Rapport EnquĂȘte DELMOGES


1 Contexte Objectif et structure de l’enquĂȘte

1.1 Contexte scientifique

Dans le projet Delmoges, la tĂąche 4.3 du WP remĂ©diation vise Ă  Ă©valuer qualitativement et quantitativement un panel de solutions de rĂ©duction des captures de dauphins. Les critĂšres d’évaluation se doivent de concerner Ă  la fois i) les aspects environnementaux (efficacitĂ© de rĂ©duction, impacts indirects sur les espĂšces d’intĂ©rĂȘt halieutique et les autres espĂšces protĂ©gĂ©es) et les aspects Ă©conomiques et sociaux pour les professionnels de la pĂȘche, la filiĂšre et la sociĂ©tĂ©. Dans un contexte conflictuel, juridique et mĂ©diatique de mise en place de mesures de protection, une attention particuliĂšre est portĂ©e Ă  l’acceptabilitĂ© des mesures. Elle est essentielle par les pĂȘcheurs, car il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que des mesures mal comprises ou mal acceptĂ©es induisent des comportement de triche ou de contournement de la rĂ©glementation aboutissant frĂ©quemment Ă  leur Ă©chec. Et elle est essentielle par les ONG et l’état, afin de clore les mises en demeure EuropĂ©ennes, les actions en justice et les campagnes mĂ©diatiques.

La mise en Ɠuvre de ces mesures repose gĂ©nĂ©ralement sur des approches « top-down » qui se heurtent Ă  d’importantes limites. En particulier, ces approches ne parviennent souvent pas Ă  crĂ©er les incitations souhaitĂ©es pour l’adoption de mesures de rĂ©duction des prises accessoires. (Bellanger et al., 2023). Il est de plus en plus reconnu qu’il est nĂ©cessaire d’explorer d’autres approches qui encouragent les changements de comportement par la crĂ©ation d’un ensemble appropriĂ© d’incitations Ă  la rĂ©duction des prises accessoires (Grafton et al., 2006 ; Pascoe et al., 2010 ; Squires et Garcia, 2014 ; Lent et Squires, 2017 ; Fonner et al. 2020 ; Squires et al. 2021 ; Robertson et Wilcox, 2022 ; ThĂ©baud et al., 2023). La comprĂ©hension des incitations qui influencent les attitudes et le comportement des pĂȘcheurs un Ă©lĂ©ment essentiel de la conception de gestion des ressources. (Pita et al, 2010). Lors de l’élaboration de toute politique de gestion des ressources acceptable, rĂ©alisable et durable, il convient de tenir compte des prĂ©fĂ©rences des parties prenantes au sein du systĂšme. C’est particuliĂšrement vrai pour la gestion de la pĂȘche, oĂč les groupes d’intĂ©rĂȘt sont nombreux et diversifiĂ©s (Wattage et al, 2005). Ainsi, les parties prenantes pourront s’exprimer, selon ce qu’ils perçoivent, leurs valeurs, et si les incitations compensent les changements de pratique de la part des pĂȘcheurs .

Dans ce contexte, l’évaluation qualitative est vue comme complĂ©mentaire Ă  l’évaluation quantitative car la comprĂ©hension limitĂ©e des mĂ©canismes ne permet pas la modĂ©lisation de l’ensemble des critĂšres d’intĂ©rĂȘt et les aspects de perception et d’acceptabilitĂ© des mesures sont difficilement mesurables. On a choisi la forme d’une enquĂȘte individuelle, qui permet d’une part de s’affranchir des postures que peuvent adopter les personnes au sein d’un groupe et d’autre part, de palier Ă  la difficultĂ© de mobiliser les acteurs pour des rĂ©unions Ă  ce sujet.

1.2. RĂŽle et structure du livrable

Ce livrable a pour objectif de prĂ©senter la construction et la structure des enquĂȘtes menĂ©es dans le cadre du projet Delmoges, ainsi que les rĂ©sultats de ces enquĂȘtes de maniĂšre synthĂ©tique. La premiĂšre partie prĂ©sente les mesures et scĂ©narios (c’est-Ă -dire des combinaisons de mesures) Ă©valuĂ©s lors de l’enquĂȘte, ainsi que son administration et exploitation. La seconde partie prĂ©sente les rĂ©sultats, avec un focus dans un premier temps sur les avis et perceptions concernant la fermeture du golfe de Gascogne, puis sur les mesures de gestion alternatives et enfin sur les scĂ©narios. Une partie de conclusion et de discussions de ces rĂ©sultats d’enquĂȘtes clĂŽt ce livrable.

1.3 Acronymes et abréviations

CA : captures accidentelles ONG : L’accronyme ONG dĂ©signe les Organisations non gouvernementales et par extension dans ce document, les associations environnementales de protection de la nature au sens large. OPs: organisations de producteurs

2 Construction et structure de l’enquĂȘte

2.1 Motivation et objectifs de l’enquĂȘte

Initialement l’enquĂȘte avait pour objectif l’évaluation par les parties prenantes d’une liste de mesures Ă©laborĂ©es via une plateforme de concertation (TĂąche 4.2) en termes d’efficacitĂ© et d’acceptabilitĂ©. Secondairement, elle visait Ă  identifier la probable rĂ©action des pĂȘcheurs et le risque majeur associĂ©s Ă  chaque mesure afin d’aboutir Ă  une hiĂ©rarchisation « objective » des mesures de remĂ©diation en fonction des catĂ©gories d’acteurs. La perception des acteurs du problĂšme, la documentation du point de vue des acteurs sur les contraintes et opportunitĂ©s associĂ©es Ă  chaque type de mesures auraient dĂ» ĂȘtre informĂ©s par les autres tĂąches du WP4. Le contexte de collaboration difficile entre les partenaires en dĂ©but de projet n’a pas permis leur complĂšte rĂ©alisation et les objectifs de l’enquĂȘte ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s en cours de projet pour permettre de compenser ces absences d’information. Etant donnĂ©e l’absence de scĂ©narios candidats prĂ©alablement dĂ©battus, on cherche Ă©galement Ă  comprendre les raisons sous-jacentes Ă  l’acceptabilitĂ© afin de pouvoir l’infĂ©rer pour de futurs scĂ©narios. Ainsi l’enquĂȘte vise Ă  recueillir la perception des acteurs des consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales de diffĂ©rentes mesures et scĂ©narios, en faisant l’hypothĂšse que cette perception explique l’acceptabilitĂ© de la mesure.

Il est Ă©galement apparu essentiel d’offrir un espace d’expression et de documentation des points de vue Ă©quitable et objectif aux diffĂ©rents acteurs.

Pour ce faire, nous avons proposĂ©s aux parties prenantes de la problĂ©matique de donner leurs perceptions des consĂ©quences de la fermeture du golfe de Gascogne en 2024/2025, et d’autres façons de rĂ©duire les captures accidentelles de cĂ©tacĂ©s dans le monde (isolĂ©es ou combinĂ©es en ‘scĂ©narios’). Les mesures et scĂ©narios alternatifs proposĂ©s n’ont pas vocation Ă  ĂȘtre mis en place tel quels, mais Ă  servir de support de discussion afin d’amĂ©liorer la comprĂ©hension des enjeux, des Ă©ventuels points de blocage, et des compromis acceptables de gestion pour les parties prenantes.

2.2. Construction et structure de l’enquĂȘte

Le contenu et la formulation de l’enquĂȘte ont Ă©tĂ© discutĂ©s avec les partenaires Delmoges au cours d’ateliers dĂ©diĂ©s et ont fait l’objet de multiples rĂ©visions. Les barĂšmes d’évaluation des consĂ©quences Ă©conomiques, sociales et environnementales ont connu plusieurs Ă©volutions au cours de la construction du questionnaire. Les questions et notations initiales prenaient en compte d’autres nuances, telles que l’incertitude des consĂ©quences, le dĂ©lai nĂ©cessaire pour qu’elles se manifestent (court, moyen ou long terme), ainsi que l’homogĂ©nĂ©itĂ© des impacts (les consĂ©quences touchent-elles une partie limitĂ©e ou l’ensemble du systĂšme ?). Ces versions ont Ă©tĂ© jugĂ©es trop complexes et chronophages, elles ont donc Ă©tĂ© simplifiĂ©es en une simple Ă©chelle de Likert. On prĂ©sente ci-dessous la version finale de l’enquĂȘte.

2.2.1 Questions introductives

Les questions personnelles Ă©taient posĂ©es en introduction de l’enquĂȘte et avaient deux objectifs principaux : vĂ©rifier la reprĂ©sentativitĂ© de l’échantillon, l’enquĂȘte Ă©tant anonyme et, mettre en Ă©vidence de possibles divergences de perception liĂ©es Ă  l’ñge, au type d’acteur, au mĂ©tier, Ă  la rĂ©gion des rĂ©pondants.

Les caractĂ©ristiques dĂ©mographiques des participants offrent un contexte essentiel pour interprĂ©ter les rĂ©ponses. Elles permettent de segmenter la population en sous-groupes, facilitant ainsi l’analyse des comportements et opinions spĂ©cifiques ou non Ă  chaque catĂ©gorie. Ces informations seront utiles pour comprendre comment les participants choisissent leurs rĂ©ponses et construisent de leur argumentaire. Les choix qui sont fait et l’apprĂ©ciation est souvent le fruit d’un contexte propre Ă  chacun (pas encore la ref). Cette Ă©tape constitue Ă  transformer des donnĂ©es complexes (populations, pratiques) en des indicateurs simples (Fassin, 1990).

L’ñge, longtemps considĂ©rĂ© comme une variable secondaire, est dĂ©sormais reconnu comme importante en sociologie. Il est important de le prendre en compte afin de mieux comprendre les rapports sociaux d’ñge et leurs impacts sur les pratiques sociales. (Auger et al., 2017). Les tranches d’ñges choisies correspondent Ă  l’ñge INSEE en 10 tranches, sans les moins de 18 ans (INSEE RP 2020). Dans notre cas, il s’agit surtout de vĂ©rifier qu’il n’y a pas de risque Ă©vident de biais liĂ© Ă  l’ñge des rĂ©pondants. On sera satisfait si l’intervalle d’ñge est couvert de maniĂšre assez homogĂšne.

Les diffĂ©rentes parties prenantes de la problĂ©matique des captures accidentelles s’illustrent par environnement social dense avec des dynamiques de collaboration et des approches scientifiques diverses. La catĂ©gorisation des groupes sociaux implique une simplification de la rĂ©alitĂ© qu’il est important de souligner. Les acteurs exerçant une influence majeure peuvent ĂȘtre regroupĂ©es en 4 groupes sociaux principaux : Les Organisations de recherches (scientifiques), les institutions publiques nationales (DIRM, DGAMPA, OFB, ministĂšres) et supra-nationales (Commission EuropĂ©enne), les pĂȘcheurs et reprĂ©sentants de l’industrie des produits de la mer, et les ONG (CazĂ© et al., 2022). Il est demandĂ© Ă  l’enquĂȘtĂ© de se dĂ©finir parmi une liste d’acteurs possibles : PĂȘcheur, Membre d’une ONG / association environnementale, Membre d’une autre ONG / association, Professionnel de la filiĂšre aval (Mareyeur, poissonnier, industriel), Membre d’une structure gouvernementale, Membre d’une structure reprĂ©sentative de professionnels de la pĂȘche ou Scientifique. La liste n’était pas fermĂ©e, une case ‘Autres’ donnait la possibilitĂ© de se dĂ©finir autrement. Un champ libre « est laissĂ© pour les personnes souhaitant donner plus de prĂ©cision.

Les pĂȘcheurs ne peuvent pas non plus ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un groupe social uniforme (CazĂ©, 2022). C’est pourquoi une sĂ©rie de questions supplĂ©mentaires leurs sont posĂ©es concernant leur activitĂ© de pĂȘche de dĂ©cembre Ă  mars (pĂ©riode oĂč le nombre d’échouages maximal est enregistrĂ© chaque annĂ©e). Des informations sur les engins de pĂȘche, les espĂšces ciblĂ©es, l’éloignement Ă  la cĂŽte des zones de pĂȘches frĂ©quentĂ©es et le quartier maritime de rattachement du navire sont renseignĂ©es.

2.2.2 Evaluation de mesures et scénarios

La mĂ©thode propose de recueillir l’opinion des acteurs sur les mesures de gestion et sur les combinaisons de mesures (que l’on appelle aussi « scĂ©narios » dans le cadre de cette Ă©tude) sur une Ă©chelle de Likert. Les Ă©chelles de Likert sont couramment employĂ©es en sciences du comportement (Judd et al, 1991) et sont de plus en plus mobilisĂ©es pour Ă©valuer les attitudes et les perceptions des pĂȘcheurs concernant leur activitĂ©, la conservation, les politiques et les mesures de gestion. (Pita et al, 2010 ; Marshall, 2007 ; Richardson et al, 2005). Elles permettent une comprĂ©hension nuancĂ©e des perceptions des rĂ©pondants. Les 4 indicateurs d’évaluation de la fermeture et des scĂ©narios sont notĂ©s selon un barĂšme graduel Ă  6 modalitĂ©s : (TrĂšs nĂ©gatif, nĂ©gatif, neutre, positif, trĂšs positifs ou ne se prononce pas). Pour l’avis gĂ©nĂ©ral demandĂ© aux participants concernant les mesures et les scĂ©narios le barĂšme est le mĂȘme, allant de « pas du tout favorable » Ă  trĂšs favorable ou « ne se prononce pas ».

L’évaluation dĂ©bute par le recueil de la perception des effets des scĂ©narios d’un point de vue des consĂ©quences Ă©conomiques, de l’efficacitĂ©, des consĂ©quences Ă©cologiques, et enfin des consĂ©quences sociales. Un avis global est ensuite demandĂ©. Des questions Ă  choix multiples et des zones de commentaires libres sur les consĂ©quences attendues permettent ensuite aux acteurs de justifier leur avis et permettront une meilleure comprĂ©hension des motivations derriĂšre le score attribuĂ©.

Plus prĂ©cisement, aprĂšs notation de l’indicateur Ă©conomique, une question propose au rĂ©pondant d’indiquer quelle partie de la filiĂšre pĂȘche est concernĂ©e par son apprĂ©ciation des consĂ©quences. Pour les indicateurs environnementaux et sociaux, une sĂ©rie de thĂšmes identifiĂ©s par les partenaires du projet sont proposĂ©s afin que les rĂ©pondants puissent prĂ©ciser leur perception des impacts (Figure X).

2.3 Définition des mesures et des scénarios à évaluer

Il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que la fermeture du Golfe de Gascogne dans les modalitĂ©s de 2024-2025 serait systĂ©matiquement Ă©valuĂ©e par les rĂ©pondants selon les modalitĂ©s dĂ©crites prĂ©cĂ©dement. Suite Ă  cela, des scĂ©narios de gestion alternatifs Ă  la fermeture sont proposĂ©es aux participants et Ă©valuĂ©s Ă  leur tour. Le rĂ©pondant donne d’abord son avis sur les mesures de gestion constituant le scĂ©nario de maniĂšre isolĂ©es puis sur la combinaison des mesures selon les dimensions d’efficacitĂ©, et de consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales. Le but est de mettre en Ă©vidence le gain ou la perte d’acceptabilitĂ© apportĂ© par des mesures compensatoires et/ou la recherche de compromis.

Enfin, le répondant peut proposer une combinaison de mesures qui lui paraitrait efficace et acceptable pour solutionner le problÚme.

Afin d’élaborer ces solutions alternatives, une Ă©tape nĂ©cessaire de bibliographie a permis d’actualiser nos connaissances sur les nombreuses Ă©tudes en Europe et dans le monde concernant la remĂ©diation des captures accidentelles de mammifĂšres marins. La problĂ©matique des captures accidentelles de mammifĂšres marins dans les engins de pĂȘche est un domaine de recherche trĂšs Ă©tudiĂ©, laissant place Ă  une littĂ©rature scientifique diversifiĂ©e. Un travail bibliographique a permis d’identifier une dizaine de mesures de gestion des captures accidentelles de petits cĂ©tacĂ©s. Elles sont, pour la plupart, dĂ©jĂ  employĂ©es pour rĂ©duire les captures dans d’autres pĂȘcheries du monde. Les approches utilisĂ©es pour diminuer les interactions avec les delphinidĂ©s peuvent ĂȘtre classĂ©es dans diffĂ©rents groupes : Les dispositifs d’alertes des engins de pĂȘche (pingers, balises acoustiques, rĂ©flecteurs acoustiques), les limitations de l’effort de pĂȘche (fermeture spatio-temporelles saisonniĂšre, fermeture spatio-temporelles aprĂšs dĂ©passement d’un seuil de capture, limitation du nombre de jours en mer) et les changements d’activitĂ© (changement d’engin de pĂȘche vers la palangre ou le casier).

Cette Ă©tape Ă  donnĂ© lieu Ă  une liste de mesures de gestion semblant pouvoir contribuer dans un cadre thĂ©orique ou pratique Ă  la rĂ©duction des captures accidentelles de dauphins dans le golfe de Gascogne. Certains d’entre elles sont dĂ©jĂ  employĂ©es en France, en Europe ou dans d’autres ocĂ©ans tandis que d’autres n’ont pas encore Ă©tĂ© testĂ©es ou implĂ©mentĂ©es. + lien inventaire des mesures (livrable XX).

Une revue des avantages et inconvĂ©nients des mesures a priori a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur la base de la littĂ©rature et par consultation des partenaires Delmoges. Elle a permis de nourrir les fiches de description des mesures et d’orienter les questions secondaires de l’enquĂȘte sur les effets attendus.

Plusieurs ateliers sur l’outil en ligne Klaxoon ont permis de crĂ©er de nombreux scĂ©narios en collaboration avec les partenaires du projet. Les scĂ©narios crĂ©es ont Ă©tĂ© affinĂ©s et sont devenus rapidement complexes. Lors des journĂ©es du projet DELMOGES de La Rochelle en 2023, ces scĂ©narios ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  l’ensemble des participants. Il a Ă©tĂ© retenu de cet atelier que ces scĂ©narios Ă©taient trop complexes pour l’usage des enquĂȘtes. Une nouvelle sĂ©rie de 12 scĂ©narios a donc Ă©tĂ© créée par les scientifiques en combinant un nombre rĂ©duit de mesures (2 Ă  4 mesures par scĂ©narios) et rĂ©digĂ© en quelques phrases. Le but recherchĂ© Ă©tait la diversitĂ© et le contraste dans « l’esprit » des scĂ©narios plus que leur rĂ©alisme : politique incitative ou rĂ©pressive, inversion du fardeau de la preuve, niveau de contrĂŽle, type de mesures (contrĂŽle des entrĂ©es ou sorties, spatiales, temporelles etc). Comme le temps rĂ©alistiquement consacrĂ© Ă  l’enquĂȘte par un rĂ©pondant, ne permettait pas d’évaluer plus de deux scĂ©narios, une sĂ©lection a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par un vote des scientifiques du projet et des partenaires professionnels en fonction de l’intĂ©rĂȘt de recueillir l’avis des acteurs sur le scĂ©nario et non en fonction de leur apprĂ©ciation du scĂ©nario. Ainsi, un panel de 6 scĂ©narios a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©.

2.4 Description des mesures individuelles

Dispositif techniques de mitigation

Pingers

Les dispositifs techniques d’alerte, dont font partie les pingers, sont souvent prĂ©sentĂ©s comme une bonne alternative aux captures accidentelles (FAO, 2020). En France, l’efficacitĂ© des pingers a Ă©tĂ© prouvĂ©e sur les chalutiers pĂ©lagiques oĂč une rĂ©duction d’en 65% et Ă©tĂ© observĂ© sur les navires Ă©quipĂ©s. Concernant les fileyeurs, les expĂ©rimentations sont en cours dans le cadre du plan d’action, mais nĂ©cessitent un fort taux d’observation. La faible frĂ©quence des captures accidentelles Ă  l’échelle d’un navire rend plus difficile la mise en Ă©vidence de la rĂ©duction des prises. Plus le phĂ©nomĂšne est rare, plus un nombre Ă©levĂ© d’observation est nĂ©cessaire pour arriver Ă  un rĂ©sultat robuste (Boussarie, 2024). Quelques expĂ©rimentations ont Ă©tĂ© conduites dans le golfe de Gascogne, mais les scientifiques souhaitent procĂ©der Ă  des tests Ă  grande Ă©chelle pour confirmer ou non l’efficacitĂ© des dispositifs de mitigation.

MalgrĂ© leur forte attractivitĂ© de ces dispositifs, des inconvĂ©nients notables ont Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans la littĂ©rature scientifique. Dans certaines pĂȘcheries, les donnĂ©es collectĂ©es sur le terrain, ainsi que celles fournies par les observateurs chargĂ©s du suivi des captures accidentelles, indiquent que les pingers peuvent repousser certaines espĂšces de mammifĂšres marins se trouvant dans leur zone de diffusion sonore (Kraus et al., 1997). En effet, sur les chalutiers, la durĂ©e d’émission est restreinte car les effaroucheurs Ă©mettent un signal uniquement pendant l’opĂ©ration de chalutage. En revanche, sur les filets certains dispositifs diffusent en continue pendant toute la durĂ©e de pĂȘche du filet. Les filets maillants nĂ©cessitent de placer plusieurs rĂ©pulsifs Ă  des intervalles variables le long des cordes du filet, ce qui signifie Ă©galement que les pĂȘcheurs doivent acquĂ©rir et prendre soin de nombreuses unitĂ©s. (FAO, 2020). Cependant, un effet inverse peut Ă©galement se produire, certains mammifĂšres marins Ă©tant attirĂ©s par les dispositifs (FAO, 2020). Ce type d’interaction est surtout constatĂ© chez les pinnipĂšdes dans l’autres parties du globe et n’a pas Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans le golfe de Gascogne.

NĂ©anmoins mĂȘme Ă  la suite d’un succĂšs dans l’utilisation des pingers, il existe des risques d’habituation dans le temps, pour toutes les espĂšces. Certaines Ă©tudes montrent dĂ©jĂ  une habituation des marsouins aux DDD (Dolphin Deterrent Device) et bien qu’il ait Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que ces dispositifs ont un effet de rĂ©duction de la dĂ©prĂ©dation sur les grands dauphins et d’autres espĂšces de cĂ©tacĂ©s, plusieurs auteurs ont soulevĂ© la question d’une possible diminution de leur rĂ©activitĂ© (accoutumance).

Balises acoustiques DolphinFree

La principale diffĂ©rence entre les balises acoustiques DolphinFree et les pingers rĂ©side dans la nature du signal acoustique. Il s’appuie sur les connaissances bioacoustiques et cognitives du dauphin commun dans le but de concevoir un dispositif capable d’émettre un signal acoustique comprĂ©hensible et interprĂ©table par cette espĂšce. L’objectif est d’avertir les dauphins de la prĂ©sence de filets et du risque de mortalitĂ© qu’ils reprĂ©sentent. Les partenaires du projet DolphinFree ont dĂ©veloppĂ© une reprĂ©sentation acoustique virtuelle, associĂ©e Ă  l’image d’un dauphin mort pris dans un filet, qui pourrait ĂȘtre transmise aux animaux. (Cozannet et al., 2022). Le signal serait envoyĂ© depuis un dispositif fixĂ© aux filets et dĂ©clenchĂ© de maniĂšre interactive lorsque des clics d’écholocation sont dĂ©tectĂ©s.

Reflecteurs acoustiques

Les rĂ©flecteurs acoustiques passifs intĂšgrent des composants dans les engins de pĂȘche pour augmenter leur densitĂ©, et ainsi amĂ©liorer leur rĂ©flectivitĂ© acoustique, dans l’hypothĂšse oĂč les dauphins ne parviennent pas Ă  dĂ©tecter le filet (Larsen et al., 2007 ; Grant P. Course, 2021). Ce matĂ©riau rĂ©flĂ©chit l’énergie sonore plutĂŽt que de l’absorber. GrĂące Ă  ces dispositifs rĂ©flĂ©chissants, les cĂ©tacĂ©s, utilisant l’écholocation pour naviguer, sont davantage capables de dĂ©tecter et d’éviter les engins de pĂȘche (Clean Catch UK). (Cetambicion, 2022). En bretagne des tests ont Ă©tĂ© conduit lors du projet LICADO, l’ensemble des expĂ©rimentations n’avait pas permis de prouver l’efficacitĂ© des rĂ©flecteurs. De plus des rĂ©ductions de la capturabilitĂ© de certains espĂšces cibles ont Ă©tĂ© constatĂ©s, ce problĂšme Ă  Ă©galement Ă©tĂ© relevĂ© par d’autres auteurs sur des rĂ©flecteurs diffĂ©rents. (Larsen et al., 2007 ; Trippel et al., 2008 ; Sacchi J, 2019).

Mesures de gestion de l’effort de pĂȘche

Fermeture d’une zone à risque

Dans les pĂȘcheries utilisant des filets maillants au large de l’Australie du Sud, plusieurs types de fermetures spatiales, permanentes ou saisonniĂšres, sont mis en place afin de limiter les interactions entre les otaries australiennes (Neophoca cinerea) et les engins de pĂȘche. Les fermetures spatiales permanentes interdisent l’utilisation de filets maillants dans les zones correspondant aux habitats principaux de l’espĂšce ainsi qu’à proximitĂ© de l’ensemble des sites de reproduction (AFMA, 2014). Il est important de connaitre la dynamique spatiale des animaux capturĂ©es accidentellement, car il est frĂ©quent que les zones utilisĂ©es par les mammifĂšres marins soient trĂšs Ă©tendues au niveau gĂ©ographique et dynamiques, ce qui suggĂšre que les zones de restriction doivent ĂȘtre suffisamment larges ou flexibles pour ĂȘtre efficaces (Kaiser, 2005).

Fermeture aprĂšs un seuil limite

Certaines zones peuvent ĂȘtre fermĂ©es temporairement par le biais d’un processus dynamique, n’entrant en vigueur que lorsqu’un niveau particulier de captures accidentelles est atteint ou dĂ©passĂ© (quotas de captures accidentelles/limites de dĂ©clenchement), ou lorsque la prĂ©sence d’espĂšces sujettes aux captures accidentelles atteint un certain seuil durant les opĂ©rations de pĂȘche. Parmi ces rĂ©glementations conditionnelles, on peut citer: les fermetures consĂ©cutives Ă  certains faits visant Ă  protĂ©ger le marsouin commun (Phocoena phocoena) au large de l’est des États-Unis d’AmĂ©rique; l’interdiction des filets maillants lorsque l’objectif de prĂ©lĂšvement biologique potentiel est atteint (NMFS, 2010)

RĂ©duction de l’effort de pĂȘche

RĂ©duire l’effort de pĂȘche sans l’arrĂȘter permet d’éviter une fermeture ininterrompue de la pĂȘcherie, tout en maintenant un certain niveau de production halieutique. Par ailleurs, la rĂ©duction de l’effort de pĂȘche peut contribuer Ă  une amĂ©lioration de l’état des stocks exploitĂ©s. (Hopkins et al, 2024)

Limites : Bien que les rĂ©percussions socio-Ă©conomiques soient moindres comparĂ©es Ă  celles d’une fermeture prolongĂ©e, la rentabilitĂ© des entreprises demeure susceptible d’ĂȘtre affectĂ©e. On observe Ă©galement une diminution possible du volume des captures, tandis que l’efficacitĂ© de la mesure pourrait s’avĂ©rer limitĂ©e au regard de l’effort dĂ©ployĂ©.

Mesures d’acquisition de donnĂ©es

Caméras embarquées

Le CIEM dans ses avis de 2020 et 2023 recommande d’amĂ©liorer la collecte de donnĂ©es sur le phĂ©nomĂšne des captures accidentelles (Boussarie et al., 2024). Face aux limites des systĂšmes « traditionnels » de collecte de donnĂ©es (observateurs embarquĂ©s et dĂ©clarations obligatoires de professionnels), des scientifiques ainsi que d’autres acteurs recommandent l’emploi de camĂ©ras embarquĂ©es pour parvenir Ă  une meilleure connaissance des interactions entre les cĂ©tacĂ©s et les navires de pĂȘche ainsi qu’une meilleure quantification du phĂ©nomĂšne (Vignard et Tachoires, 2023). DĂšs 2021 le projet OBSCAMe est mis en place avec 20 navires Ă©quipĂ©s. En 2023, 54 navires Ă©taient volontaires pour ĂȘtre Ă©quipĂ©s, et l’application prochaine de l’arrĂȘtĂ© du 29 dĂ©cembre 2022 rendra obligation pour 100 navires l’équipement en camĂ©ra embarquĂ©es. (Boussarie et al, 2024).

Observateurs embarqués

Les observateurs sont des personnes embarquĂ©es sur les navires de pĂȘche pour documenter les captures accidentelles et le contexte de la capture, avec prĂ©cision. En France, cette collecte de donnĂ©es est effectuĂ©e dans le cadre du programme ObsMer (Cornou et al., 2021). Depuis l’hiver 2018-2019, un effort de surĂ©chantillonnage spĂ©cifique a Ă©tĂ© instaurĂ© durant la saison hivernale afin d’étudier plus prĂ©cisĂ©ment le phĂ©nomĂšne des captures accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne. (CloĂątre et al, 2022). L’échantillonnage Ă  bord des navires de pĂȘche par des observateurs scientifiques est considĂ©rĂ© Ă  l’heure actuelle, par certains auteurs, comme la mĂ©thode thĂ©oriquement la plus fiable pour estimer les rejets ou captures accessoires mais Ă©galement les captures accidentelles de mammifĂšres marins engendrĂ©s par les activitĂ©s de pĂȘche (Suuronen & Gilman, 2019). Dans le cas certaines pĂȘcheries les observateurs ont une capacitĂ© d’action limitĂ©e. En effet les observateurs, Ă©tant donnĂ© leur nombre et le fonctionnement des campagnes d’observations, ne peuvent couvrir qu’une partie limitĂ©e des opĂ©rations de pĂȘche.

Changement d’engin de pĂȘche

Les filets maillants sont considĂ©rĂ©s comme l’engin le plus risquĂ© pour la plupart des espĂšces capturĂ©es accidentellement (Perrin et al., 1994; Read et al., 2006; Reeves et al., 2013). Des Ă©tudes dans le nord de l’Europe et en Australie ont mis en Ă©vidence le potentiel des changements d’engin de pĂȘche pour rĂ©duire les captures accidentelles de mammifĂšres dans les pĂȘcheries au filet maillant ciblant la morue. Plusieurs expĂ©rimentations ont mis en Ă©vidences des taux de captures d’espĂšces cibles similaires avec des palangres ou des casiers (Vetemaa et LoĆŸys, 2009 ; Königson et Hagberg, 2007 ; PĂĄlsson et al., 2015 ; Königson et al., 2015b ; Knuckey et al., 2014).

Mesures incitatives

La majoritĂ© des progrĂšs rĂ©alisĂ©s dans la rĂ©duction des captures accidentelles de mammifĂšres marins dĂ©coule de rĂ©glementations strictes. Les autoritĂ©s publiques et les organismes de gestion des pĂȘches jouent un rĂŽle central dans l’élaboration et le suivi de rĂšgles visant Ă  amĂ©liorer les pratiques de pĂȘche. Toutefois, une lĂ©gislation trop rigide concernant les mĂ©thodes ou technologies Ă  utiliser peut freiner l’engagement volontaire de l’industrie et limiter la capacitĂ© des pĂȘcheurs Ă  dĂ©velopper leurs propres solutions (Cozannet et al. ,2022 b). En revanche, des Ă©changes en amont entre les autoritĂ©s, le secteur de la pĂȘche et les pĂȘcheurs peuvent aboutir Ă  des accords volontaires. La perspective de nouvelles rĂšgles gouvernementales ou de sanctions commerciales peut Ă©galement inciter les pĂȘcheurs Ă  adopter de leur propre initiative des pratiques plus responsables, afin de prĂ©server la viabilitĂ© Ă©conomique de leurs activitĂ©s (Squires et al., 2021).

Subventions

Les dĂ©pendances aux aides aux carburants en France ont Ă©tĂ© mise en Ă©vidence lors des diffĂ©rentes envolĂ©s du prix du gasoil pour les chalutiers ( Le Folc’h, 2017). En France les pĂȘches hauturiĂšres et industrielles bĂ©nĂ©ficient de 85% des aides de l’état. (Changer de cap) De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, une gestion adĂ©quate des subventions nĂ©cessite des technologies de contrĂŽle et de surveillance efficaces (Booth et al. 2021b).

