la rĂ©ouverture.â , âMaintenant je
pense que le temps pour que lâĂ©cosystĂšme se renouvelle est assez long
donc je pense que un mois ne va pas suffire pour cela.â.
Enfin une douzaine de verbatim dĂ©fendent les actions des pĂȘcheurs en faveur de lâenvironnement marin ou des pratiques volontaires de pĂȘche durable telles que le ramassage des dĂ©chets, des mesures additionnelles de sĂ©lectivitĂ© ou de rejet des individus graĂźnĂ©s (crustacĂ©s) ou la mise en place de rĂ©serves : âLes pĂȘcheurs se sont les premiers Ă©colos sur lâeauâ.
3.3 Mesures de gestion alternatives
On traitera dâabord des mesures de gestion proposĂ©es dans lâenquĂȘte et qui ont fait lâobjet dâune Ă©valuation par les rĂ©pondants. Dans un second temps, on rĂ©sumera les autres solutions proposĂ©es par les personnes enquĂȘtĂ©es et collectĂ©es via lâanalyse des verbatim.
Avertissement :
Contrairement Ă la fermeture du golfe de Gascogne, toutes les mesures de gestion nâont pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es par le mĂȘme nombre dâenquĂȘtĂ©s, notamment Ă cause de contraintes de temps qui ne permettaient pas dâaller systĂ©matiquement au bout de lâenquĂȘte mais aussi parce que certaines mesures revenaient dans plusieurs scĂ©narios. Au minimum on dispose de 50 avis sur les fermetures aprĂšs seuil et au maximum de 125 avis concernant les subventions. Toutes les rĂ©ponses nâont pas donnĂ© lieu Ă des commentaires permettant la comprĂ©hension des motivations. La reprĂ©sentation de lâensemble des acteurs nâest pas garantie, lâattribution du questionnaire Ă©tant alĂ©atoire, et peut ĂȘtre fortement bisaisĂ©e vers une catĂ©gorie dâacteurs ou lâautre (Figure X). Ceci doit induire des prĂ©cautions lors de lâinterprĂ©tation.
Cet avertissement sera dĂ©clinĂ© pour chaque mesure dans une version rĂ©sumĂ©e en indiquant le nombre de rĂ©ponses et commentaires : âAvertissement : Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (nombre dâavis recueillis) et dâavis commentĂ©s (nombre de commentaires), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.â
Au vu des rĂ©sultats aggrĂ©gĂ©s, aucune mesure ne remporte une adhĂ©sion franche. Cela dit, les subventions, les observateurs embarquĂ©s, les rĂ©flecteurs et les balises dophinFree sont notablement plus apprĂ©ciĂ©es. Au contraire, les camĂ©ras embarquĂ©es, systĂšme de caution et fermetures aprĂšs seuil ont les proportions dâavis dĂ©favorables les plus fortes (NB : les deux derniĂšres sont aussi celles qui ont Ă©tĂ© le moins Ă©valuĂ©es). TO DO : integrer les morceaux de Sophie
On remarque que les acteurs de lâamont et lâaval de la filiĂšre sont prudents dans leurs Ă©valuations et se prononce plus rarement que les autres acteurs (proportion de âne se prononce pasâ). Les commentaires indiquent frĂ©quemment dans ce cas, un sentiment dâincompĂ©tence sur le sujet, ou la volontĂ© de ne pas rĂ©pondre pour les pĂȘcheurs.
Figure X : Comparaison des avis entre mesures
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Les catĂ©gories de rĂ©pondants pouvant ĂȘtre dĂ©sĂ©quilibrĂ©s entre mesures, on groupe les rĂ©ponses selon les types dâacteurs entre lesquels les oppositions sont gĂ©nĂ©ralement mises en Ă©vidence concernant la fermeture, Ă savoir : scientifiques, ONG, grand public et gestionnaires, dâune part (Scfq-ONG -> âAutres acteursâ) et pĂȘcheurs et reprĂ©sentants et filiĂšre de lâautre (âSecteurâ). Au minimum, on recense 19 rĂ©ponses par mesure et groupe dâacteurs (dont âne se prononce pasâ).
On note que le secteur est globalement plutot dĂ©favorable Ă toutes les mesures, au contraire du groupe scientifiques-ONG-gestionnaire dont les avis sont globalement favorables Ă lâensemble des mesures. Les solutions technologiques ressortent comme les plus favorisĂ©es par le secteur (DolphinFree, Pingers, Reflecteurs), de mĂȘme quâun suivi des captures accidentelles par des observateurs Ă bord. Le changement dâengin et les camĂ©ras sont les deux mesures auxquelles le secteur est le moins favorable, viennent ensuite les fermetures spatiales, les limitations dâeffort et le systĂšme incitatif de caution. Les avis sont partagĂ©s sur la fermeture aprĂšs seuil, et les incitations via quota et subventions. Du point de vue des scientifiques, ONG et gestionnaires, on note une large majoritĂ© dâopinions dĂ©favorables au systĂšme de caution, et Ă la fermeture aprĂšs seuil, comme chez les professionnels du secteur. Au contraire du secteur, les avis sont majoritairement trĂšs favorables aux camĂ©ras, Ă la limitation de lâeffort et au changement dâengin et dĂ©favorables aux pingers auquels sont prĂ©fĂ©rĂ©s DolphinFree et les reflecteurs.
Le détail des avis et raisons invoquées par mesure sont donnés ci-dessous.
Figure X : Comparaison des avis entre mesures par type dâacteur
3.3.1 Dispositifs techniques de mitigation
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, lâusage de solutions technologiques quelles quâelles soient ne fait pas consensus. Bien que chaque modĂšle possĂšde des avantages et des inconvĂ©nients, lâapproche mĂȘme de ces moyens de mitigation est controversĂ©e. Certains alertent sur la dangerositĂ© du « Technosolutionnisme » «Je ne crois pas quâon aura une solution miracle avec que des trucs technologiques. Parce quâil y a trop de mĂ©tiers qui sont impliquĂ©s. Câest trop diversifiĂ©. Moi, le techno-solutionniste, jây crois assez moyennement. ». Pour dâautres, le dĂ©veloppement de ces technologies innovantes reprĂ©sente une alternative rĂ©ellement durable face aux prises accidentelles «Il faut les amĂ©liorer car câest par la technique quâon trouvera une solution aux captures accidentelles. Pas que des dauphins.». Nous dĂ©taillons ici les avantages et les inconvĂ©nients des types de dispositifs tels que reportĂ©s dans cette enquĂȘte. On note que pour lâensemble de ces dispositifs la proportion dâavis âne se prononce pasâ est forte chez les pĂȘcheurs en comparaison dâautres types de mesures.
Pingers
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (73) et dâavis commentĂ©s (54), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
LâefficacitĂ© des dispositifs fait dĂ©bat. Lâergonomie, le coĂ»t et la pollution sonore gĂ©nĂ©rĂ©e, lâaccoutumance voire lâattraction des dauphins sont les arguments principaux contre lâutilisation des pingers. Lâabsence dâimpact sur les pratiques de pĂȘche et la collaboration avec les scientifiques pour leur mise au point sont en revanche les aspects positifs les plus frĂ©quemment citĂ©s.
Avis général par acteur
Figure X : Avis général sur les Pingers
Figure X : Avis général sur les Pingers
Thématiques principales abordées en commentaire
Figure X : Thématiques principales des commentaires sur les pingers
Détails des commentaires
DâaprĂšs les rĂ©pondants, les effaroucheurs, et les dispositifs dâalerte en gĂ©nĂ©ral, ont lâavantage de rĂ©duire les captures sans influencer lâeffort de pĂȘche « Je suis favorable car ça permet de rĂ©duire les captures accidentelles et les interactions de maniĂšre gĂ©nĂ©rale tout en maintenant un effort de pĂȘche constant. ». De plus, lâĂ©tude et les tests des dispositifs reprĂ©sentent un exemple de collaboration entre le monde de la pĂȘche et les scientifiques, ce qui nâest pas Ă nĂ©gliger compte tenu des conclusions sur les consĂ©quences sociales de la fermeture (cf partie fermeture) « Câest Ă©galement un travail de concertation avec les scientifiques. Pour PIFIL, câest 15 ans de collaboration avec Ifremer. ».
LâinconvĂ©nient principal relevĂ© par les rĂ©pondants est que lâefficacitĂ© des pingers nâest pas prouvĂ©e dans le golfe de Gascogne. Dans lâenquĂȘte, la fermeture est visĂ©e par des critiques lâaccusant dâavoir ralenti les tests prĂ©vus initialement pour 2024 « Lâargent aurait dĂ» financer la recherche sur les pingers au lieu dâĂȘtre donnĂ© aux pĂȘcheurs pour la fermeture. ». Des dĂ©rogations Ă lâarrĂȘt Ă©taient prĂ©vues afin dâĂ©valuer les effaroucheurs. « Câest ce qui a gĂ©nĂ©rĂ© une incomprĂ©hension de la part de la production, puis dâailleurs de nous Ă©galement, câest que le premier arrĂȘtĂ© de lâĂtat avait donnĂ© des autorisations pour certains fileyeurs Ă©quipĂ©s de dispositifs pingers de pouvoir maintenir la production. ».
Concernant le modĂšle PIFIL (pinger sous la coque), un pĂȘcheur indique que ce modĂšle serait le plus adaptĂ© dâun point de vue pratique « Le pinger sous coque, pour moi, je trouvais que câĂ©tait la meilleure façon dâun point de vue pratique. Alors niveau facilitĂ© dâutilisation ça va ĂȘtre le plus facile pour nous. Le pinger va ĂȘtre sous la coque, quand on met le filet, on enclenche. ». Cependant, dâautres expliquent que lâinstallation reprĂ©sente une intervention trop importante sur les navires « Moi jâai pas voulu en mettre, je ne troue pas mon bateau pour des trucs, câest bon. ». Le pinger PIFIL a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© en partie sur lâhypothĂšse que des captures accidentelles ont lieu durant lâopĂ©ration de filage (mettre les filets Ă lâeau), or cette hypothĂšse nâest pas non plus vĂ©rifiĂ©e, et est dĂ©battue « Jâai du mal avec PIFIL et le rĂ©pulsif au filage. » ; « Moi je travaille des fois par 100 mĂštres de fond, le dauphin il ne descend pas Ă 100 mĂštres de fond, câest pas possible quoi. Donc il se prend au filage. » Dans le cas de PIFIL, lâĂ©mission du signal sonore est de courte durĂ©e au contraire des pingers dĂ©ployĂ©s directement sur le filet, qui exposent en continu les dauphins aux signaux rĂ©pulsifs. Plusieurs personnes ont Ă©voquĂ© cet inconvĂ©nient des pingers « Je suis dâaccord pour les mettre sur les chalutiers car ils sont en mouvement. Mais sâil faut en mettre tous les 10m ou 30m de filet ce nâest pas vivable car câest exclure le dauphin de son environnement naturel. Je pense quâon doit apprendre Ă vivre avec et ne pas les faire fuir. ». LâĂ©mission des dispositifs en continu sur les filets pose problĂšme pour des rĂ©pondants pour qui la pollution sonore nâest pas souhaitable. « Transformer les eaux en boĂźtes de nuit pour que les dauphins disparaissent nâest vraiment pas une solution durable. » LâefficacitĂ© des pingers est dĂ©battue au sein du panel de lâenquĂȘte. Certains sont persuadĂ©s de leur fonctionnement « Je suis trĂšs favorable Ă PIFIL, câest le seul outil qui fonctionne trĂšs bien pour les fileyeurs. Avant de lâavoir je pĂȘchais 12-14 dauphins, maintenant jâen capture 7 ou 8 Ă lâannĂ©e et cette annĂ©e aucun, jâai le pinger PIFIL. Jâai le dispositif depuis 3 ans. Jâestime que lâappareil marche au moins Ă 60-70%. A chaque fois que jâai capturĂ© des dauphins câest quand il ne fonctionnait pas. ».
Cependant, certaines rĂ©ponses alertent sur les effets indĂ©sirables du dispositif pour les mammifĂšres. Au lieu de les repousser, certains indiquent que les pingers les attirent et Ă©voquent la possibilitĂ© dâun effet « diner bell » (attraction des dauphins car ils reconnaissent le signal Ă©mis par le dispositif comme signalant la prĂ©sence de nourriture dans des engins) : « Il y a des bateaux qui ont mis en route le pinger PIFIL. Ils nâont jamais vu autant de dauphins autour du bateau, alors que câest sensĂ© Ă©loigner le dauphin. ». Ce phĂ©nomĂšne nâa pas Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans le golfe de Gascogne pour les pingers. NĂ©anmoins, des rĂ©pondants affirment avoir Ă©tĂ© tĂ©moins de dĂ©prĂ©dation de dauphins communs, principalement sur des chalutiers âSans pingers, nous on voyait bien que quand on est sur le chalut pĂ©lagique, on voyait des dauphins, parce quâils entendent le bruit des bateaux. Ils viennent manger. On a eu des cas oĂč en fait les dauphins, vous voyez, ils rentraient dans le chalut et ils ressortaient. ». Un tĂ©moignage concerne aussi des fileyeurs « Les fileyeurs, ils voient assez souvent les dauphins se rapprocher des filets parce quâils nâont pas Ă chasser, ils nâont quâĂ se servir, ils rĂ©cupĂšrent le trop plein. » Comme vu dans la bibliographie, lâefficacitĂ© des pingers peut diminuer avec le temps (phĂ©nomĂšne dâaccoutumance), ici, un scientifique alerte Ă©galement sur ce sujet « sur les orques [âŠ] il y a une forte accoutumance. Ils viennent se nourrir mĂȘme si le pingers envoient des trĂšs hautes frĂ©quences, cela est donc trĂšs dangereux pour eux. Il faudrait trouver des signaux qui Ă©vitent cette habituation. ». Ces inconvĂ©nients semblent donc mener une partie des professionnels de la pĂȘche Ă refuser ces dispositifs.
DolphinFree
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (61) et dâavis commentĂ©s (36), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
Les mĂȘmes inconvĂ©nients dâefficacitĂ©, dâergonomie et de coĂ»t sont avancĂ©s contre DolphinFree que contre les Pingers mais il est considĂ©rĂ© prometteur et moins notif. Le dispositif Ă©tait inconnu dâun certain nombre de pĂȘcheurs appelant Ă une meilleure diffusion de lâinformation.
Avis général par acteur
Figure X : Comparaison des avis entre mesures
Figure X : Comparaison des avis entre mesures
Thématiques principales abordées en commentaire
Détails des commentaires
Les coĂ»ts dâachat et dâentretien des balises acoustiques peuvent constituer un obstacle important Ă leur utilisation (FAO, 2020). En effet, les conseils dâutilisation des balises acoustiques DolphinFree prĂ©conisent une balise tous les 500m de filet. Pour les pĂȘcheurs travaillant avec de trĂšs grandes longueurs de filets (parfois supĂ©rieures Ă 50 km), le nombre de balises nĂ©cessaires et leur entretien semblent difficilement rĂ©alisable. « En fait moi jâavais calculĂ©, jâarrivais Ă un nombre de balises incommensurable. Et moi je travaillais 30 km lâĂ©tĂ© Ă lâeau, donc il fallait dĂ©jĂ 60 balises. Il fallait un jeu de rab. Presque 100 balises. CâĂ©tait Ă moi de les charger, donc tu rentres de mer il faut que tu charges ça en plus pour le lendemain.. ».
De plus, le coĂ»t Ă©levĂ© du dispositif pose question chez les enquĂȘtĂ©s, qui Ă©mettent des craintes sur les possibilitĂ©s de financer toutes ces balises « Et ça coĂ»te trop cher, pour le moment un seul Ă©metteur coĂ»te 800 euros. En plus, sâil faut les mettre tous les 500 mĂštres et quâil faut un deuxiĂšme jeu pour les recharger, câest complĂ©ment impossible. Et si on perd le matĂ©riel qui va devoir payer ? ». Un kit de fixation a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par les dĂ©veloppeurs des balises, mais des pĂȘcheurs se plaignent de la difficultĂ© de la mise en place des balises sur filets, voir des dommages sur les Ă©quipements du navire : âMoi, pour faire des balises, jâai dĂ» changer de pommeilleuse, me mettre une laptop, parce que les bandes ne passent pas. Alors Ă chaque fois, tâes obligĂ© dâenlever les mousquetons, passer ton filet, raccrocher tout pour mettre dans le parc. 3500 euros la machine-lĂ . Rien que pour pouvoir les faire passer. Moi, je passe mon filet. La balise, elle arrive. Elle passe dedans, ça mâa Ă©clatĂ© un tuyau hydraulique. Les balises, aprĂšs ça, jâai enlevĂ© toutes les balises de mes filets. Câest bon, câest mort.â.
Ce type dâapproche innovante semble toutefois susciter de lâintĂ©rĂȘt chez une partie des participants : « AprĂšs, câest un bijou de technologie. La piste est plus quâintĂ©ressante. ». Ils rappellent nĂ©anmoins quâune phase de test est encore attendue pour statuer de lâefficacitĂ© du dispositif : « Totalement favorable Ă ce dispositif, laissons-les les essayer Ă grande Ă©chelle et faisons des stats pour savoir si cela fonctionne bien. »
MalgrĂ© les caractĂ©ristiques biosourcĂ©es du signal acoustique, des rĂ©pondants Ă©voque des risques de pollution sonore et dâexclusion dâhabitat au mĂȘme titre que pour les pingers : « Ca me semble plus logique mais la fin est la mĂȘme, ça ne lâeffraye pas, mais il fuit quand mĂȘme. ».
Un certain nombre de rĂ©pondants ne connaissaient pas les balises acoustiques DolphinFree, « Aucun bateau nâen a ici et je nâen ai jamais entendu parler. » ce qui suggĂšre quâune Ă©tape de communication est nĂ©cessaire avant une Ă©ventuelle mise en place de ce dispositif.
Reflecteurs
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (60) et dâavis commentĂ©s (34), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
Ce dispositif technique bon marchĂ© ne gĂ©nĂ©rant pas de pollution sonore reçoit des avis assez favorables mais prĂ©sente apparemment lâinconvĂ©nient de rĂ©duire la capturabilitĂ© des espĂšces commerciales ciblĂ©es. De nombreuses pistes dâamĂ©lioration sont explorĂ©es avec les professionnels de la pĂȘche.