Quotas incitatifs

RĂ©compenser les bonnes pratiques par l’octroi d’opportunitĂ©s de pĂȘche supplĂ©mentaires constitue une incitation efficace au changement de comportement. (Bellanger et al, 2025, je veux bien l’article j’ai que le draft). Dans la pĂȘcherie palangriĂšre dĂ©mersale ciblant la lĂ©gine australe dans la zone Ă©conomique exclusive française autour des Ăźles Crozet et Kerguelen, une part du quota de lĂ©gine est attribuĂ©e en fonction des performances passĂ©es en matiĂšre de rĂ©duction des captures accidentelles (Tixier et al., 2020). Ce mĂ©canisme incitatif a fait ces preuves en rĂ©duisant de maniĂšre significative les prises accessoires d’oiseaux protĂ©gĂ©s. Il est Ă©galement possible de moduler les quotas d’effort de pĂȘche en fonction des taux de prises accidentelles ou de la localisation dans des zones Ă  risque. En Écosse, des jours de mer supplĂ©mentaires sont accordĂ©s aux pĂȘcheurs Ă©vitant certaines zones et respectant les exigences relatives aux engins de pĂȘche (Lent et Squires, 2017)

SystĂšmes de cautions

L’un des avantages des systĂšmes de cautionnement est qu’ils permettent de donner un prix aux prises accessoires. Cela crĂ©e une dynamique positive visant Ă  rĂ©duire les comportements Ă  risque (Lent et Squires 2017).Les exemples montrent que les cautions sont mises en Ɠuvre efficacement dans les pĂȘcheries oĂč la couverture d’observation est trĂšs Ă©levĂ©e (Holland et Jannot 2012). Le suivi et le contrĂŽle de ce type de systĂšme peuvent ĂȘtre difficiles et coĂ»teux (Innes et al. 2015). Une question importante est de savoir si la caution est fixĂ©e au niveau individuel ou collectif (Innes et al. 2015).

2.5 Description des scénarios

Scenario 1

Le scĂ©nario 1 est un choix entre une mesure d’acquisition de donnĂ©es (la camĂ©ra embarquĂ©e) et une mesure de changement d’engin de pĂȘche. Il s’intitule « Les fileyeurs doivent choisir entre changer d’engin de dĂ©cembre Ă  mars ou avoir une camĂ©ra embarquĂ©e. » Ce scĂ©nario permet de tester la perception des participants en l’absence de mesure incitative. En revanche, il donne la possibilitĂ© aux pĂȘcheurs de choisir la mesure de gestion. Il permettra par la suite d’analyser si cette notion de choix est bien perçue ou non, comme alternative Ă  des mesures imposĂ©es.

Scenario 2

Le scĂ©nario 2 ne contient plus de choix, mais propose aux fileyeurs de changer d’engin de pĂȘche pendant la pĂ©riode la plus Ă  risque de capture (dĂ©cembre Ă  mars) en Ă©change de quotas d’espĂšces cibles supplĂ©mentaires. Le choix du quota n’est pas spĂ©cifiĂ©, en partie pour recueillir des propositions des professionnels et pour savoir si ce scĂ©nario serait rĂ©alisable pour certaines espĂšces. Ce scĂ©nario permettra Ă©galement de dĂ©terminer les possibilitĂ©s pour les navires concernĂ©s de changer d’engin ou non.

Scenario 3

Le scĂ©nario 3 est inspirĂ© de la nĂ©cessitĂ© de tester les dispositifs techniques. Dans ce contexte, les pĂȘcheurs doivent s’équiper avec un dispositif technique qu’ils peuvent choisir parmi les trois proposĂ©s dans cette enquĂȘte (Pingers, balises acoustiques Dolphinfree ou reflecteurs). Afin d’acquĂ©rir des donnĂ©es qui permettront d’étudier leur efficacitĂ©, ils doivent accepter une camĂ©ra embarquĂ©e. En contrepartie, les pĂȘcheurs Ă©quipĂ©s reçoivent un quota supplĂ©mentaire de leurs espĂšces cibles.

Scenario 4

Ce scĂ©nario est proche du statu quo actuel, car il consiste en une fermeture spatio-temporelle avec indemnisation des pertes. La zone est rĂ©duite au centre du golfe, mais la pĂ©riode d’arrĂȘt est Ă©tendue (dĂ©cembre Ă  mars). L’objectif de ce scĂ©nario est de comprendre l’importance de la zone fermĂ©e et le rĂŽle de la durĂ©e de l’arrĂȘt dans l’acceptation ou non d’une fermeture spatio-temporelle.

Scenario 5

L’idĂ©e du scĂ©nario 5 est de rĂ©duire l’effort de pĂȘche sans pour autant imposer une fermeture. On propose alors de rĂ©duire le nombre de jours de mer de dĂ©cembre Ă  mars. Ici, la compensation des pertes est soumise Ă  une condition : accepter une mesure d’acquisition de donnĂ©es (camĂ©ras embarquĂ©es ou un observateur embarquĂ©). Les producteurs ont le choix entre les deux mesures. Ce scĂ©nario permet d’évaluer la pertinence d’une rĂ©duction partielle de l’effort de pĂȘche et la perception du conditionnement des aides apportĂ©es aux pĂȘcheurs.

Scenario 6

Ce dernier scĂ©nario utilise la notion de seuil limite de captures accidentelles. Ici, une partie du quota français (exemple merlu) est « gelĂ©e », c’est-Ă  -dire que les pĂȘcheurs n’ont droit qu’à une partie rĂ©duite du quota global attribuĂ© Ă  la France. Le quota rĂ©gule indirectement l’effort de pĂȘche en mer, ce qui aura pour consĂ©quence de rĂ©duire cet effort. Durant la pĂ©riode Ă  risque, si les captures accidentelles ne dĂ©passent pas le seuil conseillĂ© par les scientifiques au-dessus duquel la durabilitĂ© de la population de dauphins est menacĂ©e, les pĂȘcheurs ont accĂšs Ă  la deuxiĂšme partie du quota. Ce systĂšme permet de connaitre les perceptions des participants envers la notion de “seuil limite” ainsi que des avis sur cette incitation qui n’est pas un « bonus » mais plutĂŽt une caution.

2.6 Questionnaires

Comme prĂ©cisĂ© en section 1.3, le temps rĂ©alistiquement consacrĂ© Ă  l’enquĂȘte par un rĂ©pondant ne permettant pas d’évaluer plus de deux scĂ©narios, trois questionnaires distincts ont Ă©tĂ© construits. Les trois questionnaires possĂšde un socle commun (les questions introductives et l’évaluation de la fermeture).

Ils diffÚrent dans une seconde partie dans laquelle sont évalués des mesures alternatives et leur combinaison dans deux scénarios, différents selon la version du questionnaire (Figure X).

EnquĂȘte 1

EnquĂȘte 2

EnquĂȘte 3

2.7 Administration de l’enquĂȘte

L’administration de l’enquĂȘte via un formulaire en ligne a Ă©tĂ© initialement privilĂ©giĂ©e. Ses avantages sont la large diffusion, le faible coĂ»t, l’anonymat (possible Ă©vitement de biais de posture), et la distance que ce mode d’administration procure avec la problĂ©matique et qui est plus difficilement gardĂ©e lors d’un entretien. Cependant, considĂ©rant que la structure de l’enquĂȘte et les questions sont complexes, que les publics visĂ©s par l’enquĂȘte en ligne sont divers, et que la motivation, possiblement faible, pourrait ĂȘtre dĂ©couragĂ©e par l’interface web, les reprĂ©sentants des professionnels consultĂ©s sur le design de l’enquĂȘte, ont alertĂ©s sur la faible portĂ©e de ce type d’administration auprĂšs des pĂȘcheurs. L’enquĂȘte a donc Ă©tĂ© pensĂ©e pour pouvoir ĂȘtre remplie soit en ligne, soit au cours d’un entretien.

Diffusion

Un flyer invitant Ă  remplir le questionnaire en ligne ou Ă  prendre rendez-vous pour un entretien a Ă©tĂ© diffusĂ© par des partenaires sur des sites internet ou imprimĂ©s puis diffusĂ©s dans des commerces ou des lieux professionnels. L’enquĂȘte en ligne Ă©tait accessible via un QR code et un lien URL, un code informatique developpĂ© par l’entreprise CodeLutin permettant d’alterner les versions du questionnaire au fur et Ă  mesure des connections. DiffĂ©rents acteurs ont Ă©tĂ© contactĂ©s par tĂ©lĂ©phone, mail ou ont directement Ă©tĂ© sollicitĂ©s sur leur lieu de travail. De nombreux dĂ©placements dans des zones portuaires ont permis de rĂ©aliser des entretiens spontanĂ©s avec des pĂȘcheurs ou des professionnels de la filiĂšre. Lorsque que le dĂ©placement Ă©tait impossible, des entretiens ont aussi Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en visio-confĂ©rence ou au tĂ©lĂ©phone. Les entretiens ont Ă©tĂ© menĂ©s par des agents Ifremer et LRU entre juillet 2024 et mars 2025. Les enquĂȘteurs prenaient soin de sĂ©lectionner alternativement une des trois versions du questionnaire.

2.8 Traitement des réponses aux questionnaires

Pour certains entretiens, un enregistrement audio a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avec l’accord des participants pour faciliter la transcription. Afin d’ĂȘtre conforme Ă  la loi RGPD, des autorisations ont Ă©tĂ© signĂ©es (Annexe X). En cas d’entretien enregistrĂ©, la transcription a Ă©tĂ© simplifiĂ©e par l’outil Whisper d’OpenAI.

Données Quantitatives

Pour amĂ©liorer la lisibilitĂ© des rĂ©sultats, des regroupements et des reformulations des catĂ©gories de participants ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Une catĂ©gorie ‘Grand public’ a Ă©tĂ© créée pour regrouper une majoritĂ© de rĂ©pondant cochant la case « Autre » ainsi que la catĂ©gorie “Membre d’une autre ONG / association”, majoritairement des structure de soutien aux mĂ©tiers de la pĂȘche. La catĂ©gorie ‘Gestionnaires’ regroupent des personnes ayant cochĂ© « membre de structure gouvernementales », il s’agit de membre d’institutions ministĂ©rielles, de membre d’OFB ou sans prĂ©cisions. La catĂ©gorie « FiliĂšre » regroupe des professionnels travaillant Ă  la fois en « aval » de la pĂȘche (criĂ©es, mareyeurs, poissonniers, industriels, transporteurs) et en « amont » de la pĂȘche (coopĂ©ratives maritime, chantier naval, mĂ©canicien, fournisseur d’engin de pĂȘche, etc).

Dans le cadre d’entretiens, la rĂ©ponse multiple aux Ă©chelles de Likert a Ă©tĂ© autorisĂ©e afin de permettre d’apporter des nuances comme l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de l’impact (exemple : impact nĂ©gatif pour les pĂȘcheurs et neutre pour les mareyeurs). Sur le questionnaire en ligne, certaines questions ont Ă©tĂ© rendues « obligatoires » via une option du site web. Cela signifie que les participants doivent absolument y rĂ©pondre pour continuer le questionnaire. Le questionnaire est structurĂ© en diffĂ©rentes pages. S’il manque des rĂ©ponses aux questions obligatoires, lors du changement de page, le site renvoie directement aux questions non rĂ©pondues. Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© prise afin de collecter un maximum de rĂ©ponses pour les questions sous forme d’échelle de Likert. Les prĂ©cisions Ă  apporter Ă  ces rĂ©ponses (case Ă  cocher supplĂ©mentaire et partie textuelle) Ă©taient quant Ă  elles facultatives.
Sur le terrain, du fait de la spontanĂ©itĂ© des entretiens qui n’étaient parfois pas programmĂ©s Ă  l’avance, certains rĂ©pondants n’étaient disponibles que pour un temps assez court (10-15min). Dans ce contexte, les enquĂȘteurs ont tentĂ© de poser un maximum de questions dans le temps imparti, mais l’ensemble du questionnaire n’a pas pu ĂȘtre rempli systĂ©matiquement. En ligne, en cas d’abandon du questionnaire, les rĂ©ponses sont Ă©galement enregistrĂ©es par le site web. En ligne comme en entretien, les questionnaires qui n’ont Ă©tĂ© que partiellement remplis ne feront l’objet de rĂ©sultat que pour les questions rĂ©pondues.

Les rĂ©sultats sont restituĂ©s sous forme de graphiques indiquant le nombre de rĂ©pondants ayant sĂ©lectionnĂ© une modalitĂ© de l’échelle de Lickert donnĂ©e. La gamme de couleur est commune Ă  toutes les questions. Les graphs peuvent ĂȘtre dĂ©clinĂ©s par catĂ©gorie d’acteurs. On utilise majoritairement des graphiques “en anneaux” qui reflĂštent la proportion de rĂ©ponses dans chaque modalitĂ©. Des graphiques “en bulles”, dans lesquels la taille des bulles reflĂšte le nombre de rĂ©ponses pour une modalitĂ© donnĂ©e sont privilĂ©giĂ©s quand plusieurs questions doivent ĂȘtre restituĂ©es simultanĂ©ment et comparĂ©es.

La notation de la fermeture et des 6 scĂ©narios alternatifs a donnĂ© lieu Ă  une analyse des consensus ainsi qu’aux points d’accords et de dĂ©saccords sur leurs consĂ©quences Ă©conomiques, sociales et environnementales. La mĂ©thode utilisĂ©e est dĂ©crite dans le livrable 4.2.2.

Données Qualitatives

L’ensemble du contenu qualitatif, les commentaires, les “verbatim”, de l’enquĂȘte, soit dĂ©posĂ©s en ligne soit enregistrĂ© en entretien a Ă©tĂ© regroupĂ© dans des fichiers Excel. La premiĂšre Ă©tape a Ă©tĂ© de le « coder » pour permettre une analyse de redondance des thĂ©matiques abordĂ©es. Le codage, qu’il soit effectuĂ© manuellement ou Ă  l’aide d’un logiciel, consiste Ă  structurer les donnĂ©es en identifiant les thĂšmes abordĂ©s et en les regroupant sous des catĂ©gories nommĂ©es (Table AX). Un codage de «premier ordre» a Ă©tĂ© Ă©tabli sur la base des travaux d’élaboration du questionnaire et d’étude de la littĂ©rature. Il a permis de fixer plusieurs grandes catĂ©gories : - Les consĂ©quences multi-dimensionnelles des mesures et scĂ©narios : Ă©conomiques, sociales, environnementales. - Les parties prenantes clĂ©s : pĂȘcheurs, filiĂšre aval, gestionnaires, scientifiques, sociĂ©tĂ© civile. - Les phases d’un processus de mĂ©diation : controverses, enjeux, solutions. Un codage de «deuxiĂšme ordre» a ensuite Ă©tĂ© Ă©tabli d’aprĂšs les verbatim pour identifier les principaux thĂšmes et sous-thĂšmes abordĂ©s par les parties prenantes. Cela correspond Ă  une Ă©tape d’analyse interprĂ©tative des donnĂ©es. ConcrĂštement, cela revient Ă  fragmenter les verbatim en unitĂ©s de sens (catĂ©gories) que l’on associe Ă  des codes (Trimbur, Plancke, Sibeoni). Une sĂ©rie de logiciels spĂ©cialisĂ©s existent afin d’optimiser cette phase de l’analyse (Nvivo, Altas), ils sont cependant payants pour la plupart. La quantitĂ© de donnĂ©es le permettant, le codage a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  la main par l’un des enquĂȘteurs. Une fois, l’ensemble du texte codĂ© une premiĂšre fois, certaines catĂ©gories ont Ă©tĂ© regroupĂ©es lors d’un deuxiĂšme passage. Enfin, les catĂ©gories ont Ă©tĂ© classĂ©es en aspects nĂ©gatifs et positifs afin de distinguer les deux dans la reprĂ©sentation des rĂ©sultats.

[TODO] : annexer le tableau des catégories.

Afin de prĂ©server l’anonymat des rĂ©pondants, l’ensemble du texte concernant des informations gĂ©ographiques trop prĂ©cises ou des noms propres a Ă©tĂ© retirĂ© des verbatim.

Cette analyse a permis dans un premier temps de recenser les principaux avantages et inconvenients associĂ©s aux mesures et scĂ©narios Ă©valuĂ©s dans l’enquĂȘte. Dans une tentative de hiĂ©rarchisation, on rend compte du nombre d’occurences de chaque catĂ©gorie. Cela dit, cette Ă©valuation ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme quantitative. En effet, les rĂ©pondants n’ont pas Ă©tĂ© formellement intĂ©rrogĂ©s sur ces avantages/inconvĂ©nients et leur pertinence. Il s’agit de thĂšmes abordĂ©s spontanĂ©ment par les rĂ©pondants et leur Ă©vocation depend probablement de nombreux facteurs contextuels (temps dĂ©diĂ© Ă  l’enquĂȘte, personnalitĂ©).

Dans un second temps, les verbatim ont Ă©tĂ© exploitĂ©s afin de collecter des informations sur 4 aspects extĂ©rieurs aux objectifs de l’enquĂȘte mais d’intĂ©rĂȘt pour la problĂ©matique des CA et d’une gestion durable des pĂȘches : i) le contexte et les causes des CA; ii) les controverses et iii) les enjeux associĂ©s au problĂšme et iv) les solutions. LĂ  encore, il s’agit d’une explioitation opportuniste des verbatim et l’enquĂȘte n’a pas Ă©tĂ© construite avec l’objectif d’informer ces questions, les rĂ©sultats doivent donc ĂȘtre traitĂ©s avec prĂ©caution. Ces codages ont toutefois permis d’organiser les donnĂ©es pour faciliter leur lecture mais Ă©galement de formaliser des questions Ă  rĂ©soudre (principales controverses, enjeux problĂ©matiques) et des propositions de solutions.

3 Résultats

3.1 CaractĂ©risation de l’échantillon et reprĂ©sentativitĂ© de la population de pĂȘcheurs

On dĂ©nombre 262 formulaires, dont certains inexploitables ce qui rapporte Ă  248 le nombre de questionnaires. Parmi cela, 117 ont Ă©tĂ© remplis au cours d’un entretien et 131 en ligne.

3.1.1 Acteurs prĂ©sents dans l’échantillon

La catĂ©gorie d’acteurs la plus reprĂ©sentĂ©e est celles des pĂȘcheurs (81) puis des scientifiques (37). La majoritĂ© des rĂ©ponses du “grand public” sont issus d’enquĂȘtes de terrain rĂ©alisĂ©es dans le cadre de 2 Ă©vĂšnements public auxquels l’UniversitĂ© de La Rochelle Ă©tait prĂ©sente : Les journĂ©es du port de La Rochelle et la fĂȘte de la science. L’échantillon est trĂšs petit au vu de la population et considĂ©rĂ© globalement non exploitable. La catĂ©gorie suivante la plus enquĂȘtĂ©e est celles des associations environnementales (28). Il y a moins de rĂ©ponses par mĂ©tiers concernant les filiĂšres amont et aval de la production (entre 6 et 16) mais en cumulĂ© ils sont 57. Enfin 9 membres de structures grouvernementales ont rĂ©pondu au questionnaire.

Les rĂ©ponses en ligne sont majoritaires pour les scientifiques et les ONGs, mais comme attendu, les entretiens ont permis de recueillir la majoritĂ© des rĂ©ponses des pĂȘcheurs (plus de 60) et dans une moindre mesure de la filiĂšre.

Les rĂ©ponses se rĂ©partissent assez bien entre les 3 versions du questionnaire. MĂȘme si la distribution n’est pas strictement Ă©gale par catĂ©gorie d’acteurs. On remarque notamment une sur reprĂ©sentation du questionnaire 2 auprĂšs des pĂȘcheurs et une sous reprĂ©sentation du 1 auprĂšs des structures gouvernementales.

3.1.2 Ages des participants

3.1.3 Echantillon de pĂȘcheurs

En ce qui concerne l’échantillon de pĂȘcheurs interrogĂ©s, des dĂ©tails sont disponibles concernant les mĂ©tiers principaux, la rĂ©gion et le quartier maritime de la personne interrogĂ©e, ainsi que les espĂšces principalement ciblĂ©es et les engins pratiquĂ©s. Le nombre de rĂ©pondants par catĂ©gorie est prĂ©sentĂ© ci-dessous.

Etant donnĂ© le caractĂšre opportuniste et anonyme de l’enquĂȘte, la representativitĂ© de l’échantillon des “pĂȘcheurs” par rapport Ă  l’ensemble des pĂȘcheurs en activitĂ© dans le Golfe de Gascogne n’est pas garantie et ne peut pas ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e formellement. Pour l’enquĂȘte, la reprĂ©sentativitĂ© n’était pas un objectif, et on cherchait principalement Ă  rendre compte de la diversitĂ© des opinions, et potentiellement Ă  mettre en Ă©vidence le lien entre perceptions et activitĂ©. NĂ©anmoins, Ă  titre informatif, on propose d’évaluer si la diversitĂ© des activitĂ©s, rĂ©gions, engins du Golfe de Gascogne est bien prĂ©sente dans l’échantillon, et pour ce faire, on compare ci-dessous, les informations fournies par l’échantillon des personnes interrogĂ©es s’étant dĂ©clarĂ©es comme “pĂȘcheur” avec certaines caractĂ©ristiques de la population des navires pĂȘchants dans le GdG en 2022, telle qu’identifiĂ©e dans le WP3 de DELMOGES (L 3.1.1) et recensĂ©es dans le fichier FPC pour 2023 (Ifremer-SIH). Ces comparaisons sont Ă  traiter avec prĂ©caution pour plusieurs raisons : 1) les rĂ©pondants sont des matelots, patrons, armateurs, pĂȘcheurs retraitĂ©s, leur nombre n’est pas comparable avec un nombre de navires en activitĂ© en 2023 pour lequel la taille d’équipage peut varier de 1 Ă  10 et plus. 2) On utilise une liste de navires Ă©tablie en 2022 et les informations relatives Ă  l’annĂ©e 2023 du FPC pour des raisons de disponibilitĂ© de donnĂ©es, or l’enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2024 et 2025. 3) Il a Ă©tĂ© demandĂ© aux rĂ©pondants le type d’activitĂ© pratiquĂ©e de dĂ©cembre Ă  mars, et non toute l’annĂ©e et des hypothĂšses ont Ă©tĂ© faites pour les rapprocher des segments de flottille attribuĂ©es aux navires annuellement par l’Ifremer (SIH). 4) Certains pĂȘcheurs ont pu dĂ©clarer plusieurs engins, quartiers maritimes, type de mĂ©tiers
 s’ils en exercent ou en ont exercĂ© plusieurs dans leur carriĂšre, on les comptabilise comme autant des rĂ©ponses supplĂ©mentaires.

Flottilles

Flottilles par Zones

Quartiers maritimes

Les quartiers maritimes (QAM) du finistĂšre sud sont sur-reprĂ©sentĂ©s dans l’échantillon. C’est le cas aussi de Bayonne. En revanche, les pays de la Loire et le reste de la nouvelle Aquitaine sont sous-reprĂ©sentĂ©s Ă  l’exception d’OlĂ©ron et de l’ile d’Yeu. Certains rĂ©pondants ont possiblement indiquĂ© le quartier maritime d’exploitation alors que le FPC renseigne le QAM d’immatriculation. Cela pourrait expliquer que les QAM de Saint Gilles Croix de Vie, Le Croisic et la Turballe soient prĂ©sents dans l’échantillon et non dans la population. ces rĂ©pondants sont possiblement immatriculĂ©s Ă  Saint-Nazaire expliquant l’absence de reprĂ©sentation de ce QAM pourtant important dans la population. Les ports de Bretagne Nord n’ont pas Ă©tĂ© visitĂ©s par les enquĂȘteurs, bien que certains navires pĂȘchent dans le Golfe de Gascogne.

EspĂšces cibles

Zones de pĂȘche

En terme de rayon d’action, la majoritĂ© des rĂ©pondants travaillent en zone cĂŽtiĂšre (<12mn) ou sont mixtes (cĂŽte et large), ce qui est aussi le cas des navires du Golfe de Gascogne. La proportion des pĂȘcheurs interrogĂ©s pĂȘchant exclusivement au delĂ  des 12 mn est un peu supĂ©rieure Ă  celle des navires identifiĂ©s comme travaillant au large.

Engins de pĂȘche

Des dĂ©tails sur les engins de de pĂȘche prĂ©cis sont disponibles dans l’enquĂȘte et dans le fichier FPC, cela dit pour simplifier on compare l’échantillon enquĂȘtĂ© et la population par grands types d’engins (casiers, filets, chaluts de fond
). On compare la frĂ©quence des types d’engins de pĂȘche dĂ©clarĂ©s par les participants Ă  l’enquĂȘte avec la frĂ©quence des types d’engins utilisĂ©s par la population de navires du Golfe de Gascogne. Cette derniĂšre est dĂ©rivĂ©e des deux principaux engins identifiĂ©s pour chaque navire du Golfe et reportĂ©s dans le fichier FPC du SIH.

Comme dans la population de navires, le type d’engin le plus pratiquĂ© par les rĂ©pondants est le filet. Les engins pĂ©lagiques sont aussi bien reprĂ©sentĂ©s au regard de leur faible proportion dans la population. Il s’agit des deux types d’engins concernĂ©s par la fermeture, ce qui explique le sur-Ă©chantillonnage. Les chaluts de fond et casiers sont Ă©galement bien prĂ©sents dans les rĂ©ponses des enquĂȘtĂ©s, pratiquement dans la mĂȘme proportion que dans la population de navires. En revanche, il y proportionellement peu de rĂ©pondants pratiquant la drague et les lignes au regard de leur importance en nombre de navires.

3.1.4 Réponses qualitatives

Un grand nombre de commentaires sont disponibles pour compléter les évaluations quantitatives. Comme attendu, la majorité de ces commentaires proviennent des entretiens et moins de 20% des formulaires en ligne.

3.2 Perceptions de la fermeture du golfe de Gascogne

223 enquĂȘtĂ©s ont rĂ©pondu aux questions concernant la fermeture du Golfe mise en place en 2024 et 2025 (dont 75 pĂȘcheurs, 42 personnes travaillant dans la filiĂšre pĂȘche, 26 scientifiques, 26 membres d’ONGs et 9 membres de structures gouvernementales).

3.2.1 Avis général sur la fermeture

Avis général

La majoritĂ© des avis concernant la fermeture sont “trĂšs dĂ©favorables” (69 personnes). Le deuxiĂšme avis le plus exprimĂ© est “favorable” (54 personnes). Les avis trĂšs favorables sont moins nombreux (31), c’est Ă  dire du mĂȘme ordre de grandeur que le nombre d’avis “dĂ©favorables” (34). 21 personnes ne se prononcent pas et 14 seulement sont neutres. Le cumul des avis nĂ©gatifs (103) est supĂ©rieur au cumul des avis positifs (85).

Par acteur

L’avis par catĂ©gorie d’acteurs, fait apparaitre des perceptions beaucoup plus tranchĂ©es et une opposition attendue entre professionnels du secteur d’une part et scientifiques et ONG de l’autre. NĂ©anmoins, hormis dans la catĂ©gorie des reprĂ©sentants des pĂȘcheurs, les avis ne sont pas unamymement positifs ou nĂ©gatifs, notamment au sein du groupe “PĂȘcheurs”.

Par flottille (pĂȘcheurs seulement)

Une plus grande homogĂ©nĂ©itĂ© d’avis est retrouvĂ©e si on dĂ©taille les rĂ©ponses des pĂȘcheurs par flottille, avec un contraste plus net entre d’une part, les professionnels pratiquant les engins pĂ©lagiques, le filet, le chalut de fond, trĂšs majoritairement dĂ©favorables Ă  la fermeture et d’autre part, les ligneurs, caseyeurs et polyvalents, plus favorables. Ainsi les flottilles concernĂ©es sont trĂšs dĂ©favorables, mais les chalutiers de fond et les fileyeurs de moins de 8m Ă©galement, bien qu’ils ne soient pas impactĂ©s directement.

Par rĂ©gion (pĂȘcheurs seulement)

L’apparent gradient Nord-Sud rĂ©sulte plutĂŽt de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des flottilles interrogĂ©es entre nord et sud. On a interrogĂ© moins de rĂ©pondants concernĂ©s par la fermeture en Bretagne qu’ailleurs. Cela dit les rĂ©ponses qualitatives tĂ©moignent d’une opposition entre rĂ©gions, les pĂȘcheurs considĂ©rant que les captures accidentelles ont lieu dans d’autres zones que les leurs et que toute la façade est pĂ©nalisĂ©e injustement.

3.2.2 Perceptions générales des conséquences de la fermeture sur les différentes dimensions

La majoritĂ© des enquĂȘtĂ©s perçoivent des consĂ©quences Ă©conomiques et sociales nĂ©gatives et des consĂ©quences Ă©cologiques positives. Cette cohĂ©rence contraste avec la perception globale de la mesure qui montrait une forte opposition entre professionnels de la mer d’une part et scientifiques et ONG de l’autre.Ce rĂ©sultat important tĂ©moigne de la cohĂ©rence de perception des consĂ©quences entre les acteurs lorsque l’on dĂ©taille les dimensions considĂ©rĂ©es. Ceci indique que les divergences de point de vue ne sont pas dues Ă  une comprĂ©hension diffĂ©rente des consĂ©quences de la fermeture mais Ă  une pondĂ©ration diffĂ©rente des critĂšres et de l’acceptabilitĂ© des contraintes engendrĂ©es au vu des bĂ©nĂ©fices.

3.2.3 Perceptions des conséquences économiques

Par catĂ©gorie d’acteur

La perception de consĂ©quences Ă©conomiques de la fermeture est globalement bien partagĂ©e, avec quelque soit le type d’acteur plus de 70% de perception neutre ou nĂ©gative et donc moins de 30% qui envisagent des consĂ©quences positives. Etonnement, la proportion des pĂȘcheurs qui perçoivent des consĂ©quences positives est assez Ă©levĂ©e (17%) et proche de celle des ONGs et des scientifiques (23% et 19%). Elle est supĂ©rieure Ă  celle des autres acteurs de la filiĂšre (10%) mais bien infĂ©rieure Ă  celle des gestionnaires et du grand public (29 et 30%). Au contraire des divergences de perception apparaissent clairement entre acteurs sur le dĂ©grĂ© d’impact nĂ©gatif : les professionnels les jugeant majoritairement nĂ©gatives ou trĂšs nĂ©gatives quand les autres acteurs les estiment majoritairement nĂ©gatives ou nulles. La position des reprĂ©sentants de professionnels est la seule Ă  ĂȘtre unanimement trĂšs nĂ©gative et contraste avec la diversitĂ© des rĂ©ponses des pĂȘcheurs. L’interprĂ©tation doit ĂȘtre nuancĂ©e par deux aspects : 1) le faible nombre de personnes interrogĂ©es dans cette catĂ©gorie, et 2) le fait qu’elles ont possiblement rĂ©pondu en tant que porte-parole des pĂȘcheurs plutĂŽt qu’à titre personnel et ainsi logiquement, les rĂ©ponses reflĂštent l’opinion majoritaire parmi les pĂȘcheurs.

Métiers perçus comme les plus impactés

Les mĂ©tiers perçus comme les plus impactĂ©s nĂ©gativement sont (dans l’ordre) les mareyeurs, les pĂȘcheurs et les poissonniers, la filiĂšre amont et les transporteurs. Ceux sont cependant aussi ceux pour lesquelles des consĂ©quences positives sont le plus souvent identifiĂ©es. Les restaurateurs et les criĂ©es sont moins souvent identifiĂ©es, avec comme particularitĂ© pour les criĂ©es, l’absence d’avis d’impact positif. Cela dit l’agrĂ©gation des rĂ©ponses ne permet pas de comprendre les raisonnements des rĂ©pondants et l’analyse des commentaires est ici trĂšs informative.

Précisions apportées en commentaire

Les trois aspects nĂ©gatifs majoritaires mentionnĂ©es en commentaire concernent directement les poissonniers et mareyeurs : manque d’approvisionnement, inĂ©quitĂ© entre mĂ©tiers, hausse des prix. Le sentiment que le reste de la filiĂšre devrait bĂ©nĂ©ficier du mĂȘme niveau d’indemnisation que les pĂȘcheurs est souvent exprimĂ©. Ce sont aussi des arguments reconnus par les ONG, les gestionnaires et les scientifiques d’aprĂšs les rĂ©sultats de l’enquĂȘte. Les perceptions de consĂ©quences positives sont motivĂ©es par le bon niveau d’indemnisation ou la compensation des pertes via la hausse des prix ou le report d’activitĂ© et le maintien de l’approvisionnement par les autres flottilles. Elles sont citĂ©es par toutes les catĂ©gories d’acteurs.

Plus de prĂ©cision sur ces perceptions Ă©merge de l’analyse des verbatim. Il apparait tout d’abord important de remarquer que l’impact Ă©conomique a Ă©tĂ© perçu comme trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne en fonction des zones du golfe, des mĂ©tiers pratiquĂ©s ou des maillons la filiĂšre pĂȘche considĂ©rĂ©s. Ceci est dĂ» d’une part, Ă  la pĂ©riode Ă  laquelle intervient l’arrĂȘt (20 janvier-21 fĂ©vrier). Des pĂȘcheurs et des mareyeurs du sud du golfe et de Bretagne ont indiquĂ© que la fermeture intervenait lors d’une pĂ©riode plutĂŽt calme pour la chaĂźne de production, en grande partie en raison des tempĂȘtes hivernales qui contraignent les plus petites unitĂ©s de pĂȘche Ă  rester Ă  quai. En revanche, dans d’autres ports ou d’autres flottilles, le discours est radicalement opposĂ©. « En fĂ©vrier on triple habituellement son salaire ». Le dĂ©but d’annĂ©e semble ĂȘtre la pĂ©riode la plus rentable pour les navires qui ciblent des espĂšces Ă  forte valeur commerciale comme la sole.

Il a Ă©tĂ© exprimĂ© que le calcul de l’indemnisation avait plus bĂ©nĂ©ficiĂ© aux plus gros armements qu’aux petits, qui ont un chiffre d’affaire plus alĂ©atoire, en raison notamment de leur dĂ©pendance aux conditions mĂ©tĂ©o. « Les gros bateaux sortent par tous les temps donc l’indemnitĂ© est forcĂ©ment calculĂ©e sur une bonne annĂ©e. ». A l’échelle des ports du golfe, on retrouve souvent une organisation par mĂ©tiers principaux pratiquĂ©s, les professionnels ont tĂ©moignĂ©s d’un impact diffĂ©rent pour les ports majoritairement constituĂ©s de pĂȘcheurs pratiquants des engins arrĂȘtĂ©s (GTR, GNS, OTM, PTM, PS) et les autres. « Les ports qui pratiquent des pĂȘches plutĂŽt raisonnĂ©es, comme nous, avec des petites unitĂ©s, avec des techniques qui sont peu impactantes ou moins impactantes pour la ressource, on Ă©tĂ© trĂšs impactĂ©s. Alors que des ports qui sont axĂ©s sur le chalutage Ă  bloc, aujourd’hui, ont Ă©tĂ© trĂšs peu impactĂ©s. »

Beaucoup de personne enquĂȘtĂ©es se sont exprimĂ©es pour indiquer que les activitĂ©s de la filiĂšre aval avaient Ă©tĂ© plus impactĂ©es que les producteurs, avec comme raison principale un manque d’approvisionnement. Des entreprises ont confiĂ© ne pas avoir eu assez de poisson pour travailler correctement, donc une activitĂ© rĂ©duite. Des employĂ©s de criĂ©e et des mareyeurs ont expliquĂ© que mĂȘme avec peu d’approvisionnement certaines charges Ă©conomiques restaient constantes creusant ainsi la marge de rentabilitĂ©. « Ils ont eu les mĂȘmes frais avec 1 tonne de marchandises qu’avec les 10 tonnes habituelles. ». Des restaurateurs qui travaillent avec les produits de la mer en local, ont Ă©galement subi des pĂ©nuries.L’allĂ©gement des volumes dans la chaĂźne d’approvisionnement a Ă©galement posĂ© la question de la rentabilitĂ© des entreprises de transport de produits frais. En effet, en dessous d’un certain volume, il n’est plus rentable de faire circuler des unitĂ©s de transports «On ne peut pas envoyer un camion avec 5 kilos.»

La plus faible disponibilitĂ© des produits phares de la pĂȘche en hiver a eu pour consĂ©quences une hausse de prix selon les personnes ayant rĂ©pondu Ă  l’enquĂȘte. Cette hausse a permis Ă  des entreprises de compenser le manque de volume « Nous faisons environ 1600 tonnes par an, et Ă  cette date, comparĂ© aux autres annĂ©es, je suis Ă  110 tonnes de moins pour une valeur Ă©quivalente. ». Les pĂȘcheurs qui n’étaient pas arrĂȘtĂ©s pendant la fermeture ont Ă©galement pu bĂ©nĂ©ficier de cette forte demande pour dĂ©gager plus de marges. « Les chalutiers qui sont sortis pendant la fermeture se sont frottĂ©s les mains et ont vendu assez cher leur poisson. ». En revanche, cette hausse peut ĂȘtre perçue nĂ©gativement par les acheteurs qui ont dĂ» faire des efforts pour se fournir en produits de la mer, soit du cĂŽtĂ© des clients professionnels en criĂ©e soit pour le consommateur. La concurrence entre les acheteurs s’est fait parfois ressentir « Nous nous sommes retrouvĂ©s avec beaucoup d’acheteurs. Donc nos acheteurs locaux se sont retrouvĂ©s avec moins de produit et il l’ont achetĂ© beaucoup plus cher. Les poissonniers aussi, ils se sont retrouvĂ©s face Ă  des prix qu’ils ne pouvaient pas suivre. ». Selon des pĂȘcheurs, les prix hauts se seraient mĂȘme maintenus plus tard dans la saison pour des espĂšces comme la sole ou le merlu « En 2024 le prix est restĂ© Ă  18/19 euros sans tomber vers 10 euros comme les autres annĂ©es. »

Une thĂ©matique trĂšs souvent abordĂ©e est celle de la perte de marchĂ© pour les entreprises du secteur des produits de la mer. En effet, beaucoup de professionnels et de pĂȘcheurs ont tĂ©moignĂ© craindre de voir les acheteurs de poisson s’orienter vers d’autres marchĂ©s en France, en Europe ou mĂȘme hors Europe. En prĂ©cisant qu’il Ă©tait possible que les acheteurs, Ă©tant satisfaits de produits qu’ils avaient trouvĂ©s ailleurs, ne reviennent plus se fournir dans le golfe Gascogne pendant cette pĂ©riode. Certains Ă©voquent comme exemple l’épisode de la crise l’anchois en indiquant que certains produits de la pĂȘche sont Ă©galement disponibles ailleurs avec plus de sĂ©curitĂ© d’approvisionnement. « Les clients habituĂ©s des criĂ©es qui ont subi la fermeture se sont reportĂ©s sur d’autres criĂ©es et s’ils ont trouvĂ© de meilleurs prix alors ils ne reviendront pas, donc c’est une perte de marchĂ©. Certains mareyeurs et poissonniers se sont reportĂ©s sur des grosses criĂ©es comme Boulogne sur mer, ils font des achats groupĂ©s. Le circuit a Ă©tĂ© modifiĂ©. »

En entretien, comm en ligne, des rĂ©pondants ont fait allusion directement Ă  une concurrence accrue avec la pĂȘche Ă©trangĂšre ou encore l’aquaculture, en citant d’autres pays importateurs de produits de la mer en Manche, en Mer du Nord, en MĂ©diterranĂ©e, AmĂ©rique du Sud, ou encore dans d’autres partie du globe. «L’apport a Ă©tĂ© stoppĂ© pendant 1 mois, donc les acheteurs ont tissĂ© des relations de confiance avec les fournisseurs Ă©trangers ». Face Ă  la nĂ©cessitĂ© de s’adapter Ă  ce manque d’approvisionnement, les mareyeurs ont continuĂ© leur activitĂ© avec des produits Ă©trangers « Les mareyeurs ont, soit des contacts directement dans les pays nordiques, soit ils passent par des sociĂ©tĂ©s qui vont s’occuper de faire des commandes pour des clients français. Les commandes sont acheminĂ©es via le port de Boulogne ou par camion via le Royaume-Uni. »

L’efficacitĂ© du systĂšme d’indemnisation est dĂ©battue au sein du panel de rĂ©pondants. Pour une partie du panel composĂ©e principalement de pĂȘcheurs, le calcul d’indemnitĂ© n’était pas correct notamment si les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes n’avaient pas permis de dĂ©gager un chiffre d’affaires suffisant. Ceci pour des raisons soit de mĂ©tĂ©o, ou des raisons techniques qui avaient par exemple empĂȘchĂ© des navires d’aller en mer. Cette fermeture est donc synonyme de perte financiĂšre pour les pĂȘcheurs arrĂȘtĂ©s. Tandis que pour d’autres, l’indemnitĂ© a relativement bien couvert les pertes. Surtout quand certaines charges Ă©taient absentes prĂ©cisent certains : «Je pense que les pĂȘcheurs n’ont pas perdu d’argent, grĂące aux indemnitĂ©s, car ils n’avaient pas de frais annexes comme le gazole par exemple. ». D’autres encore s’expriment en expliquant que des pĂȘcheurs ont potentiellement gagnĂ© plus que les autres saisons. « Franchement je te le dis que certains ont Ă©tĂ© vraiment contents. Ils ont touchĂ© une plus grosse enveloppe avec les aides qu’ils n’auraient pĂȘchĂ© sĂ»rement pendant cette fermeture lĂ . »

D’autres inconvĂ©nients ont Ă©tĂ© relevĂ©s par les participants comme des dĂ©lais importants de versement « Nous avons Ă©tĂ© indemnisĂ©s le 7 juin, qui accepterait d’ĂȘtre payĂ© avec 5 mois de retard ? » ou la complexitĂ© des dĂ©marches pour ĂȘtre indemnisĂ©.

Des personnes enquĂȘtĂ©es se sont Ă©galement exprimĂ©s sur le coĂ»t Ă©levĂ© de cet arrĂȘt pour l’état français ou le « contribuable ». Des professionnels dĂ©plorent le fait qu’une bonne partie de la filiĂšre aval et amont n’ait pas eu la possibilitĂ© d’ĂȘtre indemnisĂ©e par l’état, en expliquant qu’il n’est pas normal d’indemniser uniquement une partie de la filiĂšre pĂȘche, alors que chaque profession a Ă©tĂ© touchĂ©e. Des marins auraient apprĂ©ciĂ© de profiter de la pĂ©riode d’arrĂȘt pour rĂ©aliser des travaux sur les navires dans les chantiers, mais une des conditions de l’arrĂȘtĂ© interdisaient les travaux majeurs. Cette interdiction s’est rĂ©percutĂ©e sur l’activitĂ© des entreprises de travaux et chantiers navals. « Les mĂ©caniciens et les chantiers se sont retrouvĂ©s arrĂȘtĂ©s du jour au lendemain sans capacitĂ© de reporter. » Quelques verbatim laissent sous-entendre que des petits travaux marginaux d’entretiens ont pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©s. 13 enquĂȘtes, ont Ă©voquĂ©s que des problĂšmes supplĂ©mentaires Ă©taient survenus ou pourraient survenir et aggraver les consĂ©quences de la fermeture. Notamment en 2024, oĂč les conditions mĂ©tĂ©o n’ont pas Ă©tĂ© idĂ©ales Ă  la rĂ©ouverture, forçant certains navires Ă  rester plusieurs semaines de plus Ă  quai. Des pannes avant ou aprĂšs l’arrĂȘt ont Ă©galement pu prolonger la durĂ©e Ă  quai, affaiblissant les plus petites entreprises ayant une trĂ©sorerie limitĂ©e. Enfin, l’impact sur le consommateur est Ă©galement dĂ©battu par les acteurs. Des mareyeurs ont indiquĂ© que l’arrĂȘt Ă©tait l’occasion de sensibiliser les consommateurs de poisson afin de leur expliquer les enjeux actuels de la pĂȘche. D’autres constatent un dĂ©sintĂ©rĂȘt croissant pour les produits de la mer français « D’un point de vue gĂ©nĂ©ral, la filiĂšre est en train de mourir car les gens ne consomment plus de poisson frais, mais des filets sous vides de supermarchĂ©. »

3.2.4 Perception de l’efficacitĂ© de rĂ©duction des captures accidentelles

La majoritĂ© des personnes interrogĂ©es pensent que la fermeture est efficace, seuls 33 personnes ont dĂ©clarĂ© des effets nĂ©gatifs sur les populations de dauphins. Cependant on note un nombre important d’avis “neutre” (47) c’est Ă  dire des personnes qui pensent que la fermeture n’a pas d’effet sur la rĂ©duction des CA. Enfin il y a Ă©galement de nombreuses personnes indĂ©cises (38) qui n’ont pas souhaitĂ© exprimer d’avis.

Par acteur

Les perceptions d’impact nĂ©gatif de la fermeture sur les CA, proviennent majoritairement de pĂȘcheurs, de leurs reprĂ©sentant, de la filiĂšre. NĂ©anmoins pour ces catĂ©gories la rĂ©ponse majoritaire est “neutre” indiquant que beaucoup pensent que la fermeture n’a pas d’effet. Il y a Ă©galement beaucoup de personnes indĂ©cises dans ces catĂ©gories. Les ONGs, scientifiques et gestionnaires, eux, en grande majoritĂ© pensent que la fermeture a permis la rĂ©duction des CA.

PrĂ©cisions sur l’efficacitĂ© de rĂ©duction des captures accidentelles

Peu de verbatim traitent des effets positifs de la fermeture sur la rĂ©duction des CA. Ils reposent soit sur la logique : “moins de navires moins de CA”, soit sur les donnĂ©es publiĂ©es : “EfficacitĂ© : Je dirais positif. Parce que les chiffres le montrent. Il y a beaucoup moins de traces de capture pendant cette pĂ©riode-lĂ . C’est sĂ»r qu’un mois d’arrĂȘt, pendant ce temps, tu n’as pas de bycatch, quoi. ” , “À partir du moment oĂč il y a moins de navires en mer, c’est sĂ»r qu’il y a moins de captures de cĂ©tacĂ©s.”.

Les tĂ©moignages d’effets nĂ©gatifs ou nuls de la fermeture viennent principalement des pĂȘcheurs et de la filiĂšre. L’augmentation des Ă©chouages pendant la fermeture est souvent interprĂ©tĂ©e comme un signe d’inefficacitĂ© et crĂ©e de la suspicion chez les pĂȘcheurs : “Les premiĂšres analyses qu’on a vu au comptage c’est qu’il y avait autant de dauphins Ă©chouĂ©s. Sur le site du gouvernement il n’y avait pas de variation. On nous sort qu’on a capturĂ© 4 fois moins de dauphins, je n’y crois pas du tout.”. Les commentaires nous montrent que certains ne contestent pas l’efficacitĂ© de la mesure pour rĂ©duire les CA, mais la nĂ©cessitĂ© de le faire : “EfficacitĂ© : Ça a sĂ»rement rĂ©duit, mais il s’est reproduit encore plus. Une espĂšce qui n’a pas de prĂ©dateurs elle fait quoi ? Fait que d’augmenter. Si vous arrĂȘtez totalement la pĂȘche, il n’y aura plus les marins pĂȘcheurs pour les supprimer, enfin pour rĂ©duire le nombre, il n’y en aura que de plus en plus. Donc ca a rĂ©duit mais il y avait pas besoin.”. En effet, la perception que l’abondance des dauphins est Ă©levĂ©e et a beaucoup augmentĂ©e est trĂšs rĂ©pandue : “Franchement on en voit partout. Faire une journĂ©e sans voir des dauphins c’est rare alors qu’avant on avait une saison oĂč on voyait beaucoup de dauphins. Maintenant les dauphins ils sont prĂ©sents toute l’annĂ©e et en quantitĂ©. Ça fait 15 ans que je fais la pĂȘche et en annĂ©e il y en a de plus en plus.”. Nombreuses personnes intĂ©rrogĂ©es expliquent que les CA sont proportionnelles Ă  l’abondance et/ou qu’elles ne sont pas une menace pour le maintien de la population : “C’est pas avec ce qu’ils pĂȘchent de dauphins que cela met l’espĂšce en danger. ”, “Tous mes clients me racontent la mĂȘme chose c’est l’abondance des dauphins depuis quelques annĂ©es et ils ne croient pas aux Ă©tudes sur le risque pour l’espĂšce.”, “AprĂšs, il y a de plus en plus de dauphins aussi. En tout cas, on en voit toute l’annĂ©e maintenant. Plus il y en a, plus il y a de pĂȘche accidentelles, je suppose.”.

D’autres tĂ©moignages, invoquent des raisons autres que la pĂȘche (du moins autre que la pĂȘche artisanale française) pour expliquer l’augmentation des Ă©chouages voire les captures d’individus morts dans les filets (catĂ©gorie “Autres problĂšmes pour les cĂ©tacĂ©s” : mort naturelle, maladies, parasitisme, disponibilitĂ© en nourriture, mauvais temps, pollution, pollution acoustique (ondes radars etc.), autres activitĂ©s en mer, notamment concurrence spatiale au large avec le transport, exploitation pĂ©troliĂšre, granulats, Ă©olien, navires usines, flottilles espagnoles, conchyliculture
). Certains dĂ©plorent que les actions de prĂ©servation ne visent que la pĂȘche et pas des causes possibles plus indirectes “Il y a aussi beaucoup de causes environnementales [
] qui font que les cĂ©tacĂ©s perdent leurs repĂšres. Parce qu’on ne sait pas finalement quand ils se prennent dans les filets, s’ils sont dĂ©jĂ  morts, pas dĂ©jĂ  morts, s’ils sont malades, on n’en sait finalement, strictement rien. Donc, une fois de plus, on s’en prend Ă  la partie la plus facile Ă  rĂ©glementer pour ne pas regarder le reste. ”.

De nombreux verbatim remettent en question les estimations scientifiques explicitement, la connaissance des niveaux de population, les mĂ©thodes d’estimation de l’abondance et de la mortalitĂ© par CA de dauphins sont dĂ©battues mais aussi la transparence et l’objectivitĂ© des organismes de recherche en charge. “Je ne crois pas leurs estimations [de captures accidentelles].” “C’est surtout pour ça que je critique la dĂ©marche, c’est qu’il n’y a aucune Ă©tude de faite sur la population !”, “Et lĂ , on a eu la fermeture, et les rĂ©sultats, je crois qu’ils n’y sont mĂȘme pas. Ils essayent de les arranger un peu Ă  leur sauce ”.

Enfin des pĂȘcheurs mais aussi des scientifiques et ONGs pensent que la fermeture est trop courte pour avoir un impact et nombreux craignent que le report d’effort annule les bĂ©nĂ©fices sur la mortalitĂ© des dauphins : “Les avis du CIEM disent que la fermeture ne sert pas Ă  grand chose en dessous de 2 mois, donc je suis leur avis.”, “En fait, dĂšs qu’on est autorisĂ© Ă  ressortir, c’est Ă©galement pire pour les dauphins
 Toute le monde sort pĂ©cher sur les carrĂ©s (NdA: la zone Ă  problĂšme pour les dauphins) ”.

Plusieurs catĂ©gories de verbatim frĂ©quentes tĂ©moignent d’un sentiment de manque de connaissances sur le phĂ©nomĂšne pour pouvoir se prononcer ou du besoin d’une dĂ©monstration de l’efficacitĂ© de la fermeture (il est possible qu’ils aient Ă©tĂ© recueillis avant la publication des chiffres 2024).

Enfin, on retrouve dans toutes les catĂ©gories Ă  part les ONGs, des commentaires sur le besoin de tester les effaroucheurs et le fait que la fermeture a pu retarder les tests : “Il n’y a mĂȘme pas eu un an de test ! On nous a tous Ă©quipĂ©s, en nous disant que si on Ă©tait Ă©quipĂ©s, on ne serait pas fermĂ©s, et au final, on a tous Ă©tĂ© fermĂ©s.[
] La fermeture ne rime Ă  rien, il faut que les navires aillent en mer pour faire des essais.”

3.2.5 Perceptions des autres conséquences environnementales de la fermeture

Il y a un assez fort concensus sur les effets positifs, voire trĂšs positifs, de l’arrĂȘt de la pĂȘche sur l’écosystĂšme marin. Les bbĂ©nĂ©fices sur les espĂšces cibles, ainsi protĂ©gĂ©es en pĂ©riode de reproduction (sole, bar, lieu) sont le plus frĂ©quemment citĂ©s notamment par les pĂȘcheurs. Les autres acteurs, particuliĂšrement les ONGs supposent Ă©galement des bĂ©nĂ©fices pour l’ensemble de l’écosystĂšme et notamment les captures accidentelles d’autres espĂšces protĂ©gĂ©es.
NĂ©anmoins 32 rĂ©pondants ne se prononcent pas et 63 pensent que les effets sont nĂ©gatifs ou nuls. Ces avis sont motivĂ©s par la courte durĂ©e de la fermeture, le fait que les flottilles toujours en activitĂ© ont un impact environnemental non nul (chalut de fond sur les habitats benthiques, palangres sur les oiseaux
) ou parce que le report et la concentration de l’effort avant ou aprĂšs la fermeture pourrait annuler les bĂ©nĂ©fices voire empirer l’état des stocks et de la biodiversitĂ©.

Par acteurs

Les scientifiques, gestionnaires et ONGs pensent unanimement que les effets de la fermeture sont positifs, trĂšs peu de rĂ©pondants de ces catĂ©gories les pensent nuls ou sont indĂ©cis. Au contraire, mĂȘme s’ils ne sont pas majoritaires, l’indĂ©cision est forte chez les pĂȘcheurs, la filiĂšre et le grand public. C’est au sein de ces catĂ©gories que l’ont retrouve aussi les avis d’effets dĂ©lĂ©taires de la fermeture sur l’environnment.

Précisions apportées en commentaire

La thĂ©matique la plus abordĂ©e concernant les avantages environnementaux de fermeture est qu’elle semble pouvoir bĂ©nĂ©ficier aux ressources halieutiques. Des rĂ©pondants issus de diffĂ©rents groupes d’acteurs expliquant que mĂȘme s’il Ă©tait difficile de le ressentir sur le court therme, un arrĂȘt temporaire des engins soumis Ă  la fermeture pourrait bĂ©nĂ©ficier aux stocks exploitĂ©s Ă  cette pĂ©riode comme la sole. D’autres encore vont plus loin en prĂ©cisant que la fermeture correspond Ă  la pĂ©riode de reproduction des espĂšces ciblĂ©s Ă  cette pĂ©riode comme la sole, le bar ou encore le lieu jaune, et de facto, leur permettre de se reproduire peut gĂ©nĂ©rer un bĂ©nĂ©fice pour ces stocks. « On va permettre aux espĂšces de se reproduire et de prolifĂ©rer, donc nous allons avoir une pĂȘche plus facile, moins laborieuse. » Plusieurs pĂȘcheurs ont montrĂ© de l’enthousiasme Ă  l’idĂ©e de fermer momentanĂ©ment la pĂȘche afin de rĂ©aliser un repos biologique. Paradoxalement, ces mĂȘmes pĂȘcheurs ne souhaitent pas forcĂ©ment rĂ©aliser de moratoire pour les dauphins, mais pour la ressource si. Certains rĂ©pondants pensent que le farmeture contribue Ă  une nĂ©cessaire rĂ©duction de la pression de pĂȘche :“Avec la pression de pĂȘche actuelle, une pĂ©riode d’arrĂȘt ne peut ĂȘtre que bĂ©nĂ©fique !”.

Plusieurs rĂ©pondants Ă©voquent Ă©galement une rĂ©duction des autres captures accidentelles d’espĂšces sensibles comme des oiseaux, marsoins ou des Ă©lasmobranches. Certaines enquĂȘtes ont plus globalement exprimĂ© que l’arrĂȘt de la pĂȘche pendant cette pĂ©riode pouvait limiter la pression sur l’ensemble des ecosystĂšmes, notamment via des effets en cascade dans les rĂ©seaux trophiques : «Leur arrĂȘt mĂȘme temporaire ne peut avoir que des effets bĂ©nĂ©fiques, mĂȘme s’il est trop court pour qu’on puisse l’évaluer complĂštement. La rĂ©duction des captures accessoires de dauphins doit ĂȘtre observable aussi sur d’autres espĂšces moins suivies et moins emblĂ©matiques ».

Nombreux pĂȘcheurs sont rĂ©servĂ©s sur les effets environnementaux bĂ©nĂ©fiques car ils jugent que l’impact d’autres pratiques non concernĂ©es par la fermeture est bien supĂ©rieur. Le chalut de fond, les navires usine, les grands navires en gĂ©nĂ©ral sont accusĂ©s de surexploitation, de pratiques non durables (pĂȘche sur individus grainĂ©s en particulier et rejets) et de dĂ©teriorations de la biodiversitĂ© jugĂ©es trĂšs importantes en comparaison de l’impact des filyeurs notamment : “C’est sur nous que cela tombe alors qu’au large les pĂ©lagiques industriels et les dizaines de km de filets faisant 10 mĂštres de haut des Espagnols par exemple, on ne sait combien de dauphins ils ramassent”.

Les avis plus nuancĂ©s chez toutes les catĂ©gories d’acteurs sont aussi justifiĂ©s par la crainte que le report d’effort annule les bĂ©nĂ©fices voire empire la situation car l’effort est surtout limitĂ© par les quotas : “comme c’est un quota, ils ont la possibilitĂ© de le pĂȘcher, ce quota-lĂ , d’une maniĂšre dĂ©calĂ©e”. Les effets nĂ©fastes de ce report d’effort sont aussi mentionnĂ©s qu’il s’agisse d’une intensification de l’effort avant ou aprĂšs la fermeture : “on sait bien [
] les effets pervers d’anticipation que cela provoque. Comme celui de cette annĂ©e 2025 oĂč les captures de soles ont atteint des sommets la veille de la fermeture en pleine pĂ©riode de reproduction. C’est pourquoi, il faut que les dĂ©cisions soient Ă  effet le plus court.”; ou d’un report sur d’autres techniques impactant l’environnement : “Si les chalutiers pĂ©lagiques passent au chaluts de fond donc il peut y avoir des impacts sur le fond.”.
Ce sentiment est renforcĂ© par la faible durĂ©e de la fermeture : “MĂȘme si les pĂȘcheurs la trouve longue, c’est une fermeture relativement courte donc les effets positifs peuvent ĂȘtre annulĂ©s part un effort plus important Ă  la rĂ©ouverture.” , “Maintenant je pense que le temps pour que l’écosystĂšme se renouvelle est assez long donc je pense que un mois ne va pas suffire pour cela.”.

Enfin une douzaine de verbatim dĂ©fendent les actions des pĂȘcheurs en faveur de l’environnement marin ou des pratiques volontaires de pĂȘche durable telles que le ramassage des dĂ©chets, des mesures additionnelles de sĂ©lectivitĂ© ou de rejet des individus graĂźnĂ©s (crustacĂ©s) ou la mise en place de rĂ©serves : “Les pĂȘcheurs se sont les premiers Ă©colos sur l’eau”.

3.2.6 Perceptions des conséquences sociales

Une Ă©crasante majoritĂ© des rĂ©pondants est d’avis que les consĂ©quences sociales de la fermeture sont nĂ©gatives, voire trĂšs nĂ©gatives. Il y a peu d’indĂ©cis (14) mais 30 personnes voient des consĂ©quences positives et 30 pensent que la fermeture n’a pas de consĂ©quences sociales.

Par acteurs

Contrairement aux autres dimensions Ă©valuĂ©es, les diffĂ©rences d’opinions ne sont pas trĂšs marquĂ©es entre catĂ©gories d’acteurs concernant les consĂ©quences sociales. On remarquent une plus forte proportion d’avis “trĂšs nĂ©gatif” comparĂ© au “nĂ©gatif” au sein des pĂȘcheurs et de la filiĂšre mais les avis neutres et positifs sont distribuĂ©s chez l’ensemble des acteurs.

Précisions apportées en commentaire

Une part importante des consĂ©quences nĂ©gatives rapportĂ©es par les enquĂȘtĂ©s ne sont pas des consĂ©quences directes de la fermeture, mais des situations prĂ©-existantes qui ont Ă©tĂ© aggravĂ©es par sa mise en place.

  • Climat dĂ©fiance et manque de concertation

L’impact social nĂ©gatif le plus marquant rapportĂ© dans les verbatim, est la dĂ©gradation du climat entre les diffĂ©rentes parties prenantes de la problĂ©matique. On distingue des verbatim qui critiquent une autre catĂ©gorie et ceux qui constatent ces oppositions. L’ensemble des catĂ©gories d’acteurs sont visĂ©es par des critiques parfois violentes.

Les rĂ©pondants proches du milieu de la pĂȘche ont Ă©mis un grand nombre de critiques envers les ONG environnementales, notamment Sea Sheperd, concernant leurs mĂ©thodes et leurs objectifs. Selon des pĂȘcheurs, les associations veulent “la mort de la pĂȘche” et dĂ©forment la rĂ©alitĂ© : “Toute la journĂ©e, ils balancent des articles. Des trucs qui ne sont pas toujours vrais, en plus. Des tueurs de dauphins, voilĂ . Ça fait pleurer les gosses.” , «Les ONG mettent tous les pĂȘcheurs dans le mĂȘme panier, mĂȘme si on leur expliquait, ils ne voudraient pas savoir. On stigmatise le pĂȘcheur, alors que la majoritĂ© sont des amoureux de la mer. Les ONG cherchent Ă  gĂ©nĂ©rer un impact psychologique, je trouve leur mĂ©thode scandaleuse. ». Leurs mĂ©thodes sont assimilĂ©es Ă  du harcelement ou de la provocation et et des cas de violence physique entre militants Ă©cologistes et pĂȘcheurs ont Ă©tĂ© rapportĂ©s.

Le principal reproche qui est fait aux pĂȘcheurs par les autres parties prenantes est de ne pas dĂ©clarer les captures accidentelles. D’une part, car il s’agit d’une obligation lĂ©gale mais aussi car cela prive les scientifiques de donnĂ©es prĂ©cieuses pour la comprĂ©hension du phĂ©nomĂšne et le ciblage des mesures. Ces dĂ©clarations sont rares dans les verbatim.

Comme on l’a vu, ces oppositions tĂ©moignent de differences de hiĂ©rarchie de valeurs : “Je compatis complĂ©tement avec les professions de la mer mais nous devons prĂ©server le vivant mĂȘme si cela fait mal au portefeuilles.” , “Ils [les pĂȘcheurs] ont du mal Ă  comprendre la perte de salaire pour des dauphins.”,“On a jamais vu ça tout ce tralala pour quelques dauphins”, “Les conditions sociales des pĂȘcheurs sont elles plus importantes que les conditions de vie sous la mer ?”.

Les pouvoirs publics ne sont pas Ă©pargnĂ©s. Certains membres d’ONG et scientifiques dĂ©noncent l’immobilisme du gouvernement :“Le refus de l’Etat et des reprĂ©sentants de le pĂȘche de prendre de vraies mesures pour limiter les impacts de la pĂȘche qui a poussĂ© les ONG Ă  lancer ce contentieux qui a contribuĂ© Ă  creuser encore le fossĂ© entre ONG et public Ă©clairĂ© et pĂȘcheurs, dont l’image ne sort pas grandie.” ; “C’est plus confortable de ne pas faire. L’inaction est une stratĂ©gie de gestion. Tu gagnes du temps.”. Au contraire les pĂȘcheurs reprochent au dĂ©cideurs d’ĂȘtre influencer par des ONGs au dĂ©triment d’objectifs politiques de plus long terme : “Un sentiment d’incohĂ©rence alors que la souverainetĂ© alimentaire est affichĂ©e comme un objectif politique prioritaire.”, “On voit qu’une ONG fait la pluie et le beau temps dans nos dĂ©mocraties”.