Avis général par acteur
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Comme pour les autres dispositifs technologiques proposĂ©s aux participants, le besoin de tests et de preuve de leur efficacitĂ© sâest fait ressentir dans les rĂ©ponses : « On a encore trop peu de connaissances sur les rĂ©flecteurs mais cela reste trĂšs prometteur. ». En effet, les rĂ©flecteurs acoustiques prĂ©sentent des avantages en comparaison des pingers et des balises DolphinFree. Des fabricants matĂ©riels de pĂȘche expliquent le faible coĂ»t de ce type de moyen de mitigation : « Un filet avec un rĂ©flecteur ne coĂ»te pas forcĂ©ment plus cher, mais il faut le faire dĂšs la conception de la nappe, et ce serait possible. ». Les risques de pollution sonore semblent Ă©galement attĂ©nuĂ©s « A la diffĂ©rence des pingers, oĂč lâon Ă©voque souvent le risque de pollution sonore, ici le but est de renforcer la localisation des filets, donc sur le principe câest trĂšs intĂ©ressant. ».
Un problĂšme majeur des rĂ©flecteurs testĂ©s en France est quâils semblent diminuer la capturabilitĂ© des espĂšces cibles. « On a testĂ© aussi les rĂ©flecteurs, une catastrophe. CâĂ©taient les cordes. Une catastrophe. Parce que du coup, on mettait un filet oĂč il y avait justement les cordes rĂ©flectrices, et un filet oĂč il nây avait pas. Le filet oĂč il y avait les cordes rĂ©flectrices il y avait zĂ©ro poisson dedans. Le filet dâĂ cĂŽtĂ©, oĂč il nây avait pas, Il pĂȘchait ! Le filet dâaprĂšs oĂč il y avait il pĂȘchait plus, câĂ©tait comme ça : moitiĂ© moins. Les poissons ils dĂ©tectent parce que du coup la corde elle nâest pas fixĂ©e, il y a de la vibration et elle est colorĂ©e ».
Dâautres pistes concernant dâautres matĂ©riaux sont Ă©galement envisagĂ©es pour continuer les recherches : « LĂ , on travaille sur le matĂ©riau de la corde haute. Parce quâon sâest rendu compte quâil y avait parfois des pĂȘcheurs qui Ă©taient cĂŽte Ă cĂŽte. Et un qui cartonnait en capture accidentelle et lâautre pas du tout. Et au point de vue de la pratique, la seule chose qui aurait changĂ© entre eux, câest la corde haute. Il y a plusieurs types de ralingues et lĂ , ça se trouve, la solution, ce sera juste de recommander tel type de ralingue. » Dâautres pistes sont Ă explorĂ©es selon les rĂ©pondants, comme la disposition des cordes rĂ©flectrices ou le matĂ©riau « Il existe aussi des cordes avec des liĂšges sur la ralingue supĂ©rieure et dans le liĂšge il a une perle, les pĂȘcheurs du sud de la France utilisent ça et ils ne pĂȘchent pas de dauphins ».
3.3.2 Mesures de gestion de lâeffort de pĂȘche
Fermeture dâune zone Ă risque
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (62) et dâavis commentĂ©s (46), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
La difficultĂ© majeure est dâidentifier une zone restreinte Ă fermer car la rĂ©partition des captures accidentelles est large et variable et que les connaissances actuelles sont insuffisantes. Le risque de report dâeffort est Ă©galement mentionnĂ© ainsi que lâinĂ©quitĂ© entre flottilles dâune telle mesure, notamment pour les plus petites unitĂ©s. En revanche les effets bĂ©nĂ©fiques pour la protection des stocks exploitĂ©s sont souvent Ă©voquĂ©s.
Avis général par acteur
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Lâun des dĂ©fis principaux de la limitation des captures de delphinidĂ©s est la trĂšs large zone couverte par les populations et leur trĂšs grande mobilitĂ©, qui rend difficile la dĂ©finition dâune zone restreinte Ă fermer : «Il y aurait trop de risque de passer Ă cĂŽtĂ© des captures car il y a beaucoup de variabilitĂ© spatiale et dans le sud de la Bretagne il y a beaucoup de captures aussi. Donc cette zone peut ĂȘtre efficace pendant un temps donnĂ© mais inefficace plus tard car les dauphins peuvent changer de zone.». La zone proposĂ©e Ă la fermeture dans lâenquĂȘte a Ă©galement Ă©tĂ© critiquĂ©e : «LĂ , tu vois, les deux dĂ©partements oĂč on a plus de captures, câest la VendĂ©e et le FinistĂšre. Donc lĂ , tu as typiquement dĂ©jĂ la partie FinistĂšre. Elle nâest pas couverte.».
Les enquĂȘtĂ©s ont rappelĂ© quâune connaissance fine des captures accidentelles et des populations de dauphins Ă©tait nĂ©cessaire pour mettre en place de telles mesures. «Alors, je pense quâaujourdâhui, on nâest pas en mesure de proposer des zones plus fines. Je ne dis pas que ce nâest pas une bonne idĂ©e. Je dis juste quâĂ lâheure actuelle, on nâa pas les donnĂ©es quâil faut.». Dâautre part, selon les rĂ©pondants, il existe un fort risque de voir les flottilles de la zone impactĂ©e se reporter hors de la zone fermĂ©e : «Mais le risque, du coup, câest dâavoir les reports dâeffort de pĂȘche. Parce que, pour le coup, autant des pĂȘcheurs avec les attributions des licences qui ont les zones 7 et 8, tâen as pas beaucoup, autant, au sein de la zone 8, si tu as un bateau un peu costaud, tu peux sans problĂšme te balader dâune zone Ă lâautre». Economiquement, cette zone reprĂ©sente Ă©galement une part non nĂ©gligeable de la production.
Socialement, les personnes proches de la filiĂšre Ă©voquent un problĂšme dâĂ©quitĂ© entre les producteurs dans la zone et hors de la zone. Dans lâhypothĂšse de potentiels reports, ils soulignent une inĂ©galitĂ© entre les navires semi-hauturier et les petits mĂ©tiers cĂŽtiers dont la capacitĂ© de report est limitĂ©e : «Je connais cette zone car câest la zone que PĂ©lagis avait commencĂ© Ă identifier. Nous avons dĂ©jĂ rĂ©flĂ©chi Ă la fermer, mais en plein milieu de la zone, il y a les Sables dâOlonne donc ça ne va pas. En termes dâĂ©quitĂ© et politiquement ce nâĂ©tait pas acceptable.». En hiver cette rĂ©gion semble soutenir une forte production halieutique, ce qui pose la question de la soutenabilitĂ© Ă©conomique de la fermeture : «Câest vraiment la zone oĂč se concentre la sole en dĂ©but de saison (dĂ©cembre, janvier, fĂ©vrier), câest lĂ que se font les grosses pĂȘcheries de sole. Donc pour eux, cela aurait vraiment un impact.».
Une autre partie des rĂ©pondants se focalise sur les bĂ©nĂ©fices associĂ©s Ă la fermeture saisonniĂšre de cette zone, notamment concernant les stocks dâespĂšces exploitĂ©es pendant la pĂ©riode hivernale. Comme pour la fermeture actuelle du golfe de Gascogne, les rĂ©pondants Ă©voquent la reproduction des espĂšces cibles «Je pense que ce scĂ©nario aurait des consĂ©quences positives sur le stock de sole car Ă cette pĂ©riode elles sont grainĂ©es (avec des Ćufs), et quâon ne sait les pĂȘcher que quand elles sont grainĂ©es. Donc si elles arrivent Ă pondre cela peut avoir un impact positif.».
RĂ©duction de lâeffort de pĂȘche
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (74) et dâavis commentĂ©s (49), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
Les avis exprimĂ©s sont trĂšs partagĂ©s. Les avantages sont lâĂ©talement de la production, le maintien des apports et des prix et les effets positifs sur lâensemble de lâĂ©cosystĂšme y compris les espĂšces commerciales. Les dĂ©savantages sont la complĂ©xitĂ© de mise en oeuvre et de contrĂŽle. LâefficacitĂ© et lâimpact Ă©conomique et social de la mesure dĂ©pendent trĂšs largement des modalitĂ©s prĂ©cises de mise en oeuvre (calendrier, indĂ©mnisation).
Avis général par acteur
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Les personnes favorables Ă la mesure mettent en avant le maintien dâapprovisionnement et donc lâabsence dâeffet sur les prix, avec une possibilitĂ© dâĂ©taler la production sur la pĂ©riode : âMais oui. Parce que dĂ©jĂ , en fait, tu continues Ă faire tourner la machine, quoi. Tu stoppes pas tout dâun coup. Tâas moins de bateaux en mer. [âŠ] Par exemple, en temps de mauvais temps. Faut que ça soit mieux gĂ©rĂ© sur la rĂ©partition. Ă faire Ă©voluer, mais lâidĂ©e dâavoir des dates flexibles pour les navires, câest beaucoup moins contraignant, mais oui. Il y a toujours de lâapport. Donc, en fait, il nây a pas de perte de prix. Il nây a moins de filet Ă lâeau. MĂȘme pour les mareyeurs , ils ont du poisson.â. Lâeffet positif sur les espĂšces commerciales est Ă©galement Ă©voquĂ©, y compris par les pĂȘcheurs. Nombreux Ă©voquent les AT sole auxquels les professionnels sont habituĂ©s et globalement favorables.
Les dĂ©tails de mise en oeuvre de la mesure nâĂ©taient pas prĂ©cisĂ©s et les avis dĂ©pendent beaucoup de ces modalitĂ©s. Les jours sont-ils au choix du pĂȘcheur, ou imposĂ©s, doivent ils ĂȘtre choisis en avance ? Les avantages si les jours sont au choix du pĂȘcheur, individuellement, et dĂ©clarĂ©s au jour le jour, rĂ©sident dans la flexibilitĂ© offerte vis Ă vis de la mĂ©tĂ©o et des avaries : âPar exemple, on veut bien Ă©taler la pĂ©riode, que ça soit du 1er janvier au 31 mars. Pendant cette pĂ©riode lĂ sâil faut quâon soit stoppĂ© un mois, bah voilĂ on stoppe un mois. Ou alors tout le mois de janvier est dĂ©gueulasse et on stoppe un mois carrĂ©ment au mois de janvier tu vois. La on pourrait sâen sortir parce que câest plus adaptable.â. A lâinverse, la mesure est mal perçue par les pĂȘcheurs si le calendrier doit ĂȘtre fixĂ© en avance : âDifficile dâĂ©tablir un calendrier de sortie en mer; dĂ©pend de la mĂ©tĂ©o.â et cela pourrait ĂȘtre dĂ©favorable Ă certains navires crĂ©ant une forme dâinĂ©quitĂ© : âParce que si câest par bateau, [âŠ] Ben, Ă©coute, moi, je prendrai tel jour, tel jour, tel jour. Et comme par hasard, il fera mauvais ce jour-lĂ . Moi, je peux me baiser mon mois. Et mon copain qui aura pris dâautres jours, eh ben, lui, il va aller en mer.â.
Des variantes de mise en oeuvre acceptable selon les rĂ©pondants ont Ă©tĂ© faites par des pĂȘcheurs comme lâarrĂȘt imposĂ© le week end ou fragmenter lâarrĂȘt en pĂ©riodes dâune semaine ou 15 jours plutot quâun mois complet : âOu alors le fragmenter. Fragmenter la pĂ©riode. Câest-Ă -dire pas un mois dâaffilĂ©e, mais faire 15 jours, ou une semaine plusieurs fois. En deux fois 15 jours, dĂ©jĂ , on peut se rattraper. Enfin, on ne va pas rattraper ce quâon a perdu, mais⊠On va arriver Ă se faire un mois, en 15 jours, on peut y arriver. Si on a le poisson, si on a les bonnes conditions⊠Si il y a le bon temps. On peut y arriver.â.
Cependant, cette flexibilitĂ© pourrait limiter lâefficacitĂ© de la mesure pour la rĂ©duction des CA selon certains rĂ©pondants : âLes jours qui vont ĂȘtre choisis sont des jours qui ne sont pas pĂȘchants. Oui, je pense quâils choisiront des jours oĂč ils nâauraient pas Ă©tĂ© en mer de toute maniĂšre. Donc, en tant que systĂšme, moi, dâefficacitĂ© du systĂšme sur les captures accidentelles, je nây crois pas tropâ.
La question de lâindemnisation des arrĂȘts influence Ă©galement lâopinion et les chances supposĂ©es de rĂ©duction effective de lâeffort : âça va dĂ©pendre Ă quelle hauteur on est indemnisĂ©s pour rester Ă quai quoi. Mais du coup le poisson se reposerait pas beaucoup.â.
Certains rĂ©pondants suggĂšrent de ne pas utiliser le nombre de jours de mer uniquement comme mesure de lâeffort mais de diffĂ©rencier les limites par taille de navire, type dâengin, longueur et hauteur de filet. Cependant les difficultĂ©s de contrĂŽle ont Ă©galement Ă©tĂ© mentionnĂ©es, et seraient dâautant plus fortes que de telles nuances dâimplĂ©mentation seraient adoptĂ©es.
La complexitĂ© dâun tel systĂšme est aussi mise en avant comme un dĂ©savantage : âOuais mais il y en a qui voudraient une semaine, dâautres qui voudraient dâautres semaines.. Ben non le mieux câest que si tu veux fermer, tu fermes tout le monde comme ça câest rĂ©glĂ©, câest le plus logique pour les Ă©chouements et compagnie quoi. Comme ça tu peux dire quand la pĂȘche sâarrĂȘte on voit sâil y a une baisse significative.â.
Certains avis dĂ©favorables sâadressent plus globalement aux fortes contraintes dĂ©jĂ imposĂ©es aux pĂȘcheurs qui limitent lâattractivitĂ© et la rentabilitĂ© du mĂ©tier : âFaut arrĂȘter avec ces contraintes supplĂ©mentaires sinon nos jeunes ne viendront plus.â, âLes limitations, Ă©conomiquement ce nâest pas bon. On achĂšte du matĂ©riel quâon doit exploiter, si on ne lâutilise pas il se dĂ©tĂ©riore quand mĂȘme.â.
Fermeture seuil limite
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (48) et dâavis commentĂ©s (34, dont trois commentaires sans avis), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
Les commentaires concernent majoritarement les difficultĂ©s de mise en oeuvre Ă©tant donnĂ© les moyens de suivi (estimation des morts accidentelles, dĂ©lais) et des controverses probables sur la valeur du seuil et lâorigine de lâestimation des morts accidentelles. Lâutilisation dâun seuil global nâincite pas aux efforts individuels. Le manque de prĂ©visibilitĂ© de lâarrĂȘt est problĂ©matique pour la profession.
Avis général par acteur
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MalgrĂ© des avis exprimĂ©s partagĂ©s, mĂȘme au sein des catĂ©gories dâacteurs, les commentaires sont assez consensuels et montrent que les enquĂȘtĂ©s Ă©metent des rĂ©serves concernant la faisabilitĂ© du suivi des morts accidentelles. La dĂ©fiance est prĂ©sente chez tous les acteurs, concernant lâestimation des CA sur la base des dĂ©clarations volontaires dâune part ou sur la base des Ă©chouages de lâautre : âSi câest avec les Ă©chouages, faut ĂȘtre sĂ»r quâils sont morts du filet. Parce que si tu dois te baser sur la dĂ©claration des pĂȘcheurs, ils sont pas fous les mecs, non plus, ils vont pas aller te dire tout.â, âLe problĂšme, câest que les Ă©colos, ils vont trouver trĂšs vite 1000 dauphins et on ne va pas savoir si câest vraiment vrai.â. On souligne particuliĂšrement le manque dâincitation Ă dĂ©clarer de ce type de mesures : âĂa ne marcherait pas, non, je ne pense pas, parce que moi, je me mets un peu Ă leur place. Plus tu vas dĂ©clarer de dauphins, plus on va tâenvoyer dans une fermeture. Donc, nâimporte quelle personne ne va pas jouer le jeu. Câest normal. Enfin, câest normal, câest logique.â. Ainsi lâacceptabilitĂ© dĂ©pend des moyens de suivi mis en oeuvre. On mentionne le besoin de camĂ©ras ou dâobservateurs embarquĂ©s âassermentĂ©sâ. La rĂ©activitĂ© nĂ©cessaire Ă une fermeture aprĂšs seuil est Ă©galement questionnĂ©e : âEt la latence dans les resultats dâautopsies, analyse des donnĂ©s etc. me fait douter de la pertinence de la mise en place dâune telle mesureâ, âCâest trĂšs compliquĂ© Ă mettre en place si on utilise les Ă©chouages car les carcasses mettent parfois des semaines Ă arriver sur les plages, donc on rĂ©agirait forcĂ©ment aprĂšs. TrĂšs mĂ©tĂ©o-dĂ©pendant. Il faudrait quâon ait un moyen trĂšs rapide dâestimer les captures. Dans le concept, je suis pour mais impossible dans les faits.â
La mise en place dâun seuil global plutĂŽt quâindividuel a Ă©tĂ© jugĂ© injuste par un enquĂȘtĂ©, car il pĂ©naliserait lâensemble des navires mĂȘme vertueux : âCelui qui nâen prend pas, il va nous dire : Non, mais attends, moi, je suis arrĂȘtĂ© alors que jâen prends pas. Il y a le pour et le contre, lĂ . Deux poids, deux mesures, lĂ .â
La question de la fixation du seuil est Ă©galement soulevĂ©e : âToute la question ça sera (et lĂ les gens ne seront pas dâaccord) dans le fameux seuil critique.â.
Le manque de prĂ©visibilitĂ© de lâarrĂȘt est problĂ©matique pour les professionnels du secteur, Ă la fois en terme dâapport et dâemplois : âTrĂšs mauvaise idĂ©e, parce que nous, ça va nous prendre au dĂ©pourvu. Ăa veut dire que du jour au lendemain, on va dire, « Bon, ben, les gars, demain, vous restez chez vous ? »â.
3.3.3 Mesure de changement dâengin de pĂȘche
Avertissement
Il sâagit dâune des mesures les plus Ă©valuĂ©es avec 119 avis exprimĂ©s et 88 commentaires
En Bref
Beaucoup de rĂ©pondants sâaccordent sur la dĂ©sirabilitĂ© de ces changements dâengin pour le maintien de lâactivitĂ© et dâun point de vue de leur moindre impact Ă©cologique, de la qualitĂ© des produits et de la valorisation. PlutĂŽt quâun changement saisonnier, certains lâinscrivent dans une transition pĂ©renne Ă long terme des pratiques de pĂȘche. NĂ©anmoins beaucoup dâobstacles sont mentionnĂ©s. Ils concernent les difficultĂ©s pratiques et financiĂšres pour adapter les navires, former et recruter les Ă©quipages ; la faible capturabilitĂ© des espĂšces cibles historiques Ă la ligne ou au casier et les pertes de rentabilitĂ© ; les limites du report sur un faible nombre dâespĂšces avec des freins rĂ©glementaires (quotas, licences), des enjeux en termes de marchĂ©, de prix, de durabilitĂ©, et des risques de conflits dâusages avec les pĂȘcheries en place.