On l’a vu de nombreuses critiques de pĂȘcheurs visent Ă©galement les scientifiques notamment ceux du rĂ©seau national d’échouage, accusĂ©s de manque de transparence et d’objectivitĂ©. L’annonce de la fermeture, le report des tests de dispositifs initialement prĂ©vus et l’annulation de la proposition de pouvoir sortir en mer Ă  condition de contribuer aux essais a Ă©galement mis Ă  mal des collaborations existantes entre scientifiques et pĂȘcheurs, frustrĂ©s que leurs efforts de recherche de solutions ne soient pas reconnus et valorisĂ©s : “Ceux qui jouent le jeu de la transparence sont pĂ©nalisĂ©s et ne peuvent servir d’exemple de changement. (
) maintenant les scientifiques ne sauront plus rien.”;“On a l’impression que les pĂȘcheurs sont moins motivĂ©s sur les plans d’actions, car ils pensent que leurs efforts n’ont servi Ă  rien. ”.

Plus marginalement, la filiĂšre amont et aval a pu se sentir laisĂ©e par rapport aux pĂȘcheurs qui Ă©taient mieux informĂ©s et indemnisĂ©s.

Les tensions se font Ă©galement sentir entre flottilles, opposants mĂ©tiers interdits et autorisĂ©s : “Aux chaluts, ils ont le droit de continuer. Et d’autres qui sont Ă  la bolinche, ils n’ont pas le droit.”. Le sentiment d’injustice que certains mĂ©tiers ne soient pas arrĂȘtĂ©s revient rĂ©guliĂšrement au nom de la solidaritĂ© :“Oui, parce que nous, on Ă©tait lĂ , on leur disait, ” vous allez en mer, vous n’avez pas honte, la solidaritĂ©.” mais aussi au titre des dĂ©gradations environnementales causĂ©s par les autres modes de pĂȘche : Il faudrait arrĂȘter pour tout le monde ou pour personne. Pourquoi interdire seulement aux fileyeurs alors qu’il y Ă©galement des dommages faits par les autres mĂ©tiers ? Il faudrait rĂ©partir l’effort : arrĂȘter un mois chacun: il faut chacun prenne sa part.”. Le fait que les flottilles Ă©trangĂšres n’aient pas Ă©tĂ© concernĂ©es la premiĂšre annĂ©e Ă  Ă©galement gĂ©nĂ©rĂ© des tensions. L’opposition petis vs. gros navires est aussi trĂšs prĂ©sente, les petits Ă©tant considĂ©rĂ©s plus impactĂ©s car ils ont moins de trĂ©sorerie et sont plus dĂ©pendant de la mĂ©tĂ©o pour compenser l’activitĂ© en dehors de la fermeture et pour le calcul des aides : “Les gros bateaux sortent par tous les temps donc l’indemnitĂ© est forcĂ©ment calculĂ©e sur une bonne annĂ©e.”. Enfin quelques verbatim rendent comptent d’opposition entre armateur ou patron et matelots : “Certains patron fileyeurs ont dĂ©barquĂ©s leur Ă©quipage pendant la fermeture et ont garder tout l’argent (les aides) pour eux, c’est dĂ©gelasse.”.

La responsabilitĂ© des rĂ©seaux sociaux et des mĂ©dias dans l’agravation des tensions est frĂ©quement mentionnĂ© : « La couverture mĂ©diatique n’a retenu, en direction du grand public, que peu d’élĂ©ments explicatifs quant au fond du sujet. Du cĂŽtĂ© des professionnels et des pouvoirs publics, elle a mis en avant des positionnements plutĂŽt caricaturaux, n’appelant pas Ă  engager une dĂ©marche en vue de la rĂ©solution du problĂšme. ». L’accĂšs limitĂ© des pĂȘcheurs Ă  ces outils de communication crĂ©e un sentiment d’inĂ©galitĂ© de parole face Ă  la force mĂ©diatique des ONGs : “Parce que les ONG, c’est quand mĂȘme des rois de la comm’. Ils sont trĂšs forts, lĂ -dessus. Je ne dis pas qu’ils ont toujours tort, mais ils arrivent toujours mieux Ă  faire passer leur message Ă  eux. Les marins, ils ne savent pas faire.”.

Le manque de concertation autour de la fermeture alors que des discussions etaient en cours sur d’autres solutions a Ă©tĂ© mal perçu par les pĂȘcheurs. L’annonce de la fermeture et l’arrĂȘtĂ© du 22 dĂ©cembre 2023 ont surpris beaucoup d’acteurs qui n’imaginaient pas une fermeture si prĂ©coce ou s’équipaient de dispositifs en vu d’obtenir des dĂ©rogations : “C’est une dĂ©cision violente, intervenant 2 mois avant alors que beaucoup de gens Ă©taient impliquĂ© dans la recherche d’autres solutions. Cette dĂ©cision Ă  amenĂ© Ă  des rĂ©actions extrĂȘmes.”.

  • AttractivitĂ© du secteur, absence de perspectives et risques psycho-sociaux Le second thĂšme le plus rĂ©current est celui de la perte d’attractivitĂ© des mĂ©tiers de la pĂȘche et de la filiĂšre aval. Ce problĂšme prĂ©-existant est dit amplifiĂ© Ă  cause de la fermeture qui gĂ©nĂšre un manque de visibilitĂ© Ă  moyen et long terme : “Parce qu’à qui on va pouvoir vendre nos bateaux, sans savoir ce qu’on pourra pĂȘcher demain ? Sans savoir si on aura eu de l’autorisation ? Bien sĂ»r, ça dĂ©value la valeur du bateau. Comment il va faire un prĂ©visionnel Ă  la banque, sans savoir ce qu’il va pouvoir pĂȘcher ?”. L’impact se fait sentir Ă©galement Ă  court terme avec le recours au chomage technique et le nom renouvellement des emplois prĂ©caires : “Certains marins ont prĂ©fĂ©rĂ©s rompre leur contrat faute de visibilitĂ©, pour aller sur d’autres bateaux.”.

Les impacts psychologiques de la dĂ©gradation de l’image de la pĂȘche liĂ©e Ă  la communication culpabilisante des ONGs, au climat de tension et au manque de visibilitĂ© sont frĂ©quement mentionnĂ©es. On parle de “dĂ©couragement”, “dĂ©motivation”, “morositĂ©â€, “anxiĂ©tĂ©â€, “traumatisme”, “souffrance au travail”
 Le vocabulaire utilisĂ© Ă  l’encontre des pĂȘcheurs (“exterminateurs”, “assassins”, “tueurs”, nuisibles
) est souvent repris par ceux-ci pour dĂ©noncer une stigmatisation de la profession et un dĂ©nigrement mal vĂ©cu : “Il y a tout le monde qui pense que le pĂȘcheur, c’est un exterminateur. L’image de la pĂȘche, elle est trĂšs mauvaise. On nous fait passer pour des assassins, on est pire que des trafiquants de drogue. Tu dis que tu es pĂȘcheur, il faut faire attention Ă  qui tu le dis, sinon tu te fais incendiĂ© maintenant.”. Les pĂȘcheurs craignent que la fermeture vĂ©hicule l’image que la pĂȘche est incompatible avec la prĂ©servation de la biodiversitĂ© : “Et la fermeture, ca affirme le fait que les pĂȘcheurs, il faut les arrĂȘter, parce qu’il n’y a que comme ça qu’on sauvera le dauphin.”.

A plus court terme, le besoin d’aller en mer est frĂ©quemment mentionnĂ© : « C’est parce que ces mecs, ils sont faits pour aller en mer. Ils sont malheureux Ă  terre. Et c’est assez culturel dans la pĂȘche, le fait de rester chez toi, tu es un flĂ©mard, quoi. Tu es un flĂ©mard, tu ne bosses pas, tu n’es pas un bon pĂȘcheur.». Certains craignent que les pĂ©riodes forcĂ©es Ă  terre amplifient des problĂ©matiques psycho-sociales (dĂ©pression, alcoolisme, toxico-dĂ©pendance, problĂšmes familiaux
). Des risques en terme de santĂ© et de sĂ©curitĂ© du fait des cadences importantes en mer et Ă  terre Ă  la reprise ont Ă©tĂ© mentionnĂ©s.

– dĂ©pendance aux subventions La dĂ©pendance du secteur aux subventions, amplifiĂ©e par la fermeture, est mal perçue par l’ensemble des acteurs qui dĂ©plorent la gaspillage d’argent public et dĂ©noncent une filiĂšre “sous perfusion”. Les pĂȘcheurs eux-meme vivent mal d’ĂȘtre payĂ©s Ă  ne rien faire : “J’ai 6 matelots mais c’est insupportable de les savoir Ă  5 ou 7000 euros pour le mois sans rien branler. Nous sommes en crise et on voit ces aberrations de gaspillage de l’argent public dans un secteur Ă©conomique qui ne demande qu’à travailler. En plus c’est pas bon pour eux au finale les gars. On est pas des putains de cas sociaux.”.

– BĂ©nĂ©fices pour les conditions de vie et la prise de conscience des consommateurs Cela dit, en ce qui concerne l’image du secteur, l’indeminisation et les risques psycho-sociaux le discours est divisĂ© et des avantages de la fermeture indemnisĂ©e ont Ă©tĂ© frĂ©quement relevĂ©s. En premier lieu, le repos de Ă©quipages : “Une dizaine de marins pĂȘcheurs m’ont appelĂ© pour me dire qu’ils Ă©taient hyper contents. Ils disent qu’ils vont enfin pouvoir prendre des vacances, enfin faire autre chose. Cela fait partie de l’amĂ©lioration de leurs conditions de vie. Les pĂȘcheurs sont en concurrence fĂ©roces entres eux, donc ils ne peuvent pas s’arrĂȘter. Si ont les oblige, alors il n’y aura plus de concurrence et ils pourront se reposer.”. Le ‘bon’ niveau d’indemnisation est souvent mentionnĂ© comme une condition indispensable Ă  ces bĂ©nĂ©fices sociaux. La prĂ©visibilitĂ© de l’arrĂȘt lors de sa reconduction en 2025 a aussi Ă©tĂ© mentionnĂ© comme amĂ©liorant son intĂ©rĂȘt car les pĂȘcheurs peuvent anticiper leur activitĂ© hors et pendant l’arrĂȘt.

Pour certains mĂ©tiers et rĂ©gions, il a Ă©tĂ© reconnu que la fermeture intervenait Ă  une pĂ©riode creuse avec peu d’impacts Ă©conomiques ou sociaux.

Enfin l’impact sur les consommateurs et l’image des pĂȘcheurs est dĂ©battu. Certains supposent que la fermeture tĂ©moigne des efforts des pĂȘcheurs pour la prĂ©servation de la biodiversitĂ©. L’absence de poisson sur les Ă©tals et l’augmentation des prix a Ă©galement pu permettre aux consommateurs de prendre conscience des difficultĂ©s Ă  concilier conservation et pĂȘche et l’inciter Ă  adopter des pratiques de consommation responsables.

3.3 Mesures de gestion alternatives

On traitera d’abord des mesures de gestion proposĂ©es dans l’enquĂȘte et qui ont fait l’objet d’une Ă©valuation par les rĂ©pondants. Dans un second temps, on rĂ©sumera les autres solutions proposĂ©es par les personnes enquĂȘtĂ©es et collectĂ©es via l’analyse des verbatim.

Avertissement :

Contrairement Ă  la fermeture du golfe de Gascogne, toutes les mesures de gestion n’ont pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es par le mĂȘme nombre d’enquĂȘtĂ©s, notamment Ă  cause de contraintes de temps qui ne permettaient pas d’aller systĂ©matiquement au bout de l’enquĂȘte mais aussi parce que certaines mesures revenaient dans plusieurs scĂ©narios. Au minimum on dispose de 50 avis sur les fermetures aprĂšs seuil et au maximum de 125 avis concernant les subventions. Toutes les rĂ©ponses n’ont pas donnĂ© lieu Ă  des commentaires permettant la comprĂ©hension des motivations. La reprĂ©sentation de l’ensemble des acteurs n’est pas garantie, l’attribution du questionnaire Ă©tant alĂ©atoire, et peut ĂȘtre fortement bisaisĂ©e vers une catĂ©gorie d’acteurs ou l’autre (Figure X). Ceci doit induire des prĂ©cautions lors de l’interprĂ©tation.

Cet avertissement sera dĂ©clinĂ© pour chaque mesure dans une version rĂ©sumĂ©e en indiquant le nombre de rĂ©ponses et commentaires : “Avertissement : Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (nombre d’avis recueillis) et d’avis commentĂ©s (nombre de commentaires), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.”

Au vu des rĂ©sultats aggrĂ©gĂ©s, aucune mesure ne remporte une adhĂ©sion franche. Cela dit, les subventions, les observateurs embarquĂ©s, les rĂ©flecteurs et les balises dophinFree sont notablement plus apprĂ©ciĂ©es. Au contraire, les camĂ©ras embarquĂ©es, systĂšme de caution et fermetures aprĂšs seuil ont les proportions d’avis dĂ©favorables les plus fortes (NB : les deux derniĂšres sont aussi celles qui ont Ă©tĂ© le moins Ă©valuĂ©es). TO DO : integrer les morceaux de Sophie

On remarque que les acteurs de l’amont et l’aval de la filiĂšre sont prudents dans leurs Ă©valuations et se prononce plus rarement que les autres acteurs (proportion de “ne se prononce pas”). Les commentaires indiquent frĂ©quemment dans ce cas, un sentiment d’incompĂ©tence sur le sujet, ou la volontĂ© de ne pas rĂ©pondre pour les pĂȘcheurs.

\label{fig:graphique39}Figure X : Comparaison des avis entre mesures

Figure X : Comparaison des avis entre mesures

## TableGrob (1 x 2) "arrange": 2 grobs
##   z     cells    name           grob
## 1 1 (1-1,1-1) arrange gtable[layout]
## 2 2 (1-1,2-2) arrange gtable[layout]

Les catĂ©gories de rĂ©pondants pouvant ĂȘtre dĂ©sĂ©quilibrĂ©s entre mesures, on groupe les rĂ©ponses selon les types d’acteurs entre lesquels les oppositions sont gĂ©nĂ©ralement mises en Ă©vidence concernant la fermeture, Ă  savoir : scientifiques, ONG, grand public et gestionnaires, d’une part (Scfq-ONG -> “Autres acteurs”) et pĂȘcheurs et reprĂ©sentants et filiĂšre de l’autre (“Secteur”). Au minimum, on recense 19 rĂ©ponses par mesure et groupe d’acteurs (dont “ne se prononce pas”).

On note que le secteur est globalement plutot dĂ©favorable Ă  toutes les mesures, au contraire du groupe scientifiques-ONG-gestionnaire dont les avis sont globalement favorables Ă  l’ensemble des mesures. Les solutions technologiques ressortent comme les plus favorisĂ©es par le secteur (DolphinFree, Pingers, Reflecteurs), de mĂȘme qu’un suivi des captures accidentelles par des observateurs Ă  bord. Le changement d’engin et les camĂ©ras sont les deux mesures auxquelles le secteur est le moins favorable, viennent ensuite les fermetures spatiales, les limitations d’effort et le systĂšme incitatif de caution. Les avis sont partagĂ©s sur la fermeture aprĂšs seuil, et les incitations via quota et subventions. Du point de vue des scientifiques, ONG et gestionnaires, on note une large majoritĂ© d’opinions dĂ©favorables au systĂšme de caution, et Ă  la fermeture aprĂšs seuil, comme chez les professionnels du secteur. Au contraire du secteur, les avis sont majoritairement trĂšs favorables aux camĂ©ras, Ă  la limitation de l’effort et au changement d’engin et dĂ©favorables aux pingers auquels sont prĂ©fĂ©rĂ©s DolphinFree et les reflecteurs.

Le détail des avis et raisons invoquées par mesure sont donnés ci-dessous.

\label{fig:graphique399}Figure X : Comparaison des avis entre mesures par type d'acteur

Figure X : Comparaison des avis entre mesures par type d’acteur

3.3.1 Dispositifs techniques de mitigation

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l’usage de solutions technologiques quelles qu’elles soient ne fait pas consensus. Bien que chaque modĂšle possĂšde des avantages et des inconvĂ©nients, l’approche mĂȘme de ces moyens de mitigation est controversĂ©e. Certains alertent sur la dangerositĂ© du « Technosolutionnisme » «Je ne crois pas qu’on aura une solution miracle avec que des trucs technologiques. Parce qu’il y a trop de mĂ©tiers qui sont impliquĂ©s. C’est trop diversifiĂ©. Moi, le techno-solutionniste, j’y crois assez moyennement. ». Pour d’autres, le dĂ©veloppement de ces technologies innovantes reprĂ©sente une alternative rĂ©ellement durable face aux prises accidentelles «Il faut les amĂ©liorer car c’est par la technique qu’on trouvera une solution aux captures accidentelles. Pas que des dauphins.». Nous dĂ©taillons ici les avantages et les inconvĂ©nients des types de dispositifs tels que reportĂ©s dans cette enquĂȘte. On note que pour l’ensemble de ces dispositifs la proportion d’avis “ne se prononce pas” est forte chez les pĂȘcheurs en comparaison d’autres types de mesures.

Pingers

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (73) et d’avis commentĂ©s (54), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

L’efficacitĂ© des dispositifs fait dĂ©bat. L’ergonomie, le coĂ»t et la pollution sonore gĂ©nĂ©rĂ©e, l’accoutumance voire l’attraction des dauphins sont les arguments principaux contre l’utilisation des pingers. L’absence d’impact sur les pratiques de pĂȘche et la collaboration avec les scientifiques pour leur mise au point sont en revanche les aspects positifs les plus frĂ©quemment citĂ©s.

Avis général par acteur
\label{fig:graphique40}Figure X : Avis général sur les Pingers

Figure X : Avis général sur les Pingers

\label{fig:graphique40}Figure X : Avis général sur les Pingers

Figure X : Avis général sur les Pingers

Thématiques principales abordées en commentaire
\label{fig:graphique41}Figure X : Thématiques principales des commentaires sur les pingers

Figure X : Thématiques principales des commentaires sur les pingers

Détails des commentaires

D’aprĂšs les rĂ©pondants, les effaroucheurs, et les dispositifs d’alerte en gĂ©nĂ©ral, ont l’avantage de rĂ©duire les captures sans influencer l’effort de pĂȘche « Je suis favorable car ça permet de rĂ©duire les captures accidentelles et les interactions de maniĂšre gĂ©nĂ©rale tout en maintenant un effort de pĂȘche constant. ». De plus, l’étude et les tests des dispositifs reprĂ©sentent un exemple de collaboration entre le monde de la pĂȘche et les scientifiques, ce qui n’est pas Ă  nĂ©gliger compte tenu des conclusions sur les consĂ©quences sociales de la fermeture (cf partie fermeture) « C’est Ă©galement un travail de concertation avec les scientifiques. Pour PIFIL, c’est 15 ans de collaboration avec Ifremer. ».

L’inconvĂ©nient principal relevĂ© par les rĂ©pondants est que l’efficacitĂ© des pingers n’est pas prouvĂ©e dans le golfe de Gascogne. Dans l’enquĂȘte, la fermeture est visĂ©e par des critiques l’accusant d’avoir ralenti les tests prĂ©vus initialement pour 2024 « L’argent aurait dĂ» financer la recherche sur les pingers au lieu d’ĂȘtre donnĂ© aux pĂȘcheurs pour la fermeture. ». Des dĂ©rogations Ă  l’arrĂȘt Ă©taient prĂ©vues afin d’évaluer les effaroucheurs. « C’est ce qui a gĂ©nĂ©rĂ© une incomprĂ©hension de la part de la production, puis d’ailleurs de nous Ă©galement, c’est que le premier arrĂȘtĂ© de l’État avait donnĂ© des autorisations pour certains fileyeurs Ă©quipĂ©s de dispositifs pingers de pouvoir maintenir la production. ».

Concernant le modĂšle PIFIL (pinger sous la coque), un pĂȘcheur indique que ce modĂšle serait le plus adaptĂ© d’un point de vue pratique « Le pinger sous coque, pour moi, je trouvais que c’était la meilleure façon d’un point de vue pratique. Alors niveau facilitĂ© d’utilisation ça va ĂȘtre le plus facile pour nous. Le pinger va ĂȘtre sous la coque, quand on met le filet, on enclenche. ». Cependant, d’autres expliquent que l’installation reprĂ©sente une intervention trop importante sur les navires « Moi j’ai pas voulu en mettre, je ne troue pas mon bateau pour des trucs, c’est bon. ». Le pinger PIFIL a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© en partie sur l’hypothĂšse que des captures accidentelles ont lieu durant l’opĂ©ration de filage (mettre les filets Ă  l’eau), or cette hypothĂšse n’est pas non plus vĂ©rifiĂ©e, et est dĂ©battue « J’ai du mal avec PIFIL et le rĂ©pulsif au filage. » ; « Moi je travaille des fois par 100 mĂštres de fond, le dauphin il ne descend pas Ă  100 mĂštres de fond, c’est pas possible quoi. Donc il se prend au filage. » Dans le cas de PIFIL, l’émission du signal sonore est de courte durĂ©e au contraire des pingers dĂ©ployĂ©s directement sur le filet, qui exposent en continu les dauphins aux signaux rĂ©pulsifs. Plusieurs personnes ont Ă©voquĂ© cet inconvĂ©nient des pingers « Je suis d’accord pour les mettre sur les chalutiers car ils sont en mouvement. Mais s’il faut en mettre tous les 10m ou 30m de filet ce n’est pas vivable car c’est exclure le dauphin de son environnement naturel. Je pense qu’on doit apprendre Ă  vivre avec et ne pas les faire fuir. ». L’émission des dispositifs en continu sur les filets pose problĂšme pour des rĂ©pondants pour qui la pollution sonore n’est pas souhaitable. « Transformer les eaux en boĂźtes de nuit pour que les dauphins disparaissent n’est vraiment pas une solution durable. » L’efficacitĂ© des pingers est dĂ©battue au sein du panel de l’enquĂȘte. Certains sont persuadĂ©s de leur fonctionnement « Je suis trĂšs favorable Ă  PIFIL, c’est le seul outil qui fonctionne trĂšs bien pour les fileyeurs. Avant de l’avoir je pĂȘchais 12-14 dauphins, maintenant j’en capture 7 ou 8 Ă  l’annĂ©e et cette annĂ©e aucun, j’ai le pinger PIFIL. J’ai le dispositif depuis 3 ans. J’estime que l’appareil marche au moins Ă  60-70%. A chaque fois que j’ai capturĂ© des dauphins c’est quand il ne fonctionnait pas. ».

Cependant, certaines rĂ©ponses alertent sur les effets indĂ©sirables du dispositif pour les mammifĂšres. Au lieu de les repousser, certains indiquent que les pingers les attirent et Ă©voquent la possibilitĂ© d’un effet « diner bell » (attraction des dauphins car ils reconnaissent le signal Ă©mis par le dispositif comme signalant la prĂ©sence de nourriture dans des engins) : « Il y a des bateaux qui ont mis en route le pinger PIFIL. Ils n’ont jamais vu autant de dauphins autour du bateau, alors que c’est sensĂ© Ă©loigner le dauphin. ». Ce phĂ©nomĂšne n’a pas Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans le golfe de Gascogne pour les pingers. NĂ©anmoins, des rĂ©pondants affirment avoir Ă©tĂ© tĂ©moins de dĂ©prĂ©dation de dauphins communs, principalement sur des chalutiers “Sans pingers, nous on voyait bien que quand on est sur le chalut pĂ©lagique, on voyait des dauphins, parce qu’ils entendent le bruit des bateaux. Ils viennent manger. On a eu des cas oĂč en fait les dauphins, vous voyez, ils rentraient dans le chalut et ils ressortaient. ». Un tĂ©moignage concerne aussi des fileyeurs « Les fileyeurs, ils voient assez souvent les dauphins se rapprocher des filets parce qu’ils n’ont pas Ă  chasser, ils n’ont qu’à se servir, ils rĂ©cupĂšrent le trop plein. » Comme vu dans la bibliographie, l’efficacitĂ© des pingers peut diminuer avec le temps (phĂ©nomĂšne d’accoutumance), ici, un scientifique alerte Ă©galement sur ce sujet « sur les orques [
] il y a une forte accoutumance. Ils viennent se nourrir mĂȘme si le pingers envoient des trĂšs hautes frĂ©quences, cela est donc trĂšs dangereux pour eux. Il faudrait trouver des signaux qui Ă©vitent cette habituation. ». Ces inconvĂ©nients semblent donc mener une partie des professionnels de la pĂȘche Ă  refuser ces dispositifs.

DolphinFree

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (61) et d’avis commentĂ©s (36), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

Les mĂȘmes inconvĂ©nients d’efficacitĂ©, d’ergonomie et de coĂ»t sont avancĂ©s contre DolphinFree que contre les Pingers mais il est considĂ©rĂ© prometteur et moins notif. Le dispositif Ă©tait inconnu d’un certain nombre de pĂȘcheurs appelant Ă  une meilleure diffusion de l’information.

Avis général par acteur
\label{fig:graphique39}Figure X : Comparaison des avis entre mesures

Figure X : Comparaison des avis entre mesures

\label{fig:graphique39}Figure X : Comparaison des avis entre mesures

Figure X : Comparaison des avis entre mesures

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Les coĂ»ts d’achat et d’entretien des balises acoustiques peuvent constituer un obstacle important Ă  leur utilisation (FAO, 2020). En effet, les conseils d’utilisation des balises acoustiques DolphinFree prĂ©conisent une balise tous les 500m de filet. Pour les pĂȘcheurs travaillant avec de trĂšs grandes longueurs de filets (parfois supĂ©rieures Ă  50 km), le nombre de balises nĂ©cessaires et leur entretien semblent difficilement rĂ©alisable. « En fait moi j’avais calculĂ©, j’arrivais Ă  un nombre de balises incommensurable. Et moi je travaillais 30 km l’étĂ© Ă  l’eau, donc il fallait dĂ©jĂ  60 balises. Il fallait un jeu de rab. Presque 100 balises. C’était Ă  moi de les charger, donc tu rentres de mer il faut que tu charges ça en plus pour le lendemain.. ».

De plus, le coĂ»t Ă©levĂ© du dispositif pose question chez les enquĂȘtĂ©s, qui Ă©mettent des craintes sur les possibilitĂ©s de financer toutes ces balises « Et ça coĂ»te trop cher, pour le moment un seul Ă©metteur coĂ»te 800 euros. En plus, s’il faut les mettre tous les 500 mĂštres et qu’il faut un deuxiĂšme jeu pour les recharger, c’est complĂ©ment impossible. Et si on perd le matĂ©riel qui va devoir payer ? ». Un kit de fixation a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par les dĂ©veloppeurs des balises, mais des pĂȘcheurs se plaignent de la difficultĂ© de la mise en place des balises sur filets, voir des dommages sur les Ă©quipements du navire : “Moi, pour faire des balises, j’ai dĂ» changer de pommeilleuse, me mettre une laptop, parce que les bandes ne passent pas. Alors Ă  chaque fois, t’es obligĂ© d’enlever les mousquetons, passer ton filet, raccrocher tout pour mettre dans le parc. 3500 euros la machine-lĂ . Rien que pour pouvoir les faire passer. Moi, je passe mon filet. La balise, elle arrive. Elle passe dedans, ça m’a Ă©clatĂ© un tuyau hydraulique. Les balises, aprĂšs ça, j’ai enlevĂ© toutes les balises de mes filets. C’est bon, c’est mort.”.

Ce type d’approche innovante semble toutefois susciter de l’intĂ©rĂȘt chez une partie des participants : « AprĂšs, c’est un bijou de technologie. La piste est plus qu’intĂ©ressante. ». Ils rappellent nĂ©anmoins qu’une phase de test est encore attendue pour statuer de l’efficacitĂ© du dispositif : « Totalement favorable Ă  ce dispositif, laissons-les les essayer Ă  grande Ă©chelle et faisons des stats pour savoir si cela fonctionne bien. »

MalgrĂ© les caractĂ©ristiques biosourcĂ©es du signal acoustique, des rĂ©pondants Ă©voque des risques de pollution sonore et d’exclusion d’habitat au mĂȘme titre que pour les pingers : « Ca me semble plus logique mais la fin est la mĂȘme, ça ne l’effraye pas, mais il fuit quand mĂȘme. ».

Un certain nombre de rĂ©pondants ne connaissaient pas les balises acoustiques DolphinFree, « Aucun bateau n’en a ici et je n’en ai jamais entendu parler. » ce qui suggĂšre qu’une Ă©tape de communication est nĂ©cessaire avant une Ă©ventuelle mise en place de ce dispositif.

Reflecteurs

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (60) et d’avis commentĂ©s (34), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

Ce dispositif technique bon marchĂ© ne gĂ©nĂ©rant pas de pollution sonore reçoit des avis assez favorables mais prĂ©sente apparemment l’inconvĂ©nient de rĂ©duire la capturabilitĂ© des espĂšces commerciales ciblĂ©es. De nombreuses pistes d’amĂ©lioration sont explorĂ©es avec les professionnels de la pĂȘche.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Comme pour les autres dispositifs technologiques proposĂ©s aux participants, le besoin de tests et de preuve de leur efficacitĂ© s’est fait ressentir dans les rĂ©ponses : « On a encore trop peu de connaissances sur les rĂ©flecteurs mais cela reste trĂšs prometteur. ». En effet, les rĂ©flecteurs acoustiques prĂ©sentent des avantages en comparaison des pingers et des balises DolphinFree. Des fabricants matĂ©riels de pĂȘche expliquent le faible coĂ»t de ce type de moyen de mitigation : « Un filet avec un rĂ©flecteur ne coĂ»te pas forcĂ©ment plus cher, mais il faut le faire dĂšs la conception de la nappe, et ce serait possible. ». Les risques de pollution sonore semblent Ă©galement attĂ©nuĂ©s « A la diffĂ©rence des pingers, oĂč l’on Ă©voque souvent le risque de pollution sonore, ici le but est de renforcer la localisation des filets, donc sur le principe c’est trĂšs intĂ©ressant. ».

Un problĂšme majeur des rĂ©flecteurs testĂ©s en France est qu’ils semblent diminuer la capturabilitĂ© des espĂšces cibles. « On a testĂ© aussi les rĂ©flecteurs, une catastrophe. C’étaient les cordes. Une catastrophe. Parce que du coup, on mettait un filet oĂč il y avait justement les cordes rĂ©flectrices, et un filet oĂč il n’y avait pas. Le filet oĂč il y avait les cordes rĂ©flectrices il y avait zĂ©ro poisson dedans. Le filet d’à cĂŽtĂ©, oĂč il n’y avait pas, Il pĂȘchait ! Le filet d’aprĂšs oĂč il y avait il pĂȘchait plus, c’était comme ça : moitiĂ© moins. Les poissons ils dĂ©tectent parce que du coup la corde elle n’est pas fixĂ©e, il y a de la vibration et elle est colorĂ©e ».

D’autres pistes concernant d’autres matĂ©riaux sont Ă©galement envisagĂ©es pour continuer les recherches : « LĂ , on travaille sur le matĂ©riau de la corde haute. Parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait parfois des pĂȘcheurs qui Ă©taient cĂŽte Ă  cĂŽte. Et un qui cartonnait en capture accidentelle et l’autre pas du tout. Et au point de vue de la pratique, la seule chose qui aurait changĂ© entre eux, c’est la corde haute. Il y a plusieurs types de ralingues et lĂ , ça se trouve, la solution, ce sera juste de recommander tel type de ralingue. » D’autres pistes sont Ă  explorĂ©es selon les rĂ©pondants, comme la disposition des cordes rĂ©flectrices ou le matĂ©riau « Il existe aussi des cordes avec des liĂšges sur la ralingue supĂ©rieure et dans le liĂšge il a une perle, les pĂȘcheurs du sud de la France utilisent ça et ils ne pĂȘchent pas de dauphins ».

3.3.2 Mesures de gestion de l’effort de pĂȘche

Fermeture d’une zone à risque

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (62) et d’avis commentĂ©s (46), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

La difficultĂ© majeure est d’identifier une zone restreinte Ă  fermer car la rĂ©partition des captures accidentelles est large et variable et que les connaissances actuelles sont insuffisantes. Le risque de report d’effort est Ă©galement mentionnĂ© ainsi que l’inĂ©quitĂ© entre flottilles d’une telle mesure, notamment pour les plus petites unitĂ©s. En revanche les effets bĂ©nĂ©fiques pour la protection des stocks exploitĂ©s sont souvent Ă©voquĂ©s.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

L’un des dĂ©fis principaux de la limitation des captures de delphinidĂ©s est la trĂšs large zone couverte par les populations et leur trĂšs grande mobilitĂ©, qui rend difficile la dĂ©finition d’une zone restreinte Ă  fermer : «Il y aurait trop de risque de passer Ă  cĂŽtĂ© des captures car il y a beaucoup de variabilitĂ© spatiale et dans le sud de la Bretagne il y a beaucoup de captures aussi. Donc cette zone peut ĂȘtre efficace pendant un temps donnĂ© mais inefficace plus tard car les dauphins peuvent changer de zone.». La zone proposĂ©e Ă  la fermeture dans l’enquĂȘte a Ă©galement Ă©tĂ© critiquĂ©e : «LĂ , tu vois, les deux dĂ©partements oĂč on a plus de captures, c’est la VendĂ©e et le FinistĂšre. Donc lĂ , tu as typiquement dĂ©jĂ  la partie FinistĂšre. Elle n’est pas couverte.».

Les enquĂȘtĂ©s ont rappelĂ© qu’une connaissance fine des captures accidentelles et des populations de dauphins Ă©tait nĂ©cessaire pour mettre en place de telles mesures. «Alors, je pense qu’aujourd’hui, on n’est pas en mesure de proposer des zones plus fines. Je ne dis pas que ce n’est pas une bonne idĂ©e. Je dis juste qu’à l’heure actuelle, on n’a pas les donnĂ©es qu’il faut.». D’autre part, selon les rĂ©pondants, il existe un fort risque de voir les flottilles de la zone impactĂ©e se reporter hors de la zone fermĂ©e : «Mais le risque, du coup, c’est d’avoir les reports d’effort de pĂȘche. Parce que, pour le coup, autant des pĂȘcheurs avec les attributions des licences qui ont les zones 7 et 8, t’en as pas beaucoup, autant, au sein de la zone 8, si tu as un bateau un peu costaud, tu peux sans problĂšme te balader d’une zone Ă  l’autre». Economiquement, cette zone reprĂ©sente Ă©galement une part non nĂ©gligeable de la production.

Socialement, les personnes proches de la filiĂšre Ă©voquent un problĂšme d’équitĂ© entre les producteurs dans la zone et hors de la zone. Dans l’hypothĂšse de potentiels reports, ils soulignent une inĂ©galitĂ© entre les navires semi-hauturier et les petits mĂ©tiers cĂŽtiers dont la capacitĂ© de report est limitĂ©e : «Je connais cette zone car c’est la zone que PĂ©lagis avait commencĂ© Ă  identifier. Nous avons dĂ©jĂ  rĂ©flĂ©chi Ă  la fermer, mais en plein milieu de la zone, il y a les Sables d’Olonne donc ça ne va pas. En termes d’équitĂ© et politiquement ce n’était pas acceptable.». En hiver cette rĂ©gion semble soutenir une forte production halieutique, ce qui pose la question de la soutenabilitĂ© Ă©conomique de la fermeture : «C’est vraiment la zone oĂč se concentre la sole en dĂ©but de saison (dĂ©cembre, janvier, fĂ©vrier), c’est lĂ  que se font les grosses pĂȘcheries de sole. Donc pour eux, cela aurait vraiment un impact.».

Une autre partie des rĂ©pondants se focalise sur les bĂ©nĂ©fices associĂ©s Ă  la fermeture saisonniĂšre de cette zone, notamment concernant les stocks d’espĂšces exploitĂ©es pendant la pĂ©riode hivernale. Comme pour la fermeture actuelle du golfe de Gascogne, les rĂ©pondants Ă©voquent la reproduction des espĂšces cibles «Je pense que ce scĂ©nario aurait des consĂ©quences positives sur le stock de sole car Ă  cette pĂ©riode elles sont grainĂ©es (avec des Ɠufs), et qu’on ne sait les pĂȘcher que quand elles sont grainĂ©es. Donc si elles arrivent Ă  pondre cela peut avoir un impact positif.».

RĂ©duction de l’effort de pĂȘche

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (74) et d’avis commentĂ©s (49), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

Les avis exprimĂ©s sont trĂšs partagĂ©s. Les avantages sont l’étalement de la production, le maintien des apports et des prix et les effets positifs sur l’ensemble de l’écosystĂšme y compris les espĂšces commerciales. Les dĂ©savantages sont la complĂ©xitĂ© de mise en oeuvre et de contrĂŽle. L’efficacitĂ© et l’impact Ă©conomique et social de la mesure dĂ©pendent trĂšs largement des modalitĂ©s prĂ©cises de mise en oeuvre (calendrier, indĂ©mnisation).

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Les personnes favorables Ă  la mesure mettent en avant le maintien d’approvisionnement et donc l’absence d’effet sur les prix, avec une possibilitĂ© d’étaler la production sur la pĂ©riode : “Mais oui. Parce que dĂ©jĂ , en fait, tu continues Ă  faire tourner la machine, quoi. Tu stoppes pas tout d’un coup. T’as moins de bateaux en mer. [
] Par exemple, en temps de mauvais temps. Faut que ça soit mieux gĂ©rĂ© sur la rĂ©partition. À faire Ă©voluer, mais l’idĂ©e d’avoir des dates flexibles pour les navires, c’est beaucoup moins contraignant, mais oui. Il y a toujours de l’apport. Donc, en fait, il n’y a pas de perte de prix. Il n’y a moins de filet Ă  l’eau. MĂȘme pour les mareyeurs , ils ont du poisson.”. L’effet positif sur les espĂšces commerciales est Ă©galement Ă©voquĂ©, y compris par les pĂȘcheurs. Nombreux Ă©voquent les AT sole auxquels les professionnels sont habituĂ©s et globalement favorables.

Les dĂ©tails de mise en oeuvre de la mesure n’étaient pas prĂ©cisĂ©s et les avis dĂ©pendent beaucoup de ces modalitĂ©s. Les jours sont-ils au choix du pĂȘcheur, ou imposĂ©s, doivent ils ĂȘtre choisis en avance ? Les avantages si les jours sont au choix du pĂȘcheur, individuellement, et dĂ©clarĂ©s au jour le jour, rĂ©sident dans la flexibilitĂ© offerte vis Ă  vis de la mĂ©tĂ©o et des avaries : “Par exemple, on veut bien Ă©taler la pĂ©riode, que ça soit du 1er janvier au 31 mars. Pendant cette pĂ©riode lĂ  s’il faut qu’on soit stoppĂ© un mois, bah voilĂ  on stoppe un mois. Ou alors tout le mois de janvier est dĂ©gueulasse et on stoppe un mois carrĂ©ment au mois de janvier tu vois. La on pourrait s’en sortir parce que c’est plus adaptable.”. A l’inverse, la mesure est mal perçue par les pĂȘcheurs si le calendrier doit ĂȘtre fixĂ© en avance : “Difficile d’établir un calendrier de sortie en mer; dĂ©pend de la mĂ©tĂ©o.” et cela pourrait ĂȘtre dĂ©favorable Ă  certains navires crĂ©ant une forme d’inĂ©quitĂ© : “Parce que si c’est par bateau, [
] Ben, Ă©coute, moi, je prendrai tel jour, tel jour, tel jour. Et comme par hasard, il fera mauvais ce jour-lĂ . Moi, je peux me baiser mon mois. Et mon copain qui aura pris d’autres jours, eh ben, lui, il va aller en mer.”.

Des variantes de mise en oeuvre acceptable selon les rĂ©pondants ont Ă©tĂ© faites par des pĂȘcheurs comme l’arrĂȘt imposĂ© le week end ou fragmenter l’arrĂȘt en pĂ©riodes d’une semaine ou 15 jours plutot qu’un mois complet : “Ou alors le fragmenter. Fragmenter la pĂ©riode. C’est-Ă -dire pas un mois d’affilĂ©e, mais faire 15 jours, ou une semaine plusieurs fois. En deux fois 15 jours, dĂ©jĂ , on peut se rattraper. Enfin, on ne va pas rattraper ce qu’on a perdu, mais
 On va arriver Ă  se faire un mois, en 15 jours, on peut y arriver. Si on a le poisson, si on a les bonnes conditions
 Si il y a le bon temps. On peut y arriver.”.

Cependant, cette flexibilitĂ© pourrait limiter l’efficacitĂ© de la mesure pour la rĂ©duction des CA selon certains rĂ©pondants : “Les jours qui vont ĂȘtre choisis sont des jours qui ne sont pas pĂȘchants. Oui, je pense qu’ils choisiront des jours oĂč ils n’auraient pas Ă©tĂ© en mer de toute maniĂšre. Donc, en tant que systĂšme, moi, d’efficacitĂ© du systĂšme sur les captures accidentelles, je n’y crois pas trop”.

La question de l’indemnisation des arrĂȘts influence Ă©galement l’opinion et les chances supposĂ©es de rĂ©duction effective de l’effort : “ça va dĂ©pendre Ă  quelle hauteur on est indemnisĂ©s pour rester Ă  quai quoi. Mais du coup le poisson se reposerait pas beaucoup.”.

Certains rĂ©pondants suggĂšrent de ne pas utiliser le nombre de jours de mer uniquement comme mesure de l’effort mais de diffĂ©rencier les limites par taille de navire, type d’engin, longueur et hauteur de filet. Cependant les difficultĂ©s de contrĂŽle ont Ă©galement Ă©tĂ© mentionnĂ©es, et seraient d’autant plus fortes que de telles nuances d’implĂ©mentation seraient adoptĂ©es.

La complexitĂ© d’un tel systĂšme est aussi mise en avant comme un dĂ©savantage : “Ouais mais il y en a qui voudraient une semaine, d’autres qui voudraient d’autres semaines.. Ben non le mieux c’est que si tu veux fermer, tu fermes tout le monde comme ça c’est rĂ©glĂ©, c’est le plus logique pour les Ă©chouements et compagnie quoi. Comme ça tu peux dire quand la pĂȘche s’arrĂȘte on voit s’il y a une baisse significative.”.

Certains avis dĂ©favorables s’adressent plus globalement aux fortes contraintes dĂ©jĂ  imposĂ©es aux pĂȘcheurs qui limitent l’attractivitĂ© et la rentabilitĂ© du mĂ©tier : “Faut arrĂȘter avec ces contraintes supplĂ©mentaires sinon nos jeunes ne viendront plus.”, “Les limitations, Ă©conomiquement ce n’est pas bon. On achĂšte du matĂ©riel qu’on doit exploiter, si on ne l’utilise pas il se dĂ©tĂ©riore quand mĂȘme.”.

Fermeture seuil limite

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (48) et d’avis commentĂ©s (34, dont trois commentaires sans avis), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

Les commentaires concernent majoritarement les difficultĂ©s de mise en oeuvre Ă©tant donnĂ© les moyens de suivi (estimation des morts accidentelles, dĂ©lais) et des controverses probables sur la valeur du seuil et l’origine de l’estimation des morts accidentelles. L’utilisation d’un seuil global n’incite pas aux efforts individuels. Le manque de prĂ©visibilitĂ© de l’arrĂȘt est problĂ©matique pour la profession.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

MalgrĂ© des avis exprimĂ©s partagĂ©s, mĂȘme au sein des catĂ©gories d’acteurs, les commentaires sont assez consensuels et montrent que les enquĂȘtĂ©s Ă©metent des rĂ©serves concernant la faisabilitĂ© du suivi des morts accidentelles. La dĂ©fiance est prĂ©sente chez tous les acteurs, concernant l’estimation des CA sur la base des dĂ©clarations volontaires d’une part ou sur la base des Ă©chouages de l’autre : “Si c’est avec les Ă©chouages, faut ĂȘtre sĂ»r qu’ils sont morts du filet. Parce que si tu dois te baser sur la dĂ©claration des pĂȘcheurs, ils sont pas fous les mecs, non plus, ils vont pas aller te dire tout.”, “Le problĂšme, c’est que les Ă©colos, ils vont trouver trĂšs vite 1000 dauphins et on ne va pas savoir si c’est vraiment vrai.”. On souligne particuliĂšrement le manque d’incitation Ă  dĂ©clarer de ce type de mesures : “Ça ne marcherait pas, non, je ne pense pas, parce que moi, je me mets un peu Ă  leur place. Plus tu vas dĂ©clarer de dauphins, plus on va t’envoyer dans une fermeture. Donc, n’importe quelle personne ne va pas jouer le jeu. C’est normal. Enfin, c’est normal, c’est logique.”. Ainsi l’acceptabilitĂ© dĂ©pend des moyens de suivi mis en oeuvre. On mentionne le besoin de camĂ©ras ou d’observateurs embarquĂ©s “assermentĂ©s”. La rĂ©activitĂ© nĂ©cessaire Ă  une fermeture aprĂšs seuil est Ă©galement questionnĂ©e : “Et la latence dans les resultats d’autopsies, analyse des donnĂ©s etc. me fait douter de la pertinence de la mise en place d’une telle mesure”, “C’est trĂšs compliquĂ© Ă  mettre en place si on utilise les Ă©chouages car les carcasses mettent parfois des semaines Ă  arriver sur les plages, donc on rĂ©agirait forcĂ©ment aprĂšs. TrĂšs mĂ©tĂ©o-dĂ©pendant. Il faudrait qu’on ait un moyen trĂšs rapide d’estimer les captures. Dans le concept, je suis pour mais impossible dans les faits.”

La mise en place d’un seuil global plutĂŽt qu’individuel a Ă©tĂ© jugĂ© injuste par un enquĂȘtĂ©, car il pĂ©naliserait l’ensemble des navires mĂȘme vertueux : “Celui qui n’en prend pas, il va nous dire : Non, mais attends, moi, je suis arrĂȘtĂ© alors que j’en prends pas. Il y a le pour et le contre, lĂ . Deux poids, deux mesures, lĂ .”

La question de la fixation du seuil est Ă©galement soulevĂ©e : “Toute la question ça sera (et lĂ  les gens ne seront pas d’accord) dans le fameux seuil critique.”.

Le manque de prĂ©visibilitĂ© de l’arrĂȘt est problĂ©matique pour les professionnels du secteur, Ă  la fois en terme d’apport et d’emplois : “TrĂšs mauvaise idĂ©e, parce que nous, ça va nous prendre au dĂ©pourvu. Ça veut dire que du jour au lendemain, on va dire, « Bon, ben, les gars, demain, vous restez chez vous ? »”.

3.3.3 Mesure de changement d’engin de pĂȘche

Avertissement

Il s’agit d’une des mesures les plus Ă©valuĂ©es avec 119 avis exprimĂ©s et 88 commentaires

En Bref

Beaucoup de rĂ©pondants s’accordent sur la dĂ©sirabilitĂ© de ces changements d’engin pour le maintien de l’activitĂ© et d’un point de vue de leur moindre impact Ă©cologique, de la qualitĂ© des produits et de la valorisation. PlutĂŽt qu’un changement saisonnier, certains l’inscrivent dans une transition pĂ©renne Ă  long terme des pratiques de pĂȘche. NĂ©anmoins beaucoup d’obstacles sont mentionnĂ©s. Ils concernent les difficultĂ©s pratiques et financiĂšres pour adapter les navires, former et recruter les Ă©quipages ; la faible capturabilitĂ© des espĂšces cibles historiques Ă  la ligne ou au casier et les pertes de rentabilitĂ© ; les limites du report sur un faible nombre d’espĂšces avec des freins rĂ©glementaires (quotas, licences), des enjeux en termes de marchĂ©, de prix, de durabilitĂ©, et des risques de conflits d’usages avec les pĂȘcheries en place.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

L’intĂ©rĂȘt du changement d’engin pour les personnes favorables est le maintien d’activitĂ© et la durabilitĂ© de ce type de pĂȘche : “TrĂšs favorable, quel que soit le point de vue. SĂ©lectivitĂ©, qualitĂ© du poisson dĂ©barquĂ©, impact environnemental (consommation et GES, impacts sur les habitats et les espĂšces autres que les cibles), emploi (plus d’emplois)”. L’aspect valorisation en particulier revient chez plusieurs rĂ©pondants car les captures des casiers et des palangres se valorisent mieux que les poissons issus de filets ou de chaluts. Ces produits sont de qualitĂ© supĂ©rieure car les individus pĂȘchĂ©s sont moins dĂ©tĂ©riorĂ©s, voire vivants et se vendent gĂ©nĂ©ralement plus cher. « C’est aussi ça, que certains poissonniers cherchent : du poisson de qualitĂ©. On sait trĂšs bien que du bar de ligne ça vaut plus cher que le bar de filet.». Cet argument est nĂ©anmoins nuancĂ©, le prix Ă©tant liĂ© Ă  l’offre disponible sur le marchĂ©. « si toute une flottille se reporte sur la mĂȘme espĂšce, le marchĂ© risque de rĂ©pondre par une chute des prix ». Les consĂ©quences sur le marchĂ© de tels changements sont Ă  Ă©tudier en amont, afin de percevoir si des opportunitĂ©s commerciales sont possibles. « Le marchĂ© des crustacĂ©s est effondrĂ© depuis 4 ans. Si c’est la palangre il vont chercher du merlan ou du merlu, mais la sole ne se capture pas Ă  la palangre. Le merlu vaut 3 euros en criĂ©e l’hiver car des chalutiers le capture donc il faut vĂ©rifier s’il y a un marchĂ©. ». Enfin un rĂ©pondant Ă©voque l’impact de prix Ă©levĂ©s sur l’équitĂ© d’accessibilitĂ© des produits de la mer : “Tous les consommateurs n’ont pas les moyens : ca va exclure certaines catĂ©gories sociales qui n’auront plus accĂšs aux produits de la mer”.

Certains l’inscrivent dans une transition souhaitable Ă  plus long terme des activitĂ©s de pĂȘche, plutĂŽt que dans un changement de mĂ©tier saisonnier. D’aprĂšs certains rĂ©pondants, cette transition demanderait de la concertation et un accompagnement de la profession par les services publics, voire des rĂ©glementations et amĂ©nagements de l’espace maritime pour favoriser ces pratiques.

Cependant, mĂȘme les personnes s’étant prononcĂ©es favorables “en thĂ©orie” commentent sur les difficultĂ©s associĂ©es “en pratique” qui rejoignent les prĂ©occupations des rĂ©pondants “dĂ©favorables” Ă  la mesure. MalgrĂ© le succĂšs de cette mĂ©thode dans d’autres pĂȘcheries certains rĂ©pondants doutent de son applicanbilitĂ© dans le golfe de Gascogne : « On en a pas mal discutĂ©, notamment avec des homologues nĂ©ozĂ©landais et en conclusion : ce n’est pas la mĂȘme, pas les mĂȘmes engins, pas les mĂȘmes espĂšces, ni les mĂȘmes nombres de pĂȘcheurs. Il n’y avait rien qui pouvait s’appliquer en France. Quand cela fonctionne c’est, soit, des petites pĂȘcheries trĂšs spĂ©cifiques, ou des contextes ou il n’y a plus du tout de petits mĂ©tiers. ». Les critiques concernent principalement les difficultĂ©s techniques et logistiques, sur le rĂ©amĂ©nagement des navires, la place nĂ©cessaire Ă  bord pour les casiers et lignes et le coĂ»t d’achat du matĂ©riel. L’approvisionnement en appĂąt pourrait Ă©galement ĂȘtre limitant. “Parce qu’aprĂšs, il faut s’équiper, il faut les apparaux de pĂȘche. On ne vire pas une palangre comme on vire un filet. Et puis, il faut rĂ©amĂ©nager le bateau d’une façon pour travailler aussi. C’est beaucoup de choses, je pense, Ă  mettre en Ɠuvre pour un mois dans l’annĂ©e.” , “les ligneurs et caseyeurs dĂ©pendent des autres pour avoir des appĂąts”.

En terme d’espĂšces cible, les poissons ou les crustacĂ©s exploitĂ©s par les filets maillants ne semblent pas tous capturables par d’autres engins comme les palangres ou les casiers en hiver, pour des raisons techniques : « Tout dĂ©pend de l’espĂšce cible, si c’est la sole cela est impossible. » ; «Pour pĂȘcher la sole Ă  la palangre, il faudrait des petits hameçons, ce serait compliquĂ© technologiquement.». En revanche, une pĂȘche Ă  la ligne du merlu et du bar existe dĂ©jĂ .

Le changement d’espĂšce cible est Ă©galement limitĂ© par la saisonnalitĂ©, qui ne semble pas non plus d’adaptĂ©e Ă  la pratique de ces engins dans certaines rĂ©gions : « On pratique le filet Ă  sole parce qu’il n’y a rien au casier sur cette pĂ©riode. En janvier-fĂ©vrier il n’y a plus de crabe, plus de homard et l’araignĂ©e commence Ă  revenir fin mars. Donc ce sont vraiment ces 3 mois de creux qui nous ont amenĂ©s Ă  faire du filet Ă  sole. ». L’abondance et la disponibilitĂ© des espĂšces cibles des casiers semblent aussi plus variables : « Pendant la pĂ©riode de fermeture, on ne sait jamais s’il y a de la crevette ou pas. Les casiers sont Ă  l’eau 24/24 mais s’il n’y a rien on est obligĂ© de faire autre chose. Pendant 2 ans il n’y pas eu de bouquet, cette annĂ©e il y en a, on ne sait jamais Ă  l’avance. ». Les rĂ©pondants s’inquiĂštent de la moindre rentabilitĂ© de ces mĂ©tiers.

Au delĂ , de l’accessibilitĂ©, les opportunitĂ©s de pĂȘche peuvent ĂȘtre limitantes : “Quotas, licences sont fixĂ©s pour limiter la pression sur les stocks. Il ne semble pas possible de faire des reports de flottilles entiĂšres.”. Nombreux rĂ©pondants s’inquiĂštent de l’effet d’un report massif sur les stocks exploitĂ©s Ă  la ligne et au casier : “Commercialement, tout le monde va se mettre sur quelques espĂšces. On va dĂ©truire un stock d’un cĂŽtĂ© pour conserver de l’autre.”.

Le report engendrerait probablement des conflits avec les pĂȘcheries en place et ces mĂ©tiers Ă©tant infĂ©odĂ©s Ă  certaines zones, des problĂšmes de partage de l’espace sont Ă  prĂ©voir : “Et dĂšs l’instant que tu vas changer de matĂ©riel tu vas devoir changer de zone aussi et tu vas devoir aller sur la zone d’un copain qui lui fait ça quasiment toute l’annĂ©e et puis ah non ça c’est
 C’est clairement impossible.”,“Si tout le monde se met Ă  la palangre, il n’y aura pas assez de poissons pour tout le monde. Parce qu’il y a des coins bien prĂ©cis pour les palangres. Il y a des eaux trĂšs prĂ©cises. Donc, il y en a un qui va pĂȘcher, et dix qui vont regarder.”.

Des marins ont Ă©voquĂ© que changer d’engin nĂ©cessite Ă©galement de connaitre les mĂ©thodes et d’ĂȘtre formĂ© pour ces types de pĂȘche, il ne s’agit pas seulement de contraintes techniques : « Moi j’ai fait pendant 15 ans du chalut, je ne connais rien Ă  la palangre. Ça s’apprend mais ça fait beaucoup de choses. » Certains prĂ©cisent Ă©galement que moins de matelots sont formĂ©s pour les mĂ©tiers de la ligne ou du casier, ceci se rajoutant aux problĂšmes de recrutement dans le monde la pĂȘche : “C’est une galĂšre pour trouver des matelots qui veuillent bien travailler au casier ou aux hameçons. Le pire, c’est les hameçons. Personne ne veut travailler aux hameçons [
]. C’est la pĂ©nibilitĂ© du mĂ©tier. Parce que les hameçons, ça pique. Faut vraiment aimer le mĂ©tier quoi. C’est pas que c’est une mauvaise idĂ©e, c’est que c’est pas rĂ©alisable.”.

L’impact de la palangre sur les oiseaux marins est Ă©galement citĂ© pour nuancer l’intĂ©rĂȘt environnemental d’un report sur les mĂ©tiers de la ligne.

3.3.4 Mesures d’aquisition de donnĂ©es

La dĂ©claration des CA est obligatoire dans les logbooks mais dans les faits trĂšs peu de pĂȘcheurs dĂ©clarent ces Ă©vĂ©nements. Les scientifiques et gestionnaires notamment dĂ©plorent que cette obligation rĂ©glementaire n’ait pas Ă©tĂ© suivie, arguant que les donnĂ©es dĂ©clarĂ©es auraient probablement permis la mise en place de mesures plus ciblĂ©es que la fermeture du Golfe de Gascogne et Ă©vitĂ© le recours aux camĂ©ras. Certains professionnels de la pĂȘche partagent cet avis “Peut-ĂȘtre que s’ils dĂ©claraient plus leurs pĂȘches accidentelles, ils se rendraient compte que c’est peut-ĂȘtre autre chose qui tue les dauphins en fait. [
] Je pense que ce serait mieux qu’ils dĂ©clarent.”. Deux alternatives (ou moyens complĂ©mentaires d’acquisition de donnĂ©es) ont Ă©tĂ© proposĂ©s dans l’enquĂȘte : les observateurs et les camĂ©ras embarquĂ©s.

Caméras embarquées

Avertissement : Il s’agit d’une des mesures les plus Ă©valuĂ©es avec 128 avis exprimĂ©s et 93 commentaires

En bref

La mesure cristalise le manque de confiance rĂ©ciproque. Les scientifiques et gestionnaires y voient la seule alternative pour une meilleure comprĂ©hension du phĂ©nomĂšne et donc un ciblage plus fin de la gestion en l’absence de dĂ©claration. Ils dĂ©fendent la quantitĂ© et qualitĂ© des donnĂ©es obtenues par camĂ©ra. Pour les professionnels, la mesure est ressentie comme une volontĂ© de “flicage”, de surveillance abusive, et une intrusion dans la sphĂšre privĂ©e. Nombreux craignent l’utilisation des donnĂ©es collectĂ©es pour des usages autres que l’amĂ©lioration des connaissances sur les CA de dauphins.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Il s’agit d’une des mesures les plus controversĂ©es et les moins consensuelles, d’autant qu’elle est dĂ©jĂ  en cours d’implĂ©mentation et cristalise probablement le climat gĂ©nĂ©ral de mĂ©contentement du secteur pĂȘche. Il est donc nĂ©cessaire d’ĂȘtre prudent dans l’interprĂ©tation car il n’est pas possible de faire la part dans les perceptions entre l’avis sur le dispositif lui-mĂȘme et le mĂ©contentement des diffĂ©rents acteurs. Le climat tendu entre acteurs, n’est pas propice Ă  la collaboration “d’abord, on nous punit et aprĂšs, on nous demande des informations”. Le rejet des camĂ©ras, reflĂšte aussi probablement un rejet plus gĂ©nĂ©ral de mesures non concertĂ©es.

Du point de vue des scientifiques et des gestionnaires, l’observation Ă©lectronique Ă  distance est rendue indispensable du fait de l’absence de dĂ©claration des CA par les pĂȘcheurs : “A un moment on doit trouver des donnĂ©es”. Cependant nombreux comprennent les rĂ©ticences, rĂ©pugnent Ă  l’imposer et regrettent d’en arriver lĂ  : “Pour moi cela est plus un pansement qu’un vĂ©ritable outil, cela ne devrait pas ĂȘtre nĂ©cessaire”. Certains tĂ©moignages de scientifiques et d’ONG accusent les camĂ©ras d’entretenir le climat de dĂ©fiance et prĂŽnent plutĂŽt la pĂ©dagogie et le rĂ©tablissement de la confiance et du dialogue. NĂ©anmoins le potentiel scientifique de la donnĂ©e collectĂ©e est aussi mis en avant. Les camĂ©ras permettraient d’amĂ©liorer la comprĂ©hension du phĂ©nomĂšne mais Ă©galement d’évaluer l’efficacitĂ© des dispositifs techniques : “la camĂ©ra, c’est le seul moyen d’avoir une estimation fiable de l’efficacitĂ© de dispositifs techniques de rĂ©duction de capture. Donc, rĂ©pondre Ă  la question technique, est-ce qu’un pinger, il fonctionne ?”. Enfin elles pourraient fournir des informations sur les captures d’autres espĂšces protĂ©gĂ©es afin d’anticiper ou d’optimiser les mesures de protection probablement nĂ©cessaires dans le futur. Elles rĂ©pondent Ă©galement Ă  une demande de transparence des activitĂ©s de pĂȘche vis Ă  vis de l’exploitation d’une ressource commune.

Plusieurs tĂ©moignages montrent que certains professionnels comprennent bien l’intĂ©rĂȘt des camĂ©ras pour Ă©tudier le phĂ©nomĂšne, voire pour “innocenter” la pĂȘche dans les mortalitĂ©s de dauphins. Cependant ils expriment une prĂ©fĂ©rence pour une dĂ©claration, particuliĂšrement anonyme, des accidents ou pour le recours Ă  des observateurs embarquĂ©s plutĂŽt que pour la surveillance continue. Les pĂȘcheurs ont exprimĂ© leur crainte vis-Ă -vis de l’utilisation des donnĂ©es issues des enregistrements : «J’ai peur que les images soient exploitĂ©es par de mauvaises personnes. Nous n’avons rien Ă  cacher, mais on ne sait pas ce qui sera fait des donnĂ©es et il faut que la confidentialitĂ© soit respectĂ©e.». La peur que les informations soient utilisĂ©es Ă  des fins de contrĂŽle, voire de sanctions, et non scientifiques amĂšne des pĂȘcheurs Ă  refuser catĂ©goriquement les camĂ©ras : «Les pĂȘcheurs seraient prĂȘts Ă  mettre des camĂ©ras Ă  bord et Ă  jouer franc jeu, si les informations n’allaient pas toujours dans le sens de leur taper dessus. ». Certains anticipent des Ă©volutions dans l’utilisation des camĂ©ras auxquels ils ne pourraient plus s’opposer une fois les dispositifs implĂ©mentĂ©s, notamment la surveillance des Ă©lĂ©ments de sĂ©curitĂ© obligatoire, des rejets et des captures d’autres espĂšces protĂ©gĂ©es. En consĂ©quence, et dans un soucis d’équitĂ©, certains souhaiteraient gĂ©nĂ©raliser le dispositif Ă  l’ensemble des navires et non seulement Ă  ceux concernĂ©s par les CA de dauphins.

Au delĂ , les rĂ©serves soulevĂ©es concernant la surveillance Ă©lectronique portent sur des questions Ă©thiques : “Si c’est vraiment que pour filmer les captures accidentelles. [Sinon] ça devient compliquĂ© au fait. [
] Si c’est vraiment ciblĂ© sur le powerblock, si c’est vraiment ciblĂ© sur le machin, ça va. Mais si c’est de mettre des camĂ©ras pour regarder qu’est-ce que font les gars.”. Pour certains, l’idĂ©e mĂȘme de surveillance est mal vĂ©cue et rejettĂ©e, ressentie comme de la suspicion, un manque de confiance et une atteinte Ă  la libertĂ© (sentiment de “flicage”) : “comme des violeurs”. Une lassitude face aux nombreuses mesures de suivi d’activitĂ© dĂ©jĂ  en place est exprimĂ©e. Plus personnellement, le sentiment d’ĂȘtre constamment surveillĂ©, Ă©voque une forme de contrĂŽle intrusif dans la sphĂšre privĂ©e Ă  la maniĂšre de “Big Brother” (Mangi et al., 2013) : “Certains passent les 3/4 des jours de l’annĂ©e en mer, c’est comme leur mettre une camĂ©ra dans leur maison.”.

Depuis 2019, l’ONG Sea Shepherd dans son opĂ©ration Dolphin Bycatch, suit des navires de pĂȘche afin de filmer des captures accidentelles de dauphins. Ces images sont ensuite utilisĂ©es dans les reportages de l’association et largement relayĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux. Des rĂ©pondants relient ces Ă©vĂšnements avec l’apprĂ©hension qu’ont les pĂȘcheurs envers les camĂ©ras : «Le fait d’avoir Ă©tĂ© filmĂ©s puis mĂ©diatisĂ©s par les ONGs Ă  créé une peur de la camĂ©ra.».

Secondairement, la crainte que des problĂšmes techniques sur les camĂ©ras puissent empĂȘcher de partir en mer, et les aspects coĂ»ts et entretien sont mentionnĂ©s.