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LâintĂ©rĂȘt du changement dâengin pour les personnes favorables est le maintien dâactivitĂ© et la durabilitĂ© de ce type de pĂȘche : âTrĂšs favorable, quel que soit le point de vue. SĂ©lectivitĂ©, qualitĂ© du poisson dĂ©barquĂ©, impact environnemental (consommation et GES, impacts sur les habitats et les espĂšces autres que les cibles), emploi (plus dâemplois)â. Lâaspect valorisation en particulier revient chez plusieurs rĂ©pondants car les captures des casiers et des palangres se valorisent mieux que les poissons issus de filets ou de chaluts. Ces produits sont de qualitĂ© supĂ©rieure car les individus pĂȘchĂ©s sont moins dĂ©tĂ©riorĂ©s, voire vivants et se vendent gĂ©nĂ©ralement plus cher. « Câest aussi ça, que certains poissonniers cherchent : du poisson de qualitĂ©. On sait trĂšs bien que du bar de ligne ça vaut plus cher que le bar de filet.». Cet argument est nĂ©anmoins nuancĂ©, le prix Ă©tant liĂ© Ă lâoffre disponible sur le marchĂ©. « si toute une flottille se reporte sur la mĂȘme espĂšce, le marchĂ© risque de rĂ©pondre par une chute des prix ». Les consĂ©quences sur le marchĂ© de tels changements sont Ă Ă©tudier en amont, afin de percevoir si des opportunitĂ©s commerciales sont possibles. « Le marchĂ© des crustacĂ©s est effondrĂ© depuis 4 ans. Si câest la palangre il vont chercher du merlan ou du merlu, mais la sole ne se capture pas Ă la palangre. Le merlu vaut 3 euros en criĂ©e lâhiver car des chalutiers le capture donc il faut vĂ©rifier sâil y a un marchĂ©. ». Enfin un rĂ©pondant Ă©voque lâimpact de prix Ă©levĂ©s sur lâĂ©quitĂ© dâaccessibilitĂ© des produits de la mer : âTous les consommateurs nâont pas les moyens : ca va exclure certaines catĂ©gories sociales qui nâauront plus accĂšs aux produits de la merâ.
Certains lâinscrivent dans une transition souhaitable Ă plus long terme des activitĂ©s de pĂȘche, plutĂŽt que dans un changement de mĂ©tier saisonnier. DâaprĂšs certains rĂ©pondants, cette transition demanderait de la concertation et un accompagnement de la profession par les services publics, voire des rĂ©glementations et amĂ©nagements de lâespace maritime pour favoriser ces pratiques.
Cependant, mĂȘme les personnes sâĂ©tant prononcĂ©es favorables âen thĂ©orieâ commentent sur les difficultĂ©s associĂ©es âen pratiqueâ qui rejoignent les prĂ©occupations des rĂ©pondants âdĂ©favorablesâ Ă la mesure. MalgrĂ© le succĂšs de cette mĂ©thode dans dâautres pĂȘcheries certains rĂ©pondants doutent de son applicanbilitĂ© dans le golfe de Gascogne : « On en a pas mal discutĂ©, notamment avec des homologues nĂ©ozĂ©landais et en conclusion : ce nâest pas la mĂȘme, pas les mĂȘmes engins, pas les mĂȘmes espĂšces, ni les mĂȘmes nombres de pĂȘcheurs. Il nây avait rien qui pouvait sâappliquer en France. Quand cela fonctionne câest, soit, des petites pĂȘcheries trĂšs spĂ©cifiques, ou des contextes ou il nây a plus du tout de petits mĂ©tiers. ». Les critiques concernent principalement les difficultĂ©s techniques et logistiques, sur le rĂ©amĂ©nagement des navires, la place nĂ©cessaire Ă bord pour les casiers et lignes et le coĂ»t dâachat du matĂ©riel. Lâapprovisionnement en appĂąt pourrait Ă©galement ĂȘtre limitant. âParce quâaprĂšs, il faut sâĂ©quiper, il faut les apparaux de pĂȘche. On ne vire pas une palangre comme on vire un filet. Et puis, il faut rĂ©amĂ©nager le bateau dâune façon pour travailler aussi. Câest beaucoup de choses, je pense, Ă mettre en Ćuvre pour un mois dans lâannĂ©e.â , âles ligneurs et caseyeurs dĂ©pendent des autres pour avoir des appĂątsâ.
En terme dâespĂšces cible, les poissons ou les crustacĂ©s exploitĂ©s par les filets maillants ne semblent pas tous capturables par dâautres engins comme les palangres ou les casiers en hiver, pour des raisons techniques : « Tout dĂ©pend de lâespĂšce cible, si câest la sole cela est impossible. » ; «Pour pĂȘcher la sole Ă la palangre, il faudrait des petits hameçons, ce serait compliquĂ© technologiquement.». En revanche, une pĂȘche Ă la ligne du merlu et du bar existe dĂ©jĂ .
Le changement dâespĂšce cible est Ă©galement limitĂ© par la saisonnalitĂ©, qui ne semble pas non plus dâadaptĂ©e Ă la pratique de ces engins dans certaines rĂ©gions : « On pratique le filet Ă sole parce quâil nây a rien au casier sur cette pĂ©riode. En janvier-fĂ©vrier il nây a plus de crabe, plus de homard et lâaraignĂ©e commence Ă revenir fin mars. Donc ce sont vraiment ces 3 mois de creux qui nous ont amenĂ©s Ă faire du filet Ă sole. ». Lâabondance et la disponibilitĂ© des espĂšces cibles des casiers semblent aussi plus variables : « Pendant la pĂ©riode de fermeture, on ne sait jamais sâil y a de la crevette ou pas. Les casiers sont Ă lâeau 24/24 mais sâil nây a rien on est obligĂ© de faire autre chose. Pendant 2 ans il nây pas eu de bouquet, cette annĂ©e il y en a, on ne sait jamais Ă lâavance. ». Les rĂ©pondants sâinquiĂštent de la moindre rentabilitĂ© de ces mĂ©tiers.
Au delĂ , de lâaccessibilitĂ©, les opportunitĂ©s de pĂȘche peuvent ĂȘtre limitantes : âQuotas, licences sont fixĂ©s pour limiter la pression sur les stocks. Il ne semble pas possible de faire des reports de flottilles entiĂšres.â. Nombreux rĂ©pondants sâinquiĂštent de lâeffet dâun report massif sur les stocks exploitĂ©s Ă la ligne et au casier : âCommercialement, tout le monde va se mettre sur quelques espĂšces. On va dĂ©truire un stock dâun cĂŽtĂ© pour conserver de lâautre.â.
Le report engendrerait probablement des conflits avec les pĂȘcheries en place et ces mĂ©tiers Ă©tant infĂ©odĂ©s Ă certaines zones, des problĂšmes de partage de lâespace sont Ă prĂ©voir : âEt dĂšs lâinstant que tu vas changer de matĂ©riel tu vas devoir changer de zone aussi et tu vas devoir aller sur la zone dâun copain qui lui fait ça quasiment toute lâannĂ©e et puis ah non ça câest⊠Câest clairement impossible.â,âSi tout le monde se met Ă la palangre, il nây aura pas assez de poissons pour tout le monde. Parce quâil y a des coins bien prĂ©cis pour les palangres. Il y a des eaux trĂšs prĂ©cises. Donc, il y en a un qui va pĂȘcher, et dix qui vont regarder.â.
Des marins ont Ă©voquĂ© que changer dâengin nĂ©cessite Ă©galement de connaitre les mĂ©thodes et dâĂȘtre formĂ© pour ces types de pĂȘche, il ne sâagit pas seulement de contraintes techniques : « Moi jâai fait pendant 15 ans du chalut, je ne connais rien Ă la palangre. Ăa sâapprend mais ça fait beaucoup de choses. » Certains prĂ©cisent Ă©galement que moins de matelots sont formĂ©s pour les mĂ©tiers de la ligne ou du casier, ceci se rajoutant aux problĂšmes de recrutement dans le monde la pĂȘche : âCâest une galĂšre pour trouver des matelots qui veuillent bien travailler au casier ou aux hameçons. Le pire, câest les hameçons. Personne ne veut travailler aux hameçons [âŠ]. Câest la pĂ©nibilitĂ© du mĂ©tier. Parce que les hameçons, ça pique. Faut vraiment aimer le mĂ©tier quoi. Câest pas que câest une mauvaise idĂ©e, câest que câest pas rĂ©alisable.â.
Lâimpact de la palangre sur les oiseaux marins est Ă©galement citĂ© pour nuancer lâintĂ©rĂȘt environnemental dâun report sur les mĂ©tiers de la ligne.
3.3.4 Mesures dâaquisition de donnĂ©es
La dĂ©claration des CA est obligatoire dans les logbooks mais dans les faits trĂšs peu de pĂȘcheurs dĂ©clarent ces Ă©vĂ©nements. Les scientifiques et gestionnaires notamment dĂ©plorent que cette obligation rĂ©glementaire nâait pas Ă©tĂ© suivie, arguant que les donnĂ©es dĂ©clarĂ©es auraient probablement permis la mise en place de mesures plus ciblĂ©es que la fermeture du Golfe de Gascogne et Ă©vitĂ© le recours aux camĂ©ras. Certains professionnels de la pĂȘche partagent cet avis âPeut-ĂȘtre que sâils dĂ©claraient plus leurs pĂȘches accidentelles, ils se rendraient compte que câest peut-ĂȘtre autre chose qui tue les dauphins en fait. [âŠ] Je pense que ce serait mieux quâils dĂ©clarent.â. Deux alternatives (ou moyens complĂ©mentaires dâacquisition de donnĂ©es) ont Ă©tĂ© proposĂ©s dans lâenquĂȘte : les observateurs et les camĂ©ras embarquĂ©s.
Caméras embarquées
Avertissement : Il sâagit dâune des mesures les plus Ă©valuĂ©es avec 128 avis exprimĂ©s et 93 commentaires
En bref
La mesure cristalise le manque de confiance rĂ©ciproque. Les scientifiques et gestionnaires y voient la seule alternative pour une meilleure comprĂ©hension du phĂ©nomĂšne et donc un ciblage plus fin de la gestion en lâabsence de dĂ©claration. Ils dĂ©fendent la quantitĂ© et qualitĂ© des donnĂ©es obtenues par camĂ©ra. Pour les professionnels, la mesure est ressentie comme une volontĂ© de âflicageâ, de surveillance abusive, et une intrusion dans la sphĂšre privĂ©e. Nombreux craignent lâutilisation des donnĂ©es collectĂ©es pour des usages autres que lâamĂ©lioration des connaissances sur les CA de dauphins.
Avis général par acteur
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Il sâagit dâune des mesures les plus controversĂ©es et les moins consensuelles, dâautant quâelle est dĂ©jĂ en cours dâimplĂ©mentation et cristalise probablement le climat gĂ©nĂ©ral de mĂ©contentement du secteur pĂȘche. Il est donc nĂ©cessaire dâĂȘtre prudent dans lâinterprĂ©tation car il nâest pas possible de faire la part dans les perceptions entre lâavis sur le dispositif lui-mĂȘme et le mĂ©contentement des diffĂ©rents acteurs. Le climat tendu entre acteurs, nâest pas propice Ă la collaboration âdâabord, on nous punit et aprĂšs, on nous demande des informationsâ. Le rejet des camĂ©ras, reflĂšte aussi probablement un rejet plus gĂ©nĂ©ral de mesures non concertĂ©es.
Du point de vue des scientifiques et des gestionnaires, lâobservation Ă©lectronique Ă distance est rendue indispensable du fait de lâabsence de dĂ©claration des CA par les pĂȘcheurs : âA un moment on doit trouver des donnĂ©esâ. Cependant nombreux comprennent les rĂ©ticences, rĂ©pugnent Ă lâimposer et regrettent dâen arriver lĂ : âPour moi cela est plus un pansement quâun vĂ©ritable outil, cela ne devrait pas ĂȘtre nĂ©cessaireâ. Certains tĂ©moignages de scientifiques et dâONG accusent les camĂ©ras dâentretenir le climat de dĂ©fiance et prĂŽnent plutĂŽt la pĂ©dagogie et le rĂ©tablissement de la confiance et du dialogue. NĂ©anmoins le potentiel scientifique de la donnĂ©e collectĂ©e est aussi mis en avant. Les camĂ©ras permettraient dâamĂ©liorer la comprĂ©hension du phĂ©nomĂšne mais Ă©galement dâĂ©valuer lâefficacitĂ© des dispositifs techniques : âla camĂ©ra, câest le seul moyen dâavoir une estimation fiable de lâefficacitĂ© de dispositifs techniques de rĂ©duction de capture. Donc, rĂ©pondre Ă la question technique, est-ce quâun pinger, il fonctionne ?â. Enfin elles pourraient fournir des informations sur les captures dâautres espĂšces protĂ©gĂ©es afin dâanticiper ou dâoptimiser les mesures de protection probablement nĂ©cessaires dans le futur. Elles rĂ©pondent Ă©galement Ă une demande de transparence des activitĂ©s de pĂȘche vis Ă vis de lâexploitation dâune ressource commune.
Plusieurs tĂ©moignages montrent que certains professionnels comprennent bien lâintĂ©rĂȘt des camĂ©ras pour Ă©tudier le phĂ©nomĂšne, voire pour âinnocenterâ la pĂȘche dans les mortalitĂ©s de dauphins. Cependant ils expriment une prĂ©fĂ©rence pour une dĂ©claration, particuliĂšrement anonyme, des accidents ou pour le recours Ă des observateurs embarquĂ©s plutĂŽt que pour la surveillance continue. Les pĂȘcheurs ont exprimĂ© leur crainte vis-Ă -vis de lâutilisation des donnĂ©es issues des enregistrements : «Jâai peur que les images soient exploitĂ©es par de mauvaises personnes. Nous nâavons rien Ă cacher, mais on ne sait pas ce qui sera fait des donnĂ©es et il faut que la confidentialitĂ© soit respectĂ©e.». La peur que les informations soient utilisĂ©es Ă des fins de contrĂŽle, voire de sanctions, et non scientifiques amĂšne des pĂȘcheurs Ă refuser catĂ©goriquement les camĂ©ras : «Les pĂȘcheurs seraient prĂȘts Ă mettre des camĂ©ras Ă bord et Ă jouer franc jeu, si les informations nâallaient pas toujours dans le sens de leur taper dessus. ». Certains anticipent des Ă©volutions dans lâutilisation des camĂ©ras auxquels ils ne pourraient plus sâopposer une fois les dispositifs implĂ©mentĂ©s, notamment la surveillance des Ă©lĂ©ments de sĂ©curitĂ© obligatoire, des rejets et des captures dâautres espĂšces protĂ©gĂ©es. En consĂ©quence, et dans un soucis dâĂ©quitĂ©, certains souhaiteraient gĂ©nĂ©raliser le dispositif Ă lâensemble des navires et non seulement Ă ceux concernĂ©s par les CA de dauphins.
Au delĂ , les rĂ©serves soulevĂ©es concernant la surveillance Ă©lectronique portent sur des questions Ă©thiques : âSi câest vraiment que pour filmer les captures accidentelles. [Sinon] ça devient compliquĂ© au fait. [âŠ] Si câest vraiment ciblĂ© sur le powerblock, si câest vraiment ciblĂ© sur le machin, ça va. Mais si câest de mettre des camĂ©ras pour regarder quâest-ce que font les gars.â. Pour certains, lâidĂ©e mĂȘme de surveillance est mal vĂ©cue et rejettĂ©e, ressentie comme de la suspicion, un manque de confiance et une atteinte Ă la libertĂ© (sentiment de âflicageâ) : âcomme des violeursâ. Une lassitude face aux nombreuses mesures de suivi dâactivitĂ© dĂ©jĂ en place est exprimĂ©e. Plus personnellement, le sentiment dâĂȘtre constamment surveillĂ©, Ă©voque une forme de contrĂŽle intrusif dans la sphĂšre privĂ©e Ă la maniĂšre de âBig Brotherâ (Mangi et al., 2013) : âCertains passent les 3/4 des jours de lâannĂ©e en mer, câest comme leur mettre une camĂ©ra dans leur maison.â.
Depuis 2019, lâONG Sea Shepherd dans son opĂ©ration Dolphin Bycatch, suit des navires de pĂȘche afin de filmer des captures accidentelles de dauphins. Ces images sont ensuite utilisĂ©es dans les reportages de lâassociation et largement relayĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux. Des rĂ©pondants relient ces Ă©vĂšnements avec lâapprĂ©hension quâont les pĂȘcheurs envers les camĂ©ras : «Le fait dâavoir Ă©tĂ© filmĂ©s puis mĂ©diatisĂ©s par les ONGs Ă créé une peur de la camĂ©ra.».
Secondairement, la crainte que des problĂšmes techniques sur les camĂ©ras puissent empĂȘcher de partir en mer, et les aspects coĂ»ts et entretien sont mentionnĂ©s.
Observateurs embarqués
Avertissement
Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (73) et dâavis commentĂ©s (49), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En Bref
La plupart des acteurs sont favorables aux observateurs embarquĂ©s pour documenter les CA. Ils reconnaissent cependant le coĂ»t Ă©levĂ© et la plus faible couverture quâavec les camĂ©ras. Pour de nombreux pĂȘcheurs, le facteur humain, le partage avec lâobservateur est important et ils en acceptent dĂ©jĂ rĂ©guliĂšrement Ă bord. Les membres dâONG environnementales et les pĂȘcheurs sont les deux catĂ©gories les plus partagĂ©es Ă ce sujet Ă cause des risques de corruption dans les deux cas, et un manque de confiance dans les chiffres rapportĂ©s en ce qui concerne les pĂȘcheurs.