Observateurs embarqués

Avertissement

Etant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses (73) et d’avis commentĂ©s (49), les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En Bref

La plupart des acteurs sont favorables aux observateurs embarquĂ©s pour documenter les CA. Ils reconnaissent cependant le coĂ»t Ă©levĂ© et la plus faible couverture qu’avec les camĂ©ras. Pour de nombreux pĂȘcheurs, le facteur humain, le partage avec l’observateur est important et ils en acceptent dĂ©jĂ  rĂ©guliĂšrement Ă  bord. Les membres d’ONG environnementales et les pĂȘcheurs sont les deux catĂ©gories les plus partagĂ©es Ă  ce sujet Ă  cause des risques de corruption dans les deux cas, et un manque de confiance dans les chiffres rapportĂ©s en ce qui concerne les pĂȘcheurs.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Les marins et les professionnels de la filiĂšre enquĂȘtĂ©s ont exprimĂ© une meilleure acceptation envers les observateurs qu’envers les camĂ©ras. Ils expliquent que l’aspect « humain » est trĂšs un important, surtout dans le milieu de la pĂȘche. Cela rend possible les Ă©changes : « Je trouve que c’est plutĂŽt une bonne chose de se rendre compte directement sur le terrain. Et ça permet, contrairement aux camĂ©ras, d’ĂȘtre dans le rĂ©el, de pouvoir Ă©changer avec l’équipage sur pourquoi ils ont pris cette dĂ©cision Ă  l’instant T. Ce qui est plus difficile quand on filme et qu’on visualise simplement quelques jours aprĂšs une camĂ©ra. Ça apporte aussi une autre approche. Une approche plus humaine, en fait. ». Pour certains pĂȘcheurs, il s’agit mĂȘme d’un moyen de faire porter leurs voix : « Il faut venir, on n’a rien Ă  cacher. On les accueille car leurs paroles valent plus que celles des pĂȘcheurs, les gens ne nous croient pas, mais les observateurs et les scientifiques si. ». Le rĂŽle des observateurs dans l’établissement de relations de confiance, et l’amĂ©lioration du climat entre les parties prenantes est Ă©galement soulignĂ©. Un membre d’une ONG explique : « C’est le plus facile pour les changements de pratiques : cela permet des Ă©changes avec les pĂȘcheurs et donc de connaĂźtre rĂ©ellement leur vie. Tout paraĂźt facile de loin mais les observateurs montrent la vĂ©ritĂ© des choses. Cela permet d’adopter d’autres pratiques, d’amĂ©liorer les relations, voir le danger. ». Etant donnĂ©e la frĂ©quence d’observation, la surveillance parait moins abusive qu’avec une camĂ©ra : «Je prĂ©fĂšre l’observateur parce que la camĂ©ra c’est tout le temps, c’est 24h sur 24. ».

Cependant, pour certains, les tentatives de corruption sont rĂ©elles : “Il y a mille moyens de faire des tensions mentales voire physiques sur un observateur [
 mĂȘme] lorsqu’il se veut objectif.” et ils supposent que les professionnels Ă©vitent les zones Ă  risque les jours oĂč ils ont un observateur. Plusieurs tĂ©moignages de pĂȘcheurs traduisent un rejet des observateurs suite Ă  des dĂ©saccords sur les informations consignĂ©es.

A contrario, la qualité et la fiabilité de la donnée en comparaison des caméras sont mises en avant par les scientifiques et les gestionnaires, et les deux méthodes ont été citées comme complémentaires. Cependant les aspects techniques et financiers sont également remontés comme inconvénients ainsi que la plus faible couverture.

3.3.5 Mesures incitatives

Au delĂ  des mesures incitatives prĂ©cises, les propos recueillis dans l’enquĂȘte informent sur les opinions concernant les incitations en gĂ©nĂ©ral. Les mesures incitatives sont mal connues en France et leur fonctionnement, non prĂ©cisĂ© dans les dĂ©tails, a pu ĂȘtre mal compris par certains enquĂȘtĂ©s, expliquant possiblement l’accueil assez dĂ©favorable. Cela dit, certains se sont clairement exprimĂ©s en faveur d’un systĂšme uniquement basĂ© sur des contraintes et sanctions imposĂ©es par l’état : « Pour moi, lĂ , l’enjeu, c’est que tout le monde teste ces dispositifs. Et qu’ils deviennent rĂ©glementaires s’ils fonctionnent, c’est tout. Point barre. Sans parler de quotas, machin. Tu ne le dĂ©clenches pas, tu te prends une prune, c’est tout, quoi.». Au contraire, certains rĂ©pondants soulignent l’intĂ©rĂȘt des incitations, qui ne contraignent pas l’activitĂ© et laissent les entreprises de pĂȘche libres de leurs choix stratĂ©giques. Pour la majoritĂ©, les incitations et compensations sont perçues comme des moteurs logiques et importants de l’évolution des pratiques et plĂ©biscitĂ©es par les acteurs. Des marins ainsi que d’autres acteurs ont Ă©voquĂ© l’attente de rĂ©compenses des pĂȘcheurs pour leurs efforts, notamment pour des changements de pratique liĂ©s aux captures accidentelles : « Moi j’ai fait trois ans, je teste plein de choses, je n’ai rien reçu, ah oui tu n’as pas eu de rĂ©compense particuliĂšre, non rien. (
) Tous les Ă©tĂ©s tester les choses, tous les Ă©tĂ©s, Ă  faire des rĂ©unions faire des machins. (
) C’est normal que t’aies un plus, parce que tu travailles pour la filiĂšre, et l’autre bateau Ă  cĂŽtĂ© qui ne fait pas ça, il est peinard lui en attendant. ».

En revanche, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les enquĂȘtĂ©s s’inquiĂštent que les incitations ne garantissent pas la rĂ©duction des CA, puisqu’elles n’imposent pas les changements de pratique. Elles gĂ©nĂšrent Ă©galement un sentiment d’inĂ©quitĂ© car elles prĂ©supposent que bĂ©nĂ©ficier de la mesure est uniquement une question de choix du pĂȘcheur. Or certains pĂȘcheurs se sentent impuissants Ă  rĂ©duire leurs CA soit techniquement car le phĂ©nomĂšne est jugĂ© alĂ©atoire et les dispositifs inefficaces, soit Ă©conomiquement (financement de moyens efficaces ou de changements de pratique) : « C’est diffĂ©rent parce que les oiseaux, ils sont autour du bateau, on peut mettre un systĂšme pour les faire dĂ©gager. Le dauphin, une fois que le filet il est sous l’eau et qu’on part plus loin du filet, on est plus maĂźtre de la situation. », “Je trouve qu’il y a une injustice, une inĂ©quitĂ© dans ce type de mesures sur un phĂ©nomĂšne qu’ils subissent.”.

Des critiques de nature plus Ă©thique sont Ă©galements recueillies, concernant le risque d’associer un prix Ă  la prĂ©servation des dauphins : “La monĂ©tarisation du vivant est par ailleurs critiquable et peut entraĂźner des dĂ©rives condamnables.” et Ă  l’inverse un rejet “de l’écologie punitive.”. On reporte ci-dessous les avis recueillis sur les diffĂ©rentes mesures prĂ©sentĂ©es.

Aides financiĂšres

Avertissement

La mesure est parmi les plus évaluées (131 avis) et commentées (91 commentaires).

En Bref

Les avis sont trĂšs divisĂ©s en apparence mais les propos rapportĂ©s sont en rĂ©alitĂ© convergents. Les marins prĂ©fĂšreraient vivre de leur mĂ©tier mais les subventions sont indispensables Ă  court terme pour accompagner les transitions ou compenser les pertes liĂ©es Ă  des mesures d’urgence.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Les scientifiques et ONG, dans une moindre mesure le grand public sont majoritairement en faveur de subventions et incitations financiĂšres pour soutenir les efforts de la filiĂšre pĂȘche vers une rĂ©duction des captures accidentelles. Les avis sont en revanche trĂšs partagĂ©s au sein des gestionnaires, pĂȘcheurs, leurs reprĂ©sentants et de la filiĂšre, pour qui les avis sont pour moitiĂ© favorables et pour moitiĂ© dĂ©favorables.

La raison principale du rejet des subventions de la part du secteur pĂȘche est un refus de vivre de subventions et une volontĂ© de vivre de leur mĂ©tier : “On n’a pas envie de vivre des subventions. C’est dĂ©gradant pour des pĂȘcheurs qui vont passer 320 jours par an en mer et qui investissent des millions dans leur bateau.”. Lors de fermeture, ils expriment Ă©galement leur envie d’aller pĂȘcher en mer « Et puis les gens disent qu’on est payĂ©s Ă  rester Ă  la maison, mais ce n’est pas l’image qu’on veut donner d’ĂȘtre assistĂ©. On prĂ©fĂšre aller en mer, mĂȘme si on gagne un peu moins d’argent, au moins on fait notre mĂ©tier. ».

La dĂ©pendance du secteur pĂȘche aux subventions est Ă©galement mal perçue par d’autres acteurs : « Ils prennent des subventions pour tous : gasoil, parc Ă©olien, fermeture. Actuellement si on enlĂšve les subventions, il n’y a plus un pĂȘcheur qui tient la route. Ils sont sous perfusion. Je connais un pĂȘcheur et chaque annĂ©e il n’y a pas de bĂ©nĂ©fice. ». Un acteur accuse les subventions de “[dĂ©responsabiliser] les acteurs de la pĂȘche.” en ne les incitants pas Ă  trouver des solutions viables par eux-mĂȘmes.

Cela dit, nombreux rĂ©pondants considĂšrent les indemnisations/subventions comme normales quand une contrainte est imposĂ©e, ou comme rĂ©compense des efforts des pĂȘcheurs. D’autres soulignent le caractĂšre incitatif voire indispensable Ă  la survie des entreprises notamment en cas de fermeture. “S’il y a un arrĂȘt, je ne vois pas autre chose que passer par des subventions. Mais personne n’a envie de vivre de subventions.” Beaucoup sont d’avis qu’elles soient soumises Ă  condition ou qu’elles ciblent une dĂ©pense, par exemple pour aider au changement de pratiques, financer du matĂ©riel ou compenser les pertes d’une une mesure efficace et durable uniquement « Les professionnels qui souhaitent s’engager dans une dĂ©marche de rĂ©duction des captures accidentelles par le renouvellement de leur matĂ©riel doivent voir leurs gestes valorisĂ©s et bĂ©nĂ©ficier d’un accompagnement financier et moral de l’Etat. ». De nombreux rĂ©pondants insistent sur le fait que les subventions doivent ĂȘtre une aide Ă  la transition vers d’autres pratiques ou vers un arrĂȘt d’activitĂ©, et temporaires, qu’il ne s’agit pas d’une solution durable. Le possible arrĂȘt de l’accompagnement est d’ailleurs un facteur d’inquiĂ©tude pour les pĂȘcheurs.

Les inconvĂ©nients Ă©voquĂ©s durant l’évaluation de la fermeture 2024/2025 ont Ă©tĂ© réévoquĂ©s. Les professionnels de la filiĂšre aval rappellent qu’ils sont aussi impactĂ©s par les mesures de gestion et souhaitent bĂ©nĂ©ficier d’un plan d’accompagnement dans le cas d’une mesure de rĂ©duction de l’effort de pĂȘche : «Mais c’est sĂ»r qu’à long terme, si chaque annĂ©e, il y a des fermetures comme ça, voire plus Ă©largies au niveau du temps de fermeture, ça peut ĂȘtre hyper impactant pour la criĂ©e et la mettre en fragilitĂ©. Oui, pour moi, oui. C’est de ne pas oublier tout le monde, quoi. » . Les autres problĂšmes comme les dĂ©lais de paiement, la complexitĂ© du dossier Ă  monter et les calculs de montant jugĂ©s dĂ©favorables sont repris par les acteurs. Les ONGs s’inquiĂštent Ă©galement de l’inĂ©quitĂ© de rĂ©partition des aides ou de l’absence de flĂ©chage prĂ©fĂ©rentiel des aides vers les pratiques les plus vertueuses.

Quotas incitatifs

Avertissement

La mesure a reçu 124 Ă©valuations et 83 commentaires, cependant, la part des personnes ne souhaitant pas se prononcer est Ă©levĂ©e en particulier parmi les pĂȘcheurs (25%). Les thĂ©matiques abordĂ©es en commentaire Ă©taient trĂšs variĂ©es, la redondance est donc faible.

En bref

Cette mesure Ă©vite le recours aux aides publiques et peut reprĂ©senter une motivation importante si les stocks sont judicieusement choisis. Cependant, beaucoup s’inquiĂštent de dĂ©faut de suivi des captures commerciales et des CA qui limiteraient l’efficacitĂ© de la mesure et ainsi le besoin important de contrĂŽle qu’elle implique. Enfin la rĂ©partition des quotas en France est complexe et sujette Ă  tensions qu’une telle mesure pourraient exacerber.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Parmi les avis exprimĂ©s, les scientifiques, gestionnaires et la filiĂšre sont majoritairement en faveur de ce type de mesures. Les pĂȘcheurs et ONG sont plus partagĂ©s et en majoritĂ© contre. Certains arguments concernent les mesures incitatives ou compensatoires en gĂ©nĂ©ral. Ils sont dĂ©crits en introduction de la section “mesures incitatives”.

Concernant spĂ©cifiquement la nature de la rĂ©compense, ici des quotas supplĂ©mentaires, certains y sont plus favorables qu’aux aides financiĂšres, sous rĂ©serve que les espĂšces soient bien choisies (ciblĂ©es, limitantes, bien valorisĂ©es) et les hausses significatives : “Moi si on me dit ”bah voilĂ  tu pĂȘches plus un dauphin de l’annĂ©e” on rajoute 10 tonnes de lieu. Ah forcĂ©ment je vais Ă©quiper mes filets de balises, y’a pas de soucis.[
 mais] il faut que la balise elle marche Ă  100% ”. Plusieurs commentaires suggĂšrent un dĂ©faut de respect des quotas, un manque de controle des captures commerciales, qui limiterait le pouvoir incitatif de la mesure.

Certains acteurs craignent que cela engendre une pression supplĂ©mentaire sur les espĂšces cibles. Dans les faits, les quotas ne pouvant ĂȘtre augmentĂ©s, une telle mesure implique la remise en question de la clef de rĂ©partition liĂ©e aux antĂ©rioritĂ©s de pĂȘche, une question trĂšs sensible qui explique les commentaires relatifs Ă  la “complexitĂ©â€ de mise en oeuvre d’une telle mesure dans le contexte des pĂȘcheries du golfe de Gascogne. « AprĂšs, sur la LĂ©gine, vous pouvez le faire, mais ici, dans le Golfe de Gascogne
 La lĂ©gine est partagĂ©e entre un petit nombre de bateaux. C’est une pĂȘcherie trĂšs riche. Ils ont des moyens pour mettre des moyens de mitigation qui sont presque sans limites. Ce n’est pas transposable. C’est un moyen inapplicable. C’est le contexte qui rend la chose pas du tout possible. ».

Certains rĂ©pondants expriment un sentiment d’“inĂ©galitĂ© de rĂ©partition des quotas” liĂ© au systĂšme des antĂ©rioritĂ©s ou aux nĂ©gociations au sein des conseils d’administration des OPs. Certains pĂȘcheurs voient dans ce type de mesure un moyen d’introduire de nouveaux critĂšres et de forcer Ă  une plus grande transparence. “si l’Etat il dit : Maintenant vous allez donner plus aux petits pĂȘcheurs et moins aux gros. Bah lĂ  ils vont le faire ”. Au contraire, d’autres pensent que cela attiserait les conflits entre pĂȘcheurs sur cette question dĂ©jĂ  complexe et sensible.

Les modalitĂ©s d’attribution n’ont pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©es lors de l’enquĂȘte. Certains semblent envisager des quotas supplĂ©mentaires attribuĂ©s ‘a priori’ en rĂ©compense Ă  l’adoption de dispositifs ou l’abandon d’une pratique Ă  risque. Des difficultĂ©s sont anticipĂ©es pour les quotas partagĂ©s entre des flottilles susceptibles ĂȘtre responsables de by-catch de dauphins et des flottilles non impliquĂ©es. « Ce genre de systĂšme de rĂ©attribution de quota est en cours de discussion. Mais les critĂšres doivent ĂȘtre dĂ©finis clairement. Si on donne plus Ă  des fileyeurs qui sont pro-actifs et que les palangriers n’ont pas de bonus alors qui n’ont aucune capture accidentelle de dauphins dĂšs le dĂ©but, cela peut poser des problĂšmes. ».

Cependant de nombreux commentaires impliquent plutot un systĂšme basĂ© sur des preuves de rĂ©sultats. Ils soulignent que le systĂšme n’incite pas Ă  dĂ©clarer les CA et nĂ©cessite un suivi des CA autre que dĂ©claratif afin de faire la dĂ©monstration de la rĂ©duction de CA : « Pour moi ce n’est pas une mesure que l’on peut faire seule car il y a un besoin de contrĂŽler en mer les captures. », “Je pense qu’il faudrait quelqu’un de neutre qui vienne dans le bateau pour tester ce genre de choses. Sinon, tout le monde peut se dire « oui, j’ai essayĂ© ».”. De mĂȘme, certains suggĂšrent implicitement un systĂšme de malus associĂ©, oĂč la capture de dauphins impliquerait une rĂ©duction des quotas : “Il y en a pour qui, tu vois, c’est assez stable, c’est un ou deux dauphins dans l’annĂ©e. Mais une fois, il va en prendre plein d’un coup, il va se retrouver avec du quota retirĂ©. Non, ce ne serait pas cool.”.

SystĂšme de caution

Avertissement

La mesure n’a Ă©tĂ© proposĂ©e qu’à 51 rĂ©pondants, il y a 50 avis exprimĂ©s, et 34 commentaires, les rĂ©sultats doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution.

En bref

Les avis favorables sont favorables aux incitations en gĂ©nĂ©ral et pas particuliĂšrement aux cautions de quotas. Les critiques principales concernent les freins au changement de saisonnalitĂ© des dĂ©barquements du point de vue de l’accessibilitĂ© des espĂšces cibles, du marchĂ© ou des prix. L’inĂ©quitĂ© et la complexitĂ© du systĂšme sont Ă©galement invoquĂ©es comme inconvĂ©nients.

Avis général par acteur

Thématiques principales abordées en commentaire

Détails des commentaires

Les avis sont plutĂŽt dĂ©favorables chez pĂȘcheurs et ONGs, et plus partagĂ©s au sein de la filiĂšre et des scientifiques. Certains arguments concernent les mesures incitatives ou compensatoires en gĂ©nĂ©ral. Ils sont dĂ©crits en introduction de la section “Mesures incitatives”.

Certains soulignent qu’une rĂ©gulation saisonniĂšre des quotas est dĂ©jĂ  en oeuvre au sein de certaines OPs et pour certaines espĂšces, pour des raisons de marchĂ©, de prix ou pour Ă©viter une fermeture prĂ©coce dans les pĂȘcheries mixtes. Un rĂ©pondant remarque qu’en cas d’atteinte du seuil de CA, la mesure bĂ©nĂ©ficie aux stocks halieutiques car elle se traduirait par une baisse de quota. Cela dit, en cas de non atteinte du seuil et de restitution de la caution, des rĂ©pondants craignent que la concentration des dĂ©barquements sur une pĂ©riode plus courte n’impacte nĂ©gativement les prix : “Si on capture moins de sole en hiver, il faut voir quelles consĂ©quences ça peut avoir sur les prix. En hiver, ils font de la sole et du bar. Si on leur propose de faire du bar en Ă©tĂ©, est-ce que ça ne va pas Ă©crouler le marchĂ© ?”. Pour certaines espĂšces saisonniĂšres, au moins localement, le report du quota sur une autre saison n’est pas possible : “C’est irrĂ©aliste, car la sole et le merlu, on les pĂȘche en saison. ” ; “Les espĂšces cibles en hiver se pĂȘchent Ă  une saison bien prĂ©cise et les captures ne pourrait pas forcĂ©ment se transfĂ©rer sur une autre saison, ce qui rend difficile le dĂ©blocage de quota plus tard dans la saison, qui ne sera surement pas pĂȘchĂ©.”.

Le problĂšme de dĂ©finir un niveau de CA en deça duquel la caution est restituĂ©e se pose Ă©galement, comme pour les fermetures aprĂšs seuil. Ce risque de dĂ©bat autour du seuil a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© par un rĂ©pondant. Un autre enquĂȘtĂ© s’inquiĂšte que ces mesures dĂ©favorisent i) les pĂȘcheurs moins aisĂ©s dont la trĂ©sorerie ne peut pas supporter des pĂ©riodes de creux d’activitĂ© : “Seuls les pĂȘcheurs suffisamment riches pourraient dĂ©poser une caution. ” ou ii) ceux qui sont trĂšs limitĂ©s par leurs quotas, notamment dans les pĂȘcheries mixtes : “Ceux qui n’ont pas beaucoup de quotas comme moi on est coincĂ©s. ”.

Comme pour les autres incitations, les rĂ©pondants insistent sur le besoin d’un suivi fiable des CA, surtout si les rĂ©compenses incitent Ă  sous-dĂ©clarer. Il craignent que le contrĂŽle ne soit difficile, que ce soit Ă  l’échelle individuelle ou collective. Comme pour les quotas incitatifs, certains rĂ©pondants s’inquiĂštent de la complexitĂ© de la gestion d’un tel systĂšme parfois qualifiĂ© d’“usine Ă  gaz”.

3.4 Scénarios alternatifs à la fermeture

Pour rappel, trois enquĂȘtes distinctes ont Ă©tĂ© menĂ©es pour recueillir les avis des acteurs sur les mesures et les scĂ©narios. Chaque enquĂȘte prĂ©sentait aux participants deux scĂ©narios Ă  Ă©valuer, et avant cela, les mesures individuelles qui composaient ces scĂ©narios. Chaque enquĂȘte comprenait l’évaluation de 4 Ă  6 mesures individuelles. Voici la rĂ©partition des enquĂȘtes : · L’EnquĂȘte 1 (E1) a Ă©tĂ© soumise Ă  84 personnes et portait sur les ScĂ©narios 2 et 6. · L’EnquĂȘte 2 (E2) a Ă©tĂ© soumise Ă  97 personnes et portait sur les ScĂ©narios 3 et 5. · L’EnquĂȘte 3 (E3) a Ă©tĂ© soumise Ă  82 personnes et portait sur les ScĂ©narios 1 et 4. Le Tableau ci-dessous synthĂ©tise le nombre de rĂ©pondants pour chaque scĂ©nario, leur description et les mesures incluses. Il est crucial de noter que les scĂ©narios n’ont pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s par le mĂȘme groupe de rĂ©pondants dans chaque enquĂȘte. Par consĂ©quent, les comparaisons entre scĂ©narios, ou entre mesures individuelles et scĂ©narios, sont purement indicatives et doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es avec prudence, en raison des effectifs de rĂ©pondants variables d’une Ă©valuation Ă  l’autre.

Afin faciliter l’interprĂ©tation des rĂ©sultats souvent contrastĂ©s, on a sĂ©parĂ© l’échantillon des rĂ©pondants en deux groupes, dont les avis s’opposent frĂ©quemment en ce qui concerne les mesures de mitigation : Le “Secteur” regroupe les pĂȘcheurs, reprĂ©sentants des pĂȘcheurs, filiĂšres amont et aval, soit des professionnels de la filiĂšre pĂȘche. Les “Autres” regroupent le reste des acteurs, scientifiques, associations environnementales, instances gouvernementales et le grand public.

Le graphique suivant prĂ©sente les mĂȘmes rĂ©sultats en termes de pourcentages d’avis exprimĂ©s (exclusion des rĂ©ponses “Ne se prononce pas”) afin d’aider Ă  hiĂ©rarchiser les scĂ©narios.

Avertissement : Dans les paragaphes qui suivent, il est important de noter que le terme “avis dĂ©favorables” regroupe Ă  la fois les opinions “pas vraiment favorables” et “pas du tout favorables”.

Les rĂ©sultats de l’enquĂȘte rĂ©vĂšlent un biais dans l’utilisation de l’échelle de Lickert entre groupes d’acteurs : – Le groupe “Secteur” n’a accordĂ© une majoritĂ© d’avis favorables Ă  aucun des scĂ©narios proposĂ©s – En revanche, pour le groupe “Autres”, cinq des six scĂ©narios ont reçu une majoritĂ© d’avis favorables (seul le ScĂ©nario 6 (fermeture seuil et caution) a recueilli une majoritĂ© d’avis dĂ©favorables de leur part). Ceci pourrait tĂ©moigner de la rĂ©ticence du secteur Ă  adopter de nouvelles mesures, quand les autres acteurs y sont plus favorables. Ce biais incite en tous cas, Ă  Ă©valuer les scĂ©narios par groupe d’acteur et en comparaison les uns des autres et non seulement individuellement.

On reporte les rĂ©sultats des scĂ©narios selon deux angles distincts : D’abord on identifie les potentiels consensus et on Ă©tablit une hiĂ©rarchie des scĂ©narios auxquels chaque groupe d’acteur est le plus favorable. Dans un second temps, on compare l’avis sur les scĂ©narios Ă  celui sur les mesures isolĂ©es afin d’établir si leur combinaison amĂ©liore ou empire leur acceptabilitĂ©. Cette analyse est renforcĂ©e lorsque une mesure se retrouve dans plusieurs scĂ©narios combinĂ©e Ă  des mesures diffĂ©rentes.

Consensus et hiérarchie des scénarios

En premiĂšre analyse, aucun des scĂ©narios testĂ©s ne fait l’objet d’un consensus et les avis sont mitigĂ©s. Trois scĂ©narios recueillent une majoritĂ© d’avis favorables : le scĂ©nario 4, portant sur la fermeture de zone indemnisĂ©e ; le scĂ©nario 2, axĂ© sur le changement d’engin en Ă©change de quotas supplĂ©mentaires d’espĂšces cibles; et le scĂ©nario 1, offrant le choix entre un changement d’engin ou l’installation de camĂ©ras. À l’opposĂ©, le scĂ©nario 6 se distingue par une majoritĂ© d’avis dĂ©favorables : celui qui propose un dispositif liant l’accĂšs Ă  une partie gelĂ©e du quota de pĂȘche Ă  la condition que les captures accidentelles de dauphins restent en deçà d’un seuil limite, agissant comme une “caution”. Ce dernier scĂ©nario a gĂ©nĂ©rĂ© le moins de rĂ©ponses mais la plus faible proportion de “ne se prononce pas”). A noter que la connaissance de ce dispositif Ă©tait souvent plus limitĂ©e, souvent perçu comme nouveau par les rĂ©pondants par rapport aux autres scĂ©narios Ă©valuĂ©s.

Les avis diffĂ©rant entre les groupes d’acteurs, faire Ă©merger un scĂ©nario acceptĂ© par tous apparaĂźt complexe. Le Tableau suivant propose une classification des scĂ©narios basĂ©e sur les avis exprimĂ©s par groupe d’acteurs (« Avis gĂ©nĂ©ral », « Secteur » et « Autres »). Cette classification ordonne les scĂ©narios, du « moins de rĂ©ticences » au « plus de rĂ©ticences », en fonction de la majoritĂ© des avis (favorables, favorables + neutres, ou dĂ©favorables). Au sein de chaque catĂ©gorie, les scĂ©narios sont ensuite ordonnĂ©s selon la proportion d’avis dĂ©favorables, une attention particuliĂšre Ă©tant portĂ©e aux avis « trĂšs dĂ©favorables », avec l’idĂ©e qu’un scĂ©nario suscitant de fortes oppositions est potentiellement moins acceptable.

Le scĂ©nario 2 (changement d’engin et quota) est le seul Ă  figurer dans le “top 3” de chaque groupe. Cependant, cette observation doit ĂȘtre nuancĂ©e : malgrĂ© sa prĂ©sence dans ce classement, ce scĂ©nario recueille une majoritĂ© d’avis dĂ©favorables de la part du groupe « Secteur », ce qui suggĂšre une potentielle faible acceptabilitĂ© et des rĂ©ticences importantes Ă  sa mise en place, comme le confirment les critiques exprimĂ©es dans les verbatim, notamment concernant l’aspect de changement d’engin. Enfin, les scĂ©narios 1 (choix entre changement d’engin ou camĂ©ras) et 3 (utilisation de dispositifs ET une camĂ©ra en Ă©change de quota d’espĂšces supplĂ©mentaire) apparaissent comme ceux oĂč le potentiel de rĂ©ticences est le plus faible, aucun d’eux n’ayant recueilli une majoritĂ© d’avis dĂ©favorables de la part d’un groupe ; pour le scĂ©nario 1, il convient toutefois de rappeler les critiques relatives au changement d’engin apparues dans les verbatim.

Une analyse plus dĂ©taillĂ©e des consĂ©quences Ă©conomiques, sociales ou environnementales laisse toutefois entrevoir des points d’accords sur certains scĂ©narios. Le scĂ©nario changement d’engin en Ă©change de quotas (les fileyeurs changent d’engin de dĂ©cembre Ă  mars en Ă©change de quota supplĂ©mentaire d’espĂšces cibles) divise les acteurs sur les consĂ©quences Ă©conomiques, mais les rassemble sur les consĂ©quences en termes de rĂ©duction de captures accidentelles jugĂ©es positives par une majoritĂ© d’acteurs dans chaque groupe. Les scĂ©narios 3,5 et 6 ne laissent pas entrevoir a priori de points d’accords possibles sur les consĂ©quences de chacun de ces scĂ©narios : beaucoup d’acteurs restent indĂ©cis ou prĂ©fĂšrent ne pas se prononcer, ce qui rend l’interprĂ©tation difficile sans l’analyse qualitative des verbatim. Le scĂ©nario 4 (fermeture d’une zone Ă  risque pour les fileyeurs et les chalutiers pĂ©lagiques de dĂ©cembre Ă  mars, avec indemnisation des pertes), s’il recoit le plus d’avis favorables, laisse la filiĂšre dubitative sur les consĂ©quences environnementales d’une telle mesure.

Comparaisons détaillées entre les mesures individuelles et les scénarios

Mesure “Changement d’engin de pĂȘche” (ScĂ©narios 1 et 2)

L’avis global sur le ScĂ©nario 1 (changement d’engin OU camĂ©ras) et le ScĂ©nario 2 (changement d’engin ET quota d’espĂšce cible) montre des tendances similaires, avec une majoritĂ© d’opinions favorables pour les deux. Cette concordance se retrouve pour la mesure “changement d’engin” Ă©valuĂ©e de façon individuelle. Cependant, une analyse par groupe d’acteurs rĂ©vĂšle des nuances : Le groupe “Autres” perçoit le ScĂ©nario 2 plus positivement que le ScĂ©nario 1, pour lequel leurs avis sont plus mitigĂ©s. Le groupe “Secteur” au contraire affiche une prĂ©fĂ©rence pour le ScĂ©nario 1, mais il a gĂ©nĂ©rĂ© un plus grand nombre de rĂ©ponses “ne se prononce pas” que le ScĂ©nario 2.

Les perceptions des groupes “Secteur” et “Autres” concernant la mesure individuelle “changement d’engin” se rapprochent de celles exprimĂ©es par ces groupes pour le ScĂ©nario 2 (changement d’engin + quota d’espĂšce cible). Plus prĂ©cisĂ©ment, le groupe “Secteur” a exprimĂ© une perception majoritairement dĂ©favorable pour la mesure individuelle, reflĂ©tant son avis sur le ScĂ©nario 2. Inversement, le groupe “Autres” a un avis favorable pour cette mesure individuelle, ce qui est en phase avec les avis du ScĂ©nario 2. Cette similaritĂ© des perceptions par groupe est moins prononcĂ©e lorsque l’on compare la mesure individuelle “changement d’engin” aux avis du ScĂ©nario 1.