Avis général par acteur
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Les marins et les professionnels de la filiĂšre enquĂȘtĂ©s ont exprimĂ© une meilleure acceptation envers les observateurs quâenvers les camĂ©ras. Ils expliquent que lâaspect « humain » est trĂšs un important, surtout dans le milieu de la pĂȘche. Cela rend possible les Ă©changes : « Je trouve que câest plutĂŽt une bonne chose de se rendre compte directement sur le terrain. Et ça permet, contrairement aux camĂ©ras, dâĂȘtre dans le rĂ©el, de pouvoir Ă©changer avec lâĂ©quipage sur pourquoi ils ont pris cette dĂ©cision Ă lâinstant T. Ce qui est plus difficile quand on filme et quâon visualise simplement quelques jours aprĂšs une camĂ©ra. Ăa apporte aussi une autre approche. Une approche plus humaine, en fait. ». Pour certains pĂȘcheurs, il sâagit mĂȘme dâun moyen de faire porter leurs voix : « Il faut venir, on nâa rien Ă cacher. On les accueille car leurs paroles valent plus que celles des pĂȘcheurs, les gens ne nous croient pas, mais les observateurs et les scientifiques si. ». Le rĂŽle des observateurs dans lâĂ©tablissement de relations de confiance, et lâamĂ©lioration du climat entre les parties prenantes est Ă©galement soulignĂ©. Un membre dâune ONG explique : « Câest le plus facile pour les changements de pratiques : cela permet des Ă©changes avec les pĂȘcheurs et donc de connaĂźtre rĂ©ellement leur vie. Tout paraĂźt facile de loin mais les observateurs montrent la vĂ©ritĂ© des choses. Cela permet dâadopter dâautres pratiques, dâamĂ©liorer les relations, voir le danger. ». Etant donnĂ©e la frĂ©quence dâobservation, la surveillance parait moins abusive quâavec une camĂ©ra : «Je prĂ©fĂšre lâobservateur parce que la camĂ©ra câest tout le temps, câest 24h sur 24. ».
Cependant, pour certains, les tentatives de corruption sont rĂ©elles : âIl y a mille moyens de faire des tensions mentales voire physiques sur un observateur [⊠mĂȘme] lorsquâil se veut objectif.â et ils supposent que les professionnels Ă©vitent les zones Ă risque les jours oĂč ils ont un observateur. Plusieurs tĂ©moignages de pĂȘcheurs traduisent un rejet des observateurs suite Ă des dĂ©saccords sur les informations consignĂ©es.
A contrario, la qualité et la fiabilité de la donnée en comparaison des caméras sont mises en avant par les scientifiques et les gestionnaires, et les deux méthodes ont été citées comme complémentaires. Cependant les aspects techniques et financiers sont également remontés comme inconvénients ainsi que la plus faible couverture.
3.3.5 Mesures incitatives
Au delĂ des mesures incitatives prĂ©cises, les propos recueillis dans lâenquĂȘte informent sur les opinions concernant les incitations en gĂ©nĂ©ral. Les mesures incitatives sont mal connues en France et leur fonctionnement, non prĂ©cisĂ© dans les dĂ©tails, a pu ĂȘtre mal compris par certains enquĂȘtĂ©s, expliquant possiblement lâaccueil assez dĂ©favorable. Cela dit, certains se sont clairement exprimĂ©s en faveur dâun systĂšme uniquement basĂ© sur des contraintes et sanctions imposĂ©es par lâĂ©tat : « Pour moi, lĂ , lâenjeu, câest que tout le monde teste ces dispositifs. Et quâils deviennent rĂ©glementaires sâils fonctionnent, câest tout. Point barre. Sans parler de quotas, machin. Tu ne le dĂ©clenches pas, tu te prends une prune, câest tout, quoi.». Au contraire, certains rĂ©pondants soulignent lâintĂ©rĂȘt des incitations, qui ne contraignent pas lâactivitĂ© et laissent les entreprises de pĂȘche libres de leurs choix stratĂ©giques. Pour la majoritĂ©, les incitations et compensations sont perçues comme des moteurs logiques et importants de lâĂ©volution des pratiques et plĂ©biscitĂ©es par les acteurs. Des marins ainsi que dâautres acteurs ont Ă©voquĂ© lâattente de rĂ©compenses des pĂȘcheurs pour leurs efforts, notamment pour des changements de pratique liĂ©s aux captures accidentelles : « Moi jâai fait trois ans, je teste plein de choses, je nâai rien reçu, ah oui tu nâas pas eu de rĂ©compense particuliĂšre, non rien. (âŠ) Tous les Ă©tĂ©s tester les choses, tous les Ă©tĂ©s, Ă faire des rĂ©unions faire des machins. (âŠ) Câest normal que tâaies un plus, parce que tu travailles pour la filiĂšre, et lâautre bateau Ă cĂŽtĂ© qui ne fait pas ça, il est peinard lui en attendant. ».
En revanche, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les enquĂȘtĂ©s sâinquiĂštent que les incitations ne garantissent pas la rĂ©duction des CA, puisquâelles nâimposent pas les changements de pratique. Elles gĂ©nĂšrent Ă©galement un sentiment dâinĂ©quitĂ© car elles prĂ©supposent que bĂ©nĂ©ficier de la mesure est uniquement une question de choix du pĂȘcheur. Or certains pĂȘcheurs se sentent impuissants Ă rĂ©duire leurs CA soit techniquement car le phĂ©nomĂšne est jugĂ© alĂ©atoire et les dispositifs inefficaces, soit Ă©conomiquement (financement de moyens efficaces ou de changements de pratique) : « Câest diffĂ©rent parce que les oiseaux, ils sont autour du bateau, on peut mettre un systĂšme pour les faire dĂ©gager. Le dauphin, une fois que le filet il est sous lâeau et quâon part plus loin du filet, on est plus maĂźtre de la situation. », âJe trouve quâil y a une injustice, une inĂ©quitĂ© dans ce type de mesures sur un phĂ©nomĂšne quâils subissent.â.
Des critiques de nature plus Ă©thique sont Ă©galements recueillies, concernant le risque dâassocier un prix Ă la prĂ©servation des dauphins : âLa monĂ©tarisation du vivant est par ailleurs critiquable et peut entraĂźner des dĂ©rives condamnables.â et Ă lâinverse un rejet âde lâĂ©cologie punitive.â. On reporte ci-dessous les avis recueillis sur les diffĂ©rentes mesures prĂ©sentĂ©es.
Aides financiĂšres
Avertissement
La mesure est parmi les plus évaluées (131 avis) et commentées (91 commentaires).
En Bref
Les avis sont trĂšs divisĂ©s en apparence mais les propos rapportĂ©s sont en rĂ©alitĂ© convergents. Les marins prĂ©fĂšreraient vivre de leur mĂ©tier mais les subventions sont indispensables Ă court terme pour accompagner les transitions ou compenser les pertes liĂ©es Ă des mesures dâurgence.
Avis général par acteur
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Les scientifiques et ONG, dans une moindre mesure le grand public sont majoritairement en faveur de subventions et incitations financiĂšres pour soutenir les efforts de la filiĂšre pĂȘche vers une rĂ©duction des captures accidentelles. Les avis sont en revanche trĂšs partagĂ©s au sein des gestionnaires, pĂȘcheurs, leurs reprĂ©sentants et de la filiĂšre, pour qui les avis sont pour moitiĂ© favorables et pour moitiĂ© dĂ©favorables.
La raison principale du rejet des subventions de la part du secteur pĂȘche est un refus de vivre de subventions et une volontĂ© de vivre de leur mĂ©tier : âOn nâa pas envie de vivre des subventions. Câest dĂ©gradant pour des pĂȘcheurs qui vont passer 320 jours par an en mer et qui investissent des millions dans leur bateau.â. Lors de fermeture, ils expriment Ă©galement leur envie dâaller pĂȘcher en mer « Et puis les gens disent quâon est payĂ©s Ă rester Ă la maison, mais ce nâest pas lâimage quâon veut donner dâĂȘtre assistĂ©. On prĂ©fĂšre aller en mer, mĂȘme si on gagne un peu moins dâargent, au moins on fait notre mĂ©tier. ».
La dĂ©pendance du secteur pĂȘche aux subventions est Ă©galement mal perçue par dâautres acteurs : « Ils prennent des subventions pour tous : gasoil, parc Ă©olien, fermeture. Actuellement si on enlĂšve les subventions, il nây a plus un pĂȘcheur qui tient la route. Ils sont sous perfusion. Je connais un pĂȘcheur et chaque annĂ©e il nây a pas de bĂ©nĂ©fice. ». Un acteur accuse les subventions de â[dĂ©responsabiliser] les acteurs de la pĂȘche.â en ne les incitants pas Ă trouver des solutions viables par eux-mĂȘmes.
Cela dit, nombreux rĂ©pondants considĂšrent les indemnisations/subventions comme normales quand une contrainte est imposĂ©e, ou comme rĂ©compense des efforts des pĂȘcheurs. Dâautres soulignent le caractĂšre incitatif voire indispensable Ă la survie des entreprises notamment en cas de fermeture. âSâil y a un arrĂȘt, je ne vois pas autre chose que passer par des subventions. Mais personne nâa envie de vivre de subventions.â Beaucoup sont dâavis quâelles soient soumises Ă condition ou quâelles ciblent une dĂ©pense, par exemple pour aider au changement de pratiques, financer du matĂ©riel ou compenser les pertes dâune une mesure efficace et durable uniquement « Les professionnels qui souhaitent sâengager dans une dĂ©marche de rĂ©duction des captures accidentelles par le renouvellement de leur matĂ©riel doivent voir leurs gestes valorisĂ©s et bĂ©nĂ©ficier dâun accompagnement financier et moral de lâEtat. ». De nombreux rĂ©pondants insistent sur le fait que les subventions doivent ĂȘtre une aide Ă la transition vers dâautres pratiques ou vers un arrĂȘt dâactivitĂ©, et temporaires, quâil ne sâagit pas dâune solution durable. Le possible arrĂȘt de lâaccompagnement est dâailleurs un facteur dâinquiĂ©tude pour les pĂȘcheurs.
Les inconvĂ©nients Ă©voquĂ©s durant lâĂ©valuation de la fermeture 2024/2025 ont Ă©tĂ© réévoquĂ©s. Les professionnels de la filiĂšre aval rappellent quâils sont aussi impactĂ©s par les mesures de gestion et souhaitent bĂ©nĂ©ficier dâun plan dâaccompagnement dans le cas dâune mesure de rĂ©duction de lâeffort de pĂȘche : «Mais câest sĂ»r quâĂ long terme, si chaque annĂ©e, il y a des fermetures comme ça, voire plus Ă©largies au niveau du temps de fermeture, ça peut ĂȘtre hyper impactant pour la criĂ©e et la mettre en fragilitĂ©. Oui, pour moi, oui. Câest de ne pas oublier tout le monde, quoi. » . Les autres problĂšmes comme les dĂ©lais de paiement, la complexitĂ© du dossier Ă monter et les calculs de montant jugĂ©s dĂ©favorables sont repris par les acteurs. Les ONGs sâinquiĂštent Ă©galement de lâinĂ©quitĂ© de rĂ©partition des aides ou de lâabsence de flĂ©chage prĂ©fĂ©rentiel des aides vers les pratiques les plus vertueuses.
Quotas incitatifs
Avertissement
La mesure a reçu 124 Ă©valuations et 83 commentaires, cependant, la part des personnes ne souhaitant pas se prononcer est Ă©levĂ©e en particulier parmi les pĂȘcheurs (25%). Les thĂ©matiques abordĂ©es en commentaire Ă©taient trĂšs variĂ©es, la redondance est donc faible.
En bref
Cette mesure Ă©vite le recours aux aides publiques et peut reprĂ©senter une motivation importante si les stocks sont judicieusement choisis. Cependant, beaucoup sâinquiĂštent de dĂ©faut de suivi des captures commerciales et des CA qui limiteraient lâefficacitĂ© de la mesure et ainsi le besoin important de contrĂŽle quâelle implique. Enfin la rĂ©partition des quotas en France est complexe et sujette Ă tensions quâune telle mesure pourraient exacerber.
Avis général par acteur
Thématiques principales abordées en commentaire
Détails des commentaires
Parmi les avis exprimĂ©s, les scientifiques, gestionnaires et la filiĂšre sont majoritairement en faveur de ce type de mesures. Les pĂȘcheurs et ONG sont plus partagĂ©s et en majoritĂ© contre. Certains arguments concernent les mesures incitatives ou compensatoires en gĂ©nĂ©ral. Ils sont dĂ©crits en introduction de la section âmesures incitativesâ.
Concernant spĂ©cifiquement la nature de la rĂ©compense, ici des quotas supplĂ©mentaires, certains y sont plus favorables quâaux aides financiĂšres, sous rĂ©serve que les espĂšces soient bien choisies (ciblĂ©es, limitantes, bien valorisĂ©es) et les hausses significatives : âMoi si on me dit âbah voilĂ tu pĂȘches plus un dauphin de lâannĂ©eâ on rajoute 10 tonnes de lieu. Ah forcĂ©ment je vais Ă©quiper mes filets de balises, yâa pas de soucis.[⊠mais] il faut que la balise elle marche Ă 100% â. Plusieurs commentaires suggĂšrent un dĂ©faut de respect des quotas, un manque de controle des captures commerciales, qui limiterait le pouvoir incitatif de la mesure.
Certains acteurs craignent que cela engendre une pression supplĂ©mentaire sur les espĂšces cibles. Dans les faits, les quotas ne pouvant ĂȘtre augmentĂ©s, une telle mesure implique la remise en question de la clef de rĂ©partition liĂ©e aux antĂ©rioritĂ©s de pĂȘche, une question trĂšs sensible qui explique les commentaires relatifs Ă la âcomplexitĂ©â de mise en oeuvre dâune telle mesure dans le contexte des pĂȘcheries du golfe de Gascogne. « AprĂšs, sur la LĂ©gine, vous pouvez le faire, mais ici, dans le Golfe de Gascogne⊠La lĂ©gine est partagĂ©e entre un petit nombre de bateaux. Câest une pĂȘcherie trĂšs riche. Ils ont des moyens pour mettre des moyens de mitigation qui sont presque sans limites. Ce nâest pas transposable. Câest un moyen inapplicable. Câest le contexte qui rend la chose pas du tout possible. ».
Certains rĂ©pondants expriment un sentiment dââinĂ©galitĂ© de rĂ©partition des quotasâ liĂ© au systĂšme des antĂ©rioritĂ©s ou aux nĂ©gociations au sein des conseils dâadministration des OPs. Certains pĂȘcheurs voient dans ce type de mesure un moyen dâintroduire de nouveaux critĂšres et de forcer Ă une plus grande transparence. âsi lâEtat il dit : Maintenant vous allez donner plus aux petits pĂȘcheurs et moins aux gros. Bah lĂ ils vont le faire â. Au contraire, dâautres pensent que cela attiserait les conflits entre pĂȘcheurs sur cette question dĂ©jĂ complexe et sensible.
Les modalitĂ©s dâattribution nâont pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©es lors de lâenquĂȘte. Certains semblent envisager des quotas supplĂ©mentaires attribuĂ©s âa prioriâ en rĂ©compense Ă lâadoption de dispositifs ou lâabandon dâune pratique Ă risque. Des difficultĂ©s sont anticipĂ©es pour les quotas partagĂ©s entre des flottilles susceptibles ĂȘtre responsables de by-catch de dauphins et des flottilles non impliquĂ©es. « Ce genre de systĂšme de rĂ©attribution de quota est en cours de discussion. Mais les critĂšres doivent ĂȘtre dĂ©finis clairement. Si on donne plus Ă des fileyeurs qui sont pro-actifs et que les palangriers nâont pas de bonus alors qui nâont aucune capture accidentelle de dauphins dĂšs le dĂ©but, cela peut poser des problĂšmes. ».
Cependant de nombreux commentaires impliquent plutot un systĂšme basĂ© sur des preuves de rĂ©sultats. Ils soulignent que le systĂšme nâincite pas Ă dĂ©clarer les CA et nĂ©cessite un suivi des CA autre que dĂ©claratif afin de faire la dĂ©monstration de la rĂ©duction de CA : « Pour moi ce nâest pas une mesure que lâon peut faire seule car il y a un besoin de contrĂŽler en mer les captures. », âJe pense quâil faudrait quelquâun de neutre qui vienne dans le bateau pour tester ce genre de choses. Sinon, tout le monde peut se dire « oui, jâai essayĂ© ».â. De mĂȘme, certains suggĂšrent implicitement un systĂšme de malus associĂ©, oĂč la capture de dauphins impliquerait une rĂ©duction des quotas : âIl y en a pour qui, tu vois, câest assez stable, câest un ou deux dauphins dans lâannĂ©e. Mais une fois, il va en prendre plein dâun coup, il va se retrouver avec du quota retirĂ©. Non, ce ne serait pas cool.â.
SystĂšme de caution
Avertissement
La mesure nâa Ă©tĂ© proposĂ©e quâĂ 51 rĂ©pondants, il y a 50 avis exprimĂ©s, et 34 commentaires, les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.
En bref
Les avis favorables sont favorables aux incitations en gĂ©nĂ©ral et pas particuliĂšrement aux cautions de quotas. Les critiques principales concernent les freins au changement de saisonnalitĂ© des dĂ©barquements du point de vue de lâaccessibilitĂ© des espĂšces cibles, du marchĂ© ou des prix. LâinĂ©quitĂ© et la complexitĂ© du systĂšme sont Ă©galement invoquĂ©es comme inconvĂ©nients.
Avis général par acteur
Thématiques principales abordées en commentaire
Détails des commentaires
Les avis sont plutĂŽt dĂ©favorables chez pĂȘcheurs et ONGs, et plus partagĂ©s au sein de la filiĂšre et des scientifiques. Certains arguments concernent les mesures incitatives ou compensatoires en gĂ©nĂ©ral. Ils sont dĂ©crits en introduction de la section âMesures incitativesâ.
Certains soulignent quâune rĂ©gulation saisonniĂšre des quotas est dĂ©jĂ en oeuvre au sein de certaines OPs et pour certaines espĂšces, pour des raisons de marchĂ©, de prix ou pour Ă©viter une fermeture prĂ©coce dans les pĂȘcheries mixtes. Un rĂ©pondant remarque quâen cas dâatteinte du seuil de CA, la mesure bĂ©nĂ©ficie aux stocks halieutiques car elle se traduirait par une baisse de quota. Cela dit, en cas de non atteinte du seuil et de restitution de la caution, des rĂ©pondants craignent que la concentration des dĂ©barquements sur une pĂ©riode plus courte nâimpacte nĂ©gativement les prix : âSi on capture moins de sole en hiver, il faut voir quelles consĂ©quences ça peut avoir sur les prix. En hiver, ils font de la sole et du bar. Si on leur propose de faire du bar en Ă©tĂ©, est-ce que ça ne va pas Ă©crouler le marchĂ© ?â. Pour certaines espĂšces saisonniĂšres, au moins localement, le report du quota sur une autre saison nâest pas possible : âCâest irrĂ©aliste, car la sole et le merlu, on les pĂȘche en saison. â ; âLes espĂšces cibles en hiver se pĂȘchent Ă une saison bien prĂ©cise et les captures ne pourrait pas forcĂ©ment se transfĂ©rer sur une autre saison, ce qui rend difficile le dĂ©blocage de quota plus tard dans la saison, qui ne sera surement pas pĂȘchĂ©.â.
Le problĂšme de dĂ©finir un niveau de CA en deça duquel la caution est restituĂ©e se pose Ă©galement, comme pour les fermetures aprĂšs seuil. Ce risque de dĂ©bat autour du seuil a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© par un rĂ©pondant. Un autre enquĂȘtĂ© sâinquiĂšte que ces mesures dĂ©favorisent i) les pĂȘcheurs moins aisĂ©s dont la trĂ©sorerie ne peut pas supporter des pĂ©riodes de creux dâactivitĂ© : âSeuls les pĂȘcheurs suffisamment riches pourraient dĂ©poser une caution. â ou ii) ceux qui sont trĂšs limitĂ©s par leurs quotas, notamment dans les pĂȘcheries mixtes : âCeux qui nâont pas beaucoup de quotas comme moi on est coincĂ©s. â.
Comme pour les autres incitations, les rĂ©pondants insistent sur le besoin dâun suivi fiable des CA, surtout si les rĂ©compenses incitent Ă sous-dĂ©clarer. Il craignent que le contrĂŽle ne soit difficile, que ce soit Ă lâĂ©chelle individuelle ou collective. Comme pour les quotas incitatifs, certains rĂ©pondants sâinquiĂštent de la complexitĂ© de la gestion dâun tel systĂšme parfois qualifiĂ© dââusine Ă gazâ.
3.4 Scénarios alternatifs à la fermeture
Pour rappel, trois enquĂȘtes distinctes ont Ă©tĂ© menĂ©es pour recueillir les avis des acteurs sur les mesures et les scĂ©narios. Chaque enquĂȘte prĂ©sentait aux participants deux scĂ©narios Ă Ă©valuer, et avant cela, les mesures individuelles qui composaient ces scĂ©narios. Chaque enquĂȘte comprenait lâĂ©valuation de 4 Ă 6 mesures individuelles. Voici la rĂ©partition des enquĂȘtes : · LâEnquĂȘte 1 (E1) a Ă©tĂ© soumise Ă 84 personnes et portait sur les ScĂ©narios 2 et 6. · LâEnquĂȘte 2 (E2) a Ă©tĂ© soumise Ă 97 personnes et portait sur les ScĂ©narios 3 et 5. · LâEnquĂȘte 3 (E3) a Ă©tĂ© soumise Ă 82 personnes et portait sur les ScĂ©narios 1 et 4. Le Tableau ci-dessous synthĂ©tise le nombre de rĂ©pondants pour chaque scĂ©nario, leur description et les mesures incluses. Il est crucial de noter que les scĂ©narios nâont pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s par le mĂȘme groupe de rĂ©pondants dans chaque enquĂȘte. Par consĂ©quent, les comparaisons entre scĂ©narios, ou entre mesures individuelles et scĂ©narios, sont purement indicatives et doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es avec prudence, en raison des effectifs de rĂ©pondants variables dâune Ă©valuation Ă lâautre.
Afin faciliter lâinterprĂ©tation des rĂ©sultats souvent contrastĂ©s, on a sĂ©parĂ© lâĂ©chantillon des rĂ©pondants en deux groupes, dont les avis sâopposent frĂ©quemment en ce qui concerne les mesures de mitigation : Le âSecteurâ regroupe les pĂȘcheurs, reprĂ©sentants des pĂȘcheurs, filiĂšres amont et aval, soit des professionnels de la filiĂšre pĂȘche. Les âAutresâ regroupent le reste des acteurs, scientifiques, associations environnementales, instances gouvernementales et le grand public.
Le graphique suivant prĂ©sente les mĂȘmes rĂ©sultats en termes de pourcentages dâavis exprimĂ©s (exclusion des rĂ©ponses âNe se prononce pasâ) afin dâaider Ă hiĂ©rarchiser les scĂ©narios.
Avertissement : Dans les paragaphes qui suivent, il est important de noter que le terme âavis dĂ©favorablesâ regroupe Ă la fois les opinions âpas vraiment favorablesâ et âpas du tout favorablesâ.
Les rĂ©sultats de lâenquĂȘte rĂ©vĂšlent un biais dans lâutilisation de lâĂ©chelle de Lickert entre groupes dâacteurs : â Le groupe âSecteurâ nâa accordĂ© une majoritĂ© dâavis favorables Ă aucun des scĂ©narios proposĂ©s â En revanche, pour le groupe âAutresâ, cinq des six scĂ©narios ont reçu une majoritĂ© dâavis favorables (seul le ScĂ©nario 6 (fermeture seuil et caution) a recueilli une majoritĂ© dâavis dĂ©favorables de leur part). Ceci pourrait tĂ©moigner de la rĂ©ticence du secteur Ă adopter de nouvelles mesures, quand les autres acteurs y sont plus favorables. Ce biais incite en tous cas, Ă Ă©valuer les scĂ©narios par groupe dâacteur et en comparaison les uns des autres et non seulement individuellement.
On reporte les rĂ©sultats des scĂ©narios selon deux angles distincts : Dâabord on identifie les potentiels consensus et on Ă©tablit une hiĂ©rarchie des scĂ©narios auxquels chaque groupe dâacteur est le plus favorable. Dans un second temps, on compare lâavis sur les scĂ©narios Ă celui sur les mesures isolĂ©es afin dâĂ©tablir si leur combinaison amĂ©liore ou empire leur acceptabilitĂ©. Cette analyse est renforcĂ©e lorsque une mesure se retrouve dans plusieurs scĂ©narios combinĂ©e Ă des mesures diffĂ©rentes.
Consensus et hiérarchie des scénarios
En premiĂšre analyse, aucun des scĂ©narios testĂ©s ne fait lâobjet dâun consensus et les avis sont mitigĂ©s. Trois scĂ©narios recueillent une majoritĂ© dâavis favorables : le scĂ©nario 4, portant sur la fermeture de zone indemnisĂ©e ; le scĂ©nario 2, axĂ© sur le changement dâengin en Ă©change de quotas supplĂ©mentaires dâespĂšces cibles; et le scĂ©nario 1, offrant le choix entre un changement dâengin ou lâinstallation de camĂ©ras. Ă lâopposĂ©, le scĂ©nario 6 se distingue par une majoritĂ© dâavis dĂ©favorables : celui qui propose un dispositif liant lâaccĂšs Ă une partie gelĂ©e du quota de pĂȘche Ă la condition que les captures accidentelles de dauphins restent en deçà dâun seuil limite, agissant comme une âcautionâ. Ce dernier scĂ©nario a gĂ©nĂ©rĂ© le moins de rĂ©ponses mais la plus faible proportion de âne se prononce pasâ). A noter que la connaissance de ce dispositif Ă©tait souvent plus limitĂ©e, souvent perçu comme nouveau par les rĂ©pondants par rapport aux autres scĂ©narios Ă©valuĂ©s.
Les avis diffĂ©rant entre les groupes dâacteurs, faire Ă©merger un scĂ©nario acceptĂ© par tous apparaĂźt complexe. Le Tableau suivant propose une classification des scĂ©narios basĂ©e sur les avis exprimĂ©s par groupe dâacteurs (« Avis gĂ©nĂ©ral », « Secteur » et « Autres »). Cette classification ordonne les scĂ©narios, du « moins de rĂ©ticences » au « plus de rĂ©ticences », en fonction de la majoritĂ© des avis (favorables, favorables + neutres, ou dĂ©favorables). Au sein de chaque catĂ©gorie, les scĂ©narios sont ensuite ordonnĂ©s selon la proportion dâavis dĂ©favorables, une attention particuliĂšre Ă©tant portĂ©e aux avis « trĂšs dĂ©favorables », avec lâidĂ©e quâun scĂ©nario suscitant de fortes oppositions est potentiellement moins acceptable.
Le scĂ©nario 2 (changement dâengin et quota) est le seul Ă figurer dans le âtop 3â de chaque groupe. Cependant, cette observation doit ĂȘtre nuancĂ©e : malgrĂ© sa prĂ©sence dans ce classement, ce scĂ©nario recueille une majoritĂ© dâavis dĂ©favorables de la part du groupe « Secteur », ce qui suggĂšre une potentielle faible acceptabilitĂ© et des rĂ©ticences importantes Ă sa mise en place, comme le confirment les critiques exprimĂ©es dans les verbatim, notamment concernant lâaspect de changement dâengin. Enfin, les scĂ©narios 1 (choix entre changement dâengin ou camĂ©ras) et 3 (utilisation de dispositifs ET une camĂ©ra en Ă©change de quota dâespĂšces supplĂ©mentaire) apparaissent comme ceux oĂč le potentiel de rĂ©ticences est le plus faible, aucun dâeux nâayant recueilli une majoritĂ© dâavis dĂ©favorables de la part dâun groupe ; pour le scĂ©nario 1, il convient toutefois de rappeler les critiques relatives au changement dâengin apparues dans les verbatim.
Une analyse plus dĂ©taillĂ©e des consĂ©quences Ă©conomiques, sociales ou environnementales laisse toutefois entrevoir des points dâaccords sur certains scĂ©narios. Le scĂ©nario changement dâengin en Ă©change de quotas (les fileyeurs changent dâengin de dĂ©cembre Ă mars en Ă©change de quota supplĂ©mentaire dâespĂšces cibles) divise les acteurs sur les consĂ©quences Ă©conomiques, mais les rassemble sur les consĂ©quences en termes de rĂ©duction de captures accidentelles jugĂ©es positives par une majoritĂ© dâacteurs dans chaque groupe. Les scĂ©narios 3,5 et 6 ne laissent pas entrevoir a priori de points dâaccords possibles sur les consĂ©quences de chacun de ces scĂ©narios : beaucoup dâacteurs restent indĂ©cis ou prĂ©fĂšrent ne pas se prononcer, ce qui rend lâinterprĂ©tation difficile sans lâanalyse qualitative des verbatim. Le scĂ©nario 4 (fermeture dâune zone Ă risque pour les fileyeurs et les chalutiers pĂ©lagiques de dĂ©cembre Ă mars, avec indemnisation des pertes), sâil recoit le plus dâavis favorables, laisse la filiĂšre dubitative sur les consĂ©quences environnementales dâune telle mesure.
Comparaisons détaillées entre les mesures individuelles et les scénarios
Mesure âChangement dâengin de pĂȘcheâ (ScĂ©narios 1 et 2)
Lâavis global sur le ScĂ©nario 1 (changement dâengin OU camĂ©ras) et le ScĂ©nario 2 (changement dâengin ET quota dâespĂšce cible) montre des tendances similaires, avec une majoritĂ© dâopinions favorables pour les deux. Cette concordance se retrouve pour la mesure âchangement dâenginâ Ă©valuĂ©e de façon individuelle. Cependant, une analyse par groupe dâacteurs rĂ©vĂšle des nuances : Le groupe âAutresâ perçoit le ScĂ©nario 2 plus positivement que le ScĂ©nario 1, pour lequel leurs avis sont plus mitigĂ©s. Le groupe âSecteurâ au contraire affiche une prĂ©fĂ©rence pour le ScĂ©nario 1, mais il a gĂ©nĂ©rĂ© un plus grand nombre de rĂ©ponses âne se prononce pasâ que le ScĂ©nario 2.
Les perceptions des groupes âSecteurâ et âAutresâ concernant la mesure individuelle âchangement dâenginâ se rapprochent de celles exprimĂ©es par ces groupes pour le ScĂ©nario 2 (changement dâengin + quota dâespĂšce cible). Plus prĂ©cisĂ©ment, le groupe âSecteurâ a exprimĂ© une perception majoritairement dĂ©favorable pour la mesure individuelle, reflĂ©tant son avis sur le ScĂ©nario 2. Inversement, le groupe âAutresâ a un avis favorable pour cette mesure individuelle, ce qui est en phase avec les avis du ScĂ©nario 2. Cette similaritĂ© des perceptions par groupe est moins prononcĂ©e lorsque lâon compare la mesure individuelle âchangement dâenginâ aux avis du ScĂ©nario 1.
Mesure âCamĂ©ras embarquĂ©esâ (ScĂ©narios 1, 3 et 5)
Lâanalyse de la mesure âcamĂ©ra embarquĂ©eâ seule rĂ©vĂšle une nette division des opinions, sans consensus clair et avec de fortes variations entre les groupes. La situation Ă©volue lĂ©gĂšrement lorsquâelle est intĂ©grĂ©e dans des scĂ©narios : Le ScĂ©nario 1, (changement dâengin OU camĂ©ras), est perçu de maniĂšre majoritairement favorable Ă lâĂ©chelle globale. Cela suggĂšre un potentiel dâacceptation accru pour cette combinaison spĂ©cifique, lorsquâon regarde les rĂ©ponses de lâensemble des rĂ©pondants, tout groupes confondus. En contraste, le ScĂ©nario 5, qui comprend une rĂ©duction dâeffort et une indemnisation conditionnelle (si camĂ©ra ou observateur), rencontre un avis global gĂ©nĂ©ral majoritairement nĂ©gatif. Le ScĂ©nario 3, incluant des dispositifs technologiques et une camĂ©ra en Ă©change de quotas supplĂ©mentaires dâespĂšces cibles supplĂ©mentaires, montre un niveau dâacceptation global plus similaire Ă celui de la mesure individuelle « camĂ©ra ». Ces observations indiquent que lâacceptabilitĂ© de la camĂ©ra pourrait ĂȘtre influencĂ©e par les mesures avec lesquelles elle est combinĂ©e, notamment par la prĂ©sence dâalternatives perçues globalement positivement par les acteurs. A noter que les perceptions diffĂšrent lorsquâon Ă©tudie les rĂ©ponses par type dâacteurs, avec une forte rĂ©ticence par le groupe « Secteur » pour le ScĂ©nario 3, contrairement Ă lâavis du groupe « Autres » qui est bien majoritairement favorable pour ce scĂ©nario, et moins favorable pour les 2 autres.
Mesure âObservateur Ă bordâ (ScĂ©nario 5)
La mesure individuelle âobservateur Ă bordâ recueille un avis majoritairement favorable Ă lâĂ©chelle globale. Le groupe âSecteurâ exprime une prĂ©fĂ©rence nette pour les observateurs (avis majoritairement favorable) par rapport aux camĂ©ras (avis majoritairement dĂ©favorable). Inversement, le groupe âAutresâ prĂ©fĂšre les camĂ©ras, bien que les deux mesures restent majoritairement favorables pour ce groupe. Dans le ScĂ©nario 5 (rĂ©duction dâeffort + indemnisation conditionnĂ©e Ă camĂ©ra OU observateur), lâavis global est plus partagĂ©. Pour le groupe âSecteurâ, lâavis sur le ScĂ©nario 5 est clairement dĂ©favorable pour les pĂȘcheurs et leurs reprĂ©sentants, et partagĂ© pour la filiĂšre (mais avec un faible nombre dâavis exprimĂ©s). Cette perception contraste avec lâavis plutĂŽt favorable sur la mesure âobservateurâ seule. Pour les scientifiques, lâavis sur le ScĂ©nario 5 est comparable Ă celui de la mesure âobservateurâ seule, tandis quâil est plus favorable pour le grand public et les associations environnementales. Les verbatim associĂ©s au ScĂ©nario 5 suggĂšrent que lâavis dĂ©favorable du groupe âSecteurâ ne viendrait pas de la mesure âobservateurâ elle-mĂȘme, mais plutĂŽt des mesures concernant les camĂ©ras et la rĂ©duction dâeffort. Certains pĂȘcheurs expriment par exemple une prĂ©fĂ©rence pour lâobservateur par rapport Ă la camĂ©ra, soulignant son cĂŽtĂ© humain et la fiabilitĂ© de la donnĂ©e. Cependant, il est important de nuancer cette observation, car certains verbatim mentionnent des prĂ©occupations relatives aux coĂ»ts Ă©levĂ©s des camĂ©ras et Ă lâimpossibilitĂ© de les installer sur certains navires.
Mesure âRĂ©duction de lâeffort de pĂȘcheâ (ScĂ©nario 5)
La mesure individuelle ârĂ©duction de lâeffort de pĂȘcheâ est Ă©valuĂ©e majoritairement de façon dĂ©favorable pour le groupe âSecteurâ et trĂšs largement favorable pour le groupe âAutresâ. Ces avis se reflĂštent globalement dans le ScĂ©nario 5 : une trĂšs faible proportion dâavis favorables et une majoritĂ© dâavis dĂ©favorables dans le groupe âSecteurâ, tandis que les avis sont majoritairement favorables dans le groupe âAutresâ. Le fait de combiner la mesure de limitation de lâeffort avec des âsubventions si camĂ©ra OU observateurâ ne modifie pas qualitativement les avis par groupe dâacteurs (favorable pour les âAutresâ, dĂ©favorable pour le âSecteurâ). Cependant, quantitativement, on observe une lĂ©gĂšre perte de favorabilitĂ© pour la mesure ârĂ©duction de lâeffortâ lorsquâelle est combinĂ©e dans le ScĂ©nario 5 avec les mesures â subventions si camĂ©ras ou observateursâ, et ce pour les deux groupes.
Mesure âSubventionsâ (ScĂ©narios 4 et 5)
De façon globale, la mesure individuelle âsubventionâ est Ă©valuĂ©e plutĂŽt favorablement. La mesure âsubventionâ est globalement mieux accueillie si prise de façon individuelle. Lorsquâelle est couplĂ©e Ă la condition dâune camĂ©ra embarquĂ©e ou dâun observateur Ă bord (dans le ScĂ©nario 5), son acceptabilitĂ© potentielle diminuerait. Cette baisse est particuliĂšrement marquĂ©e pour le groupe âSecteurâ : environ 50% dâavis favorables pour la mesure individuelle, contre moins de 15% pour le ScĂ©nario 5. En comparaison, le ScĂ©nario 4 (fermeture de zone avec indemnisation des pertes, sans condition sur les subventions) est accueilli plus favorablement que le ScĂ©nario 5 par le groupe âSecteurâ (environ 40% dâavis favorables pour le ScĂ©nario 4). Pour le groupe âAutresâ, les rĂ©sultats sont globalement similaires entre la mesure âsubventionâ individuelle et les ScĂ©narios 4 et 5. Cependant, la mesure âsubventionâ individuelle recueille lĂ©gĂšrement moins dâavis favorables que lorsquâelle est combinĂ©e dans les ScĂ©narios 4 et 5. Le ScĂ©nario 4 est Ă©galement Ă©valuĂ© lĂ©gĂšrement plus favorablement que le ScĂ©nario 5 par ce groupe.