Mesure “CamĂ©ras embarquĂ©es” (ScĂ©narios 1, 3 et 5)

L’analyse de la mesure “camĂ©ra embarquĂ©e” seule rĂ©vĂšle une nette division des opinions, sans consensus clair et avec de fortes variations entre les groupes. La situation Ă©volue lĂ©gĂšrement lorsqu’elle est intĂ©grĂ©e dans des scĂ©narios : Le ScĂ©nario 1, (changement d’engin OU camĂ©ras), est perçu de maniĂšre majoritairement favorable Ă  l’échelle globale. Cela suggĂšre un potentiel d’acceptation accru pour cette combinaison spĂ©cifique, lorsqu’on regarde les rĂ©ponses de l’ensemble des rĂ©pondants, tout groupes confondus. En contraste, le ScĂ©nario 5, qui comprend une rĂ©duction d’effort et une indemnisation conditionnelle (si camĂ©ra ou observateur), rencontre un avis global gĂ©nĂ©ral majoritairement nĂ©gatif. Le ScĂ©nario 3, incluant des dispositifs technologiques et une camĂ©ra en Ă©change de quotas supplĂ©mentaires d’espĂšces cibles supplĂ©mentaires, montre un niveau d’acceptation global plus similaire Ă  celui de la mesure individuelle « camĂ©ra ». Ces observations indiquent que l’acceptabilitĂ© de la camĂ©ra pourrait ĂȘtre influencĂ©e par les mesures avec lesquelles elle est combinĂ©e, notamment par la prĂ©sence d’alternatives perçues globalement positivement par les acteurs. A noter que les perceptions diffĂšrent lorsqu’on Ă©tudie les rĂ©ponses par type d’acteurs, avec une forte rĂ©ticence par le groupe « Secteur » pour le ScĂ©nario 3, contrairement Ă  l’avis du groupe « Autres » qui est bien majoritairement favorable pour ce scĂ©nario, et moins favorable pour les 2 autres.

Mesure “Observateur Ă  bord” (ScĂ©nario 5)

La mesure individuelle “observateur Ă  bord” recueille un avis majoritairement favorable Ă  l’échelle globale. Le groupe “Secteur” exprime une prĂ©fĂ©rence nette pour les observateurs (avis majoritairement favorable) par rapport aux camĂ©ras (avis majoritairement dĂ©favorable). Inversement, le groupe “Autres” prĂ©fĂšre les camĂ©ras, bien que les deux mesures restent majoritairement favorables pour ce groupe. Dans le ScĂ©nario 5 (rĂ©duction d’effort + indemnisation conditionnĂ©e Ă  camĂ©ra OU observateur), l’avis global est plus partagĂ©. Pour le groupe “Secteur”, l’avis sur le ScĂ©nario 5 est clairement dĂ©favorable pour les pĂȘcheurs et leurs reprĂ©sentants, et partagĂ© pour la filiĂšre (mais avec un faible nombre d’avis exprimĂ©s). Cette perception contraste avec l’avis plutĂŽt favorable sur la mesure “observateur” seule. Pour les scientifiques, l’avis sur le ScĂ©nario 5 est comparable Ă  celui de la mesure “observateur” seule, tandis qu’il est plus favorable pour le grand public et les associations environnementales. Les verbatim associĂ©s au ScĂ©nario 5 suggĂšrent que l’avis dĂ©favorable du groupe “Secteur” ne viendrait pas de la mesure “observateur” elle-mĂȘme, mais plutĂŽt des mesures concernant les camĂ©ras et la rĂ©duction d’effort. Certains pĂȘcheurs expriment par exemple une prĂ©fĂ©rence pour l’observateur par rapport Ă  la camĂ©ra, soulignant son cĂŽtĂ© humain et la fiabilitĂ© de la donnĂ©e. Cependant, il est important de nuancer cette observation, car certains verbatim mentionnent des prĂ©occupations relatives aux coĂ»ts Ă©levĂ©s des camĂ©ras et Ă  l’impossibilitĂ© de les installer sur certains navires.

Mesure “RĂ©duction de l’effort de pĂȘche” (ScĂ©nario 5)

La mesure individuelle “rĂ©duction de l’effort de pĂȘche” est Ă©valuĂ©e majoritairement de façon dĂ©favorable pour le groupe “Secteur” et trĂšs largement favorable pour le groupe “Autres”. Ces avis se reflĂštent globalement dans le ScĂ©nario 5 : une trĂšs faible proportion d’avis favorables et une majoritĂ© d’avis dĂ©favorables dans le groupe “Secteur”, tandis que les avis sont majoritairement favorables dans le groupe “Autres”. Le fait de combiner la mesure de limitation de l’effort avec des “subventions si camĂ©ra OU observateur” ne modifie pas qualitativement les avis par groupe d’acteurs (favorable pour les “Autres”, dĂ©favorable pour le “Secteur”). Cependant, quantitativement, on observe une lĂ©gĂšre perte de favorabilitĂ© pour la mesure “rĂ©duction de l’effort” lorsqu’elle est combinĂ©e dans le ScĂ©nario 5 avec les mesures “ subventions si camĂ©ras ou observateurs”, et ce pour les deux groupes.

Mesure “Subventions” (ScĂ©narios 4 et 5)

De façon globale, la mesure individuelle “subvention” est Ă©valuĂ©e plutĂŽt favorablement. La mesure “subvention” est globalement mieux accueillie si prise de façon individuelle. Lorsqu’elle est couplĂ©e Ă  la condition d’une camĂ©ra embarquĂ©e ou d’un observateur Ă  bord (dans le ScĂ©nario 5), son acceptabilitĂ© potentielle diminuerait. Cette baisse est particuliĂšrement marquĂ©e pour le groupe “Secteur” : environ 50% d’avis favorables pour la mesure individuelle, contre moins de 15% pour le ScĂ©nario 5. En comparaison, le ScĂ©nario 4 (fermeture de zone avec indemnisation des pertes, sans condition sur les subventions) est accueilli plus favorablement que le ScĂ©nario 5 par le groupe “Secteur” (environ 40% d’avis favorables pour le ScĂ©nario 4). Pour le groupe “Autres”, les rĂ©sultats sont globalement similaires entre la mesure “subvention” individuelle et les ScĂ©narios 4 et 5. Cependant, la mesure “subvention” individuelle recueille lĂ©gĂšrement moins d’avis favorables que lorsqu’elle est combinĂ©e dans les ScĂ©narios 4 et 5. Le ScĂ©nario 4 est Ă©galement Ă©valuĂ© lĂ©gĂšrement plus favorablement que le ScĂ©nario 5 par ce groupe.

Mesure “Fermeture de zone saisonniĂšre” (ScĂ©nario 4)

La mesure individuelle “fermeture de zone” est majoritairement Ă©valuĂ©e dĂ©favorablement pour le groupe “Secteur” et favorablement pour le groupe “Autres”. Pour le groupe “Secteur”, la fermeture de zone associĂ©e Ă  des subventions (ScĂ©nario 4) est lĂ©gĂšrement moins favorable que la mesure “fermeture de zone” seule. Cette diffĂ©rence peut ĂȘtre liĂ©e aux effectifs de rĂ©pondants variables, mais globalement, l’avis reste majoritairement dĂ©favorable dans les deux cas. Pour le groupe “Autres”, la majoritĂ© des avis sont favorables, et il y a plus d’avis favorables lorsque la fermeture de zone est couplĂ©e Ă  des subventions (ScĂ©nario 4).

Mesure “Quota d’espĂšce cible” (ScĂ©narios 2 et 3)

L’avis global sur la mesure individuelle “quota incitatif” ne change pas radicalement lorsqu’elle est combinĂ©e dans un scĂ©nario, bien qu’on observe lĂ©gĂšrement plus d’avis neutres dans ce dernier cas. Cependant, les combinaisons spĂ©cifiques pourraient influencer les perceptions : dans l’avis gĂ©nĂ©ral, la mesure “quota incitatif” reçoit un peu plus d’avis favorables lorsqu’elle est associĂ©e Ă  un changement d’engin (ScĂ©nario 2) que lorsqu’elle est Ă©valuĂ©e seule. Les perceptions varient toutefois selon les groupes d’acteurs : – Pour le groupe “Autres”, l’avis sur les “quotas incitatifs” est plus favorable quand ils sont combinĂ©s Ă  un changement d’engin (ScĂ©nario 2) qu’individuellement. L’avis est plus favorable pour la mesure individuelle que lorsqu’elle est associĂ©e Ă  des dispositifs et camĂ©ras (ScĂ©nario 3), bien que les rĂ©sultats soient trĂšs proches. – Pour le groupe “Secteur”, la mesure “quota incitatif” est accueillie moins nĂ©gativement lorsqu’elle est associĂ©e Ă  des dispositifs et camĂ©ras (ScĂ©nario 3) que lorsqu’elle est prise individuellement. À l’inverse, elle est perçue plus nĂ©gativement (avec une majoritĂ© d’avis dĂ©favorables) lorsqu’elle est combinĂ©e Ă  un changement d’engin (ScĂ©nario 2). Cela peut s’explique par le fait que le changement d’engin est Ă©valuĂ© dĂ©favorablement par ce groupe lorsqu’il est considĂ©rĂ© seul. En rĂ©sumĂ©, la mesure “quota d’espĂšce cible” pourrait avoir plus de chances d’ĂȘtre acceptĂ©e par le groupe “Secteur” si elle est combinĂ©e Ă  des dispositifs et camĂ©ras plutĂŽt qu’à un changement d’engin. Pour le groupe “Autres”, c’est l’inverse : cette mesure serait plus acceptĂ©e si combinĂ©e Ă  un changement d’engin. Il est important de noter que pour le groupe “Autres”, les avis sont majoritairement positifs dans les trois cas (mesure individuelle, ScĂ©nario 2 et ScĂ©nario 3).

Mesures “Dispositifs technologiques” (ScĂ©nario 3)

L’avis gĂ©nĂ©ral sur les mesures “dispositifs” prises individuellement varie selon le dispositif (pingers, DolphinFree, rĂ©flecteurs), rendant la comparaison complexe avec les scĂ©narios. Il est difficile d’identifier quelle mesure a le plus influencĂ© l’évaluation des rĂ©pondants au sein du ScĂ©nario 3 (combinant dispositifs, camĂ©ras et quotas). Cependant, on peut noter que l’avis global sur le ScĂ©nario 3 semble plus proche des perceptions mitigĂ©es concernant les pingers que des avis plus favorables sur les balises DolphinFree ou les rĂ©flecteurs, qui sont globalement mieux accueillis lorsqu’ils sont Ă©valuĂ©s seuls. Les avis divergent selon les groupes d’acteurs. Pour le groupe “Autres”, les avis sur les dispositifs individuels divergent fortement, allant du trĂšs largement favorable pour les rĂ©flecteurs Ă  majoritairement dĂ©favorable pour les pingers. A noter que les avis sur le ScĂ©nario 3 se rapprochent du profil de rĂ©ponses sur les balises DolphinFree, avec une lĂ©gĂšre majoritĂ© d’avis favorables. Pour le groupe “Secteur”, le profil d’avis sur le ScĂ©nario 3 reflĂšte davantage les avis sur les pingers pris isolĂ©ment (c’est Ă  dire avis mitigĂ©). Globalement, moins d’avis favorables sont exprimĂ©s lorsque les dispositifs sont combinĂ©s aux camĂ©ras et quotas incitatifs que lorsqu’ils sont pris de façon isolĂ©e.

Mesure “Fermeture aprĂšs un seuil limite” (ScĂ©nario 6)

La comparaison entre la mesure individuelle “fermeture aprĂšs un seuil limite” et le ScĂ©nario 6 (combinant une caution avec un seuil limite) rĂ©vĂšle une diffĂ©rence notable dans la perception gĂ©nĂ©rale. L’avis sur le ScĂ©nario 6 est globalement plus nĂ©gatif que celui sur la mesure “fermeture aprĂšs seuil limite” seule. La mesure est ici associĂ©e avec la mesure individuelle du “systĂšme de caution” qui est trĂšs mal perçue (enregistrant la plus forte proportion d’avis nĂ©gatifs parmi toutes les mesures Ă©valuĂ©es individuellement). Ces rĂ©sultats suggĂšrent que la combinaison d’une mesure de remĂ©diation (comme la fermeture aprĂšs un seuil) avec un systĂšme de caution a de fortes chances d’ĂȘtre perçue de façon dĂ©favorable par les acteurs.

Mesure “Caution” (ScĂ©nario 6)

L’avis gĂ©nĂ©ral sur la mesure “caution” reste majoritairement dĂ©favorable, que la mesure soit Ă©valuĂ©e seule ou combinĂ©e avec un seuil limite dans le ScĂ©nario 6. Le profil des rĂ©ponses est assez similaire dans les deux cas. Pour le groupe “Autres”, les avis sont presque identiques pour la mesure “caution” seule et pour le ScĂ©nario 6. Cependant, le groupe “Secteur” prĂ©sente une proportion d’avis dĂ©favorables plus Ă©levĂ©e lorsque la mesure “caution” est prise individuellement, par rapport Ă  sa combinaison avec un seuil limite. Lorsque la “caution” est incluse dans le ScĂ©nario 6, ce mĂȘme groupe exprime davantage d’avis “neutres” qu’en Ă©valuation individuelle (oĂč il n’y a aucun avis neutre). Il est difficile de conclure, avec ces seuls rĂ©sultats, si la mesure “caution” serait mieux acceptĂ©e si elle Ă©tait combinĂ©e Ă  une autre. Comme vu prĂ©cĂ©demment, la mesure “fermeture aprĂšs un seuil” est perçue plus favorablement lorsqu’elle est Ă©valuĂ©e seule que lorsqu’elle est combinĂ©e avec la mesure “caution”. Cela pourrait indiquer qu’un scĂ©nario incluant le systĂšme de caution est susceptible de rencontrer une certaine rĂ©sistance.

Conclusion

En conclusion, il est essentiel d’analyser les avis par groupe d’acteurs plutĂŽt que de regarder uniquement les avis globaux. Les rĂ©sultats montrent des hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s de rĂ©ponses selon les groupes, ce qui souligne l’importance d’une approche nuancĂ©e pour comprendre les perceptions de chacun.

3.5 Création de scénarios

84 rĂ©pondants (20 pĂȘcheurs, 17 reprĂ©sentants de la filiĂšre, 5 membres d’une structure reprĂ©sentant les professionnels de la pĂȘche, 4 gestionnaires, 5 grand public, 18 membres d’une ONG ou association environnementale, et 15 scientifiques) ont créé leur propre scĂ©nario combinant plusieurs mesures de gestion. Notons que la proportion de pĂȘcheurs parmi les rĂ©pondants Ă  la crĂ©ation de scĂ©narios est plus faible que dans l’échantillon gĂ©nĂ©ral de l’enquĂȘte, ce qui indique que les rĂ©sultats et comparaisons avec les parties prĂ©cĂ©dentes de l’enquĂȘte doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s avec prĂ©caution. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la frĂ©quence de citation des diffĂ©rentes mesures dans les scĂ©narios créés reflĂšte les avis recueillis sur les mesures (cf. Section 3.3). Les rĂ©ponses soulignent l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des prĂ©fĂ©rences et l’absence de consensus puisqu’aucune mesure n’a Ă©tĂ© citĂ©e par la majoritĂ© des rĂ©pondants. Les 3 mesures les plus souvent citĂ©es sont les dispositifs techniques de mitigations (rĂ©flecteurs, pingers, et balises acoustiques DolphinFREE). Plus de la moitiĂ© des scĂ©narios incluent des camĂ©ras ou des observateurs embarquĂ©s. Ces mesures d’acquisition de donnĂ©es ont notamment Ă©tĂ© particuliĂšrement citĂ©es par les scientifiques et les ONGs. À l’inverse, les mesures d’acquisition de donnĂ©es ont Ă©tĂ© rarement citĂ©es par les gestionnaires, qui ont eux majoritairement inclus des dispositifs techniques de mitigation et/ou une limitation de l’effort.Cela dit Ă©tant donnĂ© le faible nombre de rĂ©ponses, il serait hatif de gĂ©nĂ©raliser ces prĂ©fĂ©rences Ă  l’ensemble de la catĂ©gorie d’acteurs.

Les mesures de gestion de l’effort de pĂȘche les plus citĂ©es sont la fermeture saisonniĂšre fixe et la limitation de l’effort de pĂȘche. Les mesures de changement d’engin (pĂȘcher Ă  la palangre ou pĂȘcher au casier) sont principalement citĂ©es par les scientifiques, les ONG/associations environnementales et le grand public, Ă  l’inverse des membres d’une structure reprĂ©sentative de professionnels de la pĂȘche et des gestionnaires. En revanche, la filiĂšre et les reprĂ©sentants des pĂȘcheurs ont plus frĂ©quemment sĂ©lectionnĂ© les incitations par quota d’espĂšce cible. Enfin, plusieurs types de mesures non Ă©valuĂ©es dans les parties prĂ©cĂ©dentes de l’enquĂȘte ont Ă©galement Ă©tĂ© citĂ©es: actions de sensibilisation et de communication (16 citations), crĂ©ation d’un Ă©colabel (14), formations (12), move-on rule (7), et gestion spatiale incitative (6), soulignant l’intĂ©rĂȘt des rĂ©pondants pour un large portefeuille de mesures. Les contraintes de temps n’ont pas permis d’analyser de maniĂšre poussĂ©e les scĂ©narios créés par les rĂ©pondants. En particulier, les choix de combinaison de mesures mĂ©riteraient d’ĂȘtre explorĂ©s plus finement dans des travaux futurs pour mettre en Ă©vidence les complĂ©mentaritĂ©s perçues par les enquĂȘtĂ©s. L’influence d’évaluer une mesure dans l’enquĂȘte sur sa sĂ©lection dans la crĂ©ation de scĂ©anarios permettrait d’évaluer le potentiel d’actions de pĂ©dagogie ou de formation pour amĂ©liorer l’acceptabilitĂ© d’une mesure.

3.6 Solutions émergentes des verbatim

L’analyse des verbatim fait Ă©merger plusieurs solutions alternatives Ă  celles dĂ©jĂ  testĂ©es dans les enquĂȘtes. Ces solutions indiquent un chemin Ă  explorer pour rĂ©pondre aux enjeux des parties prenantes et tenter de rĂ©soudre les controverses existantes (cf. 3.7). Une problĂ©matique centrale semble se dessiner autour d’une volontĂ© de gestion durable et partagĂ©e des territoires marins et des espĂšces. Il s’agit d’administrer collectivement Ă  une Ă©chelle locale les diffĂ©rents usages de mer. Dans chaque zone, les arbitrages entre les groupes de parties prenantes restent toutefois dĂ©licats Ă  faire accepter par l’ensemble des acteurs. Les solutions proposĂ©es par les enquĂȘtĂ©s rĂ©sonnent avec les grands thĂšmes relevĂ©s dans les verbatim : lutte contre les pollutions et prĂ©servation des milieux marins, maintien de l’emploi et de l’attractivitĂ© des mĂ©tiers, valorisation de l’image et besoin de reconnaissance de la filiĂšre, meilleure gestion des stocks des espĂšces ciblĂ©es, rĂ©novation de la gestion des quotas et des zones de pĂȘche, amĂ©lioration de la distribution des aides financiĂšres, volontĂ© de concertation et de pacification des conflits, prĂ©servation des espĂšces protĂ©gĂ©es. Plusieurs verbatim illustrent la nĂ©cessitĂ© d’encourager les pratiques vertueuses issues du terrain notamment par un mix de mesures complĂ©mentaires mĂȘlant expĂ©rimentations, incitations, rĂšglementation nationale et rĂ©vision du systĂšme de gestion des pĂȘches en vigueur : appel Ă  des innovations low-tech, Ă  un dialogue plus frĂ©quent avec des observateurs et des scientifiques, Ă  des rapports fondĂ©s sur la confiance, Ă  des tests renouvelĂ©s, Ă  une rĂ©vision des quotas, etc. Au-delĂ  de ces vƓux d’une gestion de proximitĂ©, les principales solutions citĂ©es et partagĂ©es par diffĂ©rents groupes de parties prenantes suggĂšrent des fermetures pour protĂ©ger la ressource, une limitation des filets, une rĂ©glementation favorisant la pĂȘche artisanale ou une rĂ©vision des aides. Les tableaux suivants recensent les principales solutions alternatives citĂ©es par plusieurs parties prenantes dans diffĂ©rents scĂ©narios testĂ©s.

Il est Ă  noter qu’aucune solution n’est directement reliĂ©e Ă  l’identitĂ© mĂȘme du mĂ©tier de pĂȘcheur et Ă  sa pĂ©nibilitĂ© intrinsĂšque : ce qui manifeste peut-ĂȘtre un point aveugle. Les parties prenantes interviewĂ©es semblent ĂȘtre restĂ©es particuliĂšrement discrĂštes sur les pratiques de remĂ©diations au mal-vivre de la profession bien que ces sources Ă©voquent les inquiĂ©tudes sur le maintien de l’emploi de l’attractivitĂ© des mĂ©tiers, la valorisation de l’image et le besoin de reconnaissance de la filiĂšre. Les verbatim de solutions sur le besoin d’amĂ©lioration de l’équilibre entre vie professionnelle, vie sociale et vie familiale des pĂȘcheurs ne dĂ©bouchent pas sur des formulations qui soient Ă  la hauteur des troubles exprimĂ©s. Par ailleurs, les risques d’addiction accrus en cas d’empĂȘchement d’embarquer et les risques Ă  la reprise d’activitĂ© aprĂšs une fermeture (qui ressortent de certains verbatim) restent des pistes complĂ©mentaires pour renforcer les solutions recensĂ©es vers une meilleure attractivitĂ© du mĂ©tier pour les jeunes gĂ©nĂ©rations.

Solutions communes et transversales

PrĂ©fĂ©rence pĂȘche artisanale

Repos biologique

Réduction effort

Révision des aides

Solutions moins citées

Gestion des quotas

Expérimentation

Fermeture dynamique

SystÚme négocié de surveillance

Caméras

PrĂ©fĂ©rence pĂȘche française

Innovations

Incitations

Pescatourisme

3.7 Causes et circonstances des CA Ă©voquĂ©es en entretien ou commentaire par les pĂȘcheurs

On reporte ci-dessous un Ă©chantillon des causes et circonstances des captures accidentelles invoquĂ©es par les pĂȘcheurs au cours des entretiens. Une reprise approfondie des verbatim consacrĂ©s Ă  cette thĂ©matique serait nĂ©cessaire pour mieux dĂ©gager les consensus.

Mise en garde : Les informations qualitatives reportĂ©es ici doivent encore plus que pour d’autres aspects de l’enquĂȘte ĂȘtre considĂ©rĂ©es avec prĂ©caution et cette liste ne saurait ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme exhaustive ou quantifiĂ©e. La perception des causes et circonstances des captures accidentelles n’était pas l’objet de l’enquĂȘte, elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e de maniĂšre opportuniste au fil des entretiens et non systĂ©matique. De plus l’échantillon de pĂȘcheurs intĂ©rrogĂ©s est trĂšs dĂ©sĂ©quilibrĂ© en termes de mĂ©tiers, zones, ages
 ce qui peut fortement biaiser la frĂ©quences des circonstances rapportĂ©es. Enfin, dans certains cas, le pĂȘcheur rapporte des circonstances vĂ©cues personnellement, dans d’autres, les pratiques d’autres pĂȘcheurs.

Une soixantaine de verbatim de pĂȘcheurs Ă©voquent les causes et circonstances des captures. Le sentiment le plus frĂ©quemment reportĂ© est que la capture de dauphins est rare, gĂ©nĂ©rant de l’incomprĂ©hension quant au diagnostique scientifique.

Si certains pĂȘcheurs ne partagent pas du tout le constat de risque pour la population de dauphins, d’autres l’attribuent Ă  d’autres pĂȘcheurs et ne se perçoivent pas comme responsables Ă  titre personnel, crĂ©ant un sentiment d’injustice “je ne me sens pas concernĂ© par la problĂ©matique, car je capture trĂšs peu de dauphins. Je ne comprends pas pourquoi je dois subir la fermeture”.

La plupart des pĂȘcheurs enquĂȘtĂ©s reportent une forte augmentation de la prĂ©sence des dauphins, et notamment une prĂ©sence plus forte proche de la cĂŽte :« Tous mes pĂȘcheurs me disent qu’ils n’ont jamais vu autant de dauphins et quand je les accompagne en mer j’en vois partout.». Beaucoup font le lien avec la prĂ©sence de leurs proies, Ă  large Ă©chelle (en termes d’aire de distribution) : « Pour moi ça c’est juste les mouvements de poissons bleus quoi tu vois. (
) C’est des espĂšces que tu voyais jamais Ă  la cĂŽte avant. MĂȘme mon grand-pĂšre qui naviguait Ă©normĂ©ment il n’en voyait quasiment jamais Ă  la cĂŽte avant. C’était qu’au large. ». Ils citent Ă©galement le retour des grands prĂ©dateurs comme le thon rouge qu’ils attribuent aux mĂȘmes causes. D’autres encore tĂ©moignent d’un changement de distribution verticale dans la colonne d’eau (maquereaux). Il est arrivĂ© qu’ils associent prĂ©sence de petits poissons pĂ©lagiques et captures accidentelles de dauphins, mais ce n’est pas systĂ©matique. Des observations de cooccurence des dauphins et de leurs proies sont aussi rapportĂ©es Ă  fine Ă©chelle (au moment de la pĂȘche) : “Quand il y a l’anchois ou la sardine, lĂ , ça arrive. DĂšs qu’il y a de la manjaille, ils sont lĂ .”. Certains suggĂšrent que les dauphins suivent les navires de pĂȘche pour se nourrir “Faut dire que les dauphins vont lĂ  oĂč il y a de la mangeaison et les bateaux de pĂȘche c’est de la mangeaison pour eux”, ou ont constatĂ© de la dĂ©prĂ©dation “On voit souvent l’entaille, la mĂąchoire”.

Beaucoup avouent conclure Ă  un phĂ©nomĂšne alĂ©atoire ou imprĂ©visible : “Il y a des fois oĂč il y a des filets, il y a des centaines de dauphins autour du bateau, on n’en a pas un dans les filets”, “Parce que des fois il y en a partout. Il n’y a pas de capture. Et des fois tu n’en vois pas, tu en chopes un. Vraiment tu te dis putain lĂ  on va en choper. Et en fait non. Et des fois tu ne vois rien et puis putain un dauphin”.

L’état de santĂ© des animaux a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă  plusieurs reprises comme expliquant la capture : animaux vieux, malades ou au contraire jeunes (inexpĂ©rimentĂ©s). L’interaction de l’état de santĂ© avec une mauvaise mĂ©tĂ©o est suggĂ©rĂ©e.

Dans certains cas, des mĂ©tiers ou pratiques sont dĂ©signĂ©s comme responsables ou plus impactants, avec des contradictions entre perceptions. Les circonstances rapportĂ©es sont trĂšs variables et contradictoires particuliĂšrement en ce qui concerne le type de filet (droit, trĂ©mail ou dĂ©rivant), le moment de l’opĂ©ration de pĂȘche (filage), le moment de la journĂ©e, les saisons, ou l’équipement responsable (rallingues ou nappes). Une plus grande cohĂ©rence de perception est notĂ©e pour d’autres facteurs favorisant les captures :

  • Le maillage : filets Ă  grosses mailles (lotte), plus rĂ©sistants et plus Ă  risque que les filets de petit maillage, fragiles (rouget, merlu)
  • La hauteur du filet : les plus hauts sont plus Ă  risque, notamment les pĂȘche-tout
  • L’effort de pĂȘche, soit une plus grande longueur de filets, soit la durĂ©e de calade augmenterait le risque
  • La pose en S augmenterait le risque
  • Les trĂ©mails captureraient des dauphins plutot que les filets droits
  • Les engins pĂ©lagiques sont reportĂ©s comme capturant un plus grand nombre de dauphins par Ă©vĂ©nement de capture.

Les flottilles “industrielles”, les “grands navires”, “pĂȘchant au large”, sont mises en cause par certains pĂȘcheurs soit directement mais avec un risque d’échouage plus faible sur les cĂŽtes, soit indirectement, en rarĂ©fiant les proies au large et incitant les dauphins Ă  rechercher leur nourriture Ă  la cĂŽte. La reponsabilitĂ© des pĂȘcheurs espagnols et portuguais est aussi mise en cause.

3.8 Perception du dauphin et du phĂ©nomĂšne de CA par les pĂȘcheurs

On rapporte ici des exemples de la perception trĂšs contrastĂ©e du dauphin par les pĂȘcheurs et de la maniĂšre dont ils vivent les captures accidentelles telles que les suggĂšrent les verbatim (un complĂ©ment sur ce thĂšme peut ĂȘtre trouvĂ© dans la section sur les consĂ©quences sociales de la fermeture).

Mise en garde : Les informations qualitatives reportĂ©es ici doivent encore plus que pour d’autres aspects de l’enquĂȘte ĂȘtre considĂ©rĂ©es avec prĂ©caution et cette liste ne saurait ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme exhaustive ou quantifiĂ©e. La perception du dauphins et le ressenti face aux captures accidentelles n’était pas l’objet de l’enquĂȘte, ils ont Ă©tĂ© collectĂ©s de maniĂšre opportuniste au fil des entretiens et non de maniĂšre systĂ©matique. De plus l’échantillon de pĂȘcheurs intĂ©rrogĂ©s est trĂšs dĂ©sĂ©quilibrĂ© en termes de mĂ©tiers, zones, ages
 il convient donc de ne pas gĂ©nĂ©raliser les propos rapportĂ©s.

Image du dauphin

Deux visions du dauphin s’opposent chez les pĂȘcheurs : Certains tĂ©moignent de la sympathie, voire de l’admiration pour ce cĂ©tacĂ© “Nous ont adore les dauphins, quand on en voit on est comme des gamins, on prend des vidĂ©os.”. Il est frĂ©quent que les pĂȘcheurs soutiennent qu’il est important de rĂ©duire les captures accidentelles, avec une dimension Ă©motionnelle qui n’est pas Ă  nĂ©gligĂ© : “On ne le fait pas exprĂšs de pĂȘcher des dauphins, nous aussi on est malheureux quand cela arrive”. Les captures accidentelles reprĂ©sentent des Ă©vĂ©nements trĂšs nĂ©gatifs et marquants dont ils souhaitent d’affranchir. “AprĂšs, nous, c’est nous fait chier d’en pĂȘcher aussi. C’est du matĂ©riel. MĂȘme pas ce que ça. On trouve ça joli aussi. On aime bien les dauphins. On n’a rien contre eux”. “Moi, ça fait plus 30 ans que j’ai ce bateau. J’en ai pris moins d’une dizaine et deux fois des petits. Et j’étais malheureux comme tout parce qu’il Ă©tait adorable”.

A l’opposĂ©, l’espĂšce est considĂ©rĂ©e comme nuisible car trop abondante ou faisant de la concurrence Ă  la pĂȘche par certains pĂȘcheurs. Le parallĂšle avec la rĂ©gulation des espĂšces terrestres (sangliers) est parfois fait. D’autres sans animositĂ©, semblent s’ĂȘtre lassĂ© de les croisĂ©s constamment en mer : “Avant quand j’étais gamin, quand on en voyait, tu allais quasiment rĂ©veiller le gars qui Ă©tait pas en quart ”Regardez ils sont lĂ , ils sont lĂ  ! ” Et on Ă©tait content. Et maintenant les jours exceptionnels c’est oĂč tu n’en vois pas quoi.”.

PassĂ© de “nuisible” dans les annĂ©es 70 Ă  espĂšce protĂ©gĂ©e et emblĂ©matique de la lutte pour l’environnement, l’image du dauphin a subi un rĂ©el changement, en l’espace de quelques dĂ©cennies (CazĂ© et al, 2022). Un changement que les personnes enquĂȘtĂ©es proche du milieu de la pĂȘche ont parfois du mal Ă  apprĂ©hender : “Il n’y a aucun but, Ă  part que Flipper il est mignon..”, surtout quand certains se souviennent qu’il Ă©tait encore vendu dans certaines criĂ©es il y a quelques dizaines d’annĂ©es. Le dauphin « flipper » est frĂ©quemment citĂ© avec une pointe d’ironie pour qualifier une empathie pour cet animal qui leur semble excessive. Il a Ă©tĂ© relevĂ© que la fermeture et les nombreuses accusations Ă  l’égard des pĂȘcheurs ne les encouragent pas toujours Ă  les protĂ©ger “j’ai l’impression que ça instaure plus de la dĂ©fiance envers les populations de mammifĂšres marins que de l’envie de les protĂ©ger. Cette mesure a pour consĂ©quence que les pĂȘcheurs et la filiĂšre voit les dauphins comme des concurrents directs Ă  l’accĂšs Ă  la ressource. (
) Des raccourcis sont trĂšs vite fait, des envies de vengeance sont exprimĂ©s (
) Ce sont des conversations que l’on entend sur les quais.”