Mesure âFermeture de zone saisonniĂšreâ (ScĂ©nario 4)
La mesure individuelle âfermeture de zoneâ est majoritairement Ă©valuĂ©e dĂ©favorablement pour le groupe âSecteurâ et favorablement pour le groupe âAutresâ. Pour le groupe âSecteurâ, la fermeture de zone associĂ©e Ă des subventions (ScĂ©nario 4) est lĂ©gĂšrement moins favorable que la mesure âfermeture de zoneâ seule. Cette diffĂ©rence peut ĂȘtre liĂ©e aux effectifs de rĂ©pondants variables, mais globalement, lâavis reste majoritairement dĂ©favorable dans les deux cas. Pour le groupe âAutresâ, la majoritĂ© des avis sont favorables, et il y a plus dâavis favorables lorsque la fermeture de zone est couplĂ©e Ă des subventions (ScĂ©nario 4).
Mesure âQuota dâespĂšce cibleâ (ScĂ©narios 2 et 3)
Lâavis global sur la mesure individuelle âquota incitatifâ ne change pas radicalement lorsquâelle est combinĂ©e dans un scĂ©nario, bien quâon observe lĂ©gĂšrement plus dâavis neutres dans ce dernier cas. Cependant, les combinaisons spĂ©cifiques pourraient influencer les perceptions : dans lâavis gĂ©nĂ©ral, la mesure âquota incitatifâ reçoit un peu plus dâavis favorables lorsquâelle est associĂ©e Ă un changement dâengin (ScĂ©nario 2) que lorsquâelle est Ă©valuĂ©e seule. Les perceptions varient toutefois selon les groupes dâacteurs : â Pour le groupe âAutresâ, lâavis sur les âquotas incitatifsâ est plus favorable quand ils sont combinĂ©s Ă un changement dâengin (ScĂ©nario 2) quâindividuellement. Lâavis est plus favorable pour la mesure individuelle que lorsquâelle est associĂ©e Ă des dispositifs et camĂ©ras (ScĂ©nario 3), bien que les rĂ©sultats soient trĂšs proches. â Pour le groupe âSecteurâ, la mesure âquota incitatifâ est accueillie moins nĂ©gativement lorsquâelle est associĂ©e Ă des dispositifs et camĂ©ras (ScĂ©nario 3) que lorsquâelle est prise individuellement. Ă lâinverse, elle est perçue plus nĂ©gativement (avec une majoritĂ© dâavis dĂ©favorables) lorsquâelle est combinĂ©e Ă un changement dâengin (ScĂ©nario 2). Cela peut sâexplique par le fait que le changement dâengin est Ă©valuĂ© dĂ©favorablement par ce groupe lorsquâil est considĂ©rĂ© seul. En rĂ©sumĂ©, la mesure âquota dâespĂšce cibleâ pourrait avoir plus de chances dâĂȘtre acceptĂ©e par le groupe âSecteurâ si elle est combinĂ©e Ă des dispositifs et camĂ©ras plutĂŽt quâĂ un changement dâengin. Pour le groupe âAutresâ, câest lâinverse : cette mesure serait plus acceptĂ©e si combinĂ©e Ă un changement dâengin. Il est important de noter que pour le groupe âAutresâ, les avis sont majoritairement positifs dans les trois cas (mesure individuelle, ScĂ©nario 2 et ScĂ©nario 3).
Mesures âDispositifs technologiquesâ (ScĂ©nario 3)
Lâavis gĂ©nĂ©ral sur les mesures âdispositifsâ prises individuellement varie selon le dispositif (pingers, DolphinFree, rĂ©flecteurs), rendant la comparaison complexe avec les scĂ©narios. Il est difficile dâidentifier quelle mesure a le plus influencĂ© lâĂ©valuation des rĂ©pondants au sein du ScĂ©nario 3 (combinant dispositifs, camĂ©ras et quotas). Cependant, on peut noter que lâavis global sur le ScĂ©nario 3 semble plus proche des perceptions mitigĂ©es concernant les pingers que des avis plus favorables sur les balises DolphinFree ou les rĂ©flecteurs, qui sont globalement mieux accueillis lorsquâils sont Ă©valuĂ©s seuls. Les avis divergent selon les groupes dâacteurs. Pour le groupe âAutresâ, les avis sur les dispositifs individuels divergent fortement, allant du trĂšs largement favorable pour les rĂ©flecteurs Ă majoritairement dĂ©favorable pour les pingers. A noter que les avis sur le ScĂ©nario 3 se rapprochent du profil de rĂ©ponses sur les balises DolphinFree, avec une lĂ©gĂšre majoritĂ© dâavis favorables. Pour le groupe âSecteurâ, le profil dâavis sur le ScĂ©nario 3 reflĂšte davantage les avis sur les pingers pris isolĂ©ment (câest Ă dire avis mitigĂ©). Globalement, moins dâavis favorables sont exprimĂ©s lorsque les dispositifs sont combinĂ©s aux camĂ©ras et quotas incitatifs que lorsquâils sont pris de façon isolĂ©e.
Mesure âFermeture aprĂšs un seuil limiteâ (ScĂ©nario 6)
La comparaison entre la mesure individuelle âfermeture aprĂšs un seuil limiteâ et le ScĂ©nario 6 (combinant une caution avec un seuil limite) rĂ©vĂšle une diffĂ©rence notable dans la perception gĂ©nĂ©rale. Lâavis sur le ScĂ©nario 6 est globalement plus nĂ©gatif que celui sur la mesure âfermeture aprĂšs seuil limiteâ seule. La mesure est ici associĂ©e avec la mesure individuelle du âsystĂšme de cautionâ qui est trĂšs mal perçue (enregistrant la plus forte proportion dâavis nĂ©gatifs parmi toutes les mesures Ă©valuĂ©es individuellement). Ces rĂ©sultats suggĂšrent que la combinaison dâune mesure de remĂ©diation (comme la fermeture aprĂšs un seuil) avec un systĂšme de caution a de fortes chances dâĂȘtre perçue de façon dĂ©favorable par les acteurs.
Mesure âCautionâ (ScĂ©nario 6)
Lâavis gĂ©nĂ©ral sur la mesure âcautionâ reste majoritairement dĂ©favorable, que la mesure soit Ă©valuĂ©e seule ou combinĂ©e avec un seuil limite dans le ScĂ©nario 6. Le profil des rĂ©ponses est assez similaire dans les deux cas. Pour le groupe âAutresâ, les avis sont presque identiques pour la mesure âcautionâ seule et pour le ScĂ©nario 6. Cependant, le groupe âSecteurâ prĂ©sente une proportion dâavis dĂ©favorables plus Ă©levĂ©e lorsque la mesure âcautionâ est prise individuellement, par rapport Ă sa combinaison avec un seuil limite. Lorsque la âcautionâ est incluse dans le ScĂ©nario 6, ce mĂȘme groupe exprime davantage dâavis âneutresâ quâen Ă©valuation individuelle (oĂč il nây a aucun avis neutre). Il est difficile de conclure, avec ces seuls rĂ©sultats, si la mesure âcautionâ serait mieux acceptĂ©e si elle Ă©tait combinĂ©e Ă une autre. Comme vu prĂ©cĂ©demment, la mesure âfermeture aprĂšs un seuilâ est perçue plus favorablement lorsquâelle est Ă©valuĂ©e seule que lorsquâelle est combinĂ©e avec la mesure âcautionâ. Cela pourrait indiquer quâun scĂ©nario incluant le systĂšme de caution est susceptible de rencontrer une certaine rĂ©sistance.
Conclusion
En conclusion, il est essentiel dâanalyser les avis par groupe dâacteurs plutĂŽt que de regarder uniquement les avis globaux. Les rĂ©sultats montrent des hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s de rĂ©ponses selon les groupes, ce qui souligne lâimportance dâune approche nuancĂ©e pour comprendre les perceptions de chacun.
3.5 Création de scénarios
84 rĂ©pondants (20 pĂȘcheurs, 17 reprĂ©sentants de la filiĂšre, 5 membres dâune structure reprĂ©sentant les professionnels de la pĂȘche, 4 gestionnaires, 5 grand public, 18 membres dâune ONG ou association environnementale, et 15 scientifiques) ont créé leur propre scĂ©nario combinant plusieurs mesures de gestion. Notons que la proportion de pĂȘcheurs parmi les rĂ©pondants Ă la crĂ©ation de scĂ©narios est plus faible que dans lâĂ©chantillon gĂ©nĂ©ral de lâenquĂȘte, ce qui indique que les rĂ©sultats et comparaisons avec les parties prĂ©cĂ©dentes de lâenquĂȘte doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la frĂ©quence de citation des diffĂ©rentes mesures dans les scĂ©narios créés reflĂšte les avis recueillis sur les mesures (cf. Section 3.3). Les rĂ©ponses soulignent lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des prĂ©fĂ©rences et lâabsence de consensus puisquâaucune mesure nâa Ă©tĂ© citĂ©e par la majoritĂ© des rĂ©pondants. Les 3 mesures les plus souvent citĂ©es sont les dispositifs techniques de mitigations (rĂ©flecteurs, pingers, et balises acoustiques DolphinFREE). Plus de la moitiĂ© des scĂ©narios incluent des camĂ©ras ou des observateurs embarquĂ©s. Ces mesures dâacquisition de donnĂ©es ont notamment Ă©tĂ© particuliĂšrement citĂ©es par les scientifiques et les ONGs. Ă lâinverse, les mesures dâacquisition de donnĂ©es ont Ă©tĂ© rarement citĂ©es par les gestionnaires, qui ont eux majoritairement inclus des dispositifs techniques de mitigation et/ou une limitation de lâeffort.Cela dit Ă©tant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses, il serait hatif de gĂ©nĂ©raliser ces prĂ©fĂ©rences Ă lâensemble de la catĂ©gorie dâacteurs.
Les mesures de gestion de lâeffort de pĂȘche les plus citĂ©es sont la fermeture saisonniĂšre fixe et la limitation de lâeffort de pĂȘche. Les mesures de changement dâengin (pĂȘcher Ă la palangre ou pĂȘcher au casier) sont principalement citĂ©es par les scientifiques, les ONG/associations environnementales et le grand public, Ă lâinverse des membres dâune structure reprĂ©sentative de professionnels de la pĂȘche et des gestionnaires. En revanche, la filiĂšre et les reprĂ©sentants des pĂȘcheurs ont plus frĂ©quemment sĂ©lectionnĂ© les incitations par quota dâespĂšce cible. Enfin, plusieurs types de mesures non Ă©valuĂ©es dans les parties prĂ©cĂ©dentes de lâenquĂȘte ont Ă©galement Ă©tĂ© citĂ©es: actions de sensibilisation et de communication (16 citations), crĂ©ation dâun Ă©colabel (14), formations (12), move-on rule (7), et gestion spatiale incitative (6), soulignant lâintĂ©rĂȘt des rĂ©pondants pour un large portefeuille de mesures. Les contraintes de temps nâont pas permis dâanalyser de maniĂšre poussĂ©e les scĂ©narios créés par les rĂ©pondants. En particulier, les choix de combinaison de mesures mĂ©riteraient dâĂȘtre explorĂ©s plus finement dans des travaux futurs pour mettre en Ă©vidence les complĂ©mentaritĂ©s perçues par les enquĂȘtĂ©s. Lâinfluence dâĂ©valuer une mesure dans lâenquĂȘte sur sa sĂ©lection dans la crĂ©ation de scĂ©anarios permettrait dâĂ©valuer le potentiel dâactions de pĂ©dagogie ou de formation pour amĂ©liorer lâacceptabilitĂ© dâune mesure.
3.6 Solutions émergentes des verbatim
Lâanalyse des verbatim fait Ă©merger plusieurs solutions alternatives Ă celles dĂ©jĂ testĂ©es dans les enquĂȘtes. Ces solutions indiquent un chemin Ă explorer pour rĂ©pondre aux enjeux des parties prenantes et tenter de rĂ©soudre les controverses existantes (cf. 3.7). Une problĂ©matique centrale semble se dessiner autour dâune volontĂ© de gestion durable et partagĂ©e des territoires marins et des espĂšces. Il sâagit dâadministrer collectivement Ă une Ă©chelle locale les diffĂ©rents usages de mer. Dans chaque zone, les arbitrages entre les groupes de parties prenantes restent toutefois dĂ©licats Ă faire accepter par lâensemble des acteurs. Les solutions proposĂ©es par les enquĂȘtĂ©s rĂ©sonnent avec les grands thĂšmes relevĂ©s dans les verbatim : lutte contre les pollutions et prĂ©servation des milieux marins, maintien de lâemploi et de lâattractivitĂ© des mĂ©tiers, valorisation de lâimage et besoin de reconnaissance de la filiĂšre, meilleure gestion des stocks des espĂšces ciblĂ©es, rĂ©novation de la gestion des quotas et des zones de pĂȘche, amĂ©lioration de la distribution des aides financiĂšres, volontĂ© de concertation et de pacification des conflits, prĂ©servation des espĂšces protĂ©gĂ©es. Plusieurs verbatim illustrent la nĂ©cessitĂ© dâencourager les pratiques vertueuses issues du terrain notamment par un mix de mesures complĂ©mentaires mĂȘlant expĂ©rimentations, incitations, rĂšglementation nationale et rĂ©vision du systĂšme de gestion des pĂȘches en vigueur : appel Ă des innovations low-tech, Ă un dialogue plus frĂ©quent avec des observateurs et des scientifiques, Ă des rapports fondĂ©s sur la confiance, Ă des tests renouvelĂ©s, Ă une rĂ©vision des quotas, etc. Au-delĂ de ces vĆux dâune gestion de proximitĂ©, les principales solutions citĂ©es et partagĂ©es par diffĂ©rents groupes de parties prenantes suggĂšrent des fermetures pour protĂ©ger la ressource, une limitation des filets, une rĂ©glementation favorisant la pĂȘche artisanale ou une rĂ©vision des aides. Les tableaux suivants recensent les principales solutions alternatives citĂ©es par plusieurs parties prenantes dans diffĂ©rents scĂ©narios testĂ©s.
Il est Ă noter quâaucune solution nâest directement reliĂ©e Ă lâidentitĂ© mĂȘme du mĂ©tier de pĂȘcheur et Ă sa pĂ©nibilitĂ© intrinsĂšque : ce qui manifeste peut-ĂȘtre un point aveugle. Les parties prenantes interviewĂ©es semblent ĂȘtre restĂ©es particuliĂšrement discrĂštes sur les pratiques de remĂ©diations au mal-vivre de la profession bien que ces sources Ă©voquent les inquiĂ©tudes sur le maintien de lâemploi de lâattractivitĂ© des mĂ©tiers, la valorisation de lâimage et le besoin de reconnaissance de la filiĂšre. Les verbatim de solutions sur le besoin dâamĂ©lioration de lâĂ©quilibre entre vie professionnelle, vie sociale et vie familiale des pĂȘcheurs ne dĂ©bouchent pas sur des formulations qui soient Ă la hauteur des troubles exprimĂ©s. Par ailleurs, les risques dâaddiction accrus en cas dâempĂȘchement dâembarquer et les risques Ă la reprise dâactivitĂ© aprĂšs une fermeture (qui ressortent de certains verbatim) restent des pistes complĂ©mentaires pour renforcer les solutions recensĂ©es vers une meilleure attractivitĂ© du mĂ©tier pour les jeunes gĂ©nĂ©rations.
Solutions communes et transversales
PrĂ©fĂ©rence pĂȘche artisanale
Repos biologique
Réduction effort
Révision des aides
Solutions moins citées
Gestion des quotas
Expérimentation
Fermeture dynamique
SystÚme négocié de surveillance
Caméras
PrĂ©fĂ©rence pĂȘche française
Innovations
Incitations
Pescatourisme
3.7 Causes et circonstances des CA Ă©voquĂ©es en entretien ou commentaire par les pĂȘcheurs
On reporte ci-dessous un Ă©chantillon des causes et circonstances des captures accidentelles invoquĂ©es par les pĂȘcheurs au cours des entretiens. Une reprise approfondie des verbatim consacrĂ©s Ă cette thĂ©matique serait nĂ©cessaire pour mieux dĂ©gager les consensus.
Mise en garde : Les informations qualitatives reportĂ©es ici doivent encore plus que pour dâautres aspects de lâenquĂȘte ĂȘtre considĂ©rĂ©es avec prĂ©caution et cette liste ne saurait ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme exhaustive ou quantifiĂ©e. La perception des causes et circonstances des captures accidentelles nâĂ©tait pas lâobjet de lâenquĂȘte, elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e de maniĂšre opportuniste au fil des entretiens et non systĂ©matique. De plus lâĂ©chantillon de pĂȘcheurs intĂ©rrogĂ©s est trĂšs dĂ©sĂ©quilibrĂ© en termes de mĂ©tiers, zones, ages⊠ce qui peut fortement biaiser la frĂ©quences des circonstances rapportĂ©es. Enfin, dans certains cas, le pĂȘcheur rapporte des circonstances vĂ©cues personnellement, dans dâautres, les pratiques dâautres pĂȘcheurs.
Une soixantaine de verbatim de pĂȘcheurs Ă©voquent les causes et circonstances des captures. Le sentiment le plus frĂ©quemment reportĂ© est que la capture de dauphins est rare, gĂ©nĂ©rant de lâincomprĂ©hension quant au diagnostique scientifique.
Si certains pĂȘcheurs ne partagent pas du tout le constat de risque pour la population de dauphins, dâautres lâattribuent Ă dâautres pĂȘcheurs et ne se perçoivent pas comme responsables Ă titre personnel, crĂ©ant un sentiment dâinjustice âje ne me sens pas concernĂ© par la problĂ©matique, car je capture trĂšs peu de dauphins. Je ne comprends pas pourquoi je dois subir la fermetureâ.
La plupart des pĂȘcheurs enquĂȘtĂ©s reportent une forte augmentation de la prĂ©sence des dauphins, et notamment une prĂ©sence plus forte proche de la cĂŽte :« Tous mes pĂȘcheurs me disent quâils nâont jamais vu autant de dauphins et quand je les accompagne en mer jâen vois partout.». Beaucoup font le lien avec la prĂ©sence de leurs proies, Ă large Ă©chelle (en termes dâaire de distribution) : « Pour moi ça câest juste les mouvements de poissons bleus quoi tu vois. (âŠ) Câest des espĂšces que tu voyais jamais Ă la cĂŽte avant. MĂȘme mon grand-pĂšre qui naviguait Ă©normĂ©ment il nâen voyait quasiment jamais Ă la cĂŽte avant. CâĂ©tait quâau large. ». Ils citent Ă©galement le retour des grands prĂ©dateurs comme le thon rouge quâils attribuent aux mĂȘmes causes. Dâautres encore tĂ©moignent dâun changement de distribution verticale dans la colonne dâeau (maquereaux). Il est arrivĂ© quâils associent prĂ©sence de petits poissons pĂ©lagiques et captures accidentelles de dauphins, mais ce nâest pas systĂ©matique. Des observations de cooccurence des dauphins et de leurs proies sont aussi rapportĂ©es Ă fine Ă©chelle (au moment de la pĂȘche) : âQuand il y a lâanchois ou la sardine, lĂ , ça arrive. DĂšs quâil y a de la manjaille, ils sont lĂ .â. Certains suggĂšrent que les dauphins suivent les navires de pĂȘche pour se nourrir âFaut dire que les dauphins vont lĂ oĂč il y a de la mangeaison et les bateaux de pĂȘche câest de la mangeaison pour euxâ, ou ont constatĂ© de la dĂ©prĂ©dation âOn voit souvent lâentaille, la mĂąchoireâ.
Beaucoup avouent conclure Ă un phĂ©nomĂšne alĂ©atoire ou imprĂ©visible : âIl y a des fois oĂč il y a des filets, il y a des centaines de dauphins autour du bateau, on nâen a pas un dans les filetsâ, âParce que des fois il y en a partout. Il nây a pas de capture. Et des fois tu nâen vois pas, tu en chopes un. Vraiment tu te dis putain lĂ on va en choper. Et en fait non. Et des fois tu ne vois rien et puis putain un dauphinâ.
LâĂ©tat de santĂ© des animaux a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă plusieurs reprises comme expliquant la capture : animaux vieux, malades ou au contraire jeunes (inexpĂ©rimentĂ©s). Lâinteraction de lâĂ©tat de santĂ© avec une mauvaise mĂ©tĂ©o est suggĂ©rĂ©e.
Dans certains cas, des mĂ©tiers ou pratiques sont dĂ©signĂ©s comme responsables ou plus impactants, avec des contradictions entre perceptions. Les circonstances rapportĂ©es sont trĂšs variables et contradictoires particuliĂšrement en ce qui concerne le type de filet (droit, trĂ©mail ou dĂ©rivant), le moment de lâopĂ©ration de pĂȘche (filage), le moment de la journĂ©e, les saisons, ou lâĂ©quipement responsable (rallingues ou nappes). Une plus grande cohĂ©rence de perception est notĂ©e pour dâautres facteurs favorisant les captures :
- Le maillage : filets à grosses mailles (lotte), plus résistants et plus à risque que les filets de petit maillage, fragiles (rouget, merlu)
- La hauteur du filet : les plus hauts sont plus Ă risque, notamment les pĂȘche-tout
- Lâeffort de pĂȘche, soit une plus grande longueur de filets, soit la durĂ©e de calade augmenterait le risque
- La pose en S augmenterait le risque
- Les trémails captureraient des dauphins plutot que les filets droits
- Les engins pélagiques sont reportés comme capturant un plus grand nombre de dauphins par événement de capture.
Les flottilles âindustriellesâ, les âgrands naviresâ, âpĂȘchant au largeâ, sont mises en cause par certains pĂȘcheurs soit directement mais avec un risque dâĂ©chouage plus faible sur les cĂŽtes, soit indirectement, en rarĂ©fiant les proies au large et incitant les dauphins Ă rechercher leur nourriture Ă la cĂŽte. La reponsabilitĂ© des pĂȘcheurs espagnols et portuguais est aussi mise en cause.
3.8 Perception du dauphin et du phĂ©nomĂšne de CA par les pĂȘcheurs
On rapporte ici des exemples de la perception trĂšs contrastĂ©e du dauphin par les pĂȘcheurs et de la maniĂšre dont ils vivent les captures accidentelles telles que les suggĂšrent les verbatim (un complĂ©ment sur ce thĂšme peut ĂȘtre trouvĂ© dans la section sur les consĂ©quences sociales de la fermeture).
Mise en garde : Les informations qualitatives reportĂ©es ici doivent encore plus que pour dâautres aspects de lâenquĂȘte ĂȘtre considĂ©rĂ©es avec prĂ©caution et cette liste ne saurait ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme exhaustive ou quantifiĂ©e. La perception du dauphins et le ressenti face aux captures accidentelles nâĂ©tait pas lâobjet de lâenquĂȘte, ils ont Ă©tĂ© collectĂ©s de maniĂšre opportuniste au fil des entretiens et non de maniĂšre systĂ©matique. De plus lâĂ©chantillon de pĂȘcheurs intĂ©rrogĂ©s est trĂšs dĂ©sĂ©quilibrĂ© en termes de mĂ©tiers, zones, ages⊠il convient donc de ne pas gĂ©nĂ©raliser les propos rapportĂ©s.
Image du dauphin
Deux visions du dauphin sâopposent chez les pĂȘcheurs : Certains tĂ©moignent de la sympathie, voire de lâadmiration pour ce cĂ©tacĂ© âNous ont adore les dauphins, quand on en voit on est comme des gamins, on prend des vidĂ©os.â. Il est frĂ©quent que les pĂȘcheurs soutiennent quâil est important de rĂ©duire les captures accidentelles, avec une dimension Ă©motionnelle qui nâest pas Ă nĂ©gligĂ© : âOn ne le fait pas exprĂšs de pĂȘcher des dauphins, nous aussi on est malheureux quand cela arriveâ. Les captures accidentelles reprĂ©sentent des Ă©vĂ©nements trĂšs nĂ©gatifs et marquants dont ils souhaitent dâaffranchir. âAprĂšs, nous, câest nous fait chier dâen pĂȘcher aussi. Câest du matĂ©riel. MĂȘme pas ce que ça. On trouve ça joli aussi. On aime bien les dauphins. On nâa rien contre euxâ. âMoi, ça fait plus 30 ans que jâai ce bateau. Jâen ai pris moins dâune dizaine et deux fois des petits. Et jâĂ©tais malheureux comme tout parce quâil Ă©tait adorableâ.
A lâopposĂ©, lâespĂšce est considĂ©rĂ©e comme nuisible car trop abondante ou faisant de la concurrence Ă la pĂȘche par certains pĂȘcheurs. Le parallĂšle avec la rĂ©gulation des espĂšces terrestres (sangliers) est parfois fait. Dâautres sans animositĂ©, semblent sâĂȘtre lassĂ© de les croisĂ©s constamment en mer : âAvant quand jâĂ©tais gamin, quand on en voyait, tu allais quasiment rĂ©veiller le gars qui Ă©tait pas en quart âRegardez ils sont lĂ , ils sont lĂ ! â Et on Ă©tait content. Et maintenant les jours exceptionnels câest oĂč tu nâen vois pas quoi.â.
PassĂ© de ânuisibleâ dans les annĂ©es 70 Ă espĂšce protĂ©gĂ©e et emblĂ©matique de la lutte pour lâenvironnement, lâimage du dauphin a subi un rĂ©el changement, en lâespace de quelques dĂ©cennies (CazĂ© et al, 2022). Un changement que les personnes enquĂȘtĂ©es proche du milieu de la pĂȘche ont parfois du mal Ă apprĂ©hender : âIl nây a aucun but, Ă part que Flipper il est mignon..â, surtout quand certains se souviennent quâil Ă©tait encore vendu dans certaines criĂ©es il y a quelques dizaines dâannĂ©es. Le dauphin « flipper » est frĂ©quemment citĂ© avec une pointe dâironie pour qualifier une empathie pour cet animal qui leur semble excessive. Il a Ă©tĂ© relevĂ© que la fermeture et les nombreuses accusations Ă lâĂ©gard des pĂȘcheurs ne les encouragent pas toujours Ă les protĂ©ger âjâai lâimpression que ça instaure plus de la dĂ©fiance envers les populations de mammifĂšres marins que de lâenvie de les protĂ©ger. Cette mesure a pour consĂ©quence que les pĂȘcheurs et la filiĂšre voit les dauphins comme des concurrents directs Ă lâaccĂšs Ă la ressource. (âŠ) Des raccourcis sont trĂšs vite fait, des envies de vengeance sont exprimĂ©s (âŠ) Ce sont des conversations que lâon entend sur les quais.â
3.7 Enjeux et controverses nécessitant une médiation
Pour rĂ©pondre Ă ces enjeux et controverses, lâanalyse des verbatim laisse entrevoir un chemin Ă Ă©tudier. Ce dernier se fonde sur une gestion durable et partagĂ©e des territoires marins et des espĂšces. Il sâagit de gĂ©rer collectivement les usages de la mer au plus prĂšs des zones dâactivitĂ©s concernĂ©es. Cette voie se traduit par la nĂ©cessitĂ© de faire aboutir le dialogue autour des formules de mĂ©diation suivantes : - Comment organiser une gestion partagĂ©e et durable des territoires marins en conciliant justice Ă©conomique, efficacitĂ© environnementale et maintien du dialogue entre les parties prenantes ? - Comment transformer les enjeux de concurrence, dâimage et dâemploi de la filiĂšre pĂȘche en leviers vers des pratiques communes plus profitables et respectueuses des espĂšces ?
Au-delĂ des solutions relevĂ©es dans la partie 3.3.6 (repos biologique, rĂ©duction de lâeffort de pĂȘche avec filets, prĂ©fĂ©rence pour une pĂȘche artisanale, refonte des aides), il semble ainsi exister un dĂ©sir de nouer un dialogue serein entre les parties prenantes dont le but est dâinciter les pĂȘcheurs et scientifiques Ă partager leurs connaissances et savoir-faire pour tester des solutions concrĂštes.
Principales controverses
Lâanalyse des verbatim confirme les principales controverses restant Ă Ă©lucider. Celles-ci portent sur les causes et consĂ©quences rĂ©elles de la mortalitĂ© des dauphins (efficacitĂ© des mesures de rĂ©duction de lâeffort de pĂȘche sur les Ă©chouages de dauphins, existence dâun seuil de capture acceptable ne mettant pas lâespĂšce en danger, etc.), les pratiques existantes de pĂȘche (quotas, rĂ©glementation, filets), lâefficacitĂ© des dispositifs acoustiques et lâutilitĂ© des mesures de surveillance (camĂ©ras, observateurs).
Effet de la fermeture
Sauvegarde des cétacés
Les avis divergent beaucoup quand il sâagit de mesurer la gravitĂ©, lâurgence et lâintensitĂ© Ă laquelle la filiĂšre doit rĂ©pondre Ă ce dĂ©fi. Pour certains la population de dauphin nâest pas dans une situation critique, ce qui laisse de la marge afin de continuer les recherches sur les solutions de mitigations sans prĂ©cipitation. âCâest vrai que les taux de mortalitĂ© ne sont pas durables donc il faut trouver une solution, mais en mĂȘme temps on nâest pas sur une espĂšce sur la liste de rouge de lâUICN.â Lâargument qui revient Ă dire que lâespĂšce nâest pas en danger immĂ©diat est frĂ©quemment retrouvĂ© dans le cadre de la fermeture pour expliquer que cet arrĂȘt est une mesure de gestion dâurgence mettant en pĂ©ril les activitĂ©s professionnelles liĂ©es Ă la pĂȘche pour un bĂ©nĂ©fice Ă©cologique contestĂ©. Un point de vue qui est aussi partagĂ© par des acteurs qui ne sont pas dans la filiĂšre : âAu lieu de trouver une solution dâapaisement Ă long terme, lâEtat a privilĂ©giĂ© une solution Ă court terme non durable (indemniser), insuffisante (durĂ©e), qui entretiendra les tensions au risque de provoquer des conflits violents.â.
Pratiques de réduction des captures
Réglementation
Quotas
Utilité des caméras
Utilité des dispositifs acoustiques
Utilité observateurs
Principaux enjeux partagés
Les verbatim suggÚrent des enjeux partagés, non élucidés mais dont il faudrait tenir compte dans les négociations.
Concertation
Compensation financiĂšre de la fermeture
AccĂšs produits
Préservation espÚces cibles
Concurrence et inéquité
Identité
Conditions de travail
Préservation des cétacés
Santé écosystÚme
4 Conclusions et discussion
Conclusions générales
LâenquĂȘte sâintĂ©ressait initialement Ă lâacceptabilitĂ© de mesures et scĂ©narios de rĂ©duction des CA. Les autres outils de consultation des acteurs nâayant pas pu ĂȘtre dĂ©ployĂ©s en totalitĂ©, ses objectifs ont Ă©tĂ© Ă©largis afin de permettre, partiellement, lâacquisition de connaissances prĂ©vue par ces autres mĂ©thodes (serious games, reprĂ©sentation intĂ©grĂ©e, plateforme de nĂ©gociation responsable). Les objectifs Ă©taient donc multiples : approcher lâacceptabilitĂ© dâune variĂ©tĂ© de mesures, documenter les diffĂ©rentes visions du problĂšme, collecter des informations sur le contexte des CA, fournir des pistes pour la co-construction de scĂ©narios consensuels, documenter les contraintes et opportunitĂ©s associĂ©es Ă chaque mesure, et les enjeux dâimportance pour les acteurs Ă considĂ©rer dans le design et lâĂ©valuation des solutions, donner lâopportunitĂ© Ă chacun dâexprimer sa perception et de proposer des solutions. Evidemment, lâensemble de ces objectifs nâest pas atteint cependant on peut tirer un certain nombre de conclusions qui y concourent. LâenquĂȘte montre dâabord la grande diversitĂ© des opinions au sein des catĂ©gories dâacteurs mais lâopposition frĂ©quente entre les prĂ©fĂ©rences et perceptions des professionnels du secteur pĂȘche et celles des scientifiques, ONGs et gestionnaires. La diversitĂ© de la catĂ©gorie « pĂȘcheurs » est remarquable et influencĂ©e notamment par le mĂ©tier pratiquĂ©, et la taille du navire. La restitution des rĂ©sultats Ă lâechelle de cette catĂ©gorie est donc Ă prendre avec prĂ©caution. MalgrĂ© un dĂ©saccord fort entre les acteurs concernant la fermeture du Golfe en janvier-fĂ©vrier, un rĂ©sultat important de lâenquĂȘte est la mise en Ă©vidence du consensus concernant ses consĂ©quences sur les diffĂ©rentes dimensions du socio-Ă©cosystĂšme. Ainsi câest la lĂ©gitimitĂ© du coĂ»t socio-Ă©conomique de la prĂ©servation de la biodiversitĂ© qui nâest pas partagĂ©e par les diffĂ©rents groupes dâacteurs, et donc la priorisation de leurs valeurs. Cette problĂ©matique multi-dimensionnelle illustre bien les compromis de durabilitĂ© typiques posĂ©s par la gestion Ă©cosystĂ©mique des pĂȘches et la dĂ©licate hiĂ©rarchisation des valeurs quâils impliquent. LâenquĂȘte a aussi permis de confirmer que le constat scientifique, le diagnostic de la menace que reprĂ©sente la pĂȘche pour la viabilitĂ© Ă long-terme de la population de dauphins communs, nâest pas unanimement partagĂ© par les professionnels de la pĂȘche. Cette absence de consensus sur la nĂ©cessitĂ© mĂȘme dâagir est un frein important Ă lâacceptation de contraintes fortes sur leur activitĂ© par les pĂȘcheurs. Le sentiment dâimpuissance devant un phĂ©nomĂšne ressenti comme subi contribue Ă©galement Ă ces rĂ©ticences. La perception des consĂ©quences Ă©conomiques nĂ©gatives fortement partagĂ©es par les rĂ©pondants est en apparente contradiction avec les rĂ©sultats des Ă©valuations dâimpact fournis par lâIFREMER en ce qui concerne les flottilles. Elle tĂ©moigne en rĂ©alitĂ© de la disparitĂ© des cas individuels et du mĂ©contentement concernant les difficultĂ©s et la plus faible indemnisation des autres maillons de la filiĂšre. Elle est difficilement sĂ©parable des perceptions des consĂ©quences sociales qui montrent un mĂ©contentement et une inquiĂ©tude liĂ©s dâune part aux circonstances de mise en place de la fermeture (imprĂ©visibilitĂ©, arrĂȘt du plan dâactionâŠ), dâautre part, au sentiment dâinĂ©quitĂ© de la mesure et enfin Ă ses implications Ă long terme pour le secteur car elle amplifie des difficultĂ©s prĂ©existantes (perte dâattractivitĂ©, de visibilitĂ©, dĂ©clin). Il apparait cependant trĂšs clairement que les indemnitĂ©s sont indispensables Ă lâacceptation de la fermeture par les pĂȘcheurs et que lâarrĂȘt indemnisĂ© dans ces conditions financiĂšres est considĂ©rĂ© par beaucoup comme satisfaisant au regard de leur activitĂ© (considĂ©rĂ© comme des vacances) et de ses bĂ©nĂ©fices espĂ©rĂ©es sur les stocks commerciaux. Concernant lâĂ©valuation des mesures alternatives, il est trĂšs difficile de conclure Ă des prĂ©fĂ©rences consensuelles et on montre bien quâil nây a pas de solution miracle mĂȘmes parmi celles qui sont frĂ©quemment mises en avant par les acteurs (mesures technologiques). Il apparait aussi trĂšs clairement, que le climat conflictuel entre les pĂȘcheurs, les organisations environnementales et les administrations (françaises et europĂ©ennes) conduit Ă un rejet de principe des solutions par les professionnels. Le manque de concertation autour de la mise en place de la fermeture, et la suspension quâelle a occasionnĂ© du plan dâaction en cours, a contribuĂ© Ă diminuer le volontarisme des pĂȘcheurs. Au moins, lâenquĂȘte permet-elle de documenter et dâobjectiver un certain nombre dâarguments rĂ©currents concernant les mesures alternatives. En particulier, - les rĂ©ticences concernant les aides financiĂšres comme solution Ă long terme, - une incertitude quant Ă lâefficacitĂ© des dispositifs technologiques mais la volontĂ© de poursuivre les tests menĂ©s conjointement avec les scientifiques, - la lourdeur rĂ©glementaire et la complexitĂ© administrative ou technique de mise en Ćuvre de mesures telles que les rĂ©ductions de nombre de jours de mer, les fermetures aprĂšs seuil, les quotas incitatifs ou le changement dâengin, les indemnisations, la dĂ©claration des CA. Certains dĂ©savantages citĂ©s relĂšvent directement du climat de dĂ©fiance entre acteurs notamment concernant le suivi et lâestimation des captures accidentelles (manque de confiance dans les estimations via les Ă©chouages, craintes quant Ă lâusage dĂ©tournĂ© des camĂ©ras embarquĂ©es, suspicion de corruption des observateurs) et diminuent de fait lâacceptabilitĂ© de certaines mesures pour lesquelles ils sont indispensables (fermeture aprĂšs seuil, quotas incitatifs). Des solutions plus consensuelles Ă©mergent des enquĂȘtes et sont Ă lâĂ©tude. Elles reposent sur des combinaisons de mesures complĂ©mentaires Ă la fois dans leur efficacitĂ© et leur acceptabilitĂ©. Des mesures innovantes ont Ă©tĂ© proposĂ©es et parfois mal Ă©valuĂ©es, pour cause de complexitĂ© de mise en Ćuvre ou de lourdeur rĂ©glementaire (limitation dâeffort) ou possiblement par manque dâinformation (cautions, quotas incitatifs) incitant Ă plus de pĂ©dagogie. Cependant, il ressort de lâenquĂȘte une opposition quasi systĂ©matique entre professionnels du secteur pĂȘche dâune part et scientifiques et ONGs dâautre part quant Ă lâĂ©valuation des mesures de remĂ©diation au problĂšme des captures accidentelles de dauphins. Si ces opinions ne peuvent ĂȘtre rĂ©conciliĂ©es Ă court terme, lâinventaire des contraintes et bĂ©nĂ©fices attendus pour les solutions proposĂ©es est un premier pas vers une comprĂ©hension partagĂ©e des motivations et objectifs des parties en prĂ©sence. Si beaucoup dâarguments (notamment inconvĂ©nients et contraintes) apparaissent comme âattendusâ pour qui connait la problĂ©matique, leur inventaire garantit que leur existence, au moins perçue si ce nâest avĂ©rĂ©e, ne puisse ĂȘtre ignorĂ©e involontairement dans les dĂ©cisions. Donner Ă voir les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments dâun compromis est une Ă©tape importante pour la transparence des arbitrages, qui est une des sources de tensions reconnue de cette problĂ©matique. Au mieux, si les dĂ©sagrĂ©ments mentionnĂ©s ne peuvent ĂȘtre Ă©viter, leur reconnaissance permettra de proposer des actions complĂ©mentaires pour leur mitigation. Le manque de connaissance ou leur faible diffusion, les incertitudes, sont souvent revenus dans les commentaires et se traduisent par une forte proportion de « ne se prononce pas » voire Ă un rejet (avis dĂ©favorables) de certaines mesures par scepticisme ou par principe. Ces rĂ©sultats incitent Ă mettre en Ćuvre des actions de formation, de pĂ©dagogie ou de recherche/expĂ©rimentation sur les points le plus problĂ©matiques identifiĂ©s par lâenquĂȘte et Ă amĂ©liorer le partage dâinformation. Le sentiment dâinĂ©quitĂ© des mesures revient frĂ©quemment Ă tous les niveaux et chez tous les acteurs. A la fois dans la critique des moyens de rĂ©duction des captures accidentelles (opposant engins Ă risque et autorisĂ©s) mais aussi face aux autres menaces sur les Ă©cosystĂšmes marins qui ne sont pas traitĂ©es avec la mĂȘme urgence (pollution, protection des habitatsâŠ). Ainsi lâanalyse du potentiel de mise en Ćuvre, dâefficacitĂ© et dâacceptabilitĂ© de nombreuses des mesures doit aussi sâinscrire dans une transition, concertĂ©e, Ă plus long terme des activitĂ©s de pĂȘche en rĂ©ponse aux enjeux environnementaux et climatiques et ne peut ĂȘtre discutĂ©e que dans un cadre de gestion plus systĂ©mique, dĂ©passant la seule question des captures accidentelles de dauphins.