3.7 Enjeux et controverses nécessitant une médiation

Pour rĂ©pondre Ă  ces enjeux et controverses, l’analyse des verbatim laisse entrevoir un chemin Ă  Ă©tudier. Ce dernier se fonde sur une gestion durable et partagĂ©e des territoires marins et des espĂšces. Il s’agit de gĂ©rer collectivement les usages de la mer au plus prĂšs des zones d’activitĂ©s concernĂ©es. Cette voie se traduit par la nĂ©cessitĂ© de faire aboutir le dialogue autour des formules de mĂ©diation suivantes : - Comment organiser une gestion partagĂ©e et durable des territoires marins en conciliant justice Ă©conomique, efficacitĂ© environnementale et maintien du dialogue entre les parties prenantes ? - Comment transformer les enjeux de concurrence, d’image et d’emploi de la filiĂšre pĂȘche en leviers vers des pratiques communes plus profitables et respectueuses des espĂšces ?

Au-delĂ  des solutions relevĂ©es dans la partie 3.3.6 (repos biologique, rĂ©duction de l’effort de pĂȘche avec filets, prĂ©fĂ©rence pour une pĂȘche artisanale, refonte des aides), il semble ainsi exister un dĂ©sir de nouer un dialogue serein entre les parties prenantes dont le but est d’inciter les pĂȘcheurs et scientifiques Ă  partager leurs connaissances et savoir-faire pour tester des solutions concrĂštes.

Principales controverses

L’analyse des verbatim confirme les principales controverses restant Ă  Ă©lucider. Celles-ci portent sur les causes et consĂ©quences rĂ©elles de la mortalitĂ© des dauphins (efficacitĂ© des mesures de rĂ©duction de l’effort de pĂȘche sur les Ă©chouages de dauphins, existence d’un seuil de capture acceptable ne mettant pas l’espĂšce en danger, etc.), les pratiques existantes de pĂȘche (quotas, rĂ©glementation, filets), l’efficacitĂ© des dispositifs acoustiques et l’utilitĂ© des mesures de surveillance (camĂ©ras, observateurs).

Effet de la fermeture

Sauvegarde des cétacés

Les avis divergent beaucoup quand il s’agit de mesurer la gravitĂ©, l’urgence et l’intensitĂ© Ă  laquelle la filiĂšre doit rĂ©pondre Ă  ce dĂ©fi. Pour certains la population de dauphin n’est pas dans une situation critique, ce qui laisse de la marge afin de continuer les recherches sur les solutions de mitigations sans prĂ©cipitation. “C’est vrai que les taux de mortalitĂ© ne sont pas durables donc il faut trouver une solution, mais en mĂȘme temps on n’est pas sur une espĂšce sur la liste de rouge de l’UICN.” L’argument qui revient Ă  dire que l’espĂšce n’est pas en danger immĂ©diat est frĂ©quemment retrouvĂ© dans le cadre de la fermeture pour expliquer que cet arrĂȘt est une mesure de gestion d’urgence mettant en pĂ©ril les activitĂ©s professionnelles liĂ©es Ă  la pĂȘche pour un bĂ©nĂ©fice Ă©cologique contestĂ©. Un point de vue qui est aussi partagĂ© par des acteurs qui ne sont pas dans la filiĂšre : “Au lieu de trouver une solution d’apaisement Ă  long terme, l’Etat a privilĂ©giĂ© une solution Ă  court terme non durable (indemniser), insuffisante (durĂ©e), qui entretiendra les tensions au risque de provoquer des conflits violents.”.

Pratiques de réduction des captures

Réglementation

Quotas

Utilité des caméras

Utilité des dispositifs acoustiques

Utilité observateurs

Principaux enjeux partagés

Les verbatim suggÚrent des enjeux partagés, non élucidés mais dont il faudrait tenir compte dans les négociations.

Concertation

Compensation financiĂšre de la fermeture

AccĂšs produits

Préservation espÚces cibles

Concurrence et inéquité

Identité

Conditions de travail

Préservation des cétacés

Santé écosystÚme

4 Conclusions et discussion

Conclusions générales

L’enquĂȘte s’intĂ©ressait initialement Ă  l’acceptabilitĂ© de mesures et scĂ©narios de rĂ©duction des CA. Les autres outils de consultation des acteurs n’ayant pas pu ĂȘtre dĂ©ployĂ©s en totalitĂ©, ses objectifs ont Ă©tĂ© Ă©largis afin de permettre, partiellement, l’acquisition de connaissances prĂ©vue par ces autres mĂ©thodes (serious games, reprĂ©sentation intĂ©grĂ©e, plateforme de nĂ©gociation responsable). Les objectifs Ă©taient donc multiples : approcher l’acceptabilitĂ© d’une variĂ©tĂ© de mesures, documenter les diffĂ©rentes visions du problĂšme, collecter des informations sur le contexte des CA, fournir des pistes pour la co-construction de scĂ©narios consensuels, documenter les contraintes et opportunitĂ©s associĂ©es Ă  chaque mesure, et les enjeux d’importance pour les acteurs Ă  considĂ©rer dans le design et l’évaluation des solutions, donner l’opportunitĂ© Ă  chacun d’exprimer sa perception et de proposer des solutions. Evidemment, l’ensemble de ces objectifs n’est pas atteint cependant on peut tirer un certain nombre de conclusions qui y concourent. L’enquĂȘte montre d’abord la grande diversitĂ© des opinions au sein des catĂ©gories d’acteurs mais l’opposition frĂ©quente entre les prĂ©fĂ©rences et perceptions des professionnels du secteur pĂȘche et celles des scientifiques, ONGs et gestionnaires. La diversitĂ© de la catĂ©gorie « pĂȘcheurs » est remarquable et influencĂ©e notamment par le mĂ©tier pratiquĂ©, et la taille du navire. La restitution des rĂ©sultats Ă  l’echelle de cette catĂ©gorie est donc Ă  prendre avec prĂ©caution. MalgrĂ© un dĂ©saccord fort entre les acteurs concernant la fermeture du Golfe en janvier-fĂ©vrier, un rĂ©sultat important de l’enquĂȘte est la mise en Ă©vidence du consensus concernant ses consĂ©quences sur les diffĂ©rentes dimensions du socio-Ă©cosystĂšme. Ainsi c’est la lĂ©gitimitĂ© du coĂ»t socio-Ă©conomique de la prĂ©servation de la biodiversitĂ© qui n’est pas partagĂ©e par les diffĂ©rents groupes d’acteurs, et donc la priorisation de leurs valeurs. Cette problĂ©matique multi-dimensionnelle illustre bien les compromis de durabilitĂ© typiques posĂ©s par la gestion Ă©cosystĂ©mique des pĂȘches et la dĂ©licate hiĂ©rarchisation des valeurs qu’ils impliquent. L’enquĂȘte a aussi permis de confirmer que le constat scientifique, le diagnostic de la menace que reprĂ©sente la pĂȘche pour la viabilitĂ© Ă  long-terme de la population de dauphins communs, n’est pas unanimement partagĂ© par les professionnels de la pĂȘche. Cette absence de consensus sur la nĂ©cessitĂ© mĂȘme d’agir est un frein important Ă  l’acceptation de contraintes fortes sur leur activitĂ© par les pĂȘcheurs. Le sentiment d’impuissance devant un phĂ©nomĂšne ressenti comme subi contribue Ă©galement Ă  ces rĂ©ticences. La perception des consĂ©quences Ă©conomiques nĂ©gatives fortement partagĂ©es par les rĂ©pondants est en apparente contradiction avec les rĂ©sultats des Ă©valuations d’impact fournis par l’IFREMER en ce qui concerne les flottilles. Elle tĂ©moigne en rĂ©alitĂ© de la disparitĂ© des cas individuels et du mĂ©contentement concernant les difficultĂ©s et la plus faible indemnisation des autres maillons de la filiĂšre. Elle est difficilement sĂ©parable des perceptions des consĂ©quences sociales qui montrent un mĂ©contentement et une inquiĂ©tude liĂ©s d’une part aux circonstances de mise en place de la fermeture (imprĂ©visibilitĂ©, arrĂȘt du plan d’action
), d’autre part, au sentiment d’inĂ©quitĂ© de la mesure et enfin Ă  ses implications Ă  long terme pour le secteur car elle amplifie des difficultĂ©s prĂ©existantes (perte d’attractivitĂ©, de visibilitĂ©, dĂ©clin). Il apparait cependant trĂšs clairement que les indemnitĂ©s sont indispensables Ă  l’acceptation de la fermeture par les pĂȘcheurs et que l’arrĂȘt indemnisĂ© dans ces conditions financiĂšres est considĂ©rĂ© par beaucoup comme satisfaisant au regard de leur activitĂ© (considĂ©rĂ© comme des vacances) et de ses bĂ©nĂ©fices espĂ©rĂ©es sur les stocks commerciaux. Concernant l’évaluation des mesures alternatives, il est trĂšs difficile de conclure Ă  des prĂ©fĂ©rences consensuelles et on montre bien qu’il n’y a pas de solution miracle mĂȘmes parmi celles qui sont frĂ©quemment mises en avant par les acteurs (mesures technologiques). Il apparait aussi trĂšs clairement, que le climat conflictuel entre les pĂȘcheurs, les organisations environnementales et les administrations (françaises et europĂ©ennes) conduit Ă  un rejet de principe des solutions par les professionnels. Le manque de concertation autour de la mise en place de la fermeture, et la suspension qu’elle a occasionnĂ© du plan d’action en cours, a contribuĂ© Ă  diminuer le volontarisme des pĂȘcheurs. Au moins, l’enquĂȘte permet-elle de documenter et d’objectiver un certain nombre d’arguments rĂ©currents concernant les mesures alternatives. En particulier, - les rĂ©ticences concernant les aides financiĂšres comme solution Ă  long terme, - une incertitude quant Ă  l’efficacitĂ© des dispositifs technologiques mais la volontĂ© de poursuivre les tests menĂ©s conjointement avec les scientifiques, - la lourdeur rĂ©glementaire et la complexitĂ© administrative ou technique de mise en Ɠuvre de mesures telles que les rĂ©ductions de nombre de jours de mer, les fermetures aprĂšs seuil, les quotas incitatifs ou le changement d’engin, les indemnisations, la dĂ©claration des CA. Certains dĂ©savantages citĂ©s relĂšvent directement du climat de dĂ©fiance entre acteurs notamment concernant le suivi et l’estimation des captures accidentelles (manque de confiance dans les estimations via les Ă©chouages, craintes quant Ă  l’usage dĂ©tournĂ© des camĂ©ras embarquĂ©es, suspicion de corruption des observateurs) et diminuent de fait l’acceptabilitĂ© de certaines mesures pour lesquelles ils sont indispensables (fermeture aprĂšs seuil, quotas incitatifs). Des solutions plus consensuelles Ă©mergent des enquĂȘtes et sont Ă  l’étude. Elles reposent sur des combinaisons de mesures complĂ©mentaires Ă  la fois dans leur efficacitĂ© et leur acceptabilitĂ©. Des mesures innovantes ont Ă©tĂ© proposĂ©es et parfois mal Ă©valuĂ©es, pour cause de complexitĂ© de mise en Ɠuvre ou de lourdeur rĂ©glementaire (limitation d’effort) ou possiblement par manque d’information (cautions, quotas incitatifs) incitant Ă  plus de pĂ©dagogie. Cependant, il ressort de l’enquĂȘte une opposition quasi systĂ©matique entre professionnels du secteur pĂȘche d’une part et scientifiques et ONGs d’autre part quant Ă  l’évaluation des mesures de remĂ©diation au problĂšme des captures accidentelles de dauphins. Si ces opinions ne peuvent ĂȘtre rĂ©conciliĂ©es Ă  court terme, l’inventaire des contraintes et bĂ©nĂ©fices attendus pour les solutions proposĂ©es est un premier pas vers une comprĂ©hension partagĂ©e des motivations et objectifs des parties en prĂ©sence. Si beaucoup d’arguments (notamment inconvĂ©nients et contraintes) apparaissent comme ’attendus‘ pour qui connait la problĂ©matique, leur inventaire garantit que leur existence, au moins perçue si ce n’est avĂ©rĂ©e, ne puisse ĂȘtre ignorĂ©e involontairement dans les dĂ©cisions. Donner Ă  voir les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments d’un compromis est une Ă©tape importante pour la transparence des arbitrages, qui est une des sources de tensions reconnue de cette problĂ©matique. Au mieux, si les dĂ©sagrĂ©ments mentionnĂ©s ne peuvent ĂȘtre Ă©viter, leur reconnaissance permettra de proposer des actions complĂ©mentaires pour leur mitigation. Le manque de connaissance ou leur faible diffusion, les incertitudes, sont souvent revenus dans les commentaires et se traduisent par une forte proportion de « ne se prononce pas » voire Ă  un rejet (avis dĂ©favorables) de certaines mesures par scepticisme ou par principe. Ces rĂ©sultats incitent Ă  mettre en Ɠuvre des actions de formation, de pĂ©dagogie ou de recherche/expĂ©rimentation sur les points le plus problĂ©matiques identifiĂ©s par l’enquĂȘte et Ă  amĂ©liorer le partage d’information. Le sentiment d’inĂ©quitĂ© des mesures revient frĂ©quemment Ă  tous les niveaux et chez tous les acteurs. A la fois dans la critique des moyens de rĂ©duction des captures accidentelles (opposant engins Ă  risque et autorisĂ©s) mais aussi face aux autres menaces sur les Ă©cosystĂšmes marins qui ne sont pas traitĂ©es avec la mĂȘme urgence (pollution, protection des habitats
). Ainsi l’analyse du potentiel de mise en Ɠuvre, d’efficacitĂ© et d’acceptabilitĂ© de nombreuses des mesures doit aussi s’inscrire dans une transition, concertĂ©e, Ă  plus long terme des activitĂ©s de pĂȘche en rĂ©ponse aux enjeux environnementaux et climatiques et ne peut ĂȘtre discutĂ©e que dans un cadre de gestion plus systĂ©mique, dĂ©passant la seule question des captures accidentelles de dauphins.

Discussion des avantages et limites de la méthode

Les enquĂȘtes sont des dĂ©marches scientifiques qui doivent ĂȘtre conduites avec rigueur mĂ©thodologique en vue de rĂ©duire la part de subjectivitĂ© du chercheur. L’enquĂȘte Delmoges est une action dont l’ampleur n’avait pas Ă©tĂ© anticipĂ©e et qui s’apparentait a priori plutĂŽt Ă  une consultation. Ainsi les scientifiques qui l’ont dĂ©veloppĂ©e et exploitĂ©e ne sont pas des spĂ©cialistes de ces mĂ©thodes. De plus, les circonstances de son dĂ©veloppement n’ont pas permis d’assurer leur montĂ©e en compĂ©tences sur le sujet ou la collaboration avec des experts, ce qu’ils reconnaissent comme regrettable. Si des prĂ©cautions de bon sens ont Ă©tĂ© prises pour les limiter, des erreurs ou biais peuvent Ă©merger de dĂ©faut dans la conception ou l’exploitation du questionnaire. Cela dit, la richesse et la cohĂ©rence des informations collectĂ©es nous parait justifier sa restitution et la promotion de ses rĂ©sultats. On liste ci-dessous les principales forces et limites qui ont pu ĂȘtre identifiĂ©es. Des avertissements jalonnent le document, cependant il convient de rappeler en premier lieu que le caractĂšre opportuniste de l’administration de ce sondage implique des prĂ©cautions quant Ă  l’interprĂ©tation des rĂ©sultats. En premier lieu, la population Ă  sonder n’était pas clairement dĂ©finie et dĂ©limitĂ©e (‘les acteurs de la problĂ©matique’) et les regroupements d’acteurs en catĂ©gories sont discutables. Il est donc difficile d’établir la qualitĂ© de la reprĂ©sentation par l’échantillon. Le besoin d’une stratification par catĂ©gorie d’acteurs, ne s’est pas posĂ© aussi clairement lors de la conception Ă©tant donnĂ© les faibles attentes quant au succĂšs de diffusion. Les entretiens ont Ă©tĂ© orientĂ©s dans un premier temps vers la couverture de l’ensemble des catĂ©gories d’acteurs puis dans un deuxiĂšme temps, on a cherchĂ© Ă  assurer une proportionnalitĂ© entre le nombre de personnes interrogĂ©es par catĂ©gorie et la taille de la population de la catĂ©gorie en affinant les catĂ©gories Ă  mesure que l’échantillon grandissait (surtout pour la filiĂšre : reprĂ©sentativitĂ© des mĂ©tiers, des zones, des statuts
). Cette dĂ©cision est motivĂ©e par l’hypothĂšse de forte diversitĂ© d’opinions au sein des catĂ©gories d’acteurs et est partiellement vĂ©rifiĂ©e par les rĂ©sultats. NĂ©anmoins, les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s tous acteurs confondus sont Ă  interprĂ©ter avec prĂ©caution. L’anonymat des rĂ©ponses (au moins en ligne) ne garantit pas qu’une mĂȘme personne n’ait pas rĂ©pondu plusieurs fois. L’échantillon est donc invalide pour l’extrapolation Ă  la population ou Ă  une catĂ©gorie d’acteurs d’un point de vue statistique, et les rĂ©sultats doivent ĂȘtre uniquement considĂ©rĂ©s comme informatifs. La caractĂ©risation de l’échantillon prĂ©sentĂ©e en 3.1 doit permettre au lecteur de relativiser qualitativement sa significativitĂ©. En ce qui concerne l’analyse interprĂ©tative des commentaires, le principe de saturation (rĂ©currence des thĂšmes abordĂ©s, absence de nouvelle thĂ©matique lors de l’ajout d’une nouvelle rĂ©ponse) rassure sur la bonne couverture du sujet. L’enquĂȘte a Ă©tĂ© administrĂ©e Ă  la fois en ligne et en entretien. Si ce choix a incontestablement permis d’agrandir sa portĂ©e, il biaise aussi probablement les rĂ©sultats, au moins sur les aspects qualitatifs. En effet, les commentaires sont beaucoup plus nombreux et riches pour les enquĂȘtes en entretien et les entretiens ont majoritairement ciblĂ© les pĂȘcheurs dĂ©sĂ©quilibrant les donnĂ©es qualitatives vers cette catĂ©gorie de rĂ©pondants. L’enquĂȘte s’est Ă©galement Ă©talĂ©e sur une pĂ©riode assez longue (juillet 2024 Ă  mars 2025), au cours desquels de nombreux changements sont intervenus (rĂ©sultats de la fermeture 2024, reconduction en 2025, reprise du plan d’action
) qui ont pu affecter la perception du problĂšme par les acteurs. On a choisi de dĂ©couper la perception des consĂ©quences en quatre dimensions : efficacitĂ©, consĂ©quences Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales. Ceci biaise la collecte du ressenti en donnant implicitement le mĂȘme poids Ă  chaque dimension. On force le rĂ©pondant Ă  s’interroger sur chacun des aspects alors mĂȘme que certains ne lui seraient possiblement pas venus spontanĂ©ment. De mĂȘme les questions Ă  choix multiples influencent le rĂ©pondant en lui suggĂ©rant des rĂ©ponses qu’il n’aurait pas envisagĂ©es ou formulĂ©es de cette maniĂšre. Si cela constitue un biais, on peut espĂ©rer que cela ait Ă©galement une valeur pĂ©dagogique de prise de conscience de la multiplicitĂ© dimensionnelle des compromis. Le choix de l’échelle de Lickert simplifie grandement le traitement numĂ©rique des rĂ©ponses et permet de quantifier et objectiver les rĂ©sultats. Les biais possibles sont liĂ©s Ă  la taille de l’échantillon et son dĂ©sĂ©quilibre par catĂ©gorie d’acteurs. Les rĂ©sultats tĂ©moignent de la grande diversitĂ© de positions au sein de cet Ă©chantillon pourtant rĂ©duit des acteurs du systĂšme pĂȘche qui laisse prĂ©sager une diversitĂ© trĂšs importante Ă  l’échelle population. Comme attendu, des patrons de perceptions opposĂ©es sont mis en Ă©vidence entre groupes d’acteurs. Cela dit, on montre bien qu’aucun groupe n’était unanime et que les regroupements ne doivent pas pousser aux stĂ©rĂ©otypes et Ă  la caricature. Si l’échelle donne un accĂšs efficace Ă  la perception des rĂ©pondants, les commentaires offrent un complĂ©ment quasi indispensable. En effet, ils renseignent sur la justification du score attribuĂ© et trĂšs souvent apporte des nuances. Il arrive mĂȘme que certains rĂ©pondants tĂ©moignent en commentaire d’un avis opposĂ© Ă  celui reportĂ© sur l’échelle de Lickert, soit que la discussion les fait changer d’avis soit que la rĂ©ponse semi-quantitative est plus impulsive ou politique que le discours. SubjectivitĂ© du codage et hiĂ©rarchie des arguments Le traitement des commentaires a donnĂ© lieu Ă  une analyse quantitative et une hiĂ©rarchie des thĂ©matiques est Ă©tablie sur la base de la frĂ©quence de leur citation en commentaire. Cette hiĂ©rarchie est informative mais doit ĂȘtre traitĂ©e avec prĂ©caution Ă©tant donnĂ© les biais de l’échantillonnage opportuniste, des entretiens comparĂ©s Ă  la version en ligne, et liĂ© au manque de temps de certains rĂ©pondants pour dĂ©tailler leurs rĂ©ponses. L’adoption de postures ou d’élĂ©ments de language est Ă©galement probable pour un certain nombre de rĂ©pondants et la classification pourrait reflĂ©ter moins l’opinion personnelle qu’une volontĂ© de faire porter des messages. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans le corpus de donnĂ©es qualitatives recueillies, les individus enquĂȘtĂ©s ont principalement exposĂ© les inconvĂ©nients des mesures proposĂ©es, mĂȘme s’ils se disent favorables. Ce type de biais, documentĂ© sous le nom de « Biais de nĂ©gativitĂ© », est un biais cognitif qui semble ĂȘtre favorisĂ© par l’emploi de questions ouvertes (Poncheri, R. I., & Schaefer, D. R,2008) Dans le contexte des enquĂȘtes, ce biais peut se traduire par une surreprĂ©sentation des rĂ©ponses nĂ©gatives, car les rĂ©pondants sont plus enclins Ă  exprimer des prĂ©occupations ou des critiques que des opinions favorables. Ils sont Ă©galement plus enclins Ă  justifier leur choix. Ce biais est assez net sur l’évaluation des mesures alternatives. Inversement, les personnes favorables ne se sentent pas toujours obligĂ©es d’apporter une argumentation. L’objectivitĂ© de la dĂ©finition des thĂ©matiques et de l’attribution des verbatim aux thĂ©matiques (codage), Ă©tape rĂ©alisĂ©e “à la main” par les enquĂȘteurs ne peut pas non plus ĂȘtre garantie. NĂ©anmoins la dĂ©finition des thĂ©matiques indĂ©pendamment par trois scientifiques avant mise en commun et la relecture quasi exhaustive des commentaires par un second rĂ©dacteur limite le risque de biais d’interprĂ©tation. Le traitement en thĂ©matiques offre une vision la plus objective possible de l’analyse interprĂ©tative, permet de simplifier la restitution et de la quantifier avec prĂ©caution. Cependant il ne permet pas de retranscrire toute la finesse et la nuance des opinions, ni les liens mentaux Ă©tablis par les rĂ©pondants entre les thĂ©matiques. De mĂȘme, au-delĂ  des catĂ©gories d’arguments, les verbatim apportent des informations sur l’affect, l’état d’esprit des enquĂȘtĂ©s au travers du champs lexical, des tournures de phrases, et du ton employĂ©s. La retranscription du language parlĂ© humanise le propos et favorise l’empathie, Ă©lĂ©ment non nĂ©gligeable de la rĂ©solution du conflit. Leur restitution anonymisĂ©e et organisĂ©e par le biais de l’outil dataviz est extrĂȘmement complĂ©mentaire pour la comprĂ©hension de la problĂ©matique dans sa complexitĂ© et encouragĂ©e. La relecture quasi exhaustive des verbatim bien qu’extrĂȘmement chronophage a Ă©tĂ© nĂ©cessaire Ă  la rĂ©daction du prĂ©sent document. MalgrĂ© ces biais mĂ©thodologiques, l’enquĂȘte informe sur les perceptions d’acteurs concernant un trĂšs grand nombre de sujets liĂ©s Ă  la problĂ©matique qu’aucun autre outil dĂ©ployĂ© dans le projet n’a pu aborder. En particulier, un trĂšs grand nombre de mesures et de scĂ©narios ont pu ĂȘtre Ă©valuĂ©s y compris en ce qui concerne les consĂ©quences sociales attendues ce qu’aucun modĂšle n’aurait pu Ă©valuer. La densitĂ© d’information recueillies concernant les consĂ©quences sociales justifie Ă  elle seule le recours Ă  l’outil et montre qu’il rĂ©pond Ă©galement Ă  un besoin des enquĂȘtĂ©s de rapporter ces aspects moins tangibles et visibles de la problĂ©matique. On note que le processus de construction de l’enquĂȘte lui-mĂȘme a Ă©tĂ© vecteur d’apaisement et d’élicitation de la connaissance experte. Il a en effet Ă©tĂ© participatif et itĂ©ratif. Cette action du projet autour d’un objet concret, peu polĂ©mique et vecteur de communication a offert une opportunitĂ© de nouvelle collaboration entre les partenaires Ă  un moment ou le climat politique le permettait et a contribuĂ© Ă  la rĂ©ouverture du dialogue. Cette Ă©laboration collaborative a probablement contribuĂ© au succĂšs de l’enquĂȘte en Ă©vitant des difficultĂ©s liĂ©es au vocabulaire, Ă  la formulation, Ă  la songueur ou Ă  sa diffusion. En particulier le choix d’administrer l’enquĂȘte en entretien en complĂ©ment de l’enquĂȘte en ligne a Ă©tĂ© un facteur crucial de rĂ©ussite en termes de couverture. Ce choix coĂ»teux mais rĂ©compensĂ© a Ă©tĂ© fait sur conseil des partenaires professionnels du projet et tĂ©moigne du rĂŽle important de facilitation des reprĂ©sentants professionnels. La construction de l’enquĂȘte a aussi Ă©tĂ© l’opportunitĂ© de partage de connaissances extrĂȘmement riche entre les partenaires amĂ©liorant la comprĂ©hension mutuelle du phĂ©nomĂšne, de sa perception, des points de crispations et des aspects plus techniques des contraintes et opportunitĂ©s associĂ©es aux solutions. On remarque en particulier que peu d’élĂ©ments nouveaux sont ressortis de l’enquĂȘte pour qui avait participĂ© aux discussions autour de son Ă©laboration ou consultĂ© la littĂ©rature. L’enquĂȘte formalise donc ce recensement et lui donne une lĂ©gitimitĂ© supplĂ©mentaire consolidĂ©e par le grand nombre de rĂ©ponses.

Perspectives

Le temps imparti pour l’exploitation des rĂ©sultats de l’enquĂȘte n’a pas permis d’explorer tout le potentiel de connaissance et de comprĂ©hension qu’elle offre. Certaines actions complĂ©mentaires ont Ă©tĂ© initiĂ©es autour de la mise en dĂ©bat de solutions Ă©mergentes et mĂ©riteraient d’ĂȘtre poursuivies. De mĂȘme, il n’a pas Ă©tĂ© possible de creuser les 80 scĂ©narios proposĂ©s par les rĂ©pondants en particulier pour mettre en Ă©vidence les associations de mesures rĂ©currentes et leur signification en termes de complĂ©mentaritĂ© ou de besoin de compensation, incitation. On a reportĂ© ici sans jugement l’ensemble des perceptions recueillies. NĂ©anmoins un certain nombre d’affirmations peut ĂȘtre contredites par l’information scientifique disponible ou mĂ©riteraient d’ĂȘtre formellement et scientifiquement Ă©valuĂ©es. L’absence d’information est Ă©galement revenue frĂ©quemment au cours des entretiens, Ă  tort ou Ă  raison. Cette constatation questionne, si ce n’est l’existence de l’information, au moins son accessibilitĂ© Ă  diffĂ©rents publics. Un axe intĂ©ressant de poursuite des travaux serait ainsi le recensement de ces besoins et le dĂ©veloppement d’outils d’information ou d’actions de recherche afin de lutter contre la dĂ©sinformation.

Remerciements

Merci Ă  toutes les personnes qui ont acceptĂ© de rĂ©pondre Ă  cette enquĂȘte. Les co-auteurs sont extrĂȘmement reconnaissants envers Louis Maillard, Julien Viau et Hubert Pujet qui ont rĂ©alisĂ© 117 entretiens auprĂšs de toutes les catĂ©gories d’acteurs et traitĂ© manuellement un nombre considĂ©rable de verbatim.
Merci aux partenaires du projet Delmoges pour leur aide prĂ©cieuse dans la conception et la diffusion de l’enquĂȘte.

Bibliographie

Auger, F., Lefrançois, C., & TrĂ©pied, V. (2017). « Penser l’ñge dans l’enquĂȘte et ses enjeux ».

Bahadorestani, A., Naderpajouh, N., & Sadiq, R. (2020). « Planning for sustainable stakeholder engagement based on the assessment of conflicting interests in projects ». Journal of Cleaner Production, 242, 118402. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2019.118402

Booth, H., Ramdlan, M. S., Hafizh, A., Wongsopatty, K., Mourato, S., Pienkowski, T., Adrianto, L., & Milner-Gulland, E. J. (2021). « Designing Locally-Appropriate Conservation Incentives for Small-Scale Fishers ». Open Science Framework. https://doi.org/10.31219/osf.io/bxzfs

Carbou, G. (2022). Échec de la communication environnementale ? Communication Publique.

CloĂątre, T., Dubroca, L., Authier, M., & DemanĂšche, S. (2022). Plan de surĂ©chantillonnage d’observation en mer (ObsMer) pour l’hiver 2021-2022.

Hopkins, S. C., Lehuta, S., Mahevas, S., & Vaz, S. (2024). « Trade-offs between spatial temporal closures and effort reduction measures to ensure fisheries sustainability ». Fisheries Research, 274.

Judd, C. M., Eliot, R. E., & Kidder, L. H. (1991). Research Methods in Social Relations. New York: Harcourt Brace Jovanovich College Publishers.

Lent, R., & Squires, D. (2017). « Reducing Marine Mammal Bycatch in Global Fisheries: An Economics Approach ». Deep Sea Research Part II: Topical Studies in Oceanography, 140, 268‑277. https://doi.org/10.1016/j.dsr2.2017.03.005

Marshall, N. A. (2007). « Can policy perception influence social resilience to policy change? ». Fisheries Research, 86(2–3), 216–227.

Pita, C., Pierce, G. J., & Theodossiou, I. (2010). « Stakeholders’ participation in the fisheries management decision-making process: Fishers’ perceptions of participation ».

Richardson, E. A., Kaiser, M. J., & Edwards-Jones, G. (2005). « Variation in fishers’ attitudes within an inshore fishery: implications for management ». Environmental Conservation, 32(3), 213–225.

Squires, D., Balance, L. T., Dagorn, L., Dutton, P. H., & Lent, R. (2021). « Mitigating Bycatch: Novel Insights to Multidisciplinary Approaches ». Frontiers in Marine Science, 8, 613285. https://doi.org/10.3389/fmars.2021.613285

Suuronen, P., & Gilman, E. (2019). « Monitoring and managing fisheries discards: New technologies and approaches ». Marine Policy. https://doi.org/10.1016/j.marpol.2019.103554

Tixier, P., Guinet, C., Faure, C., Danto, A., & MazĂ©, C. (2022). « Les terres australes françaises, terrain d’expĂ©rimentation de la solidaritĂ© Ă©cologique. Approche intĂ©grĂ©e pour la rĂ©solution des conflits pĂȘcheries-mĂ©gafaune marine ». VertigO – la revue Ă©lectronique en sciences de l’environnement, (Hors-sĂ©rie 37).

Annexes 1 : Fiches résumé des mesures de gestion

Dispositif techniques de mitigations

Mesures de gestion de l’effort de pĂȘche

Mesures d’aquisition de donnĂ©es

Mesure de changement d’engin de pĂȘche

Mesures incitatives