Discussion des avantages et limites de la méthode
Les enquĂȘtes sont des dĂ©marches scientifiques qui doivent ĂȘtre conduites avec rigueur mĂ©thodologique en vue de rĂ©duire la part de subjectivitĂ© du chercheur. LâenquĂȘte Delmoges est une action dont lâampleur nâavait pas Ă©tĂ© anticipĂ©e et qui sâapparentait a priori plutĂŽt Ă une consultation. Ainsi les scientifiques qui lâont dĂ©veloppĂ©e et exploitĂ©e ne sont pas des spĂ©cialistes de ces mĂ©thodes. De plus, les circonstances de son dĂ©veloppement nâont pas permis dâassurer leur montĂ©e en compĂ©tences sur le sujet ou la collaboration avec des experts, ce quâils reconnaissent comme regrettable. Si des prĂ©cautions de bon sens ont Ă©tĂ© prises pour les limiter, des erreurs ou biais peuvent Ă©merger de dĂ©faut dans la conception ou lâexploitation du questionnaire. Cela dit, la richesse et la cohĂ©rence des informations collectĂ©es nous parait justifier sa restitution et la promotion de ses rĂ©sultats. On liste ci-dessous les principales forces et limites qui ont pu ĂȘtre identifiĂ©es. Des avertissements jalonnent le document, cependant il convient de rappeler en premier lieu que le caractĂšre opportuniste de lâadministration de ce sondage implique des prĂ©cautions quant Ă lâinterprĂ©tation des rĂ©sultats. En premier lieu, la population Ă sonder nâĂ©tait pas clairement dĂ©finie et dĂ©limitĂ©e (âles acteurs de la problĂ©matiqueâ) et les regroupements dâacteurs en catĂ©gories sont discutables. Il est donc difficile dâĂ©tablir la qualitĂ© de la reprĂ©sentation par lâĂ©chantillon. Le besoin dâune stratification par catĂ©gorie dâacteurs, ne sâest pas posĂ© aussi clairement lors de la conception Ă©tant donnĂ© les faibles attentes quant au succĂšs de diffusion. Les entretiens ont Ă©tĂ© orientĂ©s dans un premier temps vers la couverture de lâensemble des catĂ©gories dâacteurs puis dans un deuxiĂšme temps, on a cherchĂ© Ă assurer une proportionnalitĂ© entre le nombre de personnes interrogĂ©es par catĂ©gorie et la taille de la population de la catĂ©gorie en affinant les catĂ©gories Ă mesure que lâĂ©chantillon grandissait (surtout pour la filiĂšre : reprĂ©sentativitĂ© des mĂ©tiers, des zones, des statutsâŠ). Cette dĂ©cision est motivĂ©e par lâhypothĂšse de forte diversitĂ© dâopinions au sein des catĂ©gories dâacteurs et est partiellement vĂ©rifiĂ©e par les rĂ©sultats. NĂ©anmoins, les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s tous acteurs confondus sont Ă interprĂ©ter avec prĂ©caution. Lâanonymat des rĂ©ponses (au moins en ligne) ne garantit pas quâune mĂȘme personne nâait pas rĂ©pondu plusieurs fois. LâĂ©chantillon est donc invalide pour lâextrapolation Ă la population ou Ă une catĂ©gorie dâacteurs dâun point de vue statistique, et les rĂ©sultats doivent ĂȘtre uniquement considĂ©rĂ©s comme informatifs. La caractĂ©risation de lâĂ©chantillon prĂ©sentĂ©e en 3.1 doit permettre au lecteur de relativiser qualitativement sa significativitĂ©. En ce qui concerne lâanalyse interprĂ©tative des commentaires, le principe de saturation (rĂ©currence des thĂšmes abordĂ©s, absence de nouvelle thĂ©matique lors de lâajout dâune nouvelle rĂ©ponse) rassure sur la bonne couverture du sujet. LâenquĂȘte a Ă©tĂ© administrĂ©e Ă la fois en ligne et en entretien. Si ce choix a incontestablement permis dâagrandir sa portĂ©e, il biaise aussi probablement les rĂ©sultats, au moins sur les aspects qualitatifs. En effet, les commentaires sont beaucoup plus nombreux et riches pour les enquĂȘtes en entretien et les entretiens ont majoritairement ciblĂ© les pĂȘcheurs dĂ©sĂ©quilibrant les donnĂ©es qualitatives vers cette catĂ©gorie de rĂ©pondants. LâenquĂȘte sâest Ă©galement Ă©talĂ©e sur une pĂ©riode assez longue (juillet 2024 Ă mars 2025), au cours desquels de nombreux changements sont intervenus (rĂ©sultats de la fermeture 2024, reconduction en 2025, reprise du plan dâactionâŠ) qui ont pu affecter la perception du problĂšme par les acteurs. On a choisi de dĂ©couper la perception des consĂ©quences en quatre dimensions : efficacitĂ©, consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales. Ceci biaise la collecte du ressenti en donnant implicitement le mĂȘme poids Ă chaque dimension. On force le rĂ©pondant Ă sâinterroger sur chacun des aspects alors mĂȘme que certains ne lui seraient possiblement pas venus spontanĂ©ment. De mĂȘme les questions Ă choix multiples influencent le rĂ©pondant en lui suggĂ©rant des rĂ©ponses quâil nâaurait pas envisagĂ©es ou formulĂ©es de cette maniĂšre. Si cela constitue un biais, on peut espĂ©rer que cela ait Ă©galement une valeur pĂ©dagogique de prise de conscience de la multiplicitĂ© dimensionnelle des compromis. Le choix de lâĂ©chelle de Lickert simplifie grandement le traitement numĂ©rique des rĂ©ponses et permet de quantifier et objectiver les rĂ©sultats. Les biais possibles sont liĂ©s Ă la taille de lâĂ©chantillon et son dĂ©sĂ©quilibre par catĂ©gorie dâacteurs. Les rĂ©sultats tĂ©moignent de la grande diversitĂ© de positions au sein de cet Ă©chantillon pourtant rĂ©duit des acteurs du systĂšme pĂȘche qui laisse prĂ©sager une diversitĂ© trĂšs importante Ă lâĂ©chelle population. Comme attendu, des patrons de perceptions opposĂ©es sont mis en Ă©vidence entre groupes dâacteurs. Cela dit, on montre bien quâaucun groupe nâĂ©tait unanime et que les regroupements ne doivent pas pousser aux stĂ©rĂ©otypes et Ă la caricature. Si lâĂ©chelle donne un accĂšs efficace Ă la perception des rĂ©pondants, les commentaires offrent un complĂ©ment quasi indispensable. En effet, ils renseignent sur la justification du score attribuĂ© et trĂšs souvent apporte des nuances. Il arrive mĂȘme que certains rĂ©pondants tĂ©moignent en commentaire dâun avis opposĂ© Ă celui reportĂ© sur lâĂ©chelle de Lickert, soit que la discussion les fait changer dâavis soit que la rĂ©ponse semi-quantitative est plus impulsive ou politique que le discours. SubjectivitĂ© du codage et hiĂ©rarchie des arguments Le traitement des commentaires a donnĂ© lieu Ă une analyse quantitative et une hiĂ©rarchie des thĂ©matiques est Ă©tablie sur la base de la frĂ©quence de leur citation en commentaire. Cette hiĂ©rarchie est informative mais doit ĂȘtre traitĂ©e avec prĂ©caution Ă©tant donnĂ© les biais de lâĂ©chantillonnage opportuniste, des entretiens comparĂ©s Ă la version en ligne, et liĂ© au manque de temps de certains rĂ©pondants pour dĂ©tailler leurs rĂ©ponses. Lâadoption de postures ou dâĂ©lĂ©ments de language est Ă©galement probable pour un certain nombre de rĂ©pondants et la classification pourrait reflĂ©ter moins lâopinion personnelle quâune volontĂ© de faire porter des messages. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le corpus de donnĂ©es qualitatives recueillies, les individus enquĂȘtĂ©s ont principalement exposĂ© les inconvĂ©nients des mesures proposĂ©es, mĂȘme sâils se disent favorables. Ce type de biais, documentĂ© sous le nom de « Biais de nĂ©gativitĂ© », est un biais cognitif qui semble ĂȘtre favorisĂ© par lâemploi de questions ouvertes (Poncheri, R. I., & Schaefer, D. R,2008) Dans le contexte des enquĂȘtes, ce biais peut se traduire par une surreprĂ©sentation des rĂ©ponses nĂ©gatives, car les rĂ©pondants sont plus enclins Ă exprimer des prĂ©occupations ou des critiques que des opinions favorables. Ils sont Ă©galement plus enclins Ă justifier leur choix. Ce biais est assez net sur lâĂ©valuation des mesures alternatives. Inversement, les personnes favorables ne se sentent pas toujours obligĂ©es dâapporter une argumentation. LâobjectivitĂ© de la dĂ©finition des thĂ©matiques et de lâattribution des verbatim aux thĂ©matiques (codage), Ă©tape rĂ©alisĂ©e âĂ la mainâ par les enquĂȘteurs ne peut pas non plus ĂȘtre garantie. NĂ©anmoins la dĂ©finition des thĂ©matiques indĂ©pendamment par trois scientifiques avant mise en commun et la relecture quasi exhaustive des commentaires par un second rĂ©dacteur limite le risque de biais dâinterprĂ©tation. Le traitement en thĂ©matiques offre une vision la plus objective possible de lâanalyse interprĂ©tative, permet de simplifier la restitution et de la quantifier avec prĂ©caution. Cependant il ne permet pas de retranscrire toute la finesse et la nuance des opinions, ni les liens mentaux Ă©tablis par les rĂ©pondants entre les thĂ©matiques. De mĂȘme, au-delĂ des catĂ©gories dâarguments, les verbatim apportent des informations sur lâaffect, lâĂ©tat dâesprit des enquĂȘtĂ©s au travers du champs lexical, des tournures de phrases, et du ton employĂ©s. La retranscription du language parlĂ© humanise le propos et favorise lâempathie, Ă©lĂ©ment non nĂ©gligeable de la rĂ©solution du conflit. Leur restitution anonymisĂ©e et organisĂ©e par le biais de lâoutil dataviz est extrĂȘmement complĂ©mentaire pour la comprĂ©hension de la problĂ©matique dans sa complexitĂ© et encouragĂ©e. La relecture quasi exhaustive des verbatim bien quâextrĂȘmement chronophage a Ă©tĂ© nĂ©cessaire Ă la rĂ©daction du prĂ©sent document. MalgrĂ© ces biais mĂ©thodologiques, lâenquĂȘte informe sur les perceptions dâacteurs concernant un trĂšs grand nombre de sujets liĂ©s Ă la problĂ©matique quâaucun autre outil dĂ©ployĂ© dans le projet nâa pu aborder. En particulier, un trĂšs grand nombre de mesures et de scĂ©narios ont pu ĂȘtre Ă©valuĂ©s y compris en ce qui concerne les consĂ©quences sociales attendues ce quâaucun modĂšle nâaurait pu Ă©valuer. La densitĂ© dâinformation recueillies concernant les consĂ©quences sociales justifie Ă elle seule le recours Ă lâoutil et montre quâil rĂ©pond Ă©galement Ă un besoin des enquĂȘtĂ©s de rapporter ces aspects moins tangibles et visibles de la problĂ©matique. On note que le processus de construction de lâenquĂȘte lui-mĂȘme a Ă©tĂ© vecteur dâapaisement et dâĂ©licitation de la connaissance experte. Il a en effet Ă©tĂ© participatif et itĂ©ratif. Cette action du projet autour dâun objet concret, peu polĂ©mique et vecteur de communication a offert une opportunitĂ© de nouvelle collaboration entre les partenaires Ă un moment ou le climat politique le permettait et a contribuĂ© Ă la rĂ©ouverture du dialogue. Cette Ă©laboration collaborative a probablement contribuĂ© au succĂšs de lâenquĂȘte en Ă©vitant des difficultĂ©s liĂ©es au vocabulaire, Ă la formulation, Ă la songueur ou Ă sa diffusion. En particulier le choix dâadministrer lâenquĂȘte en entretien en complĂ©ment de lâenquĂȘte en ligne a Ă©tĂ© un facteur crucial de rĂ©ussite en termes de couverture. Ce choix coĂ»teux mais rĂ©compensĂ© a Ă©tĂ© fait sur conseil des partenaires professionnels du projet et tĂ©moigne du rĂŽle important de facilitation des reprĂ©sentants professionnels. La construction de lâenquĂȘte a aussi Ă©tĂ© lâopportunitĂ© de partage de connaissances extrĂȘmement riche entre les partenaires amĂ©liorant la comprĂ©hension mutuelle du phĂ©nomĂšne, de sa perception, des points de crispations et des aspects plus techniques des contraintes et opportunitĂ©s associĂ©es aux solutions. On remarque en particulier que peu dâĂ©lĂ©ments nouveaux sont ressortis de lâenquĂȘte pour qui avait participĂ© aux discussions autour de son Ă©laboration ou consultĂ© la littĂ©rature. LâenquĂȘte formalise donc ce recensement et lui donne une lĂ©gitimitĂ© supplĂ©mentaire consolidĂ©e par le grand nombre de rĂ©ponses.
Perspectives
Le temps imparti pour lâexploitation des rĂ©sultats de lâenquĂȘte nâa pas permis dâexplorer tout le potentiel de connaissance et de comprĂ©hension quâelle offre. Certaines actions complĂ©mentaires ont Ă©tĂ© initiĂ©es autour de la mise en dĂ©bat de solutions Ă©mergentes et mĂ©riteraient dâĂȘtre poursuivies. De mĂȘme, il nâa pas Ă©tĂ© possible de creuser les 80 scĂ©narios proposĂ©s par les rĂ©pondants en particulier pour mettre en Ă©vidence les associations de mesures rĂ©currentes et leur signification en termes de complĂ©mentaritĂ© ou de besoin de compensation, incitation. On a reportĂ© ici sans jugement lâensemble des perceptions recueillies. NĂ©anmoins un certain nombre dâaffirmations peut ĂȘtre contredites par lâinformation scientifique disponible ou mĂ©riteraient dâĂȘtre formellement et scientifiquement Ă©valuĂ©es. Lâabsence dâinformation est Ă©galement revenue frĂ©quemment au cours des entretiens, Ă tort ou Ă raison. Cette constatation questionne, si ce nâest lâexistence de lâinformation, au moins son accessibilitĂ© Ă diffĂ©rents publics. Un axe intĂ©ressant de poursuite des travaux serait ainsi le recensement de ces besoins et le dĂ©veloppement dâoutils dâinformation ou dâactions de recherche afin de lutter contre la dĂ©sinformation.
Remerciements
Merci à toutes les personnes qui ont accepté de répondre à cette
enquĂȘte. Les co-auteurs sont extrĂȘmement reconnaissants envers Louis
Maillard, Julien Viau et Hubert Pujet qui ont réalisé 117 entretiens
auprĂšs de toutes les catĂ©gories dâacteurs et traitĂ© manuellement un
nombre considérable de verbatim.
Merci aux partenaires du projet Delmoges pour leur aide précieuse dans
la conception et la diffusion de lâenquĂȘte.
